RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Le terrorisme est une "notion subjective" (juge d’instruction)

(QUESTIONS-REPONSES)

PARIS, 4 déc 2008 (AFP) - Thierry Fragnoli, l’un des juges antiterroristes instruisant le dossier sur les dégradations contre des lignes TGV, considère que le terrorisme est une "notion subjective".

Sans s’exprimer sur ce dossier pour lequel il est soumis au secret de l’instruction, il explique à l’AFP que la vision du juge sur des faits qualifiés de terroristes n’est pas "figée".

Question : Qu’est-ce qu’un terroriste ?

Réponse : Personne ne revendique le fait d’être un terroriste. Il y a un consensus à peu près général pour dire qu’al-Qaïda est une organisation terroriste mais pour elle, les terroristes ce sont les autres et notamment les États-Unis. Cette notion -déjà subjective- doit en outre s’apprécier à un moment précis, dans un contexte donné.

Sous le régime franquiste, l’ETA n’était pas considéré en France comme un mouvement terroriste mais en lutte contre une dictature, et elle bénéficiait chez nous d’une mansuétude certaine. Il faut donc admettre qu’il n’y a aucune définition universelle, intemporelle et incontestable du terrorisme. Ce n’est qu’une étiquette collée par une majorité sur une minorité utilisant des méthodes violentes qui elle-même ne reconnaît pas la validité de cette étiquette.

Q : Quelle est la définition du terrorisme au sens de la loi ?
R : Elle est relativement obscure pour un non-initié. C’est l’article 421-1 du Code pénal qui définit les actes de terrorisme : des actes en relation avec une entreprise individuelle ou collective dont le but est de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur. Le vol est défini par le Code pénal comme étant la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui. Cela a donné lieu à une abondante jurisprudence malgré la clarté de cette définition quasi-mathématique. Vous imaginez la difficulté pour le terrorisme qui n’a pas une telle précision dans sa définition, et ne peut en avoir. D’où le télescopage avec la notion prise en son sens commun.

Q : Pourquoir une telle confusion ?

R : Pour le sens commun, le terrorisme c’est la bombe qui explose dans un lieu public, pour autant ce n’est pas forcément un acte terroriste. Si vous faites sauter la voiture de votre voisin dans la rue parce que vous ne supportez plus ses nuisances sonores, ça ne peut être qualifié d’action terroriste. A l’inverse, certains actes sont qualifiés de terroristes par la loi, mais ne sont pas des actes violents en eux-mêmes tels la collecte ou le blanchiment de fonds dans le but de financer des attentats, même commis à l’étranger. C’est donc la conjonction du mobile et du moyen qui fait que l’on peut retenir la qualification terroriste.

Q : Sait-on forcément au début d’une enquête si les faits relèvent du terrorisme ?

R : Ce n’est pas parce qu’une infraction est ouverte sous la qualification terroriste qu’elle le reste jusqu’au bout : en cours d’instruction la poursuite de l’enquête peut invalider cette thèse, et dans ce cas le juge renvoie le dossier devant la juridiction de droit commun. Même au bout de plusieurs mois d’enquête, et a fortiori après quatre jours de garde à vue, ce n’est pas toujours évident de se déterminer dans un sens ou dans l’autre, même si des indices graves et concordants peuvent faire pencher la balance plutôt d’un côté. Le problème, c’est que le temps judiciaire n’est pas celui des médias.

Q : C’est-à -dire ?

R : Une mise en examen avec la qualification terroriste en l’état d’un dossier à un moment T ne signifie pas forcément que le juge aura la même opinion trois mois après. Le temps médiatique considère, lui, qu’une fois la mise en examen effectuée, la vision du juge est figée. Cela relève au mieux d’un dangereux manichéisme parfois savamment orchestré pour des objectifs étrangers à ceux de la justice.


La lutte contre le terrorisme souvent aux dépens des droits de l’Homme

STRASBOURG (Conseil Europe), 3 déc 2008 (AFP) - La lutte contre le terrorisme se fait trop souvent aux dépens des libertés publiques, souligne jeudi le Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe Thomas Hammarberg.

"Pas seulement le terrorisme, mais notre réaction à son égard représente une menace pour les droits de l’Homme", en particulier depuis les attentats du 11 septembre, souligne le commissaire dans un rapport publiable jeudi.

"Dans la guerre menée contre le terrorisme, la notion d’intimité a été altérée", souligne-t-il. "La surveillance générale suscite des problèmes sérieux concernant la démocratie auxquels une réponse n’est pas apportée par l’affirmation réitérée selon laquelle ceux qui n’ont rien à cacher n’ont rien à craindre", dit-il.

"Un grand nombre de personnes innocentes sont l’objet d’une surveillance, d’un harcèlement, de discrimination, d’arrestation ou pire", indique encore le commissaire.

L’une des mesures de la lutte contre le terrorisme est la création de bases de données "qui créent une image incroyablement détaillée de nos vies et centres d’intérêt, de nos penchants culturels, religieux et politiques et des aspects financiers et médicaux", souligne le rapport.

"D’un côté, (les Etats) doivent protéger leurs population contre les menaces terroristes, de l’autre ils doivent protéger les droits fondamentaux des particuliers, y compris les personnes soupçonnées ou condamnées pour activités terroristes", indique encore le rapport.

"Dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, les normes et les principes des droits de l’Homme ne doivent pas être abandonnés mais au contraire réaffirmés", affirme M. Hammarberg. "Le terrorisme doit être combattu mais pas aux dépends de la protection des droits de l’Homme", conclut-il.

pad/gl/dfg

AFP 032301 ˆˆˆ DEC 08

URL de cet article 7544
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Cuba, Fidel et le Che - ou l’aventure du socialisme
Danielle BLEITRACH, Jacques-François BONALDI
Voilà notre livre, il est enfin sorti de l’imprimerie, tout chaud comme un petit pain… Il faut que je vous explique de quoi il s’agit, comment se le procurer s’il vous intéresse et comment organiser des débats autour si bien sûr vous êtes en mesure de le faire… Danielle Bleitrach D’abord sachez que ce livre inaugure une collection du temps des cerises, collection qui portera le nom "aventure du socialisme" Je reviendrai sur cette idée du socialisme comme aventure. L’idée donc du livre (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

L’athéisme est une négation de Dieu, et par cette négation, il pose l’existence de l’homme.

Karl Marx

Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.