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Bergers de tous les pays. Unis, par Tiziana Boari.














Photos :
Rencontre mondiale des bergers nomades et transhumants.












Il manifesto, septembre 2007.


Cet été, le mot berger est presque en train de devenir synonyme de « pyromane » et « incendiaire ». Certains peuvent se faire corrompre, par pauvreté ou obéissance à la mafia locale, jusqu’à déclencher un incendie, mais la majorité des bergers italiens sait que la terre qui brûle est aussi un dommage pour leur pâturage. Peu de gens se souviennent de la culture millénaire dont sont porteurs les gardiens de troupeaux, en constituant, grâce à la capacité remarquable d’adaptation de leurs animaux et d’eux même, un des rares systèmes autarciques de subsistance mais surtout une ressource pour l’environnement et pour la planète, de plus en plus menacée par la désertification. Des bergers, et en particulier ceux qui sont nomades ou errants, en Italie, il en reste peu. Si les grands troupeaux sont la plupart du temps propriétés de familles sardes, les bergers, c’est-à -dire ceux qui conduisent et veillent sur le bétail, sont désormais en prévalence des étrangers, le plus souvent des immigrés originaires des Balkans, obligés de vivre souvent dans des conditions inhumaines.

Dans le monde entier, la catégorie a du mal à être reconnue. Il y a de fait 250 millions de bergers nomades ou transhumants qui habitent dans les zones arides de notre planète, affrontant chaque jour de multiples difficultés, de l’isolement à la marginalisation, au manque de protection et de droits, parmi lesquels le libre accès aux pâturages. Et pourtant ces gens et ces peuples, habitués à parcourir aussi de grandes distances avec lenteur, suivant la nécessité de pâturage de leurs bêtes, contribuent de façon essentielle à la conservation de races particulières de bétail autochtone, d’écosystèmes particuliers et d’une biodiversité de valeur incalculable : par exemple à travers l’enfumage naturel des terres grâce aux déjections des troupeaux transhumants et au déplacement des semences qui restent accrochées dans les toisons des animaux. Leur avenir, cependant, est menacé par des politiques nationales et transnationales qui en empêchent la mobilité et qui favorisent l’exploitation à usage agricole, industriel ou urbain des territoires qu’ils occupaient traditionnellement.

Parmi les pays européens, l’Espagne est celui qui peut s’honorer d’avoir veillé, bien avant les autres, à l’entretien dès le 13ème siècle d’au moins 125 mille kilomètres de sentiers, les antiques passages utilisés par les bergers pour la transhumance, permettant ainsi le passage des troupeaux à travers tout le pays. Avec l’avènement du chemin de fer au 19ème siècle, les voies de transhumance furet abandonnées, tout en restant sol public. Dans les années 50 on pensa à une éventuelle vente aux privés, idée fortement combattue par les environnementalistes de l’époque. La dernière loi sur les vias pecuarias remonte à 1995, et a été approuvée grâce à un projet de récupération des voies de transhumance réalisé par l’environnementaliste espagnol Jesus Garzon Heydt, qui a convaincu le gouvernement de la nécessité de maintenir ouvertes et publiques les caňadas, les drailles locales, pour garantir le passage des troupeaux. Aujourd’hui, où une famille de bergers ne peut pas survivre avec moins de 800 brebis, les cañadas, légalement, doivent avoir une largeur qui va de 75 à 100 mètres. Résultats à l’avant-garde donc, en Espagne qui, grâce à l’initiative de Garzon et de son association Trashumancia y Naturaleza, ainsi qu’à RedPastor, va accueillir dans les jours qui viennent la Rencontre mondiale des Bergers nomades et transhumants (8-16 septembre) qui se tiendra à la Granja de San Ildefonso, à côté de Ségovie, sous l’égide de l’Undp, de la Wisp (World Initiative for Sustainable pastoralism) et du gouvernement espagnol, en collaboration avec la Fao.

Trois cent représentants de bergers nomades venant d’une cinquantaine de pays du monde, des Turkana du Kenya aux Chungpa tibétains et Nenet de la Sibérie russe, se rencontreront pour échanger leurs expériences et trouver des solutions pour faire face ensemble aux problèmes communs de l’extinction de certaines races de bétail, pour une participation politique aux processus décisionnels qui les concernent, pour l’accès au territoire de pâturage. Et un délégation de bergers nomades fera entendre sa propre voix à l’assemblée plénière de la 8ème Conférence des partenaires de la Convention des Nations Unies pour combattre la désertification (Unccd) qui se tient dans cette même période (3-14 septembre) au Palais des congrès de Madrid.

Les bergers nomades se plaignent de la représentation et attention infimes de la part des organismes internationaux et gouvernementaux, qui préfèrent orienter leurs politiques en faveur des élevages intensifs, donc sédentaires, de bétail le plus souvent issu de croisements génétiques, à haut rendement. La Fao représente une exception : cette année, avec sa première conférence technique internationale sur les ressources génétiques animales, pendant la première semaine de septembre à Interlaken, en Suisse, l’Organisation pour l’agriculture et l’alimentation de l’Onu donne aux bergers une opportunité et un espace pour être reconnus et aidés en tant que créateurs de races autochtones et gardiens de la diversité génétique. La particularité de ces espèces autochtones habituées au pâturage libre (pas seulement bovins et ovins, mais aussi lamas et chameaux), donc plus saines, naturellement fertiles et résistants, ont été conservées grâce aux bergers ; elles ont été revalorisées dans le cadre de la préoccupation exprimée au niveau mondial, à propos de la bio homogénéité croissante du bétail. Les résultats de la conférence gouvernementale d’Interlaken seront donc matière à discussion et débat de la rencontre entre les bergers nomades et la société civile à Ségovie, première étape d’un parcours qui s’annonce long et qui devra passer par la nécessité de repenser les politiques de sédentarisation forcée et d’exclusion, développées de façon exaspérée par les gouvernements de certains pays. Dans ce but, parmi les objectifs des promoteurs de la rencontre, figure aussi la création d’on observatoire permanent des peuples nomades.

Tiziana Boari


Voir aussi :

- Interlaken (Suisse), septembre 2007 Conférence technique de la Fao sur les ressources génétiques. animales www.fao.org

- COP8 de la Convention des Nations Unies pour combattre la désertification (Uncccd) . www.unccd.int


- A La Granja (Ségovie, Espagne) :
Rencontre mondiale des bergers nomades et transhumants. www.nomadassegovia2007.org et Congrès du Wamip (World alliance for mobile indigeneous peoples)

Les chiffres de la rencontre :
300 bergers nomades participants venant de 50 pays, représentant 250 millions de bergers nomades dans le monde.

- Dimanche 9 septembre à Madrid, Fête de la transhumance. Défilé des bergers nomades et de leur bétail dans les rues de la capitale (Puente del Rey, Palacio Real, et Catedral dlla Almudena).


- Source : il manifesto www.ilmanifesto.it

- Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio




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