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Le virus H5N1 dit de la « grippe aviaire » a muté récemment : réfléchir à temps.




Peinture : Margari






[La tueuse la plus rapide de l’histoire, en 1918 a fait entre 25 et 40 millions de morts dans le monde entier, quatre à cinq fois plus que le guerre mondiale, c’était une grippe aviaire...]






Vendredi 12 octobre 2007.


Le virus H5N1 dit de la « grippe aviaire » a muté récemment comme cela était prévisible, les risques de pandémie humaine se rapprochent donc.


Le précédent est « la grippe espagnole » avec des estimations de 20 à 40 millions de morts dans le monde entier de l’époque (cf. Dossier succinct ci dessous)
La fourchette sera entre quelques dizaines de millions ou centaines de millions de morts, selon la rapidité de la recherche, de la production de vaccins, de la réaction des états.

Jacques Attali le libéral veut supprimer le « principe de précaution » de la constitution française. Est-ce bien le moment ?
(Y aura t il encore un problème des retraites ? Faut il allonger dés maintenant les annuités de cotisations à cause de l’allongement prévu de l’espérance de vie ? Déjà en 2003 l’espérance de vie avait reculé d’un mois en France à cause de la seule canicule , le rapport Charpin va encore se révèler faux...)
(faut il, se demandera le sinistre Sarkozy, payer une "franchise médicale" aux malades qui voudront se protéger ? Et les autres, qui les responsabilisera )


Le capitalisme permet-il de lutter contre cette pandémie ?

Ou en est la rapacité des firmes pharmaceutiques ?
La "concurrence libre et non faussée" peut faire des dizaines de millions de morts en plus...
Le pire ne serait-il pas de laisser les marchés décider des mesures à prendre...
Le plus modeste monopole privé exploité dans la situation de pandémie rapportera peut être de gros dividendes et coûtera peut être des millions de morts évitables.


Service public mondial !

Car soit chaque brevet est une barrière privée à l’innovation et ce sont des dizaines de millions de morts en plus.
Soit, comme pour les logiciels libres, la mise en commun des savoirs, protége les droits des inventeurs et faciliter les échanges. Mais il faut que tous les moyens suffisants soient mis à la disposition des chercheurs pour accélérer l’émergence de solutions pratiques. Une sorte de consortium mondial de laboratoires publics et privés comme cela est proposé dans le rapport de l’OMS* propose ci dessous JC Salomon du CS d’Attac.



Pandémie, vaccination, agir.

Face au risque de pandémie grippale, on peut être craintif, sceptique, confiant. Contentons nous d’être clairvoyants, c’est à dire informés, en faisant une évaluation critique de la situation, de ce que l’on sait, avec plus ou moins de certitude, et de ce que l’on ignore.

Le risque est réel, il croît avec l’extension continue de la maladie aviaire qui touche tout les continents (panzootie).

Il y a eut dans les deux derniers siècles une trentaine de pandémies grippales, dont seules celles de 1918, 1957 et 1968 ont été scientifiquement étudiées.

La date du déclenchement d’une pandémie est inconnue. A partir de demain, ou dans dix ans sont les réponses bien imprécises de ceux qui se hasardent à une prédiction. Ceci n’est pas sans analogie avec les tremblements de terre dans les zones de forte sismicité.

Pour des raisons connues, le moyen le plus efficace de réduire la fréquence et la gravité de la maladie est la vaccination spécifique. Mais la mise au point du vaccin spécifique ne pourra commencer qu’après le début de la pandémie elle-même. Ce sera une course de vitesse dont la durée estimée au minimum sera de six mois avec les connaissances, les savoir-faire et les outils de production actuelle.

Au cours des vingt dernières années le nombre de firmes pharmaceutiques productrices de vaccins est passé de 25 à 5.

La production de vaccins est sans doute bien moins rentable que la production de médicaments. La capacité de production mondiale plafonne à 400 millions de doses. Pour accroître cette production à l’échelle d’une demande de l’ensemble de la population mondiale, il faudrait un énorme investissement pour faire progresser la technique et surmonter des obstacles dont tout le monde parle, mais pour lesquels il conviendrait à la fois de mobiliser de très nombreux chercheurs, dans le secteur public et dans le secteur privé. Mais aussi d’accroître la circulation des savoirs.

