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Dix mensonges néolibéraux à l’épreuve de la pandémie

On peut mentir à tous quelque temps, à quelques personnes tout le temps, mais pas à tout le monde tout le temps. La crise dite du coronavirus joue le rôle d'une épreuve de vérité dont les dix principales forgeries néolibérales du moment pourraient bien ne pas sortir indemnes. A condition pour nous, résistants à la mondialisation capitaliste virale, de prendre maintenant l'offensive...

1er MENSONGE NEOLIBERAL : « les fonctionnaires ruinent et parasitent le pays ».
Pendant que la rédaction néo-versaillaise du Point pantoufle et télé-déblatère sur les turpitudes des fonctionnaires, les infirmières d’Etat sous-payées, les aides-soignantes méprisées, les institutrices volontaires pour garder les enfants des soignants, les conducteurs de train et de métro vilipendés, les agents d’EDF inlassablement traités de privilégiés sont sur le terrain. Sans masque et en risquant leur santé, si ce n’est plus. Bref, les maudits agents publics assurent les fonctions vitales de la France plongée dans l’anxiété. Ne tolérons plus désormais sans réagir les diffamations des embusqués néolibéraux sabrant les agents publics : ils forment la colonne vertébrale de la Nation : qui casse la fonction publique est l’ennemi de la République !

2ème MENSONGE NEOLIBERAL : « Le travail manuel disparaît, tout se règle sur l’internet et devient virtuel, la classe ouvrière disparaît ».

Les intellos éthérés qui répandent cette idée destinée à dévaluer le monde ouvrier, à invalider le marxisme et à répandre l’idéologie néo-magique de l’ « extinction du travail », se heurtent de plein fouet au fait patent suivant : par bonheur pour les escamoteurs conceptuels, et par malheur pour les ouvriers de l’industrie, de l’énergie, des transports et de l’agroalimentaire, pour les paysans, pour les éleveurs, pour les marins-pêcheurs et bien entendu pour les soignants, le « télétravail » ne suffit pas ; il faut toujours des « bras », mus par des cerveaux, pour vider les poubelles, récolter les fruits, conditionner les surgelés,, garnir les étals, porter les paniers à domicile, accoucher les parturientes et laver les personnes dépendantes. Rien n’est magique. Tout est produit, en dernière analyse, par la classe ouvrière dans toute sa diversité, techniciens et ingénieurs de production compris, et par la paysannerie. Que ces classes sociales ordinairement invisibles s’arrêtent quelques dizaines de jours et le pays meurt de faim, de froid, de saleté... et de maladie !

Il est donc temps qu’en France et ailleurs, les « payeurs », c’est-à-dire le monde du travail, devienne les principaux « conseilleurs » ; il est temps que la grande bourgeoisie s’en aille et que les travailleurs dirigent la nation !

3ème MENSONGE NEOLIBERAL : « les CSP+ (= les Couches socioprofessionnelles supérieures) sont l’élite du pays ».

On peut en douter quand on voit Macron, ce concentré de CSP++, se pavaner au théâtre le 6 mars dernier en recommandant à la France, en réalité, à ses électeurs bobos et friqués parisiens, de « vivre, d’aimer et de sortir comme avant ». On voit ensuite qu’en masse, les bobos métropolitains, ignorent les consignes sanitaires, se pressent sur les quais et les pelouse et que, sitôt le confinement annoncé, les mêmes quittent en masse Paris pour rallier leurs résidences secondaires (et contaminer la province)...

Ne parlons pas de Mme Buzyn qui s’est dite consciente « depuis janvier » du « tsunami » viral annoncé, qui n’a pas démissionné pour si peu quand Macron a ignoré l’avertissement, mais... qui a déserté le ministère de la Santé en pleine tourmente sanitaire pour briguer la mairie de Paris à la demande dudit Macron.

Décidément, l’élite de la nation, ce ne sont pas les crocodiles de l’oligarchie, ni les ludions incapables d’abnégation qui « se font de la thune » dans toutes sortes de secteurs parasitaires liés à la « mondialisation heureuse », pub, com, finance, start-upers inventant une 77ème appli pour le portable, etc. En réalité, l’avant-garde du pays, que l’on nommait jadis les forces vives, ce sont ceux qui retroussent les manches pour construire le pays et le relever quand ça va mal : cette « la France des travailleurs », ouvriers, employés, techniciens, soignants, enseignants, ingénieurs et chercheurs, paysans et artisans, tous ceux que Jean Ferrat célèbre dans sa belle chanson patriotique intitulée « Ma France ».

