RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
L’exposition de racisme islamophobe et d’autoritarisme de Netanyahou et de Trump tourne très mal

Quand les jeunes députées Omar et Tlaib ouvrent des brèches béantes dans la sainte alliance américano-israélienne !

Les effets et bienfaits collatéraux de l’irruption de Bernie Sanders au cœur de la scène politique étasunienne sont déjà nombreux, importants et commencent à se faire sentir bien loin des États-Unis, aussi loin que le Moyen Orient.

La preuve en est le véritable séisme que sont en train de provoquer depuis quelques jours tant aux États-Unis et au Moyen Orient qu’au sein de la diaspora juive deux fidèles de Bernie, les intrépides jeunes députées étasuniennes Ilhan Omar et Rashida Tlaib.

Il a donc suffit de l’annonce du voyage aux territoires occupés de ces deux ennemies jurées de Trump et de Netanyahou, pour que tout le monde assiste au spectacle totalement inédit d’un président des États-Unis en pleine crise de nerfs, qui incite publiquement le premier ministre d’Israël, lequel s’empresse d’obtempérer, à interdire l’entrée de son pays, allié le plus proche des États-Unis, à deux élues du Parlement des EU ! De l’avis commun, c’était choquant, scandaleux et du jamais vu ! Mais, c’est la suite des événements qui nous intéresse car très didactique et surtout, très prometteuse des développements qui, à la longue, pourraient changer des équilibres mortifères restés immuables depuis plus d’un un demi siècle.

En effet, provoquant des réactions en chaîne, l’affrontement exemplaire des jeunes députées étasuniennes originaires de Somalie (Ilhan Omar) et de Palestine (Rashida Tlaib) avec le tandem arrogant et tout puissant Trump-Netanyahou, a eu tout de suite des conséquences époustouflantes. Comme par exemple, la condamnation de l’interdiction de Netanyahou par nombre des ténors du parti...républicain et aussi par la presque totalité des grands médias (journaux et chaînes de télévision) états-uniens connus pour leur appui inconditionnel au sionisme, à Israël et au gouvernement d’extrême-droite de Netanyahou. Et surtout, « l’inimaginable » condamnation de l’attitude de Netanyahou par... l’AIPAC (American Israel Affairs Committee), le tristement célèbre lobby pro-israélien, lié traditionnellement au Likoud et au sionisme le plus droitier, et qui jouit depuis toujours du soutien sans faille de l’establishment médiatique, économique et politique des EU !

Manifestement, l’exposition de racisme islamophobe et d’autoritarisme de Netanyahou et de Trump tourna très mal pour eux, et comme ça arrive dans ces cas, leurs tentatives de sauver la face n’ont fait qu’accentuer leur désastre. C’est ainsi que malgré les efforts louables des grands médias internationaux (CNN, Euronews,...) de présenter Rashida Tlaib prête à accepter les « conditions humiliantes » de la permission de rencontrer sa grand-mère dans les territoires occupées, le refus catégorique de Tlaib de tomber dans le piège et son rejet de l’offre soit disant « humanitaire », enfonça Trump et Netanyahou encore plus profondément dans la crise et accentuait le désarroi de leurs soutiens. Et tout ça pendant que la population palestinienne, et surtout les doublement opprimées femmes palestiniennes, pavoisaient et la gauche des EU, Bernie Sanders en tête, s’empressait de capitaliser un succès éclatant remporté aussi contre l’establishment Démocrate traditionnellement pro-sioniste et anti-palestinien.

Il ne fait aucun doute que les grandes brèches ouvertes ces jours-ci dans le soutien inconditionnel dont jouit Netanyahou auprès des gouvernements mais aussi de l’opinion publique des EU, sont le fait des successives actions exemplaires menées ces derniers mois par les bêtes noires de Trump que sont Ilhan Omar et Rashida Tlaib. Cependant, ce véritable exploit, inimaginable il y a encore quelques jours, ne tombe pas du ciel. Il est le produit de la radicalisation galopante de la jeunesse des EU observée ces 3-4 derniers ans, laquelle a donné naissance au mouvement de masse qui soutient la candidature de Bernie Sanders. Ce n’est pas donc un hasard si Omar, Tlaib et aussi leurs amies et camarades Alexandria Ocasio-Cortez et Ayanna Pressley forment désormais la célèbre « bunch » (la bande) si décriée par Trump, le groupe de jeunes élues radicales et socialistes, emblématiques de cette nouvelle génération de militantes et militants américains qui privilégient la lutte de classe, l’internationalisme agissant et l’action directe.