Le contexte de la protection de la propriété intellectuelle qui prévaut actuellement favorise la rétention des savoirs, là où il faudrait une fluidité maximale.

Toutes les institutions nationales gouvernementales et internationales comme l’OMS répètent à l’envie depuis trois ans, dans leurs rapports et plans d’action, qu’il faut d’urgence coordonner les travaux en vue de la production du vaccin spécifique. Mais elle persistent toutes à espérer du marché qu’il va réaliser cette coordination harmonieuse, tout en multipliant les prises de brevet, dont chacune fera obstacle au libre échange.

Imaginez ce que sera la demande si la pandémie se déclenche et que dans les premiers mois la surmortalité se chiffre par dizaines de millions de personnes.

Imaginez face à une demande, relayée par la presse, le prix de chaque dose du vaccin spécifique dans un contexte de pénurie, comme il s’esquisse au fil des rapports. Imaginez enfin comment se fera le partage entre les pays producteurs et les autres, entre les nantis et les pauvres. Pourvu que la propriété intellectuelle soit bien protégée.

Le scandale des médicaments antiviraux, si chers, donc si peu prescrits dans les PVD nous montre bien que la solidarité n’aura que peu d’effet sur la situation si on n’a pas agit avant.

Sachez que selon le degré de virulence du virus pandémique les estimations habituelles sur la surmortalité mondiale se situent dans une fourchette de quelques millions à quelques centaines de millions de personnes.

Excusez du peu, mais ces chiffres seraient la mesure de la fatalité si ils n’étaient pas en grande partie sous la dépendance de ce que l’on sera, ou non, capables de faire avant le déclenchement probable de cette fameuse pandémie. Le pire serait de laisser le marché décider des mesures à prendre ou à ne pas prendre.


Le plus modeste monopole exploité dans la situation de pandémie rapportera peut être de gros dividendes et coûtera peut être des millions de morts évitables.

La solidarité et l’anticipation sont les éléments sur lesquels il doit être possible de mobiliser sans tarder.

Le choix se situer entre le maintien de la politique de protection de la propriété intellectuelle et la décision d’interdire toute prise de brevet sur les savoirs et les procédés de production de vaccins antigrippaux, ainsi que largement en amont et en aval de ces savoirs et procédés qui doivent être mis sous quelque chose d’équivalent à la "General Public License " ou GPL.

La première option ferait de chaque brevet une barrière à l’innovation avec toutes les conséquences sanitaires qui en résulteraient.

La seconde permettrait, comme pour les logiciels libres, la mise en commun des savoirs, protégerait les droits des inventeurs et faciliterait les échanges.

Une telle option ne prendrait toute son efficacité que dans la mesure où dès à présent les moyens suffisants seraient mis à la disposition des chercheurs et que pour accélérer l’émergence de solutions pratiques serait créer un consortium mondial de laboratoires publics et privés.
Comme cela est proposé dans le rapport de l’OMS*

Gérard Filoche






Alerte et action en cas d’épidémie et de pandémie document OMS 2006.

- Lire le rapport de l’ OMS .pdf http://whqlibdoc.who.int


Les laboratoires, les chercheurs et les instituts travaillent pour l’instant chacun de leur côté à l’amélioration des rendements, sans coordination des lignes directrices, ni stratégie pour se communiquer leurs expériences respectives.

L’OMS prévoit d’accélérer la recherche de solutions pratiques en créant un consortium de laboratoires ayant pour objectif de mettre au point de meilleurs prototypes de souches vaccinales.

Cette action doit démarrer immédiatement si l’on veut que le monde soit prêt dans les plus brefs délais à affronter une pandémie de grippe. La mise en oeuvre de ce plan d’action nécessitera une direction décidée, associée à un partenariat actif et efficace et au financement des activités décrites. Il suppose de la part des gouvernements de lourds investissements, dans une fourchette allant peut-être de 3 à 10 milliards de dollars des Etats-Unis.