4ème MENSONGE NEOLIBERAL : « les nationalisations ne marchent pas, le marché et les privatisations sont l’avenir ». Bizarre tout de même car lorsqu’arrive un gros coup dur, les Bourses dévissent et MM. les actionnaires vendent leurs actions à la criée, tels des rats prenant d’assaut les chaloupes du Titanic. Et pour sauver ce qui reste des industries françaises saccagées par 40 ans de politique maastrichtienne, qu’est donc contraint de faire le ministre néolibéral Bruno Le Maire ? Il propose de... « nationaliser provisoirement » certaines industries pour les mettre à l’abri... Du Covid 19 ? Nullement, son but est de préserver les « bijoux de famille » du capital hexagonal des gentils capitalistes d’ailleurs toujours prêts à se jeter comme des chiens de courre sur la biche aux abois !

Certes « nos » nationalisations, à nous communistes et progressistes, n’auraient rien de commun avec celles de Le Maire : ce dernier ne veut nationaliser « temporairement » que pour socialiser les pertes prévisibles des actionnaires afin de les refiler au contribuable en attendant de pouvoir tout re-privatiser à bas coût une fois la crise passée. C’est ce que les marxistes appellent le capitalisme monopoliste d’Etat.
A l’inverse, nous, communistes et progressistes, nous nationaliserions, à la manière de Marcel Paul quand il créa EDF en 1946, pour mettre les grands moyens de production au service de la nation et pour les placer sous le vigilant contrôle démocratique des travailleurs.

N’empêche, il est réjouissant de voir nos « libéraux », quand la panique les gagne, manger leur chapeau et avouer que le tout-puissant marché, par ses propres forces, ne mène qu’à la FAILLITE.

5ème MENSONGE NEOLIBERAL : « L’Etat-nation est dépassé, il faut passer à l’Europe fédérale et au gouvernement mondial ».

Ah bon ? Alors que l’UE et la BCE n’ont rien fait d’autre durant la crise mortelle qui ravage l’Italie et la France que de sortir le carnet de chèques pour les banques privées,
QUI donc a – sous la pression angoissée des peuples ! – pris les mesures de sauvegarde importantes, y compris, hélas, avec un retard criminel étant donné la nature de classe des gouvernants en place ? Qui donc a engagé l’armée de salut public des fonctionnaires nationaux et locaux ?

Qui donc a dû sur le champ, et nationalement, mobiliser les profs, les soignants, les policiers, les ingénieurs d’Etat, l’armée, les cheminots, pour préserver la nation menacée ?

La réponse est nette : ces bons vieux Etats-nations que l’on disait dépassés et que les néolibéraux n’ont cessé de déglinguer et de diffamer depuis quatre décennies !
Certes, ces Etats ont d’abord pataugé et « merdé » ; et pour cause ! Depuis 40 ans, les « élites » néolibérales ont dévasté les services publics et torpillé tout instrument institutionnel de planification, qu’il s’agisse du ministère de l’Equipement, de l’aménagement du territoire, du commissariat au Plan !

N’empêche, l’heure de vérité à sonné. Au moment du danger, c’est la mondialisation qui apporte le virus, c’est l’UE, paralysée par le laisser-faire de l’Europe du Nord qui regarde passer les trains et ce sont bien les Etats-Nations, si abîmés soient-ils par Maastricht, qui ont apporté des débuts de réponse, bonnes ou moins bonnes. Certes, ils eussent été cent fois plus efficaces s’ils avaient été dirigés par des représentants authentiques des travailleurs et s’ils avaient pu coopérer internationalement dans un cadre mondial multilatéral assurant leur souveraineté, leur égalité et leur solidarité technico-scientifique : ce cadre que n’est pas, en tout cas, l’Union européenne. Mais pour parvenir à ce but salvateur, les Etats-nations ne se sont pas appuyés une seconde sur les traités néolibéraux et supranationaux ; au contraire, à l’heure du danger, ces traités ont dû être une nouvelle fois suspendus et ignorés, par ex. les indéfendables 3% de déficit maxi imposés par Berlin comme condition de condition sine qua non de l’euro fort, cette projection continentale du Deutsche Mark !

