« Parfois nous aimons les choses et nous utilisons les personnes, quand nous devrions utiliser les choses et aimer les personnes » (Abraham Lincoln).
Le président Obama a commis un gros mensonge et avoué une grande vérité en déclarant que le « Venezuela était une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité des Etats-Unis d’Amérique ».
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Le mensonge d’Obama
Le mensonge, c’est que jamais le Venezuela n’a été une menace ni pour les Etats-Unis ni pour n’importe quelle autre nation.
Le mensonge d’Obama concerne « la sécurité nationale des États-Unis »
La vérité, c’est que, tout au long de leur histoire, les forces armées vénézuéliennes sont toujours sorties des frontières de leur pays pour défendre d’autres nations latino-américaines afin de les libérer du colonialisme de l’Empire espagnol et aujourd’hui pour porter assistance à ces nations dans des situations de catastrophes naturelles comme par exemple à Armero en Colombie, à Mexico City, à Haiti et même à Agadir au Maroc.
De plus, Obama doit parfaitement savoir, comme tout le monde d’ailleurs, que tant Hugo Chavez que son successeur Nicolas Maduro ont déclaré à de multiples occasions l’amitié du peuple vénézuélien pour le peuple états-unien. N’est-ce pas ?
Ces derniers jours, le président Maduro a qualifié le peuple états-unien de « peuple frère »
Qui est une menace extraordinaire pour qui ?
Si Obama se permet de déclarer également une « urgence nationale » faisant planer au-dessus du ciel vénézuélien une menace impériale avec son lot de menaces de type militaire malheureusement déjà mises en œuvre sous d’autres latitudes comme le sont les invasions, les occupations ou les blocus, l’histoire parle d’elle-même.
Que dit l’histoire ?
Bombardements réalisés par les États-Unis d’Amérique à l’encontre d’autres nations depuis 1945, par ordre alphabétique : Afghanistan, Bosnie, Cambodge, Chine, Congo, Corée du Nord, Cuba, Grenade, Guatemala, Indonésie, Iran, Irak, Japon, Koweït, Laos, Le Salvador, Liban, Libye, Nicaragua, Panama, Pérou, Somalie, Soudan, Syrie, Vietnam, Yougoslavie
Des bombes conventionnelles, incendiaires, biologique, chimique, nucléaires furent utilisées.
Bombardements réalisés par le Venezuela depuis 1945 : Aucun bombardement n’a été enregistré jusqu’à présent.
De plus, l’histoire a enregistré, depuis celle de 1893 à Hawaï, plus de 170 interventions des États-Unis d’Amérique (opérations cachées, coups de force ou manipulations électorales dans le but de renverser des gouvernements, d’assassiner des présidents et de les remplacer par des dirigeants obéissants).
Aucun continent n’a échappé à ces interventions.
Le prix Nobel de la paix aurait-il pour objectif d’attaquer Caracas comme sa nation a attaqué Bagdad et Tripoli pour s’approprier abusivement leurs ressources ?
La vérité d’Obama.
Quand Obama a déclaré que le « Venezuela était une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité des Etats-Unis d’Amérique », la vérité c’est que c’est « une menace extraordinaire et inhabituelle » non pas pour sa nation mais pour lui-même.
Aujourd’hui, Obama se voit affaibli par un Congrès qu’il vient de perdre, les Républicains lui manquent de respect en invitant Netanyahou à Washington sans le consulter, une procureure se permet de bloquer ses intentions sur l’immigration, ses partisans sont déçus, eux qui croyaient réaliser grâce à son élection le rêve de Martin Luther King et qui constatent que des Noirs meurent toujours sous les balles de policiers blancs. Economiquement le dollar prend peur face au duo monétaire sino-russe.
Ainsi Obama a sans doute proclamé une grande vérité : le modèle impulsé par la Révolution Bolivarienne peut être un mauvais exemple pour le peuple états-unien qui, tôt ou tard, dira « Basta ! »
Si Obama considère qu’un exemple révolutionnaire est une menace, c’est peut-être lui-même et la Maison Blanche qui sont menacés ?
Ceci oui, c’est la vérité.
Décret exécutif
Pour justifier son ordre exécutif, Obama accuse le gouvernement vénézuélien de ses propres maux. Par exemple :
Obama se souvient-il que, dans son pays, les descendants des indigènes qui ont échappé aux massacres vivent dans des réserves similaires aux réserves d’animaux ? Obama sait-il qu’une de ses compatriotes, professeur d’université, a été arrêtée à sa descente de l’avion pour s’être permis d’exprimer son opinion politique à propos de Chavez ?
Obama est-il au courant du déni des « droits de l’homme » aux prisonniers de Guantánamo ?
Est-il au courant du manque de liberté d’expression des journalistes, certains ayant récemment été renvoyés parce que, lors d’un programme de télévision « Made in USA », ils se sont moqués de son épouse Michèle de la même manière grossière que celle qu’ils avaient utilisée, sans encourir aucune sanction, envers un président africain en visite à Caracas ?
Bref.
Thank you Mister President
Depuis Caracas, peut-être devons-nous remercier Obama car son ordre exécutif a provoqué un rejet mondial avec une impressionnante unanimité. Nous ne mentionnerons aucune nation en particulier de peur d’en oublier une.
Des organismes de son ex arrière-cour ont été unanimes, que soit l’UNASUR, la CELAC, l’ALBA ou la OEA, malgré leur longue dépendance historique vis-à-vis de Washington.
Il y a peu, Obama a tenté de se convertir en une « star » de la paix en annonçant au monde ses intentions d’établir de nouvelles relations diplomatiques avec Cuba. Et, diplomatiquement, Fidel et Raul Castro ont exprimé leur point de vue.
