Beurk, beurk, y viens de m’lécher le cou. Beurk, beurk si y’avait pas les copines. Beurk, beurk, beurk... Les propositions de Mme Boutin, c’est mieux que rien...ça pourrai être pire… Par exemple : l’obligation d’accéder à la propriété chapeautée par un permis d’habiter à point qui conduirait à l’expulsion hors des frontières de toute personne non productive, une sorte de retour aux sources à la polis grecque d’avant Salamine, le bannissement pour cause d’improductivité, d’inadaptation sociale.
La déportation en banlieue, qui doit être comprise comme lieu d ban, s’organise aujourd’hui à cause de l’apparition des centres muséifiés, hier à cause de la proximité des centres de productions. La destruction programmée des cités ghettos sera achevé dans des années proches ; Elle concrétisera un double objectif : celui de pérenniser de la division de cellules familiales, réelles ou d’affections, et l’apparente humanisation du système de logements qui restera ce qu"˜il est, un système de logement et non d’habitat. (Au même titre qu’on loge un objet dans sa place spécifique, on loge les humains)…L’idée même d’habitat renvoie à cette idée d’écosystème en équilibre et maintenu (plus ou moins) comme tel par ses habitants humains ou non…Le milieu naturel de l’être humain, c’est cet endroit bizarre où l’on va une mois par an pour bronzer, skier ou faire de la ouature. La ville reste un milieu attrayant, certes, mais extrayant l’humanité de son contexte avec le paradoxe que cette extra-di(c)tion est auto décidée et célébrée. Nous construisons nos propres cages, encouragés en cela par le conditionnement civilisationnel fait de peurs irrésolues et donc irréfléchies. Aucune des lois sur le relogement ne fait suite aux pistes de réflexions sur un retour vers la terre à la fois pour réenclencher une production vivrière saine, conditionnée aujourd’hui par le « il faut mangez au moins cinq légumes ou fruits par jour » …, ainsi qu’une dynamique rurale, mise à mal par le vieillissement des populations et par l’accaparation de la moindre coquille vide par des estivants en mal de verdure.
Parallèlement, les safer suppriment les terres, empêchant l’installation d’agriculteurs "vivriers" pour favoriser les industriels de la terre tant céréaliers que maraîchers. Cette agriculture domine. Ses mers de monocultures céréalières, ses serres immenses, ses élevages concentrationnaires, envoient dans les nappes phréatiques phosphates, potasse et insecticides. Dans certaines régions, l’eau courante est impropre à la consommation. Elle est remplacée par de l’eau en bouteille plastique arrivant à grand renfort de semi-remorques. Personne ne souhaite vivre dans ces conditions. Alors, pourquoi d’autres doivent-ils vivre ainsi ? Pour que nous consommions qui une tranche de jambon aqueuse qui un soda trop sucré … ? Si tous les habitants de la terre devaient vivre sur ce modèle, ce à quoi beaucoup aspirent, nous aurions besoin de cinq à six planètes. Seulement, nous n’en avons qu’une ! Si l’illusion créée par ce monde peut satisfaire beaucoup, à coté de lui, de plus en plus d’enfants, de femmes et d’hommes, naufragés involontaires ou non du système, vivent de rien ou de très peu. Ils n’aspirent qu’à la tranquillité. Si on accorde crédit à cette tranquillité, on peut lui donner le nom qu’ici et ailleurs elle porte, celui de sagesse. Elle nous dit que cette terre n’est pas à nous mais à nos enfants, en propriété collective. Si le partage se faisait de manière équitable, nous disposerions chacun d’environ quatre hectares et demi. Un seul est constitué de terres arables.
