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Syrie 2022 – Signes de changement

Il y a des signes de changement en Syrie. Après dix ans de guerre, des sanctions américaines renforcées et l’occupation de larges pans de son territoire par les États-Unis et la Turquie, la Syrie est restée faible et appauvrie, avec une faim généralisée et des millions de personnes déplacées à l’intérieur et à l’étranger. Les États-Unis continuent d’occuper illégalement la région productrice de pétrole et la principale zone agricole – et la Turquie détient illégalement une tranche dans le nord du pays en utilisant des mandataires terroristes.

Pourtant, la Syrie sort de son isolement diplomatique. Ses voisins, dont beaucoup s’étaient retournés contre elle pendant la guerre de changement de régime menée par les États-Unis, rétablissent des ambassades une fois de plus – un processus qui a commencé après qu’il est devenu clair qu’Assad survivrait à la guerre orchestrée par l’Occident.

Il existe désormais une réelle perspective de retour de la Syrie dans la Ligue arabe, le forum panarabe établi de longue date. Non seulement des alliés comme l’Irak et l’Algérie, mais des ennemis récents comme les Émirats arabes unis et la Jordanie appellent à réinviter la Syrie dans la Ligue arabe. L’Egypte y est également favorable. Une telle décision signalerait un réengagement majeur avec la Syrie, qui fait toujours l’objet de sanctions américaines punitives.

L’une des raisons du changement radical dans l’engagement diplomatique est que les puissances arabes réactionnaires craignent l’influence de l’Iran en Syrie et veulent la contrer. Par exemple, les Émirats arabes unis, qui ont rouvert leur ambassade à Damas en 2018 et envisagent potentiellement d’investir 250 à 400 milliards de dollars dans la reconstruction, considèrent le réengagement avec la Syrie comme une protection contre l’Iran.

La Jordanie aussi – où la CIA a formé des terroristes d’Al-Qaïda dans le cadre de son programme Timber Sycamore – a été alarmée lorsque le gouvernement syrien a repris Daraa près de sa frontière en 2018. Il craignait la proximité des milices iraniennes en Syrie. La Jordanie a également d’autres raisons de resserrer ses liens avec la Syrie : elle veut que le million de réfugiés syriens dans ses camps rentrent chez eux ; et veut rétablir son important commerce d’exportation avec la Syrie.

L’Égypte a été le premier acteur régional à reprendre contact avec le gouvernement Assad. La Syrie a longtemps été importante pour les ambitions de l’Égypte. Les deux pays ont une coopération militaire de plusieurs décennies (notamment la lutte contre Israël). Les deux gouvernements sont anti-Frères musulmans. Des relations plus étroites avec la Syrie, qui a survécu en tant qu’État nationaliste arabe laïc, pourraient renforcer la position de l’Égypte en tant que leader du monde arabe.

L’Arabie saoudite a mis plus de temps à se réengager avec la Syrie – précisément parce qu’elle craint d’être remise en cause par le nationalisme arabe laïc – mais elle bouge néanmoins, après le dégel de son proche allié de Bahreïn dans les relations avec Damas en 2018. Comme pour les autres États du Golfe, L’Arabie saoudite craint la montée en puissance de l’Iran. Le gouvernement houthi soutenu par l’Iran au Yémen est en train de gagner la guerre contre les Saoudiens là-bas et les États-Unis ne sont plus un protecteur fiable après que les Houthis ont bombardé des installations pétrolières saoudiennes en 2019 sans aucune réponse des EU. L’échec des EU en Syrie et son retrait d’Afghanistan ont ébranlé les Saoudiens, d’où les tentatives de pourparlers entre eux et l’Iran sur la réouverture de leurs ambassades respectives.

L’influence économique croissante de la Chine dans la région sous-tend ces changements diplomatiques. Son accord massif de 25 ans avec l’Iran, d’une valeur pouvant atteindre 600 milliards de dollars, servira à renforcer la légitimité de l’Iran à l’échelle internationale. La Chine a également invité cette semaine la Syrie à rejoindre son initiative "la Ceinture et la Route", défiant les sanctions étasuniennes et sa présence militaire dans l’est du pays. Comme elle l’a fait avec l’Iran – dont elle achète du pétrole au mépris des sanctions des EU – la Chine commence à atténuer les effets de l’intimidation étasunienne. Plus les EU interdisent le commerce avec la Chine, plus la Chine s’assure de nouveaux partenaires avec lesquels nouer des liens. La semaine dernière, elle a livré 4 000 tonnes de riz comme aide d’urgence à la Syrie.

Pour la Chine, la Syrie représente l’accès à la mer Méditerranée à Tartous, une route qui contourne le canal de Suez – bien que cela dépende du transit par l’Irak, qui n’est pas encore jugé suffisamment stable pour attirer des investissements dans un développement d’infrastructures aussi important.

La Chine devrait également bénéficier de relations plus étroites avec la Syrie en raison de leur lutte commune contre le terrorisme djihadiste. 5 000 djihadistes ouïghours ont été amenés via la Turquie pour combattre le gouvernement Assad. La Chine craint de retourner au Xinjiang aguerrie. Une plus grande coopération avec la Syrie pourrait l’aider à neutraliser la menace.

C’est l’intervention de la Russie qui a renversé le cours de la guerre et empêché la destruction totale de la Syrie. Aujourd’hui, la Chine joue un rôle potentiellement positif en aidant à assurer la paix. Le rapprochement croissant entre les anciens ennemis arabes et la Syrie souligne l’échec stratégique des EU – au prix énorme en termes de vies humaines et de dévastation économique. Plus tôt les États-Unis seront expulsés de Syrie et forcés de lever leurs sanctions punitives, mieux ce sera.

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Roberto Saviano. Gomorra. Dans l’empire de la camorra. Gallimard, 2007.
Bernard GENSANE
Il n’est pas inutile, dans le contexte de la crise du capitalisme qui affecte les peuples aujourd’hui, de revenir sur le livre de Roberto Saviano. Napolitain lui-même, Saviano, dont on sait qu’il fait désormais l’objet d’un contrat de mort, a trouvé dans son ouvrage la bonne distance pour parler de la mafia napolitaine. Il l’observe quasiment de l’intérieur pour décrire ses méfaits (je ne reviendrai pas ici sur la violence inouïe des moeurs mafieuses, des impensables tortures corporelles, (…)
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Il y a un sacré paquet de connards à Cuba - comme partout. Mais la différence à Cuba, c’est qu’ils ne sont pas au pouvoir.

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