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Hola, Mister Barack Obama ! Bienvenido ! Mais basta !

Monsieur Barack Obama,

Il semble que beaucoup vous souhaitent une sincère bienvenue dans le concert des nations. Mais beaucoup avec aussi des points d’interrogations, particulièrement dans notre continent sud-américain.

A Bush, j’ai écrit une lettre de « good bye », avec un « Hey George » et tutoiement, parce que le vulgaire « cow-boy » qu’il a démontré être ne mérite pas le titre de Monsieur.

Monsieur Obama, beaucoup veulent placer en vous une espérance, l’espérance d’un nouveau monde possible. Ceux qui ont cru au « rêve » de Martin Luther King, ceux qui en ont assez des discriminations raciales, ceux qui voudraient pouvoir dialoguer d’égal à égal avec le véritable peuple des Etats-Unis et pas seulement avec un Empire de yankees, de gringos ou pire de faucons de Washington ou de Marines.

Luther King a dit qu’il avait le « rêve » que ses enfants vivent un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés par la couleur de leur peau, mais à la mesure de leur caractère.
Monsieur Obama, vous êtes ce « rêve » de Luther King devenu réalité.

Monsieur Obama, qui sait si vous n’êtes pas l’espérance d’une « révolution silencieuse » de votre peuple éveillé par l’escroquerie d’une crise économique et fatigué de verser son sang pour des guerres souvent inutiles et pas même victorieuses.
Vos prédécesseurs et adversaires, Monsieur Obama, démontrent jusqu’à la dernière minute qui sont-ils vraiment. Face à leur défaite probable, ils vous inventent soudain des péchés graves, ceux de noir, musulman ou de socialiste, ou celui qu’ils considèrent le pires des pires : communiste.

Monsieur Obama, ne croyez-vous pas qu’est venu le temps où la nation qui déclare défendre la liberté commence par respecter celle des autres peuples, leurs races, leurs croyances et leurs modèles politiques, même si elle ne partage pas les mêmes opinons ou les mêmes convictions ?

De vous peut dépendre de démentir la théorie que « gringo is gringo (équivalent du "yankee’ en Amérique latine ndlr), du Mayflower à nos jours ». Pour cela, Monsieur Obama, basta ! Par exemple :

Basta des prétendus dégâts collatéraux de Washington en Irak ou ailleurs, alors qu’en réalité la majorité des victimes de vos soldats sont civiles, souvent femmes, enfants et vieillards.

Basta des invasions au nom de la liberté pour s’emparer des ressources d’autrui et pour détruire leurs patrimoines culturels qui parfois sont des patrimoines de l’humanité.
Basta des destructions préméditées pour fabriquer pour vos multinationales de plantureux contrats de reconstruction.

Basta de toujours qualifier l’adversaire de terroriste parce que celui qui lutte sur le territoire de son pays envahi n’est pas forcément un terroriste, mais parfois tout simplement un résistant.

Et, Monsieur Obama, dans ce que Washington considère son « jardin de derrière », on lance aussi de nombreux « basta » :

Basta le ridicule blocus de Cuba condamné par toutes les nations réunies à l’ONU, moins 3. Chacun est libre de penser ce qu’il veut du régime castriste mais avant tout cela appartient au peuple cubain de Cuba et pas à la minorité extrémiste des cubains de Miami. Ce qui est sûr est que les pires des prisons sur le territoire cubain sont bien les vôtres à Guantanamo.

Basta qu’un Luis Posada Carriles soit libre et protégé à Miami par vos autorités fédérales. Car il s’agit bien là d’un terroriste qui, entre autres attentats, a non seulement avoué mais avec orgueil celui qu’il a commis contre un avion de ligne avec 73 victimes, toutes civiles.

Basta, encore en Floride, des programmes de vos médias qui présentent et font les éloges des camps d’entraînement de mercenaires pour assassiner des présidents de notre hémisphère.

Basta le projet d’envahir l’Amazonie figurant dans les textes scolaires de votre Junior High School sous prétexte que « la région est habitée par les peuples cruels, primitifs, incultes et ignorants de huit nations : Brésil, Pérou, Colombie, Vénézuéla, Guyana, Surinam et Guyane Française ».

Basta la provocation de la 4ème Flotte avec ses troupes de débarquement et programme de navigation en « eaux vertes » et « eaux marrons », c’est-à -dire nos eaux territoriales et nos fleuves.

Monsieur Obama, vous représentez pour beaucoup l’espérance d’un monde nouveau parce que tous ces basta se réfèrent à des situations dont vous n’avez pas été complice. Alors Monsieur Obama, « bienvenido » !

Et, Monsieur Obama, comme c’est de Caracas que je vous écris, basta aussi pour :
Basta d’accuser le Venezuela de pays narcotrafiquant quand en réalité ses seuls péchés sont d’être limitrophe du pays le plus grand producteur de drogue qu’est la Colombie et d’être sur la route de ravitaillement du pays le plus grand consommateur de drogue, qui est votre pays.

Basta des provocations de votre ambassade qui, non contente de financer des opérations de déstabilisation et coups d’Etat a été capable de la stupidité diplomatique d’organiser dans sa résidence un spectacle avec un « pantin » pour ridiculiser notre président.

Monsieur Obama, nous savons qu’une opposition apatride et des médias complices vous ont présenté le président Chavez comme un vulgaire dictateur populiste. Il ne s’agit là que de « pitiyankees » menteurs, Monsieur Obama, et ne croyez pas qu’ils aient pour vous le sentiment de sympathie qu’une bonne partie du monde vous porte. Ces « pitiyankees » sont motivés surtout pour vos dollars financés par vos citoyens pour alimenter leurs ONG à faux prétextes démocratiques.

Monsieur Obama, ils vous ont menti. Chavez, avec son style et sa personnalité, est dans le fond un bon gars avec un coeur qui déborde d’humanisme et qui simplement défend son peuple. Ce n’est pas par hasard qu’élu démocratiquement, puis ayant gagné une dizaine d’élections en augmentant chaque fois son pourcentage, il jouit après dix ans au pouvoir d’une popularité en hausse.

Ils vous ont menti en vous présentant Chavez comme agressif vis-à -vis de votre pays. Chacune de ses prétendues agressions, n’a toujours été qu’une légitime défense ponctuelle aux attaques des Bush, Condoleezza, Negroponte et autres tristes personnages.

Par contre, Monsieur Obama, lorsque votre peuple a souffert de la catastrophe de Katrina, le dit antiyankee Chavez a ordonné une aide financière et la société vénézuélienne CITGO a été sur votre territoire la seule à ne pas spéculer sur ses tarifs de carburants, à l’encontre de toutes vos multinationales, sans exception. Chavez a aussi fait subventionner le carburant pour certaines de vos communautés indiennes et pauvres du Bronx pour qu’ils puissent affronter les rigueurs du froid.

Monsieur Obama, en vous référant au Venezuela, vous avez déclaré que vous pensiez nécessaire pour votre pays de développer de nouvelles sources énergétiques pour réduire votre dépendance du pétrole. Vous avez raison, Monsieur Obama, et Chavez partage votre opinion. Il a exprimé la même idée de nouvelles sources énergétiques face au pétrole pour n’être qu’une ressource naturelle non renouvelable qui sera épuisée. Déjà , au Venezuela, existe un programme d’économies énergétiques dans le secteur électrique, pour non seulement économiser du pétrole mais aussi parce qu’il est l’une des sources de contamination d’une planète où nous devons tous cohabiter.

Monsieur Obama, vous devez savoir que c’est précisément ce diable de Fidel Castro qui le premier a incité Chavez sur cette voie, à peu près en ces termes « Attention Chavez, même si le Venezuela est producteur de pétrole, tu dois faire des efforts pour réduire son gaspillage ».

Monsieur Obama, serez-vous enfin le président des Etats-Unis qui reconnaîtra que son pays est celui qui contamine le plus notre planète et signerez-vous le Protocole de Kyoto qui, depuis 1998, attend que se joigne la signature de Washington à celles de 172 nations ?

Nous savons tous que les énergies alternatives ne fonctionneront pas du jour au lendemain. Alors en attendant, Monsieur Obama, traitez honnêtement avec le Venezuela pour acheter à un juste prix votre pétrole à un pays qui de tout temps s’est révélé comme un producteur fiable. N’oubliez pas que Chavez a été le premier à proposer une « fourchette de prix » du baril, un minimum juste pour ceux à qui appartient la ressource, un maximum pour ne pas déstabiliser les pays importateurs.

Monsieur Obama, vous allez assumer la présidence d’une nation avec certains handicaps.

Hors les quelques pays amis sincères des Etats-Unis, incluant même ceux qui ont trop besoin de vos dollars pour avoir le courage de s’exprimer, sans nul doute et pour l’instant les Etats-Unis d’Amérique inspirent à beaucoup de nations des sentiments d’antipathie.

Vous allez assumer la présidence de la nation qui accuse d’autres de prétendre posséder des armes nucléaires, mais qui est l’unique nation de l’histoire universelle à avoir utilisé une arme de destruction massive contre des populations civiles, urbaines et totalement désarmées. Vous allez assumer la présidence de la nation qui pointe du doigt tous les pays qui prétendent à des forces armées pour défendre leurs souverainetés, mais la présidence de la nation qui possède plus de la moitié de l’armement existant au monde à ce jour.

La crise économique qui actuellement secoue votre pays, malgré tout le mal qu’elle peut causer est peut-être aussi une chance inespérée pour un monde meilleur. La majorité de vos citoyens ont maintenant découvert les supercheries de vos banquiers et de vos grands groupes financiers. Certains pensent, Monsieur Obama, que vous ne pourrez pas gouverner un pays qui est entre les mains de toute-puissantes multinationales, transnationales et corporations.

Monsieur Obama, c’est peut-être une révolution qui vous est proposée dans les urnes, la révolution silencieuse de l’immense majorité contre une petite minorité de puissants.

Monsieur Obama, vous ne connaissez pas le continent sud-américain. Mc. Cain s’est limité à rendre visite au Mexique et à la Colombie… bien sûr. Venez nous voir, Monsieur Obama. Rencontrez des Hugo Chavez, Lula da Silva, Cristina Kirchner, Rafael Correa, Fernando Lugo et Evo Morales. Si vous êtes sincère, vous rencontrerez des gens avec lesquels il est facile de s’entendre, des pays qui n’aspirent à rien de plus qu’à la paix mais des présidents bien décidés aussi à ce que leurs peuples et leurs territoires soient respectés.

Monsieur Obama, bienvenido pour un nouveau monde meilleur. Pourquoi pas ?

Good Luck, Mister Barack Obama !

Jean Araud,
Caracas, octobre 2008

http://www.michelcollon.info

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T.D. Allman (dans un hommage à Wilfred Burchett)

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