Le lundi 9 décembre 2002 pourra être marqué d’une croix blanche dans l’histoire du Chili. Le Président Ricardo Lagos a signé un décret supprimant la censure, balayant ainsi d’un revers de manche, un grand vestige du régime militaire.
L’information n’a cependant fait l’objet que d’entrefilets dans la presse nationale, essentiellement opposée au régime, alors que des cas de corruptions mineures ou les « chiens écrasés » se partagent des colonnes entières.
Depuis 1974, 1090 films comme « Le dernier tango à Paris », « Porté disparu », « Casanova » ou « La dernière tentation du Christ » n’ont pu être vu des Chiliens. Dorénavant, les productions seront classées en trois catégories : « Tout public », « pour plus de 14 ans » et « pour plus de 18 ans ». La commission, dans certains cas pourra seulement ajouter la mention « Contenu éducatif » pour « Enfants de moins de 7 ans », les mentions « Pornographique » et « Violent » pour décider des films qui devront être projetés dans les salles « XXX ».
Lors de l’annonce de la publication du décret, le Président Lagos a déclaré : « Nous n’étions pas dignes, nous les 15 millions de Chiliens, lorsque quelques uns décidaient de ce que nous pouvions voir, regarder et écouter. Aujourd’hui, nous faisons un pas significatif, et nous nous sentons un peu plus dignes qu’hier. »
La route sera néanmoins encore longue avant que les traces de 17 années de dictature disparaissent à jamais. Qu’il ait fallu attendre 12 ans de démocratie pour rendre la liberté à la création artistique en est une illustration.
Mais l’auto-censure savamment distillée dans l’esprit des Chiliens n’est elle, pas près de s’effacer.