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Poutine tire à boulets rouges : guerre made in USA pour aider McCain

Vladimir Poutine sait décidément utiliser les médias mieux que son successeur Dmitri Medvedev. Son choix d’une interview par CNN pour lancer la plus lourde des accusations contre l’administration Bush - avoir orchestré la guerre en Ossétie du Sud, en y participant avec ses propres militaires, pour donner un avantage au candidat républicain McCain (sauf qu’il a l’habileté de ne pas citer de nom, NDT)- est un coup de maître : la chaîne étasunienne a un tout autre impact sur l’opinion publique internationale que les médias russes, et l’accusation - lancée dans une petite phrase non circonstanciée- est de celles qui intriguent et qui, à la longue, se déposent dans l’inconscient des gens. Cela pourrait être un très bon point pour Obama si le candidat républicain voulait faire une campagne agressive contre son rival ; mais cela ne semble pas être le cas.

Le premier ministre russe a en tout cas fait de son mieux pour diviser le front occidental, en assortissant sa très lourde accusation contre les Usa d’un engagement à ne pas utiliser l’arme énergétique (les livraisons de gaz et pétrole) pour répondre à d’éventuelles anctions européennes. "Nous, nous ne politisons pas les relations économiques - a déclaré Poutine, en ajoutant avec malice (l’auteur a écrit malignement, je préfère traduire en changeant le terme et le signale, NdT) que « nous nous étonnons de voir des émissaires étasuniens qui circulent à travers les pays européens en essayant de les convaincre de ne pas acheter nos produits ». Le fait est que le gouvernement russe allonge en ce moment la liste des produits étasuniens (tous du secteur alimentaire) qu’il est interdit d’importer en Russie pour des « motifs sanitaires » ou qui sont lourdement taxés. Poutine a aussi évoqué une contre-mesure russe qui fait très peur : « Mais si notre opinion est si peu importante, si on veut nous tenir à l’extérieur du G8 ou autres instances, pourquoi alors, grands dieux, les occidentaux ne se débrouillent-ils pas tout seuls avec l’Iran ? ».

Quant aux hypothétiques sanctions brandies tout est encore très confus. Un porte-parole de la Maison Blanche a admis qu’« il est prématuré de parler » de sanctions étasuniennes. La seule mesure à l’étude est le blocus du méga-accord sur le nucléaire pacifique, accord dont le blocus, au demeurant, porterait tort de façon équivalente aux entreprises étasuniennes et russes. Les grandes entreprises US font en effet pression discrètement sur la Maison Blanche pour qu’elle traîne les pieds sur le terrain des sanctions. L’Union européenne de son côté bredouille dans la confusion la plus totale, qui reflète la réalité des rapports bien plus que les retentissantes déclarations des leaders des 27. Mercredi le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner avait exclus qu’on puisse parler de sanctions au sommet européen de lundi prochain (1er septembre) ; hier, en y repensant, il a par contre annoncé que oui, on discutera de ça ; mais pour se démentir après qu’un porte-parole de la Commission européenne ait déclaré sèchement « il n’en est pas question ». Le ministre des Affaires étrangères russe, Serguei Lavrov, n’a pas tort quand il dit simplement de Kouchner : « Notre collègue parle beaucoup ».

Le front est dans le brouillard. L’OTAN promet « un appui total » à la Géorgie, et ses leaders encouragent le président ukrainien Viktor Youchenko à se montrer de plus en plus agressif envers Moscou ; mais les appels de Michaïl Saakashvili pour une entrée rapide dans l’Alliance sont élégamment snobés (« les procédures de contact avec nos partenaires géorgiens se poursuivront régulièrement », récite hypocritement un communiqué , ce qui veut dire qu’on en reparlera en décembre), et l’Ukraine est de fait laissée seule avec ses désastres (sauf des apparitions à Kiev de tel ou tel leader occidental). Hier un énorme dépôt de munitions proche (de Kiev ? NdT) a sauté : des sources russes affirment que c’est de là justement qu’était en train de s’organiser un transfert d’explosifs destinés à la Géorgie.

ASTRIT DAKLI

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Edition de vendredi 29 août 2008 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/29-Agosto-2008/art35.html

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Le fait est que les slogans du type "soutenons nos soldats" n’ont aucun sens... Et c’est tout l’objectif d’une bonne propagande. Il vous faut créer un slogan auquel personne ne s’oppose, et tout le monde y adhérera. Personne ne sait ce qu’il veut dire parce qu’il ne veut rien dire. Son importance réside dans le fait qu’il détourne l’attention d’une question qu’il aurait fallu poser : soutenez-vous notre politique ? Mais ça c’est une question qu’on n’a pas le droit de poser.

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