En plein coeur d’une vague de terreur, la guerre dans les territoires occupés, la crise politique avec le Shas et la mise en place d’un programme économique de secours, le Premier Ministre Ariel Sharon a trouvé le temps de commander l’arrivée en Israël de 6,000 nouveaux ouvriers agricoles Thaïs. Mais qu’en est-il de l’industrie du bâtiment ?
Pendant des années les entrepreneurs ont prétendu qu’ils avaient un besoin désespéré de 10,000 nouveaux ouvriers, sans quoi il y aurait une rupture d’aprovisionnement dans la construction. Alors pourquoi seuls les les fermiers ont-ils obtenus ce privilège ? Est ce parce que la famille de Sharon possède une ferme qui emploie des ouvriers Thaïs ?
Le ministre des Finances Silvan Shalom visitait une la partie de la nouvelle autoroute transisraëlienne cette semaine quand il a vu des ouvriers étrangers construisant la route. Il s’est immédiatement plaint : "il est inconcevable alors qu’il y a 250,000 Israéliens au chômage, que tant d’ouvriers étrangers soient employés à construire cette route."
Uri Savyon, le directeur général de Derekh Eretz , l’entreprise en charge de la construction de la route, a aussitôt expliqué qu’il y avait aussi beaucoup d’employés d’Israéliens. Mais Savyon n’aurait pas du se justifier. Il aurait du se contenter de renvoyer Shalom à Sharon et laisser ce dernier s’expliquer
Faire venir 6,000 nouveaux ouvriers Thaïs en Israël, maintenant ,contredit totalement tous les programmes d’un gouvernement qui a déclaré que son but est de faire baisser la courbe du chômage. Et ce alors même que le nouveau programme économique inclut un chapitre entier sur les moyens de développer l’emploi, en rendant la vie plus difficile pour les chomeurs et les destinataires d’allocations. Sous quelles augures faut-il donc apprécier ce programme, si le Premier ministre s’assure que les places des Israéliens sont d’ores et déjà occupées par des ouvriers Thaïs ?
Il est inconcevable que parmi 250,000 Israéliens au chômage, on ne trouve ni 6,000 ouvriers agricoles ni 10,000 ouvriers du bâtiment. Il est inacceptable que le gouvernement continue à payer des allocations de chômage, au risque d’apprendre aux gens à vivre aux dépens des ressources publiques alors qu’il y a tant de places vides prêtes à être occupées.
Shlomo Benizri, encore tout récemment Ministre du Travail et des Affaires Sociales, a parlé vrai lorsqu’il a osé déclarer que beaucoup d’Israéliens feraient tout pour vivre des allocations au lieu d’aller travailler et que l’état leur en donnait en plus les moyens. Il a aussi exigé que les fermiers emploient des Israéliens au lieu d’ouvriers étrangers.
Il est vrai que si ceux ci employaient des Israéliens, cela leur coûterait plus et les forcerait à améliorer les conditions de travail. Cela provoquerait même une hausse du prix des fruits et des légumes dans les marchés - mais c’est le prix nous devons tous être prêt à payer pour éviter de devenir une société malade.
Au lieu de cela, Sharon et le Ministre d’Agriculture Shalom Simhon inventent pour nous un nouveau Sionisme. les Juifs seront les kulaks - des seigneurs qui possèdent les fermes et roulent dans des jeeps de pacotille climatisées, en donnant des ordres à leurs vassaux, les ouvriers étrangers, et en s’efforçant de faire un bénéfice maximal en employant un minimum de travailleurs israëliens.
Et comme si cela ne suffisait pas, voilà qu’Israël peut maintenant se vanter d’avoir inventé un nouveau concept international - le casino aérien. Suivant ce projet, la compagnie d’aviation israëlienne va pouvoir convertir un Boeing 747 en casino. L’avion décollera pour un vol vers nulle part et une fois l’espace aérien israélien franchi - le jeu commencera.
Le Ministre Des Transports Ephraim Sneh a donné le feu vert pour le décollages et les atterrissages du casino aérien. En ce qui le concerne, il est tout aussi prêt à implanter des casinos dans les villes nouvelles pour contribuer à leur promotion comme à leur développement.
Sneh entre ainsi en compétition avec le Sionisme de Sharon.. L’un batit l’agriculture d’Israël sur le travail étranger, l’autre sur les jeux de hasard. Pas sur l’industrie ou la productivité pensez vous ! Non - batissez là sur des casinos ! suivis de leur cohortes de maladies sociales, de criminalité, d’extorsion, de vol et même d’assassinat. Même en Turquie le gouvernement n’agit pas ainsi, puisqu’après avoir décidé de changer l’image du pays il a finalement fermé tous les casinos.
La révolution Socialiste Sioniste des pères fondateurs de l’Israël croyait en la possibilité de « renverser la pyramide » comme l’exprimait Ber Borochov ; de transformer les juifs de la diaspora qui vivaient du luft gesheft (commerce du vent) en personne fières vivant grâce au fruit de leur propre travail.
Maintenant, Sharon et Sneh nous proposent une économie basée sur le travail des étrangers et les jeux de hasard, pour la plus grande gloire du Nouveau Sionisme.