RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Les médecins cubains, solidaires des Sahraouis

Depuis 1977, des soignants venus de La Havane se relaient auprès des réfugiés. Avec le Covid, cette brigade médicale est la seule à avoir maintenu une présence permanente dans les camps, en plein désert.

Dans la pierreuse asphyxie du reg, c’est le seul havre de fraîcheur à des lieues à la ronde, un patio planté de palmiers, de tamaris et de lauriers, ouvrant sur la pénombre silencieuse de longues coursives. Plus loin, un bloc chirurgical est déserté ; le sable s’y engouffre ; au mur, un gecko se prélasse : la pandémie de Covid a stoppé net les opérations pratiquées ici par des médecins étrangers, qui se succèdent en temps normal à l’hôpital central de Rabouni. Dans cette structure accueillant les patients des camps de réfugiés sahraouis de la région de Tindouf, une mission, pourtant, n’a jamais plié bagage : la brigade médicale cubaine, qui assure depuis 1977 une présence permanente auprès de ce peuple en lutte pour son droit à l’autodétermination. Elle a compté jusqu’à 21 membres, médecins, infirmiers, techniciens et formateurs ; ils sont 16 aujourd’hui, de nouvelles recrues n’ayant pu, encore, rejoindre leur affectation, coincés par la dernière vague de Covid.

« Éduqués à l’internationalisme »

Hector Aurelio Mendes Lopez, chirurgien, est chef de brigade. Il exerce ici depuis 2017, aurait dû rentrer à Cuba trois ans plus tard, mais la crise sanitaire et les difficultés de circulation et de roulement qu’elle suscite le retiennent encore dans les camps. « Nous avons été éduqués dans l’internationalisme. De nombreux pays ont apporté leur aide et leur solidarité à Cuba quand nous en avions besoin. Nous apportons à notre tour notre appui à des peuples amis, c’est notre façon d’honorer notre dette envers l’humanité, sourit-il. Avec les Sahraouis, nous nous ressemblons. Nous nous battons pied à pied pour l’indépendance et nous aimons la liberté. »

Pour cette structure médicale précaire, dépendante de l’aide extérieure, la présence de ces Cubains représente une solidarité inestimable. Formé en Algérie, le directeur de l’hôpital, le docteur Fadhel Mokhtar, une soixantaine d’années, en treillis et blouse blanche, a noué avec eux de solides liens de confiance et d’amitié. Lui-même a longtemps exercé en Espagne avant de retrouver les camps. « Je suis revenu par conviction, c’est ma responsabilité. Des femmes sont ici depuis 1975, elles supportent toutes les difficultés : il faut une grande conviction pour vivre sous une tente, à des températures qui peuvent atteindre les 50 degrés », soupire-t-il, avant d’énumérer les coupures d’eau et d’électricité, les médicaments et les instruments chirurgicaux qui font défaut, les cas les plus graves qu’il faut évacuer vers Tindouf, mais aussi les succès miraculeux, comme l’éradication de maladies épidémiques, coqueluche, rougeole, poliomyélite, qui faisaient des ravages dans les années 1970.

Engagement volontaire

Le docteur William Caceres dit avoir « beaucoup appris auprès de ce peuple du désert ». Il est frappé par la prévalence des maux causés par une alimentation déséquilibrée, parfois insuffisante, et par le manque d’eau – l’aide alimentaire dont dépendent les réfugiés manque cruellement de produits frais, et l’eau est strictement rationnée : 15 litres par personne et par jour quand il en faudrait 20, au minimum, pour ne pas se déshydrater et assurer l’hygiène quotidienne. « De nombreux patients souffrent de la formation de calculs ou d’insuffisance rénale. Beaucoup de réfugiés, en particulier les femmes et les enfants, sont anémiés, présentent de sévères carences en fer, en vitamines, à cause de la malnutrition », résume-t-il. Ce médecin généraliste est affecté ici avec son épouse, infirmière, qui contribue in situ à la formation de ses pairs sahraouis. Des personnels soignants sont aussi formés à Cuba ; au total, cursus initial ou spécialité, 300 médecins sahraouis sont passés par la Grande Île depuis l’aube de cette coopération.

Enday Alem a fréquenté l’université de La Havane. Cet agronome formé aux premiers soins par les Cubains fait fonction d’assistant médical au centre de santé qui accueille les patients sahraouis à Oran. « La présence de cette mission médicale cubaine fait de nous, avec le climat et d’autres solidarités extérieures, des privilégiés par rapport à d’autres hôpitaux de réfugiés dans le monde », insiste-t-il. Son engagement volontaire auprès des malades est indissociable de son combat pour la libération de son peuple : « Si nous sommes dans une telle situation, c’est qu’on nous balade depuis des décennies, avec la promesse jamais tenue d’un référendum d’autodétermination. » Dans l’une des chambres de la maternité donnant sur l’oasis de verdure autour de laquelle se love l’hôpital, Ouarda, 28 ans, tout sourires, épaules et tête couvertes d’un malhafa azur, tient dans ses bras une petite fille de deux kilos, née la nuit dernière : c’est son premier enfant, elle l’a baptisée Mewena. Une nouvelle venue, parmi les enfants des nuages.

Publié le mardi 25 Janvier 2022 dans l’Humanité

»» https://www.humanite.fr/monde/cuba/...
URL de cet article 37705
   
L’Archipel du génocide
Geoffrey B. Robinson
Les événements atroces survenus en Indonésie à l’automne 1965 restent encore aujourd’hui largement méconnus du grand public et jamais évoqués par les grands médias. En octobre 1965 débute pourtant l’un des pires massacres de masse du XXe siècle, de communistes ou assimilés, avec l’appui des États-Unis, de la Grande- Bretagne, et d’autres puissances comme l’Australie, les Pays-Bas et la Malaisie. Les estimations varient entre 500 000 et trois millions de personnes exterminées, sans compter (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

La contribution la plus importante d’Obama a été d’embellir, de vendre à l’opinion publique et de prolonger les guerres, et non de les terminer. Ils l’ont bien vu pour ce que sont réellement les présidents américains : des instruments permettant de créer une marque et une image du rôle des États-Unis dans le monde qui puissent être efficacement colportées à la fois auprès de la population américaine et sur la scène internationale, et plus précisément de prétendre que les guerres barbares sans fin des États-Unis sont en réalité des projets humanitaires conçus avec bienveillance pour aider les gens - le prétexte utilisé pour justifier chaque guerre par chaque pays de l’histoire.

Glenn Greenwald

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.