Enfin, il faudrait créer un groupe spécial international pour encadrer la mise en oeuvre du plan et donner en temps voulu aux pays les informations sur les progrès ou les obstacles à l’augmentation des capacités de production d’un vaccin anti-pandémie. Ce groupe spécial devra se réunir aussi souvent que nécessaire et inclure des représentants des pays, de l’industrie et des milieux de la recherche


La pandémie de grippe aviaire serait-elle une catastrophe ?

La survenue d’une pandémie de grippe aviaire est un événement possible, dont nul ne sait la probabilité. Le niveau de préparation individuelle et collective est sans doute un moyen de réduire les conséquences d’une pandémie. C’est une responsabilité des politiques de prévoir différents scénarios et de préparer en période normale les mesures pour faire face à une crise à différents niveaux de gravité.

Cependant de tous ces scénarii, le scénario catastrophe est à la fois le plus lourd et le mieux à même de déclencher les peurs et les attitudes les moins rationnelles.

Ce scénario légitime l’instauration de la loi martiale est irritant et contre productif. La prise du pouvoir grippal par les médecins et par l’administration d’abord, puis par l’armée, la police et j’imagine les services spéciaux, est peut être fantasmée par quelques émules de Bush.

Des mesures techniques sont nécessaires, pas nécessairement les plus coûteuses, sûrement des mesures très diverses, appuyées sur une connaissance approfondie de l’histoire des grandes épidémies, sur une vigilance scientifique partagée par le plus grand nombre de médecins, de biologistes, de sociologues et de responsables politiques et administratifs, et même d’économistes et de philosophes. Il ne s’agit pas seulement de recenser les personnes capables de penser et d’agir, mais de mettre en position de comprendre le maximum de citoyens. Voilà bien une situation de recherche-action typique, où la méthode vaudra autant que ce qui en sera l’objet. Si la discipline doit être évoquée, c’est sa forme et son inspiration démocratique qui doivent être convoquées. Si la solidarité est une dimension majeure de l’efficacité en situation, c’est dans sa forme républicaine qu’il faut la penser. Commençons donc par donner force de loi à un principe, rien de ce qui sera mis en ¦uvre avant la pandémie, même si elle ne survient pas de sitôt, et pendant la pandémie, ne doit être une source d’enrichissement de quelques uns au détriment du plus grand nombre. Pour les produits de santé que l’OMC dans sa grande sagesse les déclare hors de la sphère du profit. (...)

La prise du pouvoir par la grippe et la prise de bénéfices sur la grippe sont les plus sûrs moyens de décourager des bonnes volontés.

Jean-Claude Salomon, Conseil scientifique d’Attac.






- Dossier - Grippe aviaire : tirer les enseignements de la grippe espagnole.


- La tueuse la plus rapide de l’histoire, en 1918 a fait entre 25 et 40 millions de morts dans le monde entier, quatre à cinq fois plus que le guerre mondiale, c’était une grippe aviaire...

Pour mieux comprendre les mécanismes de transmission de la grippe aviaire, des chercheurs ont étudié les tissus pulmonaires d’une victime de la grippe espagnole enterrée dans le sol gelé d’Alaska
La grippe espagnole, qui a fait environ 20 millions de morts en 1918, avait vraisemblablement une origine aviaire. C’est la raison pour laquelle les chercheurs poursuivent leurs travaux sur le virus H1N1 responsable de cette terrible épidémie, dans l’espoir de mieux comprendre les mécanismes qui lui ont permis de devenir aussi meurtrier et surtout transmissible entre êtres humains. C’est donc pour faire avancer la recherche sur le vaccin contre une potentielle souche mutante de l’actuel H5N1, qu’une équipe américaine a recréé in vitro le virus de la grippe espagnole.

