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Des parrainages, de la démocratie et des institutions.


La présidentielle de 2007 ne se profile pas comme un bis repetita de celle de 2002. Il est de tradition, sous la Vème République, que l’élection présidentielle soit « la rencontre d’un homme (ou d’une femme) et de son peuple ». Bon. Pour éviter les candidatures fantaisistes, il a été instauré un garde-fou, les 500 parrainages d’élus, ce qui est bien peu au regard des quelques 35000 élus qui ont le droit légitime de les accorder.

Jusqu’à présent, bien peu de candidats potentiels n’ont pas pu recueillir les 500 signatures. Il se pourrait fort qu’il en soit autrement cette fois. La publication des noms des parrains en 2002 avait gêné quelques uns. Et même si en 2007, ne seront publiés que les noms de 500, tirés au sort, parmi l’ensemble des signataires, il n’empêche que certains d’entre eux vont avoir un peu l’impression de jouer à la roulette russe.

Le Pen au second tour reste un traumatisme. La dispersion des voix qui en serait la cause, aussi. Les uns ou les autres cherchent dans leur défaite des boucs-émissaires. Par exemple, Jospin n’a eu cesse de répéter que le grand responsable de sa défaite était Chevènement alors qu’il n’a jamais remis en cause la candidature des Verts ou du PCF, qui eux, faisait partie de son gouvernement de gauche plurielle, ce qui n’était pas le cas du premier.

François Hollande l’a clairement dit. Les élus socialistes ne doivent pas parrainer une candidature autre que celle du PS. A l’UMP, cela ferait partie plutôt du non-dit, mais très fortement sous-entendu, même si Bernard Accoyer a déclaré que le parrainage était du libre-arbitre de chacun. Nous entrons donc de facto dans une situation de bipartisme où vient se greffer la question de la démocratie, puisque parrainage n’est pas synonyme de soutien.

Pour être élu, il faut, évidemment, pouvoir se présenter. Mais alors, si celui qui n’a pas ou peu d’élus ne peut pas compter sur la signature d’élus d’autres bords, il ne le pourra jamais. La Vème République deviendrait alors une espèce de pseudo démocratie calquée sur le mode yankee ou Républicains et Démocrates alternent au pouvoir sans discontinuer.

La rétention des parrainages peut nous conduire à n’avoir que très peu de candidats. Qui obtiendrait à coup sûr les 500 signatures : Nicolas Sarkozy, François Bayrou, le ou la candidate du PS, Marie-George Buffet ou le candidat anti-libéral, et éventuellement Michèle Alliot-Marie si elle décide d’y aller. Il est fort peu probable, et même pratiquement impossible, que Gluckstein, Laguiller, Castro, Besancenot, Chevènement ou Dupont-Aignan puissent les recueillir. Il s’agit ici de candidats à quelques pour cent et même sans doute moins d’un 1%. Il est à noter, toutefois, que Marie-George Buffet seule, représenterait environ 2% alors qu’elle obtiendrait les signatures.Il y a donc contradiction flagrante puisque Besancenot, par exemple, ferait son 5 % habituel.

La question est encore plus problématique quand il s’agit de plus gros calibres. Je veux parler de Villiers ou Le Pen. Ce n’est un secret pour personne que je ne porte pas dans mon coeur ces deux personnages. Mais je m’interroge sur la représentativité et la représentation. Villiers est crédité de 7 à 10 % des voix selon les sondages. On sait que Le Pen possède un électorat fidèle qui oscille entre 15 et 20 %. Et que cela plaise ou pas, il était finaliste en 2002 !

Il serait quand même assez saugrenu dans une véritable démocratie que pour des questions de procédure, une personne qui incarne un parti pouvant rassembler jusqu’à 20 % des voix ne puisse pas être candidat. Et même si je crève de trouille de le voir encore au deuxième tour en 2007, j’appelle ça un rapt. Il semble en fait que le PS et l’UMP aient décidé de faire main basse sur le pouvoir en empêchant les autres de parler. Je ne pense pas que le meilleur moyen de combattre Le Pen soit de le faire taire, mais au contraire, de le laisser parler. Si on le musèle, il s’érige en victime et cela ne fait qu’accroître son audience. Au contraire, si on le laisse parler, cela permet de contrer ses arguments. Mais, au bout du compte, se posent les questions des institutions et du mode d’élection du Président de la République.

Si nous constatons un détournement des dispositions permettant à un citoyen de se présenter à la candidature suprême, il y a crise institutionnelle. Alors, finalement, peut-être serait-il temps de se poser la question de la légitimité de l’élection présidentielle au suffrage universel, et par là même, des fondements de la Vème République.

Jean-Michel Hureau




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