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Le MRAP dans l’altermondialisation - Toulouse 2008

UNIVERSITE CITOYENNE D’ATTAC - TOULOUSE AOUT 2008

Plénière sur l’altermondialisme

Intervention de Christian DELARUE (*) au nom du MRAP (**)membre fondateur d’ATTAC

A ce stade du débat, je voudrais rebondir sur la " métaphore du métro " qui distingue les grands voyageurs des petits afin de positionner la participation du MRAP - Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples - dans le mouvement. En clair, est-il un " second couteau " du mouvement global ou un acteur essentiel ? Mais auparavant il me faut rappeler la distinction entre altermondialisme et altermondialisation.

I - Quelle articulation de la dynamique réelle et de la perspective alternative ?

- La " summa divisio "

L’altermondialisme représente le discours sur l’autre monde possible tel qu’évoqué par la Charte de Porto Alègre. Il s’agit d’un discours qui combine deux caractéristiques : il est pluriel, il ne vient pas d’en haut. Il convient de préciser que cette spécificité - pluralité et l’horizontalité - n’exclue pas les théories globalisantes, qui visent à réunir dans un corpus cohérent les alternatives au néolibéralisme. Simplement de telles théorisations ne font qu’éclairer le débat dans le respect des autres discours ou théories sur l’autre monde.

L’altermondialisation c’est d’abord le mouvement réel. L’altermondialisation se rattache aux processus hétérogènes de construction (d’une autre mondialisation). L’altermondialisation qu’on la définisse comme mouvance ou comme mouvement de mouvements c’est toujours le grand mouvement hétérogène et de longue durée qui fait participer une multitude d’acteurs dont certains sont nettement altermondialistes mais aussi d’autres acteurs à objet plus limité. Voilà pour le premier sens - large, englobant - du terme d’altermondialisation .

- La division secondaire

Mais on ne peut en rester à cette grande distinction (altermondialisme théorisé et altermondialisation historique réelle). Il faut aller plus loin pour saisir la complexité du mouvement en explicitant la subdivision interne à la mouvance globale. En effet dans le train de l’altermondialisation au sens large on peut distinguer d’une part le (ou les) mouvements altermondialistes ceux qui comme ATTAC portent dans le réel plusieurs alternatives relativement articulées pour être efficace quant au but visé : " l’autre monde " et d’autre part les acteurs à buts limités ceux que l’on pourrait nommer d’altermondialisation mais ici au sens restreint de divers mouvements ne s’attaquant qu’à une forme particulière d’oppression ou de domination, de diverses pratiques sociales concrètes mises en débat dans les forums sociaux.

C’est à ce point que je souhaite rebondir sur l’image du métro et préciser la position du MRAP.


II - Le MRAP comme mouvement altermondialiste " par extension "

Le MRAP est-il durablement un acteur de l’altermondialisation entendue comme mouvance ou comme " mouvement de mouvements " ? Si oui est-il alors altermondialiste ?

Réaliser l’objet statutaire du MRAP suppose son inscription dans un mouvement plus large

Que l’antiracisme soit l’objet d’une association spécifique de lutte comme le MRAP ne pose pas de problème mais il me semble aussi acquis que cette lutte s’articule ou s’appuie sur d’autres qui concernent l’extension des droits sociaux, le logement de qualité pour tous, les biens communs, la présence de services publics dans les quartiers délaissés. A ce titre la participation du MRAP à ATTAC et plus largement à l’altermondialisation ne fait pas de doute, et ce dans la longue durée.

Au delà , en quoi le MRAP peut-il se dire altermondialiste ?

Dans cette dynamique globale et plurielle le MRAP est-il altermondialiste ou simplement un mouvement à objet restreint (altermondialisation au sens étroit). Il me semble qu’il est l’un et l’autre et notamment un mouvement altermondialiste . Avec les années, via la participation du MRAP dans ATTAC et dans les divers forum sociaux, le MRAP est bien devenu un mouvement altermondialiste au sens de mouvement agissant consciemment pour un " autre monde ". Ici, tout dépend de ce que l’on entend par autre monde.

Autre monde ?

Certes il s’agit de vouloir autre chose qu’un monde meilleur, ce qui ne signifie pas choisir entre réformes et révolution (une autre problématique que je n’aborde pas et qui hors l’objet statutaire du MRAP). Pour autant ,le MRAP ne s’inscrit ni dans la perspective du socialisme antidémocratique antérieur ni même dans un néosocialisme du XXI siècle porteur d’alterdémocratie, d’écologie en précisant que ce néosocialisme souhaité ici ou là ne sera sans doute pas identique en Amérique latine, en Afrique, en Asie, en Europe, notamment quant à l’articulation de la religion et de la laïcité.

Sur cet autre monde, aucun congrès du MRAP n’a discuté de son contenu , c’est évident. Par contre le MRAP souhaite un monde sans racisme et sans colonialisme ni impérialisme comme d’autres acteurs amis veulent un monde sans sexisme, un monde sans guerre (ce qui ne signifie pas totalement pacifié au plan relationnel), un monde où le marché sera régulé et même circonscrit, un monde où les autres rapports sociaux de domination, d’exploitation, d’oppression seront abolis. Si le capitalisme articule ces diverses dominations dont certaines ne sont pas générées par lui (comme le sexisme et le racisme) alors l’alternative globale au capitalisme articulera lui aussi diverses libérations de dominations.

Petite parenthèse : pour ces raisons, j’ai proposé dans un autre débat d’ajouter à la Charte de Porto Alègre, qui critique à raison mais de façon trop exclusive le capitalisme et l’impérialisme, les références à quatre exigences : l’alterdémocratie, l’écologie, le non sexisme et le non racisme.

Si l’on accepte cette compréhension du réel et du voulu alors le combat propre du MRAP s’inscrit à la fois dans la dynamique d’altermondialisation et dans la perspective altermondialiste. Il est donc bien un mouvement altermondialiste.

* Christian DELARUE est membre du Bureau exécutif et du Conseil d’ Administration du MRAP ** MRAP : Mouvement contre le Racisme et l’Amitié entre les Peuples

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