6ème MENSONGE NEOLIBERAL : « L’Etat jacobin est périmé, il faut un nouveau « pacte girondin » permettant le « droit à la différenciation des territoires ».

Ah bon ? MM. les euro-séparatistes corses, MM. les euro-autonomistes alsaciens, dont les concitoyens souffrent horriblement en ce moment, n’êtes-vous pas bien aise que le « maudit Etat jacobin national » fasse le nécessaire pour envoyer le trop-plein de malades ajacciens ou mulhousiens vers les hôpitaux publics de Nantes, Toulouse ou Marseille ?

Car si insuffisante que soit la politique sanitaire aux mains des incapables que furent Mattéi, Bachelot, Bertrand, Touraine ou Buzyn, n’est-ce pas une bonne chose que la riposte sanitaire soit pensée et coordonnée nationalement ? Alors qu’en Allemagne fédérale, qu’en Italie fédérale, qu’aux Etats-Unis non moins fédéraux, les politiques locales (par ex. de confinement ou de non-confinement) sont décidées en pleine cacophonie par les pouvoirs locaux et que l’incurie médicale des uns annule chaque jour le confinement décidé par les Etats américains ou par les Länder allemands plus volontaristes ?

Y compris pour terrasser les virus mondialisés, nous avons plus que jamais besoin d’une République française une et indivisible, de services publics d’Etat performants, d’un statut national des fonctionnaires, de concours nationaux garantissant le niveau des recrutements, donc l’égalité de traitement des citoyens en général et des malades en particulier. Encore une fois, nous avons besoin de fonctionnaires œuvrant pour l’intérêt général plutôt que d’officines privées remplissant leur tiroir-caisse ! Et prière de ne pas confondre l’Etat jacobin, démocratiquement organisé et laissant leur champ propre aux communes (tel était le projet réel de Robespierre), avec sa caricature, l’Etat néo-napoléonien militarisé, bureaucratique et dominé par des mandarins égotiques, dont le ministère de la Santé offre une triste caricature en ce moment...

7ème MENSONGE NEOLIBERAL « l’Union européenne et la monnaie unique nous protègent »
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Elles nous protègent tellement qu’en Italie, le pays d’Europe qui fut longtemps le plus euro-béat, certaines villes affalent le drapeau marial de l’UE pour hisser le drapeau rouge de la Chine populaire, tant l’UE s’est montrée indifférente au sort des pays infectés, tant les « pays-modèles » de la sacro-sainte « Europe du Nord », Suède, Hollande, mais aussi Allemagne, ont cyniquement misé sur la barbare théorie pseudo-médicale de l’ « immunisation de groupe » (tant pis pour les milliers de vieux et de malades qui allaient y passer, l’essentiel est que la masse de la population s’immunise en attrapant le virus... et qu’elle continue à travailler au profit du patronat !).

Quant à Ursula von der Leyen, l’actuelle présidente de la Commission européenne, son premier grand discours en français aura été, non pas pour annoncer le don solidaire de milliards en faveur de l’Italie, mais pour refuser la fermeture des frontières internes de l’UE et défendre le sacro-saint « marché unique européen ».

N’oublions pas non plus que, depuis la mise en place du Traité de Maastricht, c’est l’UE qui a planifié la casse des services publics et la baisse drastique des « dépenses de santé », pardon, « l’ajustement structurel de la dépense publique ». Derrière la morgue des Mattei, Bachelot, Bertrand, Touraine, Buzyn, derrière la calculette des directeurs d’hôpital étrangers au Serment d’Hippocrate, il faut remonter jusqu’à la belle UE austéritaire, jusqu’au merveilleux euro, ce cadeau empoisonné fait par Berlin, Bruxelles et par le CAC-40 à la France assoupie : ce sont eux qui, année après année, avec la complicité de nos gouvernements collabos successifs, ont provoqué la fermeture en masse des lits d’hôpital au nom des critères de Maastricht indissociables de l’euro-austérité nécessaire au remboursement de la dette aux « marchés financiers »...L’usurier Shylock se payait en livres de chair prélevées sur ses débiteurs. Les financiers chers à l’UE se remboursent, plus proprement, en soustrayant des lits d’hôpitaux, des réserves de masques sanitaires et des salles de réa...

