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Finalement, il suffisait de tout arrêter pour que tout s’accélère.

En ce moment, tout tourne au ralenti, sauf l’Histoire.

La débandade de ’’l’union" européenne. (Que ceux qui ont encore besoin d’un dessin prennent des cours d’alphabétisation chez les Cubains.)

La crapulerie assumée du capitalisme - qui se voulait généralement plus feutrée sous nos latitudes.

L’incurie d’une classe politique qui sait au fond d’elle qu’elle doit retarder au maximum le "retour au normal".

Retour au normal. On ne croit pas si bien dire. Le "normal" dont il s’agit ici, celui où il faudra retourner, ce n’est pas l’"avant", mais son exact opposé, l’opposé de tout ce que cette classe parasite représente. C’est ça, le retour au normal. Le normal des gens normaux, quoi, des pas méchants, ni cruels, ni méprisants, ni trop égoïstes (même si parfois... mais parfois n’est pas toujours), etc.

Il suffit de pas grand chose. Par exemple, la prise de conscience que nous vivons un moment qui sera raconté dans les livres d’histoire. Je sais, rester cloîtré n’est pas forcément la première idée qui vient à l’esprit lorsqu’on pense à une révolution. Cela dit, tout le monde est d’accord : il y aura un avant et un après. Un tel changement de tous les paradigmes laissera forcément des traces. La question est : lesquelles ?

Mais quelque chose me dit que ce confinement ne durera pas le temps annoncé. Pour le meilleur ou pour le pire. Le système, déchiré entre son désir de visser le couvercle, et son constat d’une économie qui part à la dérive, fera forcément le mauvais choix. Forcément, parce que le seul bon choix, ce serait qu’il s’attache une pierre autour du cou et qu’il aille se jeter dans la mer (non sans avoir demandé pardon à qui de droit). Et ça, le système, c’est pas son truc. Alors, ça va forcément tanguer. Genre "socialisme ou barbarie", vous voyez ?

Comme quoi, finalement, il suffisait de tout arrêter pour que tout s’accélère.

* * *

Alors, je prends rendez-vous. Chaque mesure "exceptionnelle" qui sera prise, chaque conquête sociale qui sera "suspendue", chaque "effort" qui sera demandé (toujours aux mêmes), chaque liberté qui sera rognée... aucun ne sera rétabli d’office. Car après la crise sanitaire, viendra la crise économique - celle qui était déjà en route (virus ou pas) mais qui sera grandement amplifiée. Viendront le temps du bilan, le temps des questions gênantes, des remises en cause, qu’ils tenteront de faire taire. Tandis que les crimes internationaux sont commis en temps réel (renforcement des sanctions économiques contre l’Iran, le Venezuela, Cuba...), les anciens masques tombent déjà mais la narrative sera réécrite afin que de nouveaux puissent être portés. Mais nous, oublierons-nous qui est venu en aide, et qui a spéculé sur les pénuries, qui a fait preuve de solidarité, et qui a agit par froid calcul ? Qui a réagi en être humain et qui en psychopathe ?

Pour sûr, des résistants de la dernière heure seront présentés et célébrés comme des héros et ceux de la première oubliés. Le virus deviendra "chinois". La crise deviendra "globale". La "guerre contre le terrorisme" sera du pipi de chat en comparaison de celle qu’ils vont nous inventer. Où tout appel à la raison sera qualifié de trahison (Patriot Act version 2.0). Pendant ce temps, le contrôle des médias sera resserré, la guerre contre les fake news redoublée, tandis que les réseaux sociaux isoleront en douceur la dissidence qui sera ramenée à quelques poches de contestation où on s’échangera entre soi.

Ce jour-là, comme vous regretterez Wikileaks et Julian Assange.

Viktor DEDAJ
"Poussez pas derrière, faut pas la rater celle-là"

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« La démocratie et les droits de l’homme ne nous intéressent que très peu. Nous utilisons simplement ces mots pour cacher nos véritables motifs. Si la démocratie et les droits de l’homme nous importaient, nos ennemis seraient l’Indonésie, la Turquie, le Pérou ou la Colombie, par exemple. Parce que la situation à Cuba, comparée à celle de ces pays-là et de la plupart des pays du monde, est paradisiaque »

Wayne Smith, ancien chef de la Section des Intérêts Américains à La Havane (SINA) sous l’administration Reagan

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