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ITALIE : Vagues de débarquements à Lampedusa

photo : lampedusa, RFI.FR

PALERME - Les menaces d’arrestation pour ceux qui entrent en Italie sans permis de séjour n’arrêtent pas les migrants qui cherchent à aborder sur nos côtes. Les débarquements se succèdent, un derrière l’autre, avec leur chargement d’espoir et de mort. Le dernier cadavre a été récupéré hier, alors que certains dirigeants de l’Union Européenne s’apprêtaient à discuter autour d’une table sur ce qu’il fallait faire pour endiguer une migration qui, de plus en plus, est un phénomène de masse. Aucun d’entre eux n’a exprimé le moindre mot sur celui qu’on venait de trouver mort.

Bien que le gouvernement Berlusconi essaie par tous les moyens de rassurer l’opinion publique sur la baisse des arrivées illégales, le Canal de Sicile continue à être sillonné par des grosses barques chargées de centaines de migrants secourus par les vedettes de la douane et des garde-côtes. Il y a deux jours, une petite fille est même venue au monde dans une de ces barques. Les directeurs généraux des services de l’immigration des pays de l’Ue, réunis à Lampedusa, ont pu le constater de leurs propres yeux. Rien qu’aujourd’hui (vendredi 23 mai, NdT) , dans la plus grande île des Pélagies sont arrivées quatre barques avec des centaines de personnes à bord, hébergées dans le centre de premier accueil de l’île. Ces dernières heures, environ 250 migrants sont arrivés à atteindre les côtes de Lampedusa et Pozzallo, après avoir navigué dans des conditions extrêmes pendant plusieurs jours. Juste au moment où une vedette portait secours à deux petites embarcations, avec 70 migrants extracommunautaires interceptés au large du littoral de Raguse, l’équipage a aperçu un cadavre qui flottait à peu de distance d’eux. Le corps serait celui d’un migrant maghrébin, sans doute victime d’un naufrage. Selon le médecin de bord de la vedette le décès remonterait à un mois. Avec le soupçon, donc, qu’il puisse y avoir d’autres corps en mer, morts dans un naufrage passé sous silence.

Au large de Malte, d’autres cadavres ont été récupérés ces dernières semaines, dans ce cas aussi dans le silence de l’Union Européenne. Le flux des arrivées à Lampedusa se poursuit à un rythme soutenu, et des informations arrivent de Libye sur la présence de milliers de migrants prêts à affronter la traversée, comme c’est désormais le cas chaque année à l’arrivée des beaux jours.

Les dirigeants de l’Ue ont parlé de ça hier. Pendant la rencontre, à laquelle a participé le sous-secrétaire au ministère de l’Intérieur, Alfredo Mantovano, on a discuté de l’harmonisation des politiques d’asile, de l’échange d’informations entre pays d’arrivée des migrants et politiques d’intégration.

Ont aussi participé à la réunion les représentants du haut commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (Unhcr), de l’Organisation internationale pour les migrations (Oim) et de la Croix-Rouge italienne. « La Méditerranée apparaît de plus en plus comme la voie des demandeurs d’asile -déclare la porte-parole de l’Unhcr, Laura Boldrini- les chiffres parlent d’eux-mêmes : un immigré sur trois de ceux qui sont arrivés en Italie par la mer, en 2007, a fait sa demande d’asile et un sur cinq a obtenu une forme de protection internationale. La mer est de plus en plus l’issue de fuite pour ceux qui essaient d’échapper aux guerres et aux persécutions, et il est donc important de poursuivre les interventions de secours et d’insister sur le « modèle Lampedusa » : le centre où depuis mars 2006 opèrent la Croix-Rouge, l’Oim et l’Unhcr, pour informer ceux qui viennent de débarquer sur leurs propres droits ».

Pendant ce temps dans le Belpaese, le climat de chasse aux sorcières se durcit. Sur certains tracts racistes qui circulent à Pistoia, on parle des immigrés comme d’un gibier migrateur qu’on peut chasser. Certains quotidiens ont parlé de ces tracts après leur première diffusion, à Rome et à Manciano (Grosseto), mais d’autres tracts ont été signalés au centre anti-discrimination de Pistoia. Le texte est une parodie du calendrier de vénerie 2008-2009 : « Les Régions italiennes - a-t-on écrit- communiquent l’ouverture de la chasse au gibier migrateur : albanais, kossovars, talibans, gitans, extracommunautaires en général. Est suspendue, à partir de maintenant, la chasse aux communistes en tant qu’étant entrés dans la catégorie d’espèces en voie d’extinction ; la possibilité étant toutefois gardée de les chasser dans les zones de repeuplement telles que maisons du peuple, coop (coopératives issues des milieux de résistants après la seconde guerre mondiale, NdT), centres sociaux et autres zones où on ne travaille pas ».

Puis, une fois donnés les conseils sur les armes à utiliser, les tracts se terminent par : « il n’existe pas de limitation journalière du nombre de pièces à abattre, le gibier étant considéré comme nuisible ».

Edition de samedi 24 mai 2008 de il manifesto

http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/24-Maggio-2008/art21.html

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio


tracts racistes diffusés sur le "gibier migrateur" en Italie :

« Les Régions italiennes - a-t-on écrit- communiquent l’ouverture de la chasse au gibier migrateur : albanais, kossovars, talibans, gitans, extracommunautaires en général. Est suspendue, à partir de maintenant, la chasse aux communistes en tant qu’étant entrés dans la catégorie d’espèces en voie d’extinction ; la possibilité étant toutefois gardée de les chasser dans les zones de repeuplement telles que maisons du peuple, coop (coopératives issues des milieux de résistants après la seconde guerre mondiale, NdT), centres sociaux et autres zones où on ne travaille pas ».

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