Nous publions ce lundi 10 mars un communiqué de presse de diffusé il y a trois jours. Il concerne un évènement survenu la mercredi 5 mars. Il nous aura donc fallu cinq jours pour rendre publique cette information. Nous ne pouvions pas le faire tant que nous n’avions pas confirmation d’une source digne de confiance. Et l’Association France Palestine Solidarité en est une.
Car il s’agit d’une attaque chimique, commanditée par l’état d’Israël, contre les Bédouins du Néguev, leurs cultures et leurs Terres.
A l’heure où les Etats Unis et leurs complices s’apprêtent à liquider la population irakienne sous prétexte -entre autres prétextes que les inspecteurs de l’ONU semblent démentir- que l’Irak possède des armes chimiques, il est assez surprenant de constater que d’autres peuvent non seulement posséder, mais utiliser ce type d’armes contre des populations pacifiques.
Où est le droit international ?
Toujours du même côté.
Mercredi 5 mars 2003
Centre Mossawa
Tôt hier, des avions de pulvérisation agricole du gouvernement israélien ont aspergé terres et maisons bédouines et leurs habitants dans le sud du désert du Néguev. Un climat de guerre a envahi le village " non reconnu " d’Abda, suscitant chez les enfants la crainte qu’une attaque irakienne n’ait commencé.
Les parents sont immédiatement venus au secours de leurs enfants, leur plaçant les masques à gaz fournis par le gouvernement dans l’espoir de les protéger des produits chimiques contenus dans l’air. Suite à cette pulvérisation, les habitants se sont immédiatement rendus avec leurs enfants au centre médical le plus proche, à près de 100 km, à Mitzpeh Ramon. Le médecin de service a refusé de voir les personnes exposées, soulignant que les produits chimiques étaient inoffensifs. C’est seulement après avoir parlementé deux heures que les habitants ont obtenu que les victimes soient examinées.
La pulvérisation est l’oeuvre de la Patrouille verte, une "unité environnementale paramilitaire" chargée de la "revitalisation" du désert du Néguev. C’est en 1978 que le ministre de l’Agriculture de l’époque, Ariel Sharon, a créé cette Patrouille verte afin de "localiser et évacuer rapidement" les Bédouins du Néguev vivant ou travaillant sur leurs terres[1]. Ces dernières années, la Patrouille verte a travaillé à l’élimination des troupeaux et à la démolition des foyers des Bédouins. L’incident d’hier représente la deuxième frappe chimique de ce type par cette patrouille en deux ans.
L’action d’hier s’inscrit probablement dans la politique du gouvernement d’intimidation des habitants des villages "non reconnus" pour les faire partir de leurs terres traditionnelles. Une loi présentée par le gouvernement à la Knesset le 11 novembre 2002 ("Loi sur les terres publiques ; l’expulsion des intrus") demande le transfert de 70.000 Bédouins de leurs villages "non reconnus" vers 7 agglomérations "légales". Ce plan représente une menace pour le mode de vie des Bédouins.
Ce n’est pas par hasard que ces actes s’attaquent aux espoirs des citoyens bédouins d’Israël. Cette année en effet, des pluies persistantes ont fait fleurir le désert comme jamais depuis des années. L’agriculture bédouine s’en est vue stimulée, apportant une aide économique aux citoyens les plus pauvres du pays. Les paysans bédouins cultivent le désert d’une façon cohérente avec le rêve israélien historique de "faire fleurir le désert". Les dernières actions du gouvernement vont à l’encontre de ces aspirations.
Un autre enjeu est la relation entre la majorité juive et la minorité arabe. Un porte-parole du village d’Abda a exprimé sa crainte que l’action d’aujourd’hui n’accroisse la haine déjà présente entre les citoyens arabes et juifs d’Israël. "Je ne sais pas quelle guerre doit me préoccuper le plus," a-t-il déclaré songeur, "la guerre avec l’Irak ou celle qui se déroule dans ce pays."
Le directeur du Centre Mossawa, Jafar Farah, a immédiatement écrit au Premier Ministre, aux Ministres de l’Agriculture et de la Santé, au responsable de l’entreprise d’assurance de santé, au Ministre de l’Intérieur et au Ministre de l’Infrastructure. Sa lettre plaide pour que le gouvernement réattribue les fonds de la Patrouille verte à la planification des villes bédouines. La lettre en appelle également à la reconnaissance des villages bédouins, à la compensation des victimes de l’attaque au gaz d’hier pour les dommages subis et au châtiment des responsables de ces attaques.
source : The Alternative Information Center de Jérusalem
communiqué en anglais du 5 mars 2003)
Traduction : Véronique VIALA
Par la diffusion de cette information, l’Association France Palestine Solidarité de Nantes entend rappeler l’injustice faite au Peuple Palestinien. Elle rappelle l’inaction de la communauté internationale, son silence, et le manque d’information, face aux conséquences de la politique coloniale conduite par l’Etat d’Israël. Elle rappelle ainsi les violations brutales et quotidiennes de la IVe Convention de Genève (protection des populations civiles) et l’inapplication des Résolutions 194 (11/12/1947 par l’AG), 242 (22/11/1967) et 338 (22/10/1973) du Conseil de Sécurité de l’O.N.U.
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