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Communiqué de Presse

Déclaration de l’Union Socialiste du Peuple (USP) sur la crise politique en Côte d’Ivoire

Pour le Secrétariat Général de l’Union Socialiste du Peuple (USP) : Mr Henri Tohou, Secrétaire Général

Le 19 Septembre 2002 les populations d’Abidjan se sont réveillées sous des crépitements de coups de feu. De source officielle on nous parle d’une mutinerie et ensuite de tentative de coup d’état manqué.

Si c’est la première fois en Côte d’Ivoire que des hommes politiques en fonction ou ayant occupé de hautes fonctions sont assassinés de façon ouverte, ce n’est nullement pas la première fois que l’on assiste à une mutinerie de soldats ou à des tentatives de coups d’état manqués.

La première mutinerie de taille fut enregistrée pendant les derniers moments du régime d’Houphouet-Boigny, la deuxième sous le régime de Henri Konan-Bedie avant de le renverser. La troisième vers la fin du règne de la transition militaire du Général Robert Guei. La quatrième en tout début du régime Gbagbo et la dernière en date qui s’est emparé de la ville de Bouake, de Korhogo et plus récemment de Daloa. De toutes ces mutineries, coups de force ou coups d’état, un fait majeur est à relever : La remise en cause de la légitimité des régimes en place. Il est incontestable que le pouvoir d’Houphouet avait maigri en légitimité lorsqu’il a connu cette mutinerie. Il est aussi incontestable que le pouvoir Bedié était dépourvu de toute légitimité au sortir des élections frauduleuses de 1995 avant qu’une mutinerie ne l’emporte en Décembre 1999 sous la forme d’un coup d’état .

Une fois de plus aujourd’hui, même si la personne de Monsieur Laurent Gbagbo bénéficie d’une légitimité historique, son régime quant à lui souffre d’une carence de légitimité depuis les élections tronquées précédés d’une constitution consacrant l’ivoirité, source d’inégalités profondes et de discrimination entre ivoiriens. Nous comprenons donc aisément les coups de force répétés contre ce régime. Certaines personnes pensent à une indiscipline notoire de l’armée ivoirienne. Or la réalité est que toute armée n’est que le reflet de la société dans laquelle elle évolue.

Depuis l’instauration de l’ivoirité par Konan-Bedié jusqu’à la prise du pouvoir de Laurent Gbagbo, nous avons connu une Côte-d’Ivoire profondément divisée sur des bases régionales, ethniques et religieuses et par conséquent l’apparition avec tristesse d’une armée régionale, ethnique ou religieuse faisant allégeance à tel ou tel leader politique , eux mêmes regroupant derrière eux les ressortissants de leur région ou de leur religion.

La hiérarchie militaire fut ainsi tuée. L’armée nationale a cédé la place aux armées des partis politiques. Loin de se soucier de cette dégradation de l’armée nationale, les quatre grands de la politique ivoirienne, les uns voulant conserver le pouvoir par tous les moyens, les autres voulant le conquérir aussi par tous les moyens, ont contribué à approfondir les divisions jusqu’à la consolidation des armées des cousins en faction dans l’armée nationale.
Ceux qui font pleuvoir les coups de roquettes surla gendarmérie nationale et l’armée dite loyaliste, le font en croyant pouvoir détruire l’armée des cousins de Gbagbo avant de l’atteindre lui-même. Les forces dites loyalistes qui attaquent les rebelles militaires ivoiriens, le font aussi dans une volonté d’exterminer l’armée de Bedié, Ouattara ou de Guei. Endessous de toutes ces violences, le maintien ou la conquête du fauteuil présidentiel en est le générateur, en face d’un peuple qu’on ne cesse d’endeuiller, de nombreuses femmes qu’on transforme en veuves, de nombreux enfants qui deviennent subitement orphelins. Nos pauvres populations sont prises en otage dans des guerres personnelles. Même si l’on nourrit les populations de propagande nationaliste, le seul but est de les rallier à sa propre cause.

Déjà très tôt, l’Union Socialiste du Peuple, parti politique ivoirien créé en
exil, avait mesuré les conséquences affreuses que pouvaient avoir la politique d’ivoirité, de xénophobie introduite par Konan-Bedie, déterrée par le Général Guei avant que Laurent Gbagbo s’en empare de façon officielle.

Lorsque qu’en 1998 notre parti avait mis en échec la visite officielle de konan Bedié à Londres en guise de protestation contre sa politique d’ivoirité, nous avions été critiqués. Lorsque le Général Robert Guei, contre toute attente, a déterré l’arme de l’ivoirité sous la transition militaro-civile, nous avions été les premiers à hausser le ton pour condamner la dérive ivoiritaire. Encore, nous en avions été vivement critiqués. Lorsque de façon concertée, Laurent Gbagbo et le Général Guei ont consacré l’ivoirité à travers l’article 35 de la présente constitution, nous avions levé nos voix, mais personne ne nous a entendus, hormis Dieu.

Lorsque la majorité d’une minorité des électeurs ivoiriens, conditionnés et mal informés sur le contenu de la constitution votait Oui au référendum pour faire triompher l’ivoirité et l’arbitraire, nous avions fait entendre nos protestations qui furent hélas rejetées. Lorsque le Premier Président issu de l’opposition entrait à la Présidence en marchant sur les corps des innocents après une élection tronquée, nous avions fait entendre nos protestations en précisant que le référendum, la constitution et les élections constituaient de véritables bombes à retardement.

Lorsque le nouveau Président fraîchement intronisé rendait hommages aux militants de son parti tombés sur les champs de bataille et par la même occasion soutenait de sa propre bouche que les autres sont morts pour rien, nous avions levé nos voix pour protester.

Lorsque le nouveau Chef d’Etat fêtait sa victoire avec Monsieur Guy Labertti du parti socialiste français et au même moment envoyait sa gendarmerie s’attaquer à la résidence de Monsieur Ouattara et massacrer les enfants du Nord, nous avions condamné l’attitude du Président.

Lorsque l’ultra-nationalisme s’est exprimé par des attaques physiques contre les ressortissants de la sous-région sur notre territoire et que le Chef d’Etat soutenait que la Côte d’Ivoire pouvait se développer sans le concoursdes autres pays, nous avions clairement indiqué que la seule forme de nationalisme viable ne pouvait qu’être le nationalisme panafricain et que les peuples africains avaient l’ultime devoir de se rapprocher, de s’unir en vue de faire face aux grands défis du moment. En conséquence, nos dirigeants et militants ont été menacés à travers toute l’Europe par les militants du parti du Président.

Lorsque Abidjan fut attaquée en l’absence du Président de la République en visite en Italie, nous avions demandé immédiatement à ce que le gouvernement opte d’abord pour la négociation. Contre toute attente, le Chef de l’Etat a opté pour la guerre totale sans même identifier les assaillants, sans en avoir une idée claire de leur nombre et de la qualité de leurs armes. En conséquence, nos pauvres militaires, devenus moutons de sacrifice du pouvoir ont été jetés en pâture et pendant qu’ils connaissaient des pertes lourdes en vie humaine, le gouvernement annonçait à Abidjan qu’ils ont gagné la guerre. Le même gouvernement qui sollicite l’aide militaire ou logistique de la France et de la CEDEAO met au même moment la France et les pays membres de la CEDEAO aux bancs des accusés.

A un moment où l’assassinat du Général Guei et son entourage, l’exécution de Maitre Boga Doudou divisent le peuple, le gouvernement ordonne encore la destruction des quartiers pauvres ou logent la plupart des ivoiriens au chômage et des étrangers. D’erreur en erreur, de subjectivité en subjectivité sur l’objectivité des choses, le Président ivoirien et son gouvernement d’enseignants théoriciens viennent de placer la Côte d’Ivoire et même la sous-région aux portes de la terreur.

L’Union Socaliste du Peuple (USP) présente ses condoléances les plus attristées aux populations de Côte d’Ivoire et des autres pays africains et non-africains et manifeste sa solidarité envers toutes les victimes de la présente tragédie.

L’USP condamne avec la dernière énergie l’assassinat du Dr Balla Kéita au Burkina Faso, du Général Guei et de son entourage, de Maitre Boga Doudou et de tant d’autres dans la mesure ou par ces crimes la Côte d’Ivoire vient d’ouvrir la porte à un très mauvais précédent. L’USP demande que la lumière soit faite sur ces différents crimes politiques.

Nous prions l’ensemble des peuples ivoiriens à éviter de s’attaquer aux étrangers vivant chez nous et de comprendre par la même occasion que la gloire et le rayonnement de la Côte d’Ivoire d’autrefois provenaient de sa politique d’hospitalité tout comme la déchéance totale de ce pays viendra de sa politique d’ivoirité, de xénophobie.

Nous voulons par la même occasion interpeller la communauté internationale à mettre tout en oeuvre pour la résolution de ce conflit. La France quant à elle porte une lourde responsabilité dans cette crise aujourd’hui. Car pendant que l’OUA, l’ONU et bon nombre de pays africains réclamaient la reprise des élections d’Octobre 2000, la France, par l’entremise du socialiste Lionel Jospin, fut le seul pays à soutenir ces élections tronquées.

L’USP demande au President Gbagbo de faire preuve de vrai patriotisme en privilégiant l’intérêt national au dessus de l’intérêt d’un fauteuil présidentiel contesté depuis Octobre 2000, en acceptant de prendre le devant de l’action et mettre en place dans un bref délai un gouvernement de transition composé de toutes les tendances, pour la re-écriture ( et non un simple amendement) d’une nouvelle constitution équitable et juste sous la supervision des forces internationales en vue d’organiser des élections libres et sincères, desquelles sortira un Président élu qui bénéficiera à la fois de la légalité et de la légitimité pour enfin bâtir une Côte d’Ivoire libre, prospère, fraternelle, pilier de la stabilité politique et économique régionale.

Nous voudrions enfin rappeler a l’ensemble de nos frères et soeurs qui marchent soit pour soutenir les forces rebelles ou pour soutenir les forces loyalistes, que la seule marche qui mérite d’être organisée est de voir l’ensemble des ivoiriens dire non à la guerre et oui à la paix, à la fraternité et à l’union.

Pour le Secrétariat Général de l’Union Socialiste du Peuple (USP)

Mr Henri Tohou, Secrétaire Général

Fait à Londres le 12 Octobre 2002

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