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Naissance de la Banque du Sud, l’anti-Banque mondiale : 60 jours pour façonner l’alternative.








Le Courrier, samedi 15 Décembre 2007.


L’acte de naissance de l’anti-Banque mondiale a été signé.

La Banque mondiale n’est plus seule. Dimanche et lundi derniers à Buenos Aires, les dirigeants de sept Etats latino-américains [1] ont donné naissance à la Banque du Sud (BdS), une institution financière destinée à appuyer leurs projets de développement. Dans l’esprit du président vénézuélien Hugo Chávez, initiateur du projet, la BdS préfigure un système monétaire et financier alternatif aux institutions de Bretton Woods (FMI, BM), destiné à l’ensemble du tiers-monde. Les sept Etats fondateurs se sont donné jusqu’en février prochain pour trancher leurs derniers désaccords quant aux statuts de la BdS.

Principales certitudes : la banque sera basée à Caracas et disposera d’un capital de départ de 7 milliards de dollars puisés dans les réserves monétaires des Etats fondateurs. Reste à en connaître la clé de répartition. Et surtout à savoir si celle-ci influencera les droits de vote -sur le modèle de la BM- ou si chaque Etat sera placé sur un pied d’égalité - sur le modèle de l’ONU. Autre sujet de discorde : le Brésil et l’Argentine souhaiteraient que la BdS puisse lever des capitaux sur les marchés internationaux. Le bloc socialiste -Bolivie, Venezuela, Equateur- prône, lui, un financement 100% public. Les compétences de la BdS ont été calquées sur celles de la BM, soit le financement de projets de développement. A Buenos Aires, le président brésilien Luis Inacio « Lula » da Silva a cité notamment les « secteurs clés de l’économie, les infrastructures, la science et la technologie », ainsi que « la réduction des inégalités dans la région ». Comme son homologue argentin, Lula aimerait autoriser les prêts aux projets privés. Une optique rejetée par le bloc socialiste.

Cantonnée au crédit, la BdS devrait par la suite être complétée par un Fonds de stabilisation sud-américain, chargé de se substituer au FMI que les gouvernements sud-américains accusent de s’ingérer dans leurs politiques nationales au profit des capitaux du nord. « Le FMI est une malédiction avec ses politiques de ’choc’ qui ont apporté la faim, la misère et la violence à nos peuples », a déclaré M.-Chávez à Buenos Aires. Il a été appuyé par le président équatorien Rafael Correa qui a appelé à « libérer l’Amérique latine des chaînes de la dépendance financière ».

A plus long terme, « cette banque doit être le premier pas vers une monnaie commune à l’Amérique du Sud », a renchérit le président bolivien Evo Morales, là aussi encouragé par M.Correa. L’Equateur, dont la monnaie nationale a disparu au tournant du siècle au bénéfice du dollar, se donne « cinq à huit ans » pour remplacer la devise étasunienne par une monnaie régionale. Proposée initialement par Hugo Chávez à d’autres pays du Sud, la BdS devra finalement limiter son action au sous-continent sud-américain. Cinq autres pays -Chili, la Colombie, le Pérou, le Guyana et le Surinam- auraient déjà manifesté leur intérêt à rejoindre les sept fondateurs. Mais le président vénézuélien ne semble pas avoir renoncé à étendre son alternative financière. Il a d’ores et déjà averti que le second Sommet Amérique du Sud-Afrique, l’an prochain à Caracas, lui servira de plate-forme de sensibilisation du continent noir aux nécessités de quitter le FMI et la BM...

Benito Perez


 Source : Le Courrier www.lecourrier.ch









[1Argentine, Brésil, Bolivie, Equateur, Paraguay, Uruguay et Venezuela.


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