Recréer un virus pour mieux en combattre un autre. C’est ce que les chercheurs de l’équipe de Jeffrey Taubenberger de l’Institut de pathologie des forces armées de Rockville aux Etats-Unis ont essayé de faire. Ils ont ainsi utilisé les tissus pulmonaires d’une victime de la grippe espagnole enterrée dans le pergisol (sol en permanence gelé) d’Alaska pour réaliser le séquençage des gènes du virus H1N1, responsable de l’épidémie de 1918. A partir de ce code génétique, ils ont réussi à faire revivre le virus disparu en utilisant la technique dite de « génétique inverse ». Les chercheurs ont ensuite vérifié son caractère pathogène en l’inoculant à des souris, des embryons de poulet et même des cellules pulmonaires humaines. Ils se sont ainsi rendus compte que le virus ressuscité était aussi meurtrier que celui de 1918.

Les résultats de ces expériences ont été publiés dans deux articles, l’un dans Science, l’autre dans Nature. Ils sont particulièrement intéressants parce qu’ils permettent d’essayer « de comprendre les propriétés biologiques qui ont rendu le virus de 1918 si exceptionnellement mortel », comme l’explique l’un des co-auteurs de l’article de Science, Terrence Tumpey des Centres de contrôle des maladies (CDC) d’Atlanta. Le mystère n’est pas encore totalement élucidé. Mais d’ores et déjà , les scientifiques pensent avoir trouvé la protéine qui a rendu le virus si meurtrier. Elle se nomme hémagglutinine (HA), agit en s’accrochant aux cellules et en permettant au virus d’y pénétrer. Reste maintenant à trouver comment bloquer le mécanisme pour pouvoir envisager d’appliquer la même méthode au virus H5N1 lorsqu’il aura muté et sera devenu transmissible entre être humains.


Gagner du temps

Car c’est là le deuxième enjeu de ces recherches : essayer de comprendre comment un virus aviaire est devenu un virus humain. Le H5N1 qui se propage en Asie depuis 2003 n’en est pas encore arrivé à ce stade. Les cas de contamination humaine enregistrés ont tous pour origine un contact rapproché avec des volatiles infectés. Pour le moment, aucune contamination entre deux personnes n’a été signalée. Mais selon les scientifiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce n’est qu’une question de temps. Un jour ou l’autre, ils en sont persuadés, le virus va muter. Et à partir de ce moment-là , il faudra réagir très vite pour éviter une propagation à l’échelle de la planète. C’est pourquoi l’étude du virus de la grippe espagnole peut faire gagner un temps précieux en permettant de préparer au mieux la mise au point d’un vaccin efficace contre une souche mutée.

L’étude des trois derniers gènes du H1N1 (qui en compte huit au total) est de ce point de vue très importante. L’équipe de Jeffrey Taubenberger a mis en valeur l’existence sur ceux-ci d’« anomalies » qui pourraient avoir joué un rôle clef dans le processus d’humanisation puisqu’on ne les retrouve pas dans les gènes de tous les virus aviaires mais seulement dans ceux qui sont à l’origine de contaminations humaines, dont le H5N1 fait partie.

La découverte de similitudes entre le virus de la grippe espagnole et l’actuel virus de la grippe aviaire est à la fois rassurante parce qu’elle montre que la recherche avance, et inquiétante parce qu’elle semble confirmer le danger potentiel que représente l’épidémie qui frappe pour le moment les volatiles. De ce dernier point de vue, elle va dans le sens de l’OMS qui ne cesse de tirer la sonnette d’alarme. Il est vrai que depuis 2003, malgré les efforts pour limiter sa propagation dans les élevages, le virus continue sa progression et le nombre de victimes humaines augmente. On a comptabilisé à ce jour 66 décès de personnes contaminées par le H5N1.

Valérie Gasf






La grippe espagnole 1918/1919

Si dans la mémoire collective la première guerre mondiale reste l’évènement le plus tragique du début du 20ème siècle il en est un autre qui s’ait avéré encore bien plus meurtrier... la grippe espagnole !
Selon les estimations entre 20 et 40 millions de personnes ont succombé à cette épidémie dans le monde en à peine deux ans.
A titre de comparaison, on évalue à 13 millions le nombre de morts dus aux combats.


Pourquoi la grippe espagnole a t-elle causée autant de victimes ?

