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Pour rendre sa souveraineté au peuple français, la France doit sortir de l’euro, de l’UE et de l’OTAN par la voie progressiste et révolutionnaire !

Traité germano-français d’Aix-la-Chapelle, Lettre d’Emmanuel Macron aux citoyens d’Europe, réponse cinglante de la future chancelière allemande à Macron… ou comment l’impérialisme allemand humilie ouvertement son petit collaborateur élyséen. Pour rendre sa souveraineté au peuple français, construire des relations fraternelles entre peuples allemand et français et rouvrir la route du progrès social, de la démocratie et de la paix en Europe, la France doit sortir de l’euro, de l’UE et de l’OTAN par la voie progressiste et révolutionnaire !

Sitôt promu lauréat du Prix Charlemagne à Aix-la-Chapelle, le chef de l’Etat français a signé, sans le moindre débat public préparatoire, un nouveau Traité franco-allemand qui vise moins, selon ses propres termes, à renforcer l’amitié entre les deux peuples qu’à précipiter l’intégration franco-allemande. Cet effarant « traité » transformant la France en zone « frontalière » de l’Allemagne, dont la germaniste Yvonne Bollmann vient de décrire les minutieux préparatifs allemands, unilatéraux, depuis 2016 (1), crée notamment une Chambre franco-allemande des députés qui est notamment chargée de « faire converger » les deux pays sur tous les terrains, économique, culturel et institutionnel. Dans les conditions du criant déséquilibre actuel entre Allemagne et France, ce traité signifie surtout l’accélération brutale de l’alignement français sur l’« ordo-libéralisme » à l’honneur outre-Rhin. Sous couvert d’intégration européenne et de rapprochement franco-allemand, la signature du traité annonce un puissant coup d’accélérateur aux contre-réformes qu’avait déjà préparé la phrase effarante prononcée par E. Macron au Conseil européen de Bruxelles (23 mars 2018) « Les réformes entreprises en France sont ce que nombre de nos partenaires, et en particulier l’Allemagne, attendaient depuis de nombreuses années, et à juste titre ». Cela se traduit ainsi...

 sur le terrain social : par la privatisation d’EDF, de la SNCF, des aéroports, casse des retraites par répartition, des statuts publics et du Code du travail issus la Résistance ;

  sur le plan institutionnel : par la désarticulation de la République une, laïque et indivisible, et aussi par la résorption des 36 000 communes de France au profit des « métropoles » et de la régionalisation à l’allemande ;

 sur le plan militaire : par la construction d’une armée dite européenne alors que le budget militaire allemand augmente à toute vitesse...

 sur le plan culturel : par l’accélération de la casse de l’histoire, révisée sur le modèle idyllique du « Manuel d’histoire commun franco-allemand », caricature de propagande. Ce n’est toutefois pas l’allemand qui est promu par les deux oligarchies complices de Berlin et de Paris, et encore moins le français si malmené sur notre sol, mais le tout-globish du Traité transatlantique que relance actuellement le gouvernement Merkel (2).

Tout cela a été facilité et sournoisement précédé par la récente fusion des deux départements alsaciens, en violation du référendum portant sur cette question, pour former une « collectivité unique » qui s’est immédiatement proclamée tournée vers l’Axe rhénan. En remerciement de quoi la dauphine désignée de Mme Merkel et future chancelière, Annegret Kramp-Karrenbauer, dite AKK, vient d’exiger le transfert définitif du Parlement de Strasbourg à Bruxelles...

Le retour de l’« Ordre nouveau » allemand

En réalité, sous le masque défraîchi du « couple franco-allemand », dont le centre de gravité s’est définitivement décalé vers Berlin depuis l’annexion-Anschluss de la RDA (3), le démantèlement de l’URSS, la partition « démocratique » de la Tchécoslovaquie et le partage impérialiste violent de l’ex-Yougoslavie, le « partenariat » franco-allemand dissimule de moins en moins le phagocytage rapide de la France par son puissant voisin. Une servitude volontaire qu’ont formidablement renforcée la liquidation du camp socialiste européen, l’accélération de la « construction » euro-atlantique supranationale et la mise en place de l’euro, notoire prolongement, prévu depuis les années 1940, du deutsche Mark, et centré sur les besoins de la grande industrie allemande. Qui peut nier désormais que chaque étape de ladite « construction » européenne a été marquée depuis l’ère Schuman-Monnet de la Communauté européenne du charbon et de l’acier par un affaissement, voire par un écroulement du produire en France industriel et agricole, par la privatisation massive du secteur et des services publics à la française, par l’austérité sans fin imposée aux travailleurs de France, d’Allemagne et du reste de l’Europe, par l’humiliante oppression subie par les pays de l’Est et du Sud européens, tuteurés par la Troïka ou par ses succédanés.