Enfin, n’oublions pas que l’UE se définit comme une « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée ». Faut-il s’étonner sur de telles bases structurellement dé-protectrices, que la riche Europe soit devenue l’épicentre mondial de la nouvelle peste ? Qui sème le vent récolte la tempête et qui détruit les digues de toutes nature finit par prendre des déferlantes de vingt mètres en pleine figure !

Alors, plus que jamais, amis lecteurs, rompez avec l’euro-politiquement correct ; écoutez les militants franchement communistes du PRCF qui ne cessent de répéter que « l’UE, si on veut s’en sortir, il faut en sortir » ; ou encore que « l’UE, si nous n’en sortons pas (par la porte à gauche), nous « y resterons » ! ».

8ème MENSONGE NEOLIBERAL : « la mondialisation c’est la prospérité partagée et le rapprochement entre les peuples ». Outre le fait chiffrable que la mondialisation capitaliste (issue de la destruction du camp socialiste et de la restauration mondiale du capitalisme qui a suivi) a aggravé les inégalités entre les continents, à l’intérieur de chaque continent et à l’intérieur même de chaque pays, la propagation planétaire à vitesse V du virus montre à l’évidence que la mondialisation néolibérale actuelle (portée par l’UE, l’OMC, le FMI, la BCE, etc.), est avant tout une dé-segmentation brutale et sauvage du monde ; celle-ci favorise comme jamais la circulation prédatrice du capital spéculatif, elle fait faire trois fois le tour du monde à un produit agro-industriel avant qu’il n’atterrisse dans votre assiette, mais du même coup, elle « planétise » à la sauvage les catastrophes en rompant toutes les digues naturelles, toute la diversité culturelle et linguistique mondiale et toute les protections sociales mises en place au fil des siècles par les humains, notamment par le mouvement ouvrier. MM. les capitalistes peuvent alors se goberger comme jamais des délocalisations, des euro-privatisations, du moins-disant social et environnemental qui exacerbe la concurrence entre ouvriers, entre chercheurs et entre tous les paysans du monde ; mais le prix à payer pour les êtres humains, outre la fin des protections sociales, environnementales et médicales (vive le bœuf aux hormones, le poisson au mercure et les OGM pour tous !), outre l’emballement du transport aérien et maritime qui carbonisent l’atmosphère et les mers, c’est la fête mondiale aux moustiques, aux virus, et même aux sectes millénaristes et obscurantistes qui les propagent irresponsablement ! « Ebola » il y a quelques années, le « SRAS » l’an dernier, le corona cette année, et par la suite quelle autre merveille circulant à la vitesse de l’avion ?

Ce n’est évidemment pas de cette mondialisation-là que peuvent rêver des humains sains d’esprit qui refusent de considérer la diversité géographique, biologique, historique (les nations constituées), linguistique (assez du tout-globish qui uniformise la communication et la recherche mondiales !), les protections sociales (statuts, code du travail, SMIG...), les services publics d’Etat pour autant de « freins à la croissance » alors qu’il s’agit de digues salutaires à la maximisation du profit capitaliste. Sans être le moins du monde marxistes, les plus anciennes civilisations, mésopotamienne, égyptienne, khmère, chinoise, les Hollandais avec leurs polders, ou nos plus grands ingénieurs, comme Pierre-Paul Riquet en France (XVIIe siècle), ont canalisé les fleuves, aménagé des écluses, dessiné des frontières perméables segmentant l’espace et scandant rationnellement le temps des voyages pour que les fleuves de la circulation humaine n’entrent pas dans des crues brutales, pour que les sécheresses soient maîtrisées (retenues d’eau), pour que les déserts soient irrigués et que drainées soient les zones inondées. Bref, ils n’ont pas sottement nié les différences mais ils ont patiemment égalisé et étalé les flux commerciaux en tenant compte des dénivelés quantitatifs et qualitatifs réellement existants.

En réalité, nous communistes et progressistes véritables, nous qui sommes à la fois des patriotes (il n’y a rien de « nationaliste » à aimer son peuple !) et des internationalistes (nous aimons le peuple italien martyrisé comme nous avons souffert des tortures infligées aux Grecs par Merkel), nous ne voulons ni de la dé-segmentation sauvage de Maastricht et l’horreur du « travail détaché », ni de la stagnation autarcique de pays croupissant dans l’eau stagnante d’un protectionnisme agressif et purulent, tel que celui que mit jadis en place A. Hitler. Nous ne voulons ni de la violence des crues (crises économiques, migrations de masse placée sous la menace de mort des guerres impérialistes, délocalisation brutale des productions, assassinat des cultures nationales au profit du globish et de l’American Way of Life), ni l’eau sale et non moins vérolée des marigots nationalistes : l’humanité a au contraire besoin dialectiquement à la fois d’une dé-segmentation forte (par ex. il faudrait que la France commerçât librement avec la Russie, la Chine, l’ALBA, sans souci des veto de l’Oncle Sam), et d’une re-segmentation ciblée et planifiée.

Cela permettrait à chacun de sortir de la guerre de tous contre tous (dont la « concurrence libre et non faussée » est l’“ euphorisation ”) pour échanger à égalité et d’Etat à Etat, les pays initialement faibles ayant le droit de se protéger provisoirement des pays initialement forts et les forts ayant le devoir d’aider les faibles à se mettre à niveau. En agissant de la sorte, qui ne voit que les nations se rapprocheraient mille fois plus vite qu’aujourd’hui (la dé-segmentation sauvage les rend ennemies !), que la diversité ne serait plus refoulée mais partagée, que viendrait plus tôt ce moment, chanté par Eugène Pottier, où enfin, «  L’Internationale sera le genre humain » ?

Ce qui supposerait de briser les traités supranationaux et néolibéraux, type Maastricht, ALENA, Mercosur, OMC, et de mettre en place la coopération multilatérale planifiée d’Etats souverains, égaux et solidaires respectant sciemment les données géographiques incontournables, les contraintes climatiques, relocalisant un maximum de productions, privilégiant la souveraineté alimentaire et médicale, partageant le savoir scientifique disponible et bannissant le marché des « brevets », c’est-à-dire le droit des riches à accaparer la science financée par tous. Ce que par ailleurs nous avons appelé les « lumières communes », cet autre nom du communisme de nouvelle génération dont le monde est gros à son insu.

Bref à la mondialisation sauvage qui conduit paradoxalement à son contraire, la quarantaine sans fin, le confinement pour chacun et les frontières sectionnant à nouveau l’échange mondial comme des herses médiévales, bref, à une dé-segmentation brutale qui dissémine et démultiplie la segmentation déniée à l’échelle de chaque foyer, nous opposons un projet d’humanité communiste où les nations seraient respectées, où elles échangeaient entre elles en contournant les transnationales, où le but de tous les peuples et de tous les individus serait de partager les diversités tout en réduisant les inégalités ; bref, un projet, non pas « libéral-mondialiste » au service du capital, mais un projet populaire, patriotique et internationaliste qui rendrait vie au mot de Jaurès : « si un peu d’internationalisme éloigne du patriotisme, beaucoup d’internationalisme y ramène » (et la réciproque vaut !).

Alors, balayons le mot d’ordre corrupteur enseigné dans les écoles, ou plutôt de management : « il ne faut pas s’attacher aux pays, aux produits et aux hommes » (sic). Au contraire, une planification nationale et internationale intelligente part du fait que « l’homme est le capital le plus précieux », que les écosystèmes ne sont pas téléportables, qu’il faut un juste équilibre entre nomadisme et sédentarité des personnes (le droit pour chacun de « voir du pays » est régulé par le devoir de chaque Etat de permettre à sa jeunesse de « vivre, d’étudier, de se loger et de travailler au pays »).
Mais cette société dans laquelle l’homme cesse d’être un loup pour l’homme, où au contraire les peuples d’une part, les individus d’autre part, deviennent frères, c’est le monde des « producteurs associés » dont parlait Marx, c’est la « société des coopérateurs civilisés » chère à Lénine, ce qui n’est pas sans faire écho à la Fédération mondiale des Etats travaillant à la « paix perpétuelle » conçue par Kant, et dont le principe inaliénable est le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes sans ingérence des empires.

