Chez SARKOZY, la « Révélation » a remplacé la raison et le bon sens … !
Comment est-il possible que le président de la république la plus laïque du monde, censé être sensé, intelligent et respectueux des devoirs de sa charge, puisse prendre des positions et des décisions aussi passionnelles, antidémocratiques et provocatrices ?
Comment peut-il perdre son indépendance d’esprit au point de se laisser inféoder non seulement à sa religion, mais même au pape, le plus dogmatique, le plus clérical et le plus rétrograde à tous points de vue, de tous ceux que nous avons connus ?
Comment est-il possible d’être aussi autoritaire, dirigiste et (quasi ?) dictatorial ?
Comment être aussi convaincu d’avoir toujours raison, au point d’imposer unilatéralement ses vues à tous les autres, qu’il considère comme étant soumis à ses ordres ?
Comment ose-t-il insulter les agnostiques, les incroyants et les athées en prétendant que tout homme aspire à la transcendance, que la spiritualité est forcément religieuse, que les croyants leur sont supérieurs, etc … ?
La réponse n’est-elle pas évidente ? L’exemple vient « d’en haut », d’un certain Benoît … C’est l’amalgame traditionnel d’une volonté de pouvoir à tous égards, en l’espèce sur les consciences, et d’autre part de la soumission, de l’obéissance à un « Seigneur », à ses « ministres », ... inculquées aux ouailles dès la prime enfance, dans toutes les religions … Chez SARKOZY, surtout dès qu’il est question de religion, la raison est subjuguée, anesthésiée, annihilée par la foi… Dans son personnage de prédicateur, il perd le sens du ridicule …
Il ignore bien évidemment les observations des sociologues et des psychologues qui ont démontré, statistiques à l’appui, qu’en l’absence d’une éducation religieuse et d’un milieu croyant unilatéral, la foi n’apparaît pas spontanément.
Il ignore tout autant celles des neurophysiologistes qui confirment, IRM fonctionnelle à l’appui, que l’imprégnation religieuse précoce, forcément affective, laisse des traces indélébiles dans le cerveau émotionnel, qui perturbent le plus souvent le cerveau rationnel, et donc l’esprit critique ultérieur, indépendamment de l’intelligence et du niveau intellectuel.
Enfin, Nicolas SARKOZY n’a rien compris à la laïcité : pour lui, seule existe la laïcité politique, c’est-à -dire la neutralité des institutions, mais il espère bien, en un peu plus de quatre ans, détricoter la loi de 1905, re-confessionnaliser et re-cléricaliser la société !
Il ne supporte pas que les églises se vident, il veut que la religion (catholique) réponde seule à l’actuelle « quête de sens » et il accuse la laïcité « négative », le « laïcisme » de tous les maux, alors que c’est l’inverse : n’est-il pas évident que, de tous temps, les religions, en prétendant détenir LA seule Vérité et LE seul vrai dieu, ont été à l’origine de toutes les intolérances, de la plupart des guerres et autres violences ? Même les atrocités staliniennes et nazies, soi-disant imputables à leur idéologie « athée », ne résultent-elles pas plutôt de l’absence de conscience morale et de respect de la dignité humaine de leurs protagonistes et de ceux qui leur ont obéi, tous éduqués initialement dans la religion … ?
Si tant est qu’il en ait entendu parler, SARKOZY méprise la laïcité philosophique, c’est-à -dire le droit effectif d’opter pour des conceptions et un engagement excluant toute transcendance (agnosticisme, incroyance, athéisme, libre pensée, franc-maçonnerie adogmatique …). Il n’a jamais eu l’occasion, ou ne s’est pas donné la peine, de découvrir les principes, les valeurs humanistes, les fondements et les objectifs de l’humanisme laïque …
Lorsqu’il affirme que « la morale religieuse et la morale laïque sont complémentaires », SARKOZY prouve qu’il ne perçoit même pas que la première est fondée sur la soumission, et la seconde sur l’autonomie et la responsabilité individuelle ! Et donc contradictoires …
Mais, par réaction, les provocations présidentielles auront peut-être, paradoxalement, un effet favorable à la laïcité, en faisant prendre conscience aux Français du danger d’une influence religieuse unilatérale, excluant toute alternative non aliénante, et donc de la nécessité de promouvoir enfin un système éducatif garantissant le libre choix effectif des convictions philosophiques OU religieuses. Cela implique la découverte non seulement du « fait religieux » ( par une information minimale à l’école) et AUSSI celle du « fait laïque ».
Il deviendra alors possible de choisir, aussi librement et aussi tard que possible, de croire ou de ne pas croire. Mais cela impliquera que les droits des parents, pourtant légitimes et constitutionnels, devront céder le pas à ceux, supérieurs et donc prioritaires, des enfants, ce qui compensera les inégalités socioculturelles. Ce n’est pas gagné d’avance ! Surtout hélas en terre d’islam… Les résistances des religions et des sectes seront farouches …
N’est-il pas pourtant plus que temps de cesser de privilégier, sous prétexte de « tolérance », la seule vision confessionnelle ?
Un tel système éducatif devrait permettre enfin l’émergence d’une citoyenneté responsable, d’une ouverture aux autres et à leur différence, conditions sine qua non d’une coexistence pacifique entre les cultures et les convictions.
Michel THYS
Waterloo.