Sans parler de l’accélération permanente de la course aux armements dans le cadre d’une future confrontation militaire avec le peuple russe qui, même placée sous la tutelle provocante de l’impérialisme étatsunien, prend de plus en plus des allures de revanche sur Stalingrad. On est loin de l’hommage rendu par le Général De Gaulle, en visite à Moscou en juin 1966, à « cette grande Russie, que j’avais vue pendant le drame de la guerre, tendue dans l’effort guerrier qui devait assurer sa victoire [contre le Reich nazi], et pour une très large part, celle de la France et de nos Alliés ». Il l’avait dit clairement à Paris le 2 décembre 1944 : « Les Français savent ce qu’a fait pour eux la Russie soviétique et ils savent que c’est elle qui a joué le rôle principal dans leur libération ». Juste avant d’aller conclure à Moscou « la belle et bonne alliance » franco-soviétique visant à empêcher dans l’avenir l’Allemagne de menacer à nouveau la paix de l’Europe et du monde.

La décomposition germano-atlantique de l’impérialisme français éclate à l’inverse dans la Lettre ouverte que M. Macron, qui se voit peut-être déjà en premier président de l’Empire européen (alias « Europe fédérale »), a adressée aux citoyens européens en court-circuitant le peuple et les députés français. A peine cette lettre condescendante et arrogante –conformément au discours jupitérien qui ridiculise notre pays à l’extérieur – était-elle parue qu’AKK a diffusé sa propre réponse traduite en plusieurs langues européennes : évidemment, elle renchérit sur la nécessité de l’intégration européenne, attendu que la construction de cet Empire (le mot est désormais froidement assumé par Bruno Le Maire (4)) serait hautement profitable à la « République de Berlin » qui la domine politiquement et économiquement de la tête et des épaules. Et cela est déjà en soi une fort mauvaise nouvelle pour tous ceux qui constatent que le retour en force du capitalisme allemand sur la scène géopolitique s’accompagne, dans toute l’Europe :

1°) d’une banalisation-réhabilitation des extrêmes droites et des néonazis (à Kiev, dans les Etats baltes, à Budapest, sans oublier Vienne et le Bundestag où siègent désormais quatre-vingt-dix députés racistes),

2°) d’une criminalisation galopante des partis communistes comme en Ukraine et en Pologne,

3°) d’une répression accrue du mouvement ouvrier et démocratique : symbole de la fausse gauche, Alexis Tsipras a soutenu le projet de l’UE d’interdire pratiquement la grève en Grèce ; en France la répression des Gilets jaunes bat de sanglants records).

Macron, nouvel avatar de la grande bourgeoisie collaboratrice

La servilité de Macron à l’égard de Merkel, comme à l’égard de son autre grand suzerain méprisant, Donald Trump, a, selon la tradition, été fort mal récompensée par le maître allemand. Comme ce fut déjà le cas dans l’entre-deux-guerres puis en 1940, où l’oligarchie française, préférant Hitler à la République et au Front populaire, avait fait clairement le choix de la défaite – de même qu’Adolphe Thiers avait préféré la défaite et les négociations avec Bismarck à la résistance nationale populaire incarnée par les Communards en 1870-1871) , chaque courbette supplémentaire de la grande bourgeoisie hexagonale déclenche une cascade de nouvelles humiliations. Ainsi, la lettre aux Européens d’AKK ne se contente-t-elle pas d’opposer une sèche fin de non-recevoir au locataire de l’Elysée sur la plupart de ses revendications européennes : pas de mutualisation des « dettes souveraines », pas de politique de relance européenne, pas de partage réel de la gouvernance de la zone euromark, pas d’amendement des traités, pas d’européanisation de la protection sociale et du salaire minimal... La probable future chancelière renchérit : elle exige de transformer le siège français au conseil de sécurité de l’ONU en siège pour l’UE ; elle réclame en prime un « porte-avion européen », excellente couverture pour les retrouvailles officielles de l’impérialisme allemand avec l’affichage d’une posture militaire géopolitiquement offensive. Bref, c’est toujours la même alternative piégée : quand l’impérialisme allemand ne peut avancer trop ouvertement sous son nom, il joue au « meilleur élève européen » (selon l’excellente formule de l’historien Pierre Guillen) et réclame « plus d’Europe ». Quand il peut, de plus en plus ouvertement et fréquemment, se passer de l’avis des vingt-cinq autres pays en général, et de celui de son vassal français en particulier, il affiche cyniquement sa volonté d’avancer seul et célèbre les vertus de l’Etat-nation : « Le fonctionnement des institutions européennes ne peut revendiquer aucune supériorité morale par rapport à la coopération entre les gouvernements nationaux. Refonder l’Europe ne se fera pas sans les Etats-nations », affirme AKK. Berlin ne vilipende ainsi que le « nationalisme » des autres Etats, quand il s’agit de briser leurs résistances à l’hégémonisme allemand....

Malgré toutes les humiliations subies et aussitôt ravalées, les gouvernements maastrichtiens qui se succèdent en France ne cessent de ramper (et comment n’en irait-il pas de même avec le RN au pouvoir, ce parti créé par des admirateurs proclamés de Vichy !). Craignