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The Globe and Mail

Aux Etats-unis, les écoles privées vendent leurs cahiers de classe

DOUG SAUNDERS

Les élèves devaient déjà faire attention aux examens, aux dates limites pour rendre leurs travaux et à rester éveillés durant le cours de maths. A

Philadelphie, ils ont un nouveau souci : qu’arrive-t-il si votre école est victime d’une chute des valeurs boursières ?

Confrontée à une crise du système éducatif l’année dernière, la ville a en effet remis 20 de ses mauvais lycées, ils se trouvaient dans les quartiers les plus déshérités du pays, à une entreprise privée, Edison Schools Inc. Ces institutions semblent maintenant prendre le chemin d’Enron, de Tyco et de Worldcom.

Edison, une société de haut-vol qui fut la première société d’écoles de gestion à spéculer en bourse avait promis de fournir des ordinateurs, des livres et de nouveaux programmes afin de faire croître le niveau des écoles. En échange, la direction de l’école lui donnerait 881$ par étudiant.

C’est alors que la situation s’est compliquée. Au cours de l’été, les actions d’Edison ont chuté de 21,68$ à moins d’un dollar sur le Nasdaq. (elles étaient vendues hier à environ 50 cents.)

Dans les salles de classe, cet évènement a eu des effets inattendus.

Avant que les cours ne commencent en septembre, des camions sont arrivés pour emporter la plupart des manuels, ordinateurs, matériels de laboratoire et instruments de musique que la compagnie avait fourni. Edison a dû les vendre pour rentrer du cash. Beaucoup d’élèves se sont retrouvés avec des livres vieux de quelques décennies et sans équipement.
Quelques semaines plus tard, certains des cadres de la compagnie ont occupé des bureaux à l’intérieur des écoles afin qu’Edison n’ait plus à payer 8.750$ de loyer mensuel pour ses sièges sociaux à Philadelphie. Ils ne sont restés que quelques jours, jusqu’à ce que la direction de l’école les mette à la porte.

Pour ajouter à l’humiliation, Chris Whittle, le très charismatique patron et fondateur de la compagnie, a récemment annoncé lors d’une réunion des directeurs à Colorado Springs, qu’il pensait à une solution ingénieuse pour résoudre les problèmes financiers de la société : Tirer profit de la possibilité de faire travailler les enfants et forcer chaque élève à travailler une heure par jour, vraisemblablement sans les rémunérer, dans les bureaux de l’école.

"Nous pourrions avoir moins de personnel adulte," aurait dit M. Whittle lors d’une rencontre avec les employés et des directeurs à Colorado Springs. "je pense que c’est un concept important pour l’éducation et les sciences économiques." Dans une école de 600 élèves a-t-il ajouté, ce travail non rémunéré équivaudrait au travail de 75 adultes salariés.
Bien que M. Whittle ait affirmé qu’il pourrait mettre en place ce projet d’ici à l’année 2004, les fonctionnaires de l’éducation se sont empressés d’assurer qu’ils n’avaient rien à voir avec la proposition.

Les précédentes aventures de M. Whittle comprennent l’achat du magazine Esquire dans les années 70 et la création de Channel One, un programme de télévision sponsorisé par les entreprises commerciales et introduit dans des écoles de l’Etat dans les années 80. [1]
Mais maintenant il semble être entré dans une périodes difficile au point où il a même mis en vente son domaine de 4 hectares et demi dans Hamptons à New York. La maison, estimée à 46 million de $, possède huit chambres à coucher, une salle de gymnastique, un ascenseur, une piscine, des cours de tennis et de basket-ball, et une maison d’hôte.

Edison gère 150 écoles dans 23 états, mais Philadelphie est son plus grand et plus évident défi. L’année dernière, la direction des services éducatifs a sélectionné les 45 plus mauvaises écoles et a annoncé qu’elle les privatiserait. Au début, Edison devait les gérer toutes ; plus tard,, du fait des protestations politiques, 25 des écoles ont été mises entre les mains d’organismes éducatifs à but non-lucratif.

L’encadrement d’Edison n’a pu mettre en application certaines de ses politiques éducatives les plus innovatrices, telles l’idée de plus longues journées d’école et un allongement de la période de scolarisation, et ce en raison de l’opposition des syndicats de Philadelphie et du manque de budgets.
La conseil des services éducatifs de la ville de Philadelphie discute maintenant des options qui s’offrent à lui. "Nous voulons nous assurer qu’ils ont les moyens financiers suffisants pour soutenir [ les écoles ] au cours de l’année scolaire," a dit Paul Vallas, le chef de ces services éducatifs.

M. Vallas a pris une position très dure avec la compagnie, allant jusqu’à suspendre un paiement de $5-million à Edison cet automne, parce que la compagnie avait sept semaines de retard pour la présentation de ses comptes financiers .

Les cadres d’Edison disent que la compagnie est saine, et que ses écoles commenceront bientôt à montrer des améliorations dans les résultats scolaires.

"nous ne faisons pas faillite. Il n’y a aucune menace de la faillite. Ceci est catégoriquement faux, " a dit Chris Cert le président d’Edison aux fonctionnaires du conseil éducatif de l’état du Michigan la semaine dernière.
M. Whittle a prévu un bénéfice de 20 million de dollars cette année et il annoncé lundi qu’il avait l’intention de racheter 5,4 millions d’actions de sa société, soit 10 pour cent.

Il a également dit que 84 pour cent de ses écoles ont connu « un accroissement de la performance des élèves » contre 8 pour cent enregistrant un déclin, mais les résultats des tests réalisés dans écoles de Philadelphie ne sont pas encore disponibles.

Article paru dans The Globe and Mail-> http://www.globeandmail.ca] : For-profit U.S. schools sell off their textbooks


[1Lire à ce sujet, cet article du Monde Diplomatique : Les enfants malades de la publicité


URL de cet article 357
   
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"Au Salvador, les escadrons de la mort ne tuent pas simplement les gens. On les décapite, on place leurs têtes sur des piques et on garnit ainsi le paysage. La police salvadorienne ne tuait pas seulement les hommes, elle coupait leurs parties génitales et les fourrait dans leurs bouches. Non seulement la Garde nationale violait les femmes salvadoriennes, mais elle arrachait leur utérus et leur en recouvrait le visage. Il ne suffisait pas d’assassiner leurs enfants, on les accrochait à des barbelés jusqu’à ce que la chair se sépare des os, et les parents étaient forcés de garder."

Daniel Santiago,prêtre salvadorien
cité dans "What Uncle Sam Really Wants", Noam Chomsky, 1993

Commandos supervisés par Steve Casteel, ancien fonctionnaire de la DEA qui fut ensuite envoyé en Irak pour recommencer le travail.

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