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Film - « We feed the word » (Le marché de la faim) d’ Erwin Wagenhofer : le monde tel qu’il est et tel que nous ne le voulons pas.








« We feed the word » (Le marché de la faim), film documentaire du journaliste autrichien Erwin Wagenhofer, est une illustration spectaculaire des folies d’un système agricole mondialisé que dénonce la Confédération paysanne.

Actuellement dans les salles, il permet de débattre sur la manière dont notre nourriture est produite et répond aux questions que le problème de la faim dans le monde nous pose. Un film à ne pas manquer !




Le monde tel qu’il est et tel que nous ne le voulons pas.


10 mai 2007


« We feed the word », « nous nourrissons le monde », c’est le slogan de la firme semencière transnationale Pioneer. Mais bien sûr les grands (gros) mots cachent la vérité : « ils » affament le monde. Jean Ziegler, rapporteur de la Commission des droits de l’Homme à l’ONU pour le droit à l’alimentation [1] le rappelle : 52% des richesses produites annuellement sur la planète sont sous le contrôle de 500 entreprises, au profit de leurs actionnaires. L’agriculture n’est bien sûr pas épargnée, entrainée dans la folie de la mondialisation néocapitaliste de l’économie.

Ziegler, à nouveau, le rappelle : sur le plus grand marché d’Afrique de l’Ouest, à Dakar, les fruits et légumes importés de l’Union européenne sont vendus au tiers du prix des productions locales. Par milliers, les jeunes paysans tentent de fuir la misère en partant vers une Europe de plus en plus hostile à les accueillir. Ils pourront peut-être atteindre clandestinement cette Europe s’ils ne périssent pas sur des bateaux de fortune ou abandonnés en plein désert saharien par des passeurs véreux. Nous retrouverons certains d’entre eux ouvriers agricoles sous les 25 000 hectares de serres de la région d’Alméria, au sud de l’Espagne. Ils participeront alors à la production de masse de légumes qui seront vendus à bas prix sur les marchés de Dakar ou de quelque ville d’Europe : statistiquement, chaque habitant de l’UE consomme pas moins de dix kilos de fruits et légumes provenant de ces serres, après que leurs tomates ou aubergines ont fait parfois plus de 3000 kilomètres en camion jusqu’aux supermarchés.

Et que dire de la séquence brésilienne du film ? Le survol de la forêt amazonienne dans l’Etat du Mato Grosso se passe de commentaire : partout de vastes trouées de milliers d’hectares couverts de soja. Vastes, oui : depuis 1975, la déforestation de l’Amazonie a découvert des zones équivalentes aux superficies additionnées de la France et du Portugal. Le soja est vendu pour nourrir les élevages européens, cependant qu’au Brésil près du quart de la population souffre de malnutrition et vit dans la plus effroyable misère.

Que répond Peter Brabeck, le PDG de Nestlé, leader mondial de l’agroalimentaire ? « Ce que nous mangeons n’a jamais été aussi bon, nous n’avons jamais été aussi riches, nous n’avons jamais été en meilleure santé, et nous n’avons jamais vécu aussi longtemps qu’actuellement. Nous avons tout ce que nous désirons. » Terrible discours de la pensée unique lorsque la froideur des chiffres ne cesse d’en rappeler le mensonge : l’ONU estime qu’en 2005, 842 millions de personnes dans le monde souffrent de malnutrition chronique. Ce qui signifie, comme le souligne Jean Ziegler, qu’elles n’ont plus de vie sociale, ni même de vie sexuelle, qu’elles sont encore dans l’humanité, mais juste statistiquement.

Dans une des premières séquences du film, nous suivons les camions conduisant à la destruction les pains invendus de Vienne : il s’en détruit chaque jour dans la capitale autrichienne la quantité pouvant nourrir quotidiennement la population de Graz, la deuxième ville du pays. Nous sortons finalement rassurés : nous ne nous trompons pas de combat. Mais chaque jour le rend plus urgent. Ziegler : « Etant donné l’état actuel de l’agriculture dans le monde, on sait qu’elle pourrait nourrir 12 milliards d’individus sans difficultés. Pour le dire autrement : tout enfant qui meurt actuellement de faim est, en réalité, assassiné. »

Benoît Ducasse, article paru dans Campagnes Solidaires, n° 218, mai 2007.


« We feed the word » (Le marché de la faim), un film d’Erwin Wagenhofer, 96 mn, sorti en France le 25 avril 2007.

Informations sur le film, les salles où il est projeté et les débats associés sur le site du film. + émission "La-bas si j’ y suis" + dossier pédagogique, etc...

 Source : www.confederationpaysanne.fr




L’empire de la consommation, par Eduardo Galeano.

Le véritable coût d’une salade : vous payez 99 cts, l’Afrique paye 50 litres d’eau potable, par J. Laurance.







[1Cf. Campagnes solidaires n° 214, dossier « Souveraineté alimentaire, une nouveau droit à imposer »


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(...) quelqu’un a dit il y a vingt ans : "vous pouvez croire tout ce qu’on raconte sur cet homme, sauf qu’il est mort".

(...) Ce lieu sera pour toujours un témoignage de lutte, un appel à l’humanisme. Il sera aussi un hommage permanent à une génération qui voulait transformer le monde, et à l’esprit rebelle et inventif d’un artiste qui contribua à forger cette génération et en même temps en est un de ses symboles les plus authentiques.

Les années 60 étaient bien plus qu’une période dans un siècle qui touche à sa fin. Avant toute chose, elles ont été une attitude face à la vie qui a profondément influencé la culture, la société et la politique, et a qui a traversé toutes les frontières. Un élan novateur s’est levé, victorieux, pour submerger toute la décennie, mais il était né bien avant cette époque et ne s’est pas arrêté depuis. (...)

Avec une animosité obstinée, certains dénigrent encore cette époque - ceux qui savent que pour tuer l’histoire, il faut d’abord lui arracher le moment le plus lumineux et le plus prometteur. C’est ainsi que sont les choses, et c’est ainsi qu’elles ont toujours été : pour ou contre les années 60.

Ricardo Alarcon,
président de l’Assemblée Nationale de Cuba
Allocution lors de l’inauguration de la statue de John Lennon à la Havane, Décembre 2000

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