Cette juste mondialisation-là, la classe capitaliste est hors d’état de l’enfanter et c’est pourquoi le capitalisme moderne est exterministe en ce sens que son maintien devient de plus en plus incompatible avec la survie de l’humanité : plus que jamais, comme l’avait signalé Marx, « le capitalisme n’enfante la richesse qu’en épuisant ses deux sources, la Terre et le travailleur ». Cette révolution anthropologique ne peut s’effectuer que sous l’égide des travailleurs nouant une coopération raisonnée dans chaque pays et entre tous les pays, non pas en rabotant les différences mais en les mettant en synergie, voire en symphonie, pour que le «  développement de chacun (peuple ou individu) devienne la clé du développement de tous" ». Alors il fera bon vivre pour l’être humain et le temps se gâtera pour les virus... et pour les parasites qui vivent en exploitant autrui !

9ème MENSONGE NEOLIBERAL : « l’économie moderne, c’est le flux tendu, le « just in time », le principe « stock zéro ». Pendant des décennies les écoles de management ont enseigné qu’il fallait bannir les stocks, le différé, etc. Fi de la planification « bureaucratique » et vive l’ « adaptabilité » de la « fluide » circulation capitaliste. Notons que cet éloge de la fluidité universelle cache mal l’accumulation parallèle d’un énorme stock invisible : l’immense « armée industrielle de réserve » formée de centaines de millions de chômeurs rejetés comme des noyaux de cerise du banquet des privatisations, des déprotections, des délocalisations et des migrations sous contrainte. Il suffit pour renverser ce château de cartes idéologique qu’est la "fluidité absolue" du néolibéralisme d’évoquer le scandale des masques de protection français stockés à raison d’un milliard et demi d’exemplaires jusqu’en 2012, et que M. Xavier Bertrand aurait fait détruire sans les remplacer ; car voyez-vous, stocker, ça coûte cher et ce n’est pas productif à court terme. Eh bien oui, MM. les capitalistes, depuis que l’humanité a émergé de l’animalité, depuis qu’elle dispose de l’outil, du langage et de la conscience, elle prévoit et programme ; comme dit Marx, « elle construit la maison dans sa tête avant de la construire dans les faits ». Bref, elle anticipe, par exemple, elle donne le lundi plus d’avoine au mulet qui devra travailler dur le mardi, elle engrange, elle imagine, elle se souvient, elle planifie, elle élève, elle cultive. Cela s’appelle tout bonnement la raison, laquelle met en pratique la remarque dialectique de Francis Bacon : «  on ne commande à la nature qu’en lui obéissant, et ce qui est cause dans la science devient moyen dans la pratique ».

Alors, assez de votre nouveau monde pseudo-« ludique » et de fait, totalement « déglingo » : nous voulons une véritable société des nations libres, égales et fraternelles visant un même but : le bonheur commun des hommes et le développement maximal de chaque individu. Et pour cela, il faut prévoir, planifier, stocker, répartir dans le temps et dans l’espace comme fait l’éclusier contrôlant le canal : il répartit et régule les flux et la circulation des péniches pour qu’à tout moment, au risque de ralentissements apparents mais indispensables (statuts, code du travail, protections douanières provisoires, voire langues et cultures nationales séculaires, sont de tels « ralentisseurs »/relanceurs sociaux !). C’est ainsi qu’en réalité, le trafic et la circulation sont le plus continu et le plus régulier possible.

Et comment planifier et coordonner sérieusement ces flux si les grands moyens de production, usines, infrastructures de transport, réseaux satellitaires, circuits de distribution, etc. restent l’apanage d’actionnaires privés visant le profit à court terme, obsédés par la réduction des coûts salariaux et environnementaux, et en concurrence sauvage permanente les uns contre les autres ? Il faut donc, plus que jamais, socialiser les grands moyens d’échange et de production ; et qui d’autre peut le faire que le monde du travail qui deviendrait alors, non sans retour inévitable d’épisodes révolutionnaires, le cœur de chaque nation et le vrai sujet collectif de l’histoire universelle ?

Une autre question, que nous ne traiterons pas ici, serait de savoir comment planifier le plus démocratiquement, le plus scientifiquement et le plus écologiquement possible, de manière à ne plus gaspiller des masses de travail humain et de ressources naturelles comme le fait le fort peu économe mode de production capitaliste...

10ème MENSONGE NEOLIBERAL : « l’économie de marché ouverte sur le monde, c’est l’humanisme réalisé ».

Car chez nous, voyez-vous, on n’emploierait sûrement pas des drones pour sermonner dans la rue des gens sortant sans masque protecteur : ça, c’est bon pour la « Chine totalitaire" ! Sauf que l’on procède désormais ainsi en Espagne pour surveiller l’efficacité du confinement et que les médias occidentaux qui, hier, condamnaient la Chine pour ce « dévoiement de la technologie », voient dans ce procédé espagnol un magnifique exemple de « modernité »...

Mais laissons ce détail et regardons plutôt les faits massifs. Quel pays – socialiste ou issu du moins d’une histoire socialiste – je laisse ici ce débat de côté, a d’emblée décidé du confinement massif de la population, du portage à domicile de la nourriture, du dépistage de chaque Chinois potentiellement contaminé, de la mobilisation de toutes les ressources industrielles pour produire l’appareillage médical, médicamenteux et paramédical nécessaire ? Quel pays a immédiatement stoppé – tant pis pour les profits ! – l’ensemble des productions non directement indispensables dans une province industrielle de 57 millions d’habitants ? Quel pays, inlassablement traité en "ennemi stratégique" par Trump et par la presse occidentale, a-t-il immédiatement et sans contrepartie politique envoyé ses meilleurs médecins à l’Italie suffocante et un million de masques à la France frappée de carence absolue en la matière ?

La réponse est claire : c’est la Chine populaire, dans laquelle les militants du PCC dotés des protections adéquates ont formé des commandos pacifiques pour secourir et nourrir les personnes confinées de Wuhan.

A noter que Cuba socialiste et le Venezuela bolivarien, bien que cruellement frappés par le blocus et par les sanctions atlantiques, ont réagi avec le même désintéressement internationaliste en envoyant des médecins en Italie. A l’inverse, la sombre brute qui dirige les EU a saisi l’occasion offerte par la pandémie pour renforcer les sanctions contre Cuba et le Venezuela, y compris dans le domaine médical.

Et quels pays maintenant, EU et Grande-Bretagne néolibérale en tête, ont-ils minimisé durant des mois la pandémie ou ont-ils, à l’égal de la Suède tant vantée, longtemps refusé le confinement, l’examen médical et le traitement massif de leur population au nom de la théorie médicale – non attestée concernant ce virus – de l’ « immunité de groupe » ? Une théorie qui signifie à demi-mots : « laissez-faire, laissez-crever ! », que meurent des centaines de milliers de vieux, de malades, et dans le tas, quelques milliers de jeunes et d’enfants, le temps que les défenses immunitaires collectives se fortifient et que la fameuse « immunité de groupe » se mette en place ? Théorie qu’il serait insultant pour le grand Darwin de qualifier de « darwinienne », et qui fait furieusement penser aux concepts fascistes de l’entre-deux-guerres ou aux pires élucubrations antihumanistes d’un Nietzsche. Théorie qui dément totalement, en pratique et en principe, le baratin humaniste des « démocraties occidentales » qui ont passé leur temps à diminuer les dépenses sociales, à dé-rembourser les médicaments, à fermer les maternités et les lits d’hôpital, à réduire le nombre de médecins de ville (le numerus clausus conçu pour limiter les dépenses de santé en abaissant l’offre de soins...) ? La réponse est univoque : ces humanistes de la calculette et de la cotation boursière, ce sont les grands pays de l’Occident euro-atlantique avec en tête les irresponsables Trump et Johnson, avec en seconde ligne, la « vertueuse » Europe protestante du nord (ah la Suède, ah la Hollande...) qui, à l’heure où j’écris ceci n’ont toujours pas confiné ni testé systématiquement leur population ; et, vibrionnant sur toutes les lignes de front, on a l’inévitable chevau-léger Macron toujours en retard d’une guerre sanitaire et toujours en avance d’une contre-réforme sociale.

« TOUCHE PAS AU GRISBI ! », la voilà la vraie morale des « tontons-flingueurs » de la société néolibérale décomplexée.

Et si petit à petit, tous ces pays en viennent eux aussi à confiner leur population, c’est pour trois raisons faciles à deviner :

L’exterminisme capitaliste s’imagine toujours que les dominants seront épargnés par leurs politiques mortifères. Et bien non, et nous le regrettons pour eux car nous sommes de vrais humanistes, nous, le virus frappe aussi Albert de Monaco et le clown politique Boris Johnson qui se vantait il y a peu, en toute irresponsabilité médicale, de serrer toutes les mains dans les hôpitaux, est lui-même fiévreux. Ça pourrait donner à réfléchir même à une artiste d’envergure, j’ai nommé Carla Bruni-Sarkozy, qui il y a peu tournait l’épidémie en dérision et poussait des quintes de toux factices devant les caméras...

