La sécurité en France, ce sont aussi des agents, des employés, des métiers, des professions, des capitaux. Pour city Black, un rédacteur du Grand Soir a fait cet article sur les africains qui travaillent dans la sécurité. Il a aussi interviewé le directeur d’une société de sécurité. Une filière en expansion...
Le 11/09/2001, deux tours jumelles du quartier d’affaire new-yorkais "World Trade Center" s’écroulent devant les regards impuissants des "gendarmes "du monde. BEN LADEN et sa bande venaient de changer le cours de l’histoire. Et
depuis c’est la psychose de l’insecurité qui règne dans le monde entier.
Securiser toutes les zones sensibles (Grands magasins,Aeroports, Gares routières, Cinéma, Grands Hotels, Quartiers d’affaires...) devient toute une politique disposant de moyens collossaux. "La France n’étant pas
ménacée de manière particulière, il ne s’agit pas du stade d’alerte maximum tel que celui qui avait été mis en place en 1995...Toutefois il est indispensable de faire preuve d’une très grande vigilance."Explique la circulaire ministeriel. Le plan vigipirate qui fait appel à d’anciens soldats ou reservistes est mis sur pied à l’approche de grandes rencontres (fêtes de fin d’année, rencontres internationales...). Mais si ces soldats sillonnent les grandes surfaces très fréquentées avec armes mitrailleuses en mains, il n’est surprenant pour personne, de rencontrer à chaque entrée de grands magasins, centres d’affaires, ces grands africains vêtus de costumes blazer, biens coiffés et qui n’hésitent pas à vous fouiller le sac ou à intervenir en cas de vol. Certains en civil vous suivent discrètement pendant vos courses. Et plus tard ils sont remplacés à la nuit tombante par d’autres compères accompagnés de chiens qui n’hésitent à aboyer à votre approche. La difference entre les premiers (soldats)et les seconds (vigiles) est que, quand bien même les missions sont parfois semblables, les seconds ne possèdent aucun moyen de défense veritable. Pour comprendre cette disposition nous avons rencontré M.CHRISTIAN VABE ,directeur de "FORCE ONE SECURITY".
Cité Black : Monsieur VABE bonjour. Faut-il vous appeler "homme d’affaire" ou simplement M.CHRISTIAN V.
VABE : Oh non, homme d’affaire c’est trop dit. appelez moi tout simplement CHRISTIAN VABE, ça me va bien.
Cité Black : Pouvez vous vous présenter à nos lecteurs.
VABE : Je suis ivoirien d’origine. Après des études de chimie et ensuite optique à l’université de Côte d’Ivoire, j’ai exercé le métier d’opticien.Par la suite le gout de l’aventure m’a conduit en Europe.
Cité Black : Comment de l’Universté, devient-on directeur d’une boîte de sécurité.
VABE : Il faut dire que depuis l’Afrique,j’avait voulu me lancer dans les affaires et je pense c’est le manque de soutien financier qui a motivé mon départ de la Côte d’Ivoire. Arrivé en France en 1992, j’ai monté une entreprise de transport avec un copain qui est malheureusement decédé.Très affecté par cette disparition, j’ai décidé de m’orienter vers l’Afrique(Côte d’Ivoire) où j’ai investi toujours dans le transport urbain.De là je decide à nouveau de revenir ,mais cette fois en Grande Bretagne. Là après une breve expérience dans le Show Biz (je gerai une boîte de nuit),jusqu’en 99 ; je reviens à PARIS. Je fais des petits boulots comme tout le monde (transport de prospectus, gardiennage..). Et après que j’ai fait un peu d’économie, je décidai de monter ma propre entreprise. Elle fut officialisée en 2001.
Cité Black : Comment fonctionne "Force One Security".
VABE : Je travaille pour le moment avec deux collaborateurs et une secretaire.J’ai une cinquantaine d’agents sur le terrain.des maîtres chiens et des ADS (Agent De Securité)."Force One Securité" vit et prospère grace au dynamisme, professionalisme et l’esprit d’équipe de ses dirigeants et des agents. Notre devise est Respect-Rigueur-Fermeté. Actuellement,la boîte enregistre pas mal de contactes ; mais nous sommes plus actifs avec la mairie de Clichy sous Bois et l’office des HLM de Paris.
Cité Black : Que représente le plan vigipirate pour vous.
VABE : Je crois que cette disposition est mise sur pied pour prevenir d’eventuelles attaques terroristes mais et surtout pour renforcer la sécurité ,ce que nous faisons déjà et tous les jours.
Cité Black:Quels sont les moyens de defense dont disposent vos agents.
VABE : Nous n’avons pas le droit de porter des armes à feu ; celà relève des forces de l’ordre. Nous avons officiellement pour mission de dissuader, persuader la population et protéger les biens publics dont on a la charge. Nous jouons aussi très souvent le rôle de médiateur.Et celà demande des qualités : Souplesse et fermété. Il est aussi vrai que sécurité rime avec risque ; mais c’est le travail et nous n’avons pas d’alternative si ce n’est de prevenir la Police la plus proche qui souvent est lente à intervenir.
Cité Black:Avec cette floraison de sociétés de sécurités, n’avez-vous pas peur de la concurrence.
VABE:Nous sommes dans un monde tès libéral où le capital est roi.Ce qui n’échappe pas à la concurrence.Et en tant que petit porteur,il est evident que nous en souffrons.
Cité Black:Quel est votre rapport avec les grosses boîtes telles "SECURITAS,EUROGARD..." ou encore avec le ministère en charge.
VABE:Pour être franc, nous sommes dans un monde de requin (sourire), un peu comme en politique ou comme dans tout milieu qui genère du fric.Il est évident que nous n’avons pas les mêmes avantages,(média,subventions etc...).Même si c’est nous les petits porteurs qui sommes sur le terrain par le biais de la sous-traitance,il est clair que ce sont les gros qui se taillent la part du lion.Mais le plus important c’est de rester dans la "course".
Cité Black : Avez-vous des projets pour votre pays.
VABE : Cette année même j’avais décidé d’aller au "bled" avec mes partenaires français, investir dans la Securité ;(Construire une école de formation au métier du gardiennage et de la protection rapprochée),mais malheureusement avec les évènements actuels en Côte d’Ivoire, nous avons dù patienter ; Espérant que la crise trouve une issue heureuse dans un cours delai.
Cité Black : Nous sommes à la fin de notre entretien.
VABE : Je remercie CITE BLACK dont j’avais entendu parler mais jamais rencontré.Je tiens à vous féliciter pour l’effort que vous faites pour être plus proche de cette frange de la population vivant en France et qui passe pour des oubliés. Grace à vous nous serons encore plus surs et fièr de contribuer à la construction de notre pays d’accueil où nous pensons être
indispensables.
Comme M.CHRISTIAN VABE,ce sont nombre de jeunes de la diaspora Africaine qui s’investissent dans ce domaine de la prevention et qui sont les grands oubliés de la politique de revalorisation du métier de la sécurité et du maintien de l’ordre en France. S’ils ne peuvent pas bénéficier directement des avantages (contrats directs,subventions), personne n’ignore aujourd’hui leur forte présence sur le terrain.
Dissuader,persuader, sécuriser est leur mission dans une France sous psychose de l’insécurité quotidienne.