RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

TV d’Occident : pas de cadavres donc pas de crime !

Lorsqu’on tue un Juif, cela s’appelle l’Holocauste, lorsqu’on tue un Américain, cela s’appelle du terrorisme, lorsqu’on tue un Africain, cela s’appelle une épidémie, lorsqu’on tue un Afghan, cela s’appelle une erreur ou un Taliban, lorsqu’un Japonais meurt c’est un suicide et lorsqu’on tue un Arabe ou un Palestinien, cela s’appelle la « crise au Proche-Orient ».

Ainsi et pour parler de la guerre contre Ghaza aujourd’hui dans ses TV, l’Occident essuie d’abord ses lunettes, toussote puis se lance au front, tout en restant chez lui pour éviter les balles et les cadavres. Ainsi, tous les téléspectateurs ont remarqué qu’on ne parle pas de « la guerre contre Ghaza » mais de « la guerre à Ghaza » comme l’ont relevé les nôtres. Sont mis sur le même pied d’égalité, une armée suréquipée et des groupes de défense sous armés qui défendent leur quart de pays là où il n’existe même pas encore. Le statut d’Etat est reconnu à la Palestine seulement lorsqu’on lui fait la guerre. Par ailleurs, dans toutes les TV de l’Occident, l’usage est le même : on ne dit pas massacres mais « événements ».

On ne montre pas les images des cadavres mais les images des chocs psychologiques des habitants de Sdérote, victimes d’un 11 septembre quotidien à base de pétards. Le zoom est plongeant sur une voiture calcinée là où on filme de très loin les volutes de fumées noires des bombes interdites sur la bande de Ghaza et ses habitants jouant les seconds rôles. Pour les journaux TV, l’usage de l’effacement est plus pernicieux tout en étant tout aussi ridicule : les cadavres sont masqués par le chiffre du bilan quotidien et le bilan sera gommé par un long commentaire sur les allées et venues du négociateur israélien, ses escales égyptiennes et sur les possibilités d’un cessez-le-feu ou d’un accord à long terme.

Un correspondant est contacté à Tel-Aviv et qui parlera « d’un hôpital probablement touché » - notez la réserve - là où trois secondes plus tard on rapporte que le SG de l’ONU lui-même l’affirme. Même l’image de Ban Ki Moon est nettoyée : on prend soins dans le JT de dire qu’il a condamné les immenses pertes civiles et la violence injustifiée mais lorsqu’on le montre, on sert la phrase soft où il explique de vive voix qu’il espère la fin de la guerre très proche. Le seul signe de douleurs que vous pouvez voir sur les TV de l’Occident ces jours-ci, ce n’est pas sur le visage des vrais Palestiniens, mais sur les trois secondes de consternation du présentateur TV. L’Occident ayant une règle juridique et policière connue : il n’y a pas crime quand il n’y a pas de cadavres et puisque les cadavres de Ghaza ne sont pas visibles, c’est que la guerre qui leur est faite n’est pas un crime.

Les arguments sont les mêmes où que vous zappiez : « cette guerre nous a été imposée » par les roquettes du Hamas (Personne ne parlera de la mise en cage de toute une population et de l’encouragement fait à ce mouvement pour disqualifier le Fatah en le ridiculisant avec des miettes à chaque négociations de paix), ni des colonies, ni de la généalogie de cette « crise ». Le second argument est celui des « pertes civiles inévitables ». Ghaza étant surpeuplée, on ne peut pas larguer une bombe sans servir les voisins du « terroriste » visé. Les « terroristes du Hamas » se réfugient derrière les civiles, disent-ils, là où nous disons que les civils n’ont plus que les « terroristes » pour se réfugier derrière eux et pour les défendre. Dans un sous pays fermé de toute part, on accuse presque les civils d’être là où il ne faut pas.

Ainsi, après la guerre des images verdâtres en « fluo » lors des bombardements de Bagdad, celles en infrarouge filmées en Afghanistan, celles par satellite filmées au Liban, on a aujourd’hui droit aux images sitcom filmées à partir de chez soi pour parler de Ghaza. TPS est pour nous cryptée mais l’histoire est claire, là où pour les Occidentaux TPS est claire là où le reste du monde est cypté.

Kamel Daoud - Le Quotidien d’Oran - http://www.lequotidien-oran.com/?news=5114136

URL de cet article 7885
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
Chroniques de GAZA 2001-2011
Christophe OBERLIN
L’auteur : Christophe OBERLIN est né en 1952. Chirurgien des hôpitaux et professeur à la faculté Denis Diderot à Paris, il enseigne l’anatomie, la chirurgie de la main et la microchirurgie en France et à l’étranger. Parallèlement à son travail hospitalier et universitaire, il participe depuis 30 ans à des activités de chirurgie humanitaire et d’enseignement en Afrique sub-saharienne, notamment dans le domaine de la chirurgie de la lèpre, au Maghreb et en Asie. Depuis 2001, il dirige régulièrement des (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu’il y a au VietNam une tête coupée et un oeil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend et qu’au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées. de tous ces prisonniers ficelés et interrogés, de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent. [...]

Aimé Césaire

Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.