• Les dirigeants capitalistes commencent à comprendre l’énorme colère des peuples qui, à l’occasion de ce confinement de masse, constatent l’incurie, la bêtise, l’indifférence et les contradictions de leurs chefs en costard-cravates. Ces peuples voient à l’inverse que la Chine « communiste » s’est sortie seule du pétrin alors que la riche Italie et que le « nouveau monde » macédonien – c’en est à pleurer car des concitoyens suffoquent à cette heure blême sans pouvoir être intubés, faute d’appareillage – s’enfoncent, hélas, dans les sables mouvants d’une pandémie non prévue, non combattue, traitée par un hôpital public sabordé et naufragé par les politiques maastrichtiennes !

• Une fois de plus, on voit l’énorme apport qu’est, pour l’humanité, l’existence, fût-elle totalement dominée sur le plan géopolitique, de pays socialistes, comme Cuba, ou de pays insérés dans la mondialisation mais héritiers d’outils et de fortes traditions socialistes : de même que la RDA socialiste soumettait la RFA capitaliste à une forte pression sur le terrain des acquis sociaux (a contrario, quand la RDA eut été phagocytée par son puissant voisin, la social-démocratie allemande elle-même s’est empressée de liquider les lois sociales qui protégeaient les salariés de l’Ouest : ce furent les lois Hartz liquidant les indemnités chômage), de même il est capital pour le monde que subsiste, fût-ce pour le moment à titre de bouée-vigie, un pays comme Cuba socialiste ; ou même que d’autres pays qui tanguent très fort entre leur héritage socialiste et leur insertion dans la mondialisation, apportent leur contre-note rouge forçant les Shylocks capitalistes de l’Ouest à freiner provisoirement, le temps que passe le pic pandémique, leur insatiable avidité d’usuriers (ensuite, n’en doutez pas, ils mettront les bouchées doubles en matière de compression des revenus salariaux ; mais nous les travailleurs, les attendront au tournant !).

Conclusion :

La colère et l’angoisse des peuples sont telles que, provisoirement, les maîtres capitalistes du monde font profil bas et modèrent provisoirement leur tapage ordinaire en faveur du néolibéralisme euro-mondialisé : on voit même Macron faire l’éloge de la Sécu, voire envisager des nationalisations provisoires ! Sarkozy nous avait déjà fait le coup en 2008 où il avait sur-joué son rôle de Coq socialiste gaulois défiant l’Aigle étatsunienne : deux ans plus tard, cet histrion travesti en homme d’Etat reculait de deux ans l’âge du départ en retraite pour les salariés français...

Il n’empêche : quand ces gens-là reculent, même provisoirement, même hypocritement, notre classe doit occuper le terrain de la bataille d’idées. Et préparer la contre-attaque qui devra suivre la crise actuelle, non seulement pour reconquérir nos acquis et notre souveraineté, non seulement pour réclamer des comptes aux criminels qui ont joué avec nos vies, mais pour porter fièrement le contre-projet révolutionnaire d’un monde de nations libres, égales, solidaires, remplaçant la « concurrence libre et non faussée » de Maëstricht par une vraie coopération rationnelle, co-planifiée, en un mot, internationaliste.

Georges Gastaud, philosophe – 28 mars 2020

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« Il y a une idée sur laquelle chacun semble d’accord. « Vaincre Daesh », comme l’a exprimé le secrétaire d’Etat Tillerson. Laissez-moi poser juste une question : Pourquoi ? Il est temps pour Trump d’être Trump : extrêmement cynique et imprévisible. Il lui faut vaincre Daesh en Irak. Mais pourquoi en Syrie ? En Syrie, il devrait laisser Daesh être le cauchemar d’Assad, de l’Iran, de la Russie et du Hezbollah. Exactement comme nous avons encouragé les moudjahidines à saigner la Russie en Afghanistan. »

Thomas Friedman, « In Defense of ISIS », New York Times, 14 avril 2017.

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