Des rumeurs sur les origines du sida courent sur le web et ailleurs depuis la découverte du virus. Parmi les personnes qui les propagent on compte un avocat noir-américain pour les droits civiques, vétéran de l’US Navy, nommé Boyd E. Grave. Grave est de ceux qui depuis dix ans accusent le gouvernement américain d’avoir « fabriqué », « produit » et « diffusé » le virus du sida à travers un projet de recherche secret de développement de virus. Ce projet de recherche serait le « U.S. Special (AIDS) Virus program » et il aurait couru de 1948 à 1978. « le peuple a obtenu le droit de poursuivre les Etats unis (…) » a-t-il dit.
Le 20 novembre 2002 une lettre du ministère américain de la santé et des services aux personnes ( [1]), a donné 60 jours à un chercheur travaillant sur les origines du virus du sida ( [2]) pour poursuivre qui de droit devant la cour fédérale de son choix. L’information apparaît dans United Nation Observer, journal alternatif et magazine en langue anglaise dont le siège à La Haye.
Un organigramme du projet dont Graves serait entré en possession, apporterait, d’après lui, les preuves irréfutables d’un lien entre ces recherches secrètes et ce qu’il appelle l’holocauste africain. « On comprend mieux pourquoi les noirs comptent pour 13% de la population et 50% des cas de personnes frappées par le sida ». l’idée, hallucinante ( ?), de Grave est que la diffusion de ce virus fut organisée dans le cadre d’un projet d’extermination des noirs américains.
Il reste que Mr Grave a déjà soutenu la même plainte devant une cours de l’Ohio en 1998. Après une procédure judiciaire qui a duré 33 mois, un appel qui a confirmé le rejet des accusations portées, un passage devant la cours constitutionnelle qui n’y a pas trouvé matière à cassation, la plainte de Grave a poussé le congrès des Etats Unis à demander à la Cour des comptes américaine (The General accounting Office) d’entreprendre des recherches sur les données manquantes du programme fédéral de développement de virus Special Virus (The secret federal virus developpment program Special Virus). Les conclusions du rapport émis par le GAO (9 juillet 2002) conduisirent encore une fois à réfuter les thèses de Graves. Après avoir interrogé un grand nombre d’experts, le rapport conclut qu’il n’est pas possible d’affirmer que les programmes de recherche en question sont à l’origine du virus du sida.
Le fait est que Mr Grave semble être un homme tenace, puisqu’il a obtenu encore une fois, de pouvoir déposer plainte contre l’état fédéral. Il dispose d’un site Internet à partir duquel il diffuse ses idées, lesquelles trouvent écho dans certaines communautés « conspirationnistes » américaines, tant homosexuelles qu’ anti-fédérales, et auprès d’une marge très réduite de scientifiques, dont il cite les noms sur son site. Il propose aussi un historique très intéressant, pour autant que sa validité soit confirmée, des programmes de recherches sur les virus aux Etats unis depuis 1887. A lire à la lumière des revendications américaines concernant la dissimulation par l’Irak de ses programmes d’armes chimiques.