Mais, ce n’est pas tout. Les exploits moyens-orientaux d’Omar et de Tlaib n’auraient pas existé sans la préparation préalable du terrain et des... esprits par les extraordinaires jeunes juifs et juives états-uniens du mouvement « If Not Now... », qui ont renoué avec les meilleures traditions humanistes, socialistes et internationalistes du Judaïsme historique. (1) Débutant il y a environ deux ans avec quelques centaines de très jeunes juives et juifs radicaux et antisionistes qui ont brillé par leurs actions audacieuses, exemplaires et bien ciblées, le mouvement « If Not Now... » a pu en un temps record, ouvrir des brèches de plus en plus grandes dans le mur de la presque unanimité pro-israélienne et anti-palestinienne qui domine tant dans la Diaspora juive que dans l’opinion publique étasunienne. Les résultats furent spectaculaires : les jeunes militants de « If Not Now... », qui n’ont pas hésité à porter leur combat même en Israël avant d’être interdits d’entrée au pays, ont peu à peu élargi leurs rangs et ont créé un climat propice à la contestation directe des politiques racistes et réactionnaires de Trump et de Netanyahou ! Et c’est ainsi que des milliers de Juifs états-uniens qui se sont engouffrés dans la brèche ouverte par « If No Now... », sont actuellement aux avant-postes sinon à la tête des mouvements tels que celui qui se bat contre la terrible police anti-migrants (ICE) et en défense des migrants sans papiers, ou de celui qui lutte contre les mesures islamophobes de Trump et en défense des musulmans réprimés et terrorisés. Et, évidemment, ils dominent dans le mouvement antifasciste qui se bat, sous le mot d’ordre éloquent de « Never Again », contre les bandes et autres milices néonazies, racistes et antisémites violentes.

Il n’est dès lors pas n’est pas surprenant que le même gouvernement Netanyahou qui noue des relations et des alliances privilégiées avec la racaille la plus réactionnaire, raciste et antisémite du monde (de Orban et Bolsonaro à Trump et Salvini) à la seule condition que celle-ci soutienne sans condition ses politiques inhumaines et barbares, interdit l’entrée d’Israël à tous ces jeunes juifs et juives antisionistes, qu’il qualifie d’ailleurs...d’antisémites (!) et d’ennemi numéro 1 d’Israël ! C’est exactement cette « contradiction » sans précédent, que Ihlan Omar, Rashida Tlaib et leurs camarades, dont (le juif) Bernie Sanders, ont décidé de mettre à nu aux yeux de tout le monde, par leurs initiatives et actions bien ciblées. (2) C’est d’ailleurs pourquoi les accusations d’antisémitisme que Trump, Netanyahou et leurs acolytes ont adressées à leurs adversaires progressistes (comme par exemple à la jeune députée Ilhan Omar) ont fait long feu avant de se retourner contre leurs initiateurs, tandis qu’en Europe, le recul historique des gauches et des mouvements a laissé le terrain pratiquement libre à des telles campagnes de diffamation.

La conclusion saute aux yeux : Ce qui se passe actuellement aux États-Unis devrait non seulement nous intéresser en toute priorité car il détermine comme nul autre notre présent et notre avenir, mais devrait aussi inciter tous ceux qui sont encore progressistes et de gauche en Europe, à se mobiliser sans tarder pour profiter au plus vite des combats, des expériences, des succès et des avancées de la nouvelle gauche et des mouvements sociaux nord-américains ! On a tout à y gagner...

Yorgos MITRALIAS

Notes

1. Voir aussi « Une nouvelle génération de Juifs américains contre Trump et Netanyahou » : http://www.cadtm.org/Une-nouvelle-generation-de-Juifs

2. Ceux et celles des lecteurs et des lectrices qui veulent se familiariser avec l’actuelle réalité sociale et politique des États-Unis peuvent le faire en consultant des milliers des textes, images et vidéos (renouvelés toutes les deux heures et en anglais car de première main) avec des informations, des analyses et des prises de position sur ce qui se passe au sommet et surtout à la base de la société nord-américaine, sur le compte Facebook que nous avons créé il y a un peu plus de trois ans.

URL de cet article 35165
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
CUBA OU L’INTELLIGENCE POLITIQUE - Réponses à un président des États-Unis (Livre format PDF)
Jacques-François BONALDI
365 JOURS APRÈS Aujourd’hui 22 mars 2017, voilà un an jour pour jour que Barack Obama entrait de son pas caractéristique sur la scène du Grand Théâtre de La Havane pour une première : un président étasunien s’adressant en direct et en personne au peuple cubain. Trois cent soixante-cinq jours après, que reste-t-il de ce qui était le clou de sa visite de deux jours et demi à La Havane ? Pas grand-chose, je le crains… Les événements se déroulent maintenant si vite et tant de choses se sont passées depuis – (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Lorsque l’on tente, comme ce fut le cas récemment en France, d’obliger une femme à quitter la Burqa plutôt que de créer les conditions où elle aurait le choix, ce n’est pas une question de libération mais de déshabillage. Cela devient un acte d’humiliation et d’impérialisme culturel. Ce n’est pas une question de Burqa. C’est une question de coercition. Contraindre une femme à quitter une Burqa est autant un acte de coercition que l’obliger à la porter. Considérer le genre sous cet angle, débarrassé de tout contexte social, politique ou économique, c’est le transformer en une question d’identité, une bataille d’accessoires et de costumes. C’est ce qui a permis au gouvernement des Etats-Unis de faire appel à des groupes féministes pour servir de caution morale à l’invasion de l’Afghanistan en 2001. Sous les Talibans, les femmes afghanes étaient (et sont) dans une situation très difficile. Mais larguer des "faucheuses de marguerites" (bombes particulièrement meurtrières) n’allait pas résoudre leurs problèmes.

Arundhati Roy - Capitalism : A Ghost Story (2014), p. 37

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.