Maladie très contagieuse, la grippe se manifeste par de la fièvre, de la fatigue et des troubles respiratoires.

Hippocrate en décrivait déjà les symptômes dans l’Antiquité. Considérée aujourd’hui comme une maladie bénigne, on oublie qu’elle est encore mortelle. En France, on comptabilise au moins 1 500 décès chaque année.

Le nombre de morts est bien plus important encore dans les pays en voie de développement.

Les hôpitaux du monde entier sont bondés. A Lyon, on procède aux inhumations jour et nuit. On entasse les cadavres plus qu’on ne les enterre.

Si l’épidémie de 1918 a été aussi meurtrière, c’est que le virus était d’une variété inconnue. On pense que l’origine de l’épidémie devait se situer en Asie Centrale et dans le Middle West américain, où la maladie s’est attaquée aux porcs avant d’être transmise aux humains.

Cette variante de la grippe aurait donc trouvé le moyen de passer de l’animal à l’homme par le biais d’une mutation.

Le virus de la grippe espagnole était de plus associé au redoutable bacille de Pfeiffer, cause des pneumonies et des pleurésies qui ont accompagné cette épidémie.


Propagation de l’épidémie

Apparue au début de 1918 en chine, l’épidémie s’est propagée rapidement aux Etats unis. En l’espace d’une semaine, l’ensemble de l’Amérique du Nord était touché.
Le déploiement massif des forces armées américaines en Europe ainsi que des forces coloniales a sûrement facilité la propagation du virus sur le vieux continent.
En France, une rumeur se répand. La maladie viendrait de boîtes de conserve importées d’Espagne, dans lesquelles des agents allemands auraient introduit des microbes. Cette rumeur est typique d’une psychose collective qui fait voir partout la main de l’ennemi.

Ce fantasme est la cause du nom de grippe espagnole.


Un bilan effroyable

Dans un premier temps, la maladie n’a pas provoqué un taux de mortalité très élevée. La plupart des victimes étaient sur pied au bout de quelques jours de fièvre.
En revanche, la seconde vague de l’épidémie à la fin de 1918, se révéla particulièrement meurtrière.
Les victimes décédaient en 3 jours !

Le bilan humain est tout simplement monstrueux :

On estime que près de la moitié de la population mondiale a été touchée par ce virus. Certains Etats ont payé un lourd tribut en vies humaines.
Environ 550 000 américains meurent ce qui est bien plus que les pertes cumulées des deux guerres mondiales, de la guerre de Corée et de celle du Viêt Nam.
En France, on parle de 400 000 victimes.
En Alaska, 25% de la population est fauchée.
On comptabilise également 112 000 victimes anglaises, des milliers de victimes en Afrique et entre 13 et 20 millions de morts pour le seul sous-continent indien.

A Londres, les employés municipaux désinfectent les lieux publics
Avec un bilan mondial aussi lourd, cette épidémie reste sans conteste une des plus grandes tragédies du XXème siècle.


Les risques d’épidémie aujourd’hui

L’épidémie s’est éteinte en 1919 d’elle-même et n’est jamais réapparue sous cette forme. A l’heure actuelle les scientifiques essayent toujours d’en savoir plus sur cette maladie. Des recherches sur des cadavres conservés par le froid sont en cours afin d’isoler l’agent pathogène et de pouvoir trouver un traitement efficace en cas de résurgence du virus.

Ce qu’il faut retenir de cette tragédie est que notre monde n’est pas à l’abri d’une nouvelle variante d’une grippe aviaire et que la transmission du virus de l’animal vers l’homme est toujours possible.
Ce qui se passe actuellement en Chine et dans de nombreux pays asiatiques en est la preuve.

Devant un tel cas de figure, le problème majeur consiste à éviter la propagation de la maladie en isolant immédiatement les victimes et les régions touchées. Il faut bien sûr que les pays concernés soient suffisamment responsables pour prendre des mesures draconiennes et avertir la communauté internationale du danger.

On a pu constater que ça n’a pas été le cas avec la Chine qui a mis longtemps avant d’annoncer officiellement la nouvelle.

Actuellement, étant donné les déplacements continuels des hommes et des marchandises, la capacité des chercheurs à isoler le virus et à mettre au point un vaccin est la clef de notre survie en cas de réapparition de ce virus.

Il faut savoir qu’une épidémie peut se répandre dans le monde en moins d’une semaine.


La grippe espagnole recréée en laboratoire

Le virus de la grippe espagnole a pu être ressuscité. En effet, le séquençage complet du génome du virus a été isolé chez une Inuit ensevelie dans les sols gelés de l’Alaska depuis 1918.

D’après les études effectuées par une équipe de chercheurs américains, le virus de la grippe espagnole est d’origine aviaire.
Il se serait adapté à l’homme à la faveur d’une mutation.
Il servira de modèle afin de se préparer à une éventuelle mutation du virus H5N1 (grippe aviaire) qui sévit toujours.

P. Vouzellaud (09/2004) . V.B M.à .J 3.12.2005






Paul V. Hartmann : La grippe espagnole, la tueuse la plus rapide de l’histoire !


On estime qu’entre 25 et 40 millions de personnes sont mortes de la manifestation de la grippe qui a commencé en 1918, qui envahit les Etats Unis en 7 jours et traversa la planète en 3 mois.

La grande querre mondiale venait à peine de se terminer et celle-ci avait tuée plus de 8 millions de personnes. Mais la grippe, elle a quadruplée ce nombre.

En dépit du nom (espagnole) cette grippe débuta au Etats Unis et elle a envahit la planète tuant près de 40 millions de personnes, en moins de temps que toutes les guerres réunies. Ce fut le grand grand désastre de l’histoire. Et ce, même si à l’époque l’on se considérait comme avancé dans la science de la médecine.

Des régions furent plus dévastées que d’autres : en Alaska, 60% de la population esquimaude a été plus durement atteint. Dans les iles du Pacifique c’est 20 % de la population qui souffrit de maladie respiratoire.

Apparemment c’était une grippe qui avait subie une mutation particiulièrement sauvage. Ce genre de virus appelé (dérive antigénique) offre beaucoup de résistance au vaccins, et n’offre pas la protection voulue. Ceci survient à quelques décennies. Les vaccins n’offrent plus les protections voulues. La grippe devient virulente et prend la population en vengeance.

La dérive antigénique virale semble se produire à une vitesse plus rapide. (le virus du SIDA semble encore le plus rapide des virus que celui des plus communs.) Quand une épidémie comme la grippe espagnole de 1918 commence, aucun vaccin n’est utile ; une telle épidémie se répand autour du monde plus rapidement que n’importe quel laboratoire de recherches pourrait isoler, préparer et distribuer.

Nous pouvons toujours nous attendre à une autre grande épidémie virale mondiale à haut taux de mortalité.

Reference : Influenza : The Last Great Plague by W. Beveridge, 1977.
Traduction G. Lacombe






A Genève (Suisse), l’épidémie de grippe espagnole de 1918 a touché plus de 50% de la population. La mortalité la plus élevée se trouvait dans le groupe des 20-49 ans et chez les hommes. L’impact socio-économique fut très important, l’épidémie entraînant de graves disfonctionnements, y compris dans les services sanitaires. Cette épidémie majeure illustre l’impact socio-économique que peut avoir la grippe et souligne la nécessité de se préparer à toute éventuelle pandémie.


Introduction

Une étude sur l’épidémie de grippe espagnole de 1918 à Genève (Suisse) a été menée à partir de divers documents des années 1918 et 1919. Elle s’est basée sur des publications dans les revues médicales suisses et étrangères, des quotidiens genevois, des archives cantonales et fédérales. Complétée par des témoignages, elle est orientée principalement sur la ville de Genève, mais certaines données concernaient toute la Suisse.


L’épidémie

L’épidémie de grippe espagnole a touché la Suisse en plusieurs vagues : la première en juillet 1918, la seconde, plus sévère, en octobre-novembre 1918, pour s’achever en février/mars 1919. La figure 1 présente le nombre de cas de grippe sur la base des déclarations obligatoires en Suisse, de juillet 1918 à février 1919. Dans un contexte de guerre mondiale, les premiers cas furent répertoriés en 1918, aux frontières du pays et dans les camps des militaires étrangers, puis dans les villages de l’intérieur (Château-d’Oex) (1,2). L’épidémie s’est ensuite répandue très rapidement à la population civile. On estime que plus de 50 % de la population a été touchée par la grippe en 1918, 58 % pour les deux années de cette pandémie (3).

La mortalité fut particulièrement importante durant la vague d’octobre/novembre, avec une grippe sévère, caractérisée par une forme asphyxique avec cyanose de la face et des extrémités, entraînant la mort dans les 24 heures. Les taux de morbidité et de mortalité étaient les plus élevés entre 20 et 49 ans, avec une surmortalité chez les hommes (figure 2). Celle-ci pourrait s’expliquer par les conditions de vie au sein de l’armée, la promiscuité et les déplacements fréquents facilitant la transmission de la grippe parmi les soldats déjà fragilisés. La gravité de la grippe chez les adolescents et les jeunes adultes était attribuée au surmenage, au manque de soins et à la promiscuité en milieu militaire (4). Enfin les groupes d’âge les plus âgés auraient été relativement épargnés, car déjà exposés à la grippe lors de l’épidémie de 1889-91.


L’impact socio-économique

Les perturbations furent nombreuses dans les secteurs privé et public. Les écoles fermèrent par intermittence. Dans certaines entreprises, plus de 80% des employés étaient atteints de la grippe (5). L’administration était aussi touchée par l’épidémie : certains bureaux de poste ont été fermés ou fonctionnaient au ralenti, les téléphones et télégraphes furent submergés. Un service réduit fut instauré (6). Les transports publics étaient irréguliers, avec un nombre de passages limité, ce qui facilitait la transmission du virus dans les véhicules bondés.

Le secteur médical était évidemment très perturbé. Les médecins débordés ont imposé des restrictions dans les horaires de réception des appels (7,8). Beaucoup étaient eux-aussi atteints par la grippe, ou avaient succombé à la maladie. Les taxis se virent contraints de refuser de transporter les malades à l’hôpital en raison des risques de contagion et une seule compagnie était mandatée pour déplacer les malades. Celle-ci devait désinfecter les véhicules après chaque course (9).


Hôpitaux débordés

Au pic de l’épidémie, en octobre/novembre 1918, les hôpitaux refusaient des malades. Des lieux publics furent réquisitionnés pour servir d’hôpitaux d’urgence, également rapidement surchargés. Des annonces étaient publiées dans la presse pour demander la contribution de bénévoles dans les hôpitaux débordés. Un médecin genevois fut condamné par les autorités sanitaires fédérales pour avoir omis de déclarer des cas de grippe, une déclaration obligatoire ayant été instaurée au niveau fédéral au début de l’épidémie (10-14).

Les statistiques hospitalières étaient quotidiennement détaillées dans la presse : nombres d’admissions, de malades refusés, de décès, de sorties des personnes atteintes de la grippe. La liste des décès s’allongeait, les annonces mortuaires couvraient deux à trois pages dans les quotidiens. Les corps médical et scientifiques se contredisaient à propos de l’origine de la grippe, des modes de transmission et des traitements. Par exemple, certains recommandaient la consommation d’alcool, alors que d’autres la rejetaient sévèrement. Ces divergences étaient reprises dans la presse généraliste, comme dans les revues médicales. Chaque mesure préconisée par les autorités sanitaires suscitait des polémiques amplifiées par les medias (15,16).

Il régnait dans tout le pays un climat de panique. De fausses informations étaient publiées dans les quotidiens comme dans la presse scientifique. Des articles et des lettres de lecteurs expliquaient de manière erronée l’origine de la maladie, les méthodes de prévention, les modes de transmission et les traitements possibles. Les recommandations d’hygiène étaient multiples et variées, allant du nettoyage des sols à sec à l’obligation d’arroser les rues de désinfectants. On pensait par exemple que le virus était transmis par le linge sale des troupes, lavé par les volontaires civils de la Croix-Rouge, ou qu’il se répandait par l’intermédiaire du courrier que les soldats contaminés adressaient à leur famille (17,18). Les publicités pour des traitements miracles se mêlaient aux annonces mortuaires. Elles allaient de la recommandation de manger des oignons aux exercices de respiration en plein air.

Les mesures prises et les interdictions étaient sévères : aucune activité de loisirs regroupant plusieurs personnes n’était autorisée. Dans certains cantons, les cafés et les restaurants se voyaient imposer une réduction des heures d’ouverture. Les théâtres, les cinémas, les dancings et les salles de bals ont été temporairement fermés, des spectacles annulés. Même les églises furent fermées. A Lausanne, certains services religieux ont été proposés dans les parcs publics, mais ces rassemblements furent rapidement interdits par la suite. A Genève, deux prêtres reçurent des amendes pour avoir prêché malgré l’interdiction de rassemblement (19,20). Les cortèges funéraires étaient limités à cinq personnes. Les employés des cimetières peinaient à préparer les tombes et à enterrer rapidement les morts.


Conclusion

En Suisse, les mesures prises pour lutter contre la grippe espagnole en 1918 étaient instaurées, annulées, puis remises en vigueur (notamment la fermeture des écoles), ce qui a contribué encore au climat d’insécurité. L’importance de diffuser des messages d’informations consistants et de qualité à la population est à souligner, car ceci fit cruellement défaut. L’analyse de cette pandémie fournit des indications précieuses sur l’impact socio-économique d’une épidémie de grippe massive et illustre la nécessité de se préparer de manière optimale à une éventuelle nouvelle pandémie.




- Dossier réalisé Gérard Filoche




Références

1. La Suisse, le 5 juillet 1918

2. La Suisse, le 7 juillet 1918

3. L’influenza en Suisse en 1918/1919, Rapport du Service d’Hygiène publique, Rapport du Conseil Fédéral, 1919

4. Revue Médicale de Suisse Romande, Société Vaudoise de Médecine, séance du 28 septembre 1918, pp.47-53

6. La Tribune de Genève, le 28 août 1918

7. La Suisse, le 15 octobre 1918 ; La Feuille, le 23 octobre 1918, La Tribune de Genève, le 26 Octobre 1918

8. Journal de Genève, les 26 et 31 octobre 1918

9. La Suisse, le 25 Octobre 1918

10. La Suisse, le 20 Octobre 1918 ; Journal de Genève, le 30 octobre 1918 ; La Tribune de Genève, le 1 novembre 1918

11. La Tribune de Genève, le 23 août 1918

12. A memorandum on Influenza, from the medical research committee, Lancet, 23 nov. 1918, p. 717

13. La Tribune de Genève, le 19 juillet 1918

14. La Tribune de Genève, le 20 août 1918

15. La Tribune de Genève, les 4-5 et 23 août 1918

16. Correspondenz-Blatt für Schweizer Aertze, 52, le 28 décembre 1918, pp. 1729-41

17. Jugement de la Cour de Justice du Canton de Genève (notification par les médecins des cas de grippe soignés par eux), Jugements et recours, 31 mai 1919

18. La Tribune de Genève, les 4/5 août 1919 ; La Suisse, le 5 août 1918

19. La Tribune de Genève, le 19 juillet 1918, La Suisse, le 10 juillet 1918

20. Cottin E. et al, La Grippe de 1918 - Ses formes cliniques, Revue Suisse de Médecine, 1919, 25 :504-22







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« Le fait de se définir Blanc ne s’est pas construit à travers des séances d’œnologie ou de dégustations de glaces entre amis, mais sur le saccage de la vie, de la liberté, du travail et des terres ; sur la lacération des dos ; l’enchaînement des membres ; l’étranglement des dissidents ; la destruction des familles ; le viol des mères ; la vente des enfants ; et tant d’autres actions destinées avant tout à nous refuser à toi et moi le droit de protéger et de disposer de nos propres corps. »

Ta-Nehisi Coates

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