Ce 27 Mars ce tenait à Bruxelles, dans le ventre de la bête supra-nationale, la manifestation Fair Transports à l’appel du syndicat Européen des Transports l’ ETF. Nous y avons, mes camarades de la fédération CGT des cheminots et moi-même, participé en nombre. En effet les cheminots français vêtus des gilets rouges ont composé une part importante du cortège. Nous étions accompagnés de divers métiers du transport venues de plusieurs pays européens. Les dockers étaient eux aussi nombreux, mais étaient présents également routiers, salariés de l’aviation civile, des compagnies de bus etc.
Ce rassemblement bien que réussit (5 000 participants) me laisse perplexe. Le message porté par l’ETF ne reflète pas du tout les attentes de nombreux salariés des transports. Au delà de l’appel à des salaires « égaux pour tous » et à une « Europe des peuples », tout cela sonne creux et très en phase avec le syndicalisme de coopération, voir de soumission à l’Europe supra-nationale du Capital, comme on peut le trouver au sein de la CES dont fait partie l’ETF.
J’ai pu discuter de la situation avec d’autres travailleurs du rail, comme ce cheminot Anglais de la South Western Railway et membre du puissant syndicat RMT qui me dit : « c’est de la faute à l’Europe, et c’est pour ça qu’on est ici. Moi j’ai voté Brexit parce que je sais qu’au sein des statuts Européens il est impossible de renationaliser le rail comme nous le demandons. » Ils sont nombreux à comprendre les enjeux et le rôle de l’UE dans l’Union Européenne. D’autres dressent un portrait très sombre de la libéralisation tel ce contrôleur Allemand syndiqué à EVG et travaillant pour Deutsche Bahn Regio, la branche TER de l’opérateur historique allemand : « aujourd’hui dans ma région de Hambourg la DB n’a plus qu’une seule ligne de TER, tout le reste à été confié à des opérateurs privés qui sont 13% moins cher. Dans deux ans le contrat qui lie le Land et la DB se termine, ça pourrait être la fin du train public dans ma région et je serais contraint de déménager si je veux continuer à travailler pour DB, je suis très inquiet. On se bat on fait grève mais c’est pas facile. » Des cheminots Espagnols m’ont, quand à eux, confié que les réformes amorcés par le précédent gouvernement socialiste avaient un effet désastreux sur le train ibérique. Gares et guichets fermés, lignes peu rentable menacées et les droits des cheminots, notamment le droit à la retraite, sont en dangers.
Partout en Europe les cheminots et usagers sont confrontés à une dégradation du service publique ferroviaire alors que les besoins en mobilité et l’urgence écologique sont ignorés par les dirigeants nationaux et européens. Il est temps pour les cheminots de tout les pays de s’unir face au rouleau compresseur ultra-libéral de Bruxelles, ce combat, si nous voulons le réussir, nous devons le mener hors des institutions européennes que sont l’ETF et la CES.
Pour le PRCF une véritable politique du transport passe par un renforcement du rail au détriment de la route : ouverture de ligne nationale, régionales et de banlieue en nombre suffisant, à partir d’étude sur les besoins des usagers. Développement du ramassage par bus et cars pour les courtes distances dans les zones faiblement peuplée, en rabattent sur le réseau ferré qui doit constituer l’ ossature de tout le système de transport et autour duquel les activités industrielles, commerciales ou de service s’organisent. Développement réel du transport de marchandise par voie ferrée sous toutes ses formes en privilégiant le transport par voie ferrée de bout en bout, de manière à réduire de moitié le trafic des poids lourds.
Pour la Commission des Luttes du PRCF
Gaël HARMAND