Mais c’est la foule dans les rues et sur les places de Caracas ainsi que dans tout le territoire vénézuélien qui donne le plus envie de remercier le président Obama.
Avec son ordre exécutif, Obama a permis au Venezuela de renforcer l’unité nationale. Hormis les derniers laquais, les Vénézuéliens, y compris les opposants sensés, ont exprimé fermement leur patriotisme et leur refus d’agressions contre leur territoire.
Jour après jour, les marches se multiplient, les concentrations et les réunions des collectifs également.
Ils sont des millions ceux qui signent et tweetent contre le décret exécutif.
Nous ne nous risquerons pas à donner des chiffres car les chiffres augmentent sans cesse à l’heure où sont écrites ces lignes. Mais nous pouvons dire qu’ils ont déjà dépassé les 3 millions, non seulement au Venezuela mais aussi dans les États-Unis d’Amérique et dans le monde entier.
Ils sont également des millions ceux qui intègrent la milice bolivarienne, enregistrant sans doute depuis sa création la période de plus grand recrutement et de plus grande diversité des volontaires.
Ceci nous rappelle une autre page de l’histoire. Quand la noblesse française demanda à la Prusse d’envahir la France pour renverser la Révolution Française, les Prussiens hésitèrent dans un premier temps. La noblesse affirma aux Prussiens que ces « révolutionnaires » n’étaient qu’une bande d’analphabètes qui fuiraient au premier coup de canon. Sur les places publiques de toute la France, la Révolution enrôla plus d’un million de volontaires.
Au lieu d’écouter les conseils « petit yankee » de prétendus nobles, Obama devrait savoir qu’à Valmy, les troupes révolutionnaires françaises ont mis en débâcle les Prussiens. Et, ce qui est extraordinaire, c’est qu’à la tête de ces troupes révolutionnaires françaises se trouvait Francisco de Miranda, Vénézuélien et natif de Caracas.
Obama devrait savoir qu’au Venezuela, Chavez vit, Maduro suit ! (Chavez vive, Maduro sigue)
La Révolution Bolivarienne affronte-t-elle des difficultés. Bien évidemment.
Qui a dit que faire un nouveau monde était une tâche facile ?
Néanmoins, l’union nationale qu’a fait émerger Mister President ces derniers jours avec son décret a été très utile à la Révolution et au processus bolivarien et ce décret mérite des remerciements, même si son intention était tout autre.
Les déclarations d’Obama ont inspiré également de multiples activités sur le territoire vénézuélien et il faudrait en informer les services de la Maison Blanche.
Surprenante surprise. Obama lance une offensive contre le Venezuela.
Quand le concert des nations se manifeste, il semble que la souveraineté légendaire de Washington empêche naturellement Obama de reconnaître le mal que contiennent ses déclarations.
C’est donc à travers des intermédiaires qu’il doit les minimiser. Par son ambassadeur devant l’ONU, Michael J.Fitzpatrick, ou la pauvre Jennifer Psaki, porte-parole du Département D’État, qui n’a pu éviter d’être victime d’une amusante conférence de presse (amusante pour les journalistes uniquement) ou encore via Roberta Jacobson, sa secrétaire d’État pour l’Amérique Latine, chargée de justifier l’injustifiable.
Mais la surprenante surprise c’est qu’Obama a lancé ses déclarations précisément au mois de mars.
Peut-être que ses conseillers ou instigateurs latino-américains ne l’ont pas informé que, fin février, il y a un jour emblématique pour le peuple vénézuélien. Une date pour se souvenir des souffrances endurées par le peuple à cause des organismes internationaux des grandes puissances comme le FMI ou la Banque mondiale.
Obama devrait savoir qu’à chaque fin février, précisément le 27, les Vénézuéliens se souviennent des milliers de victimes d’une rébellion populaire baptisée « Le Caracazo »
Obama n’a visiblement pas été informé non plus que, début mars, le peuple vénézuélien commémore le départ physique de son leader Hugo Chavez ?
Il est vrai qu’absent le 5 mars 2013, Obama ne put voir par lui-même les millions de citoyens et les dizaines de chefs d’État qui se sont rendus à Caracas pour accompagner le Président du Venezuela.
Ces dates historiques de la Révolution bolivarienne du Venezuela sont des moments où les citoyens et les révolutionnaires s’unissent pour communier et resserrer les liens sur fond de sentiments patriotiques.
De plus, le président Obama devait sans aucun doute être au courant des manœuvres militaires entre le Venezuela et certains de ses alliés stratégiques.
Obama souhaiterait-il se mesurer à Poutine ?
Ce qui est sûr, c’est qu’à ces menaces belliqueuses, les réponses ont été pacifiques. Les marches, les concentrations et rassemblements de signatures sur les places publiques se font dans la bonne humeur et sur fond de chansons révolutionnaires.
Les forêts, les fleuves, les montagnes sont habités par des anacondas, des jaguars, des tigres et d’autres espèces dangereuses mais les habitants ne craignent pas les « tigres de papier ».
Cela fait quelques temps que Chavez a affirmé que : « La Révolution est pacifique mais armée, le peuple du Venezuela est l’ami du peuple des États-Unis ».
Ainsi, il semble que le plus sage pour tout le monde soit de revenir sur ce décret inopportun. Qu’Obama se dédie à son peuple pour résoudre ses problèmes internes et qu’il laisse tranquille une Amérique Latine qui, dans sa majorité progressiste, souhaite grandir et vivre en paix dans une indépendance définitive.
Il sera sans aucun doute remercié par le peuple vénézuélien mais aussi par son propre peuple et d’autres nations du monde.
Jean Araud