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Venezuela, Cuba : Le leadership charismatique dans les mouvements populaires et révolutionnaires, par Diane Raby.








Cuadernos del Cendes, août 2007.


Tant pour la droite que pour la gauche, le concept de populisme a des connotations négatives, de démagogie, de manipulation et de politiques mensongères ou irresponsables. Mais pour n’importe quel chercheur sérieux, le rôle central de dirigeants charismatiques dans certains des mouvements révolutionnaires les plus radicaux et ayant le mieux réussi est indéniable. Ces dirigeants ne sont pas issus des partis marxistes-léninistes classiques et ils ont un profil idéologique hétérodoxe : c’est-à -dire qu’ils présentent certaines des caractéristiques typiques du populisme. En Amérique latine, c’est le cas de Fidel Castro et de Hugo Chávez. Il convient d’analyser sérieusement la raison de ce rôle prépondérant dans les processus révolutionnaires, sans nécessairement accepter les connotations négatives traditionnelles. (...)


La tendance prédominante chez les partisans de Cuba et de la révolution bolivarienne du Venezuela est de nier le phénomène, avec l’argument que « la révolution cubaine, ce n’est pas seulement Fidel » ou que « le processus bolivarien au Venezuela ne se réduit pas à Chávez », et que, dans les deux cas, le protagoniste est le peuple. Mais cette réponse est manifestement inadéquate : bien sûr qu’aucune révolution ne peut se faire sans le peuple, mais il n’empêche que la révolution cubaine ne serait pas ce qu’elle est sans Fidel, et que le processus vénézuélien n’aurait pas le même succès sans Chávez, et on peut même se demander si aucun de ces deux processus révolutionnaires n’aurait triomphé sans le rôle majeur de ces dirigeants exceptionnels.(...)

Les détracteurs de Chávez l’accusent fréquemment de populisme, accusation qu’il rejette régulièrement (comme Fidel). Mais ce que ni lui ni ses détracteurs n’admettent, c’est la possibilité (et peut-être la nécessité) d’être simultanément populiste et révolutionnaire.(...)

Ainsi, dans certaines conditions, le populisme est potentiellement révolutionnaire : thèse qui, pour beaucoup, est sans doute paradoxale et même absurde, mais qui est l’unique hypothèse capable d’expliquer la trajectoire complètement hétérodoxe des processus révolutionnaires cubain et vénézuélien. Il convient maintenant d’étudier d’un peu plus près certains aspects du leadership charismatique, de la relation exceptionnelle entre le dirigeant et le peuple. Il n’y a pas de doute que cette relation atteint une intensité presque mystique et que le discours est un élément central dans cette relation : le leader a - ou plutôt, développe - la capacité de parler passionnément et parfois longtemps, mais en langage populaire, de communiquer avec le peuple de telle manière que les gens sentent qu’il exprime leurs sentiments et leurs pensées intimes. Pour certains, cela sonne comme de la démagogie ou de la manipulation, mais en réalité ce qui se passe est beaucoup plus intéressant : le leadership populiste se forme progressivement à travers un processus de direction politique pratique et de dialogue avec le peuple, de telle manière que le dirigeant assimile le ressenti populaire, la volonté générale de Rousseau, et la retraduit de façon plus cohérente et avec plus de force. (...)

Cela implique que quand le leader apparaît, les « masses » à qui il s’adresse ne sont pas aussi dispersées, atomisées ou passives qu’on le pense parfois ; l’image négative (sous-jacente dans beaucoup de critiques et dans la caricature du populisme dans les médias) d’un orateur théâtral excitant une populace ignorante est une déformation perverse de la réalité. Dans la majorité des cas, le peuple est déjà bien mobilisé et a une conscience collective latente, et ne manque que d’un leadership effectif pour devenir une force révolutionnaire. (...)

- Lire l’ article http://risal.collectifs.net




Les dilemmes de la transition cubaine : l’heure des changements révolutionnaires, par Pablo Stefanoni.

Petit manuel critique d’ un Venezuela galvaudé : à l’usage des curieux, des néophytes et des citoyens... par Romain Migus et Albert Mondovi.






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