Comme en 2050 nous serons dix milliards, cet hectare va se réduire comme peau de chagrin pour être presque divisé par deux. Une certitude cependant, c’est que le partage ne se fera pas. Les intérêts financiers sont aveugles. Nous savons, aujourd’hui, que l’industrialisation est la cause directe de la désertification des campagnes ainsi et conséquemment la disparition des traditions culturelles régionales et locales. Suivant les sources, il y a de 200 000 à 9 000 000 de mal logés en France. Le nombre de logements disponibles, hors maisons secondaires, est entre 20 000 et 2 000 000 (compris les logements vétustes et autres taudis). Malgré promesses, plans, lois, décrets, les réalités se durcissent, en partie à cause des pressions combinées de la pression immobilière et des investisseurs privées
Malgré tout, existe il des alternatives à cette habitude industrielle que nous avons contracté depuis bientôt un siècle ? Elles sont nombreuses mais impliquent un changement assez radical -voire brutal- tant individuel que collectif dans les modes de production et d’organisation. Pour ce qui est de l’architecture, le constat est le même. Si on s’écartait totalement du système actuel : béton, verre, acier, l’impact sur l’environnement serait plus que conséquent puisque ces matériaux sortent des hauts fourneaux…Même si cette conscience gagnent certains, les progrès si lents conduits ces dernières années, n’ont pas réellement fait évoluer la production du bâti. Le bâtiment reste l’activité industrielle la plus nécessaire, toutes les autres ayant besoin de lieux pour fonctionner, sic transit gloria mundi... Dans ce secteur de l’économie, c’est la construction de maisons individuelles qui est le créneau le plus porteur. A lui seul, il représente plus de 60% du chiffre d’affaire. Parmi elles, bien rares sont celles approchant aux normes de la H.Q.E. En majorité, elles sont sises dans des lotissements. Le constat sur les nuisances environnementales et sociales du pavillonnaire est multiple. La plupart sont dans un schéma d’urbanisme diffus, un quart seulement sont en habitat groupé et ce, pratiquement, uniquement en ville. Pour le reste, elles participent de l’étalement de la cité par le biais des lotissements périurbains qui ne disposent pratiquement d’aucun espace public. Les PLU n’indiquent, en général, que des zones constructibles, sans véritable projet urbain. Avec le désinvestissement croissant des pouvoirs publics, ce sont des gestionnaires privés qui agissent sur l’espace bâti habitable. Ils privilégient, comme dans les années soixante, la rentabilité.
Cependant, trois points importants doivent être mis en exergue. Le premier est l’absence totale de connexion urbaine l’étalement et leurs conséquences : augmentation des émanations de gaz d’échappement, destruction des terres arables, accentuation du repli et de l’isolement des individus. Le second est l’utilisation et le transport des matériaux entraînant une empreinte écologique très importante. Pour finir, c’est la ségrégation humaine, c’est une ségrégation par le censitaire. La plupart des communes préfèrent payer les taxes dues pour le non respect des 20 % de logements sociaux, plutôt que d’accueillir des pauvres ou des groupes indésirables comme les gitans ou les relogés des cités démolies. La différence entre la volonté politique d’état et les réalités locales n’est pas nouvelle. La récente mise en place de la loi dite du droit au logement opposable, si elle ouvre de grandes possibilités, reste difficile à mettre en oeuvre. Parallèlement, la proposition de la maison à 100.000 € reste orientée vers des cellules familiales ayant un revenu minimum allant de 18 950 € pour une personne en zone A à 38.690 € pour cinq personnes et plus en zone B, soit pour le cas 1, un salaire mensuel de 1500 € et le cas 2, 460 €, l’équivalent du RMI. Dans un cas, comme dans l’autre, même si cette proposition est louable, elle contribuera un peu plus à l’artificialisation des sols et à la réduction des terres arables. La combinaison « idéale » est et restera une approche autarcique de l’habitat tant pour la production d’énergie que pour l’alimentaire mais au vue des projets de maisons Borloo déjà produites, on peut redouter le pire…De toute manière, une autarcie dans la société productiviste hyper contrôlée qu’on nous impose est comme une chancre dans la figure d’un mannequin : original mais inacceptable. Alors que les paysans sud américains se féderent en mouvement des sans terre, ici, au coeur de l’Occident, les « pauvres » faussement repus n’ont plus la force de s’organiser pour réclamer le minimum qui leur appartient : ces quatre hectares de terre que nous devrions recevoir à la naissance…Si les idées d’égalité avaient un réelle consistance, celles de liberté étaient un but en elles-même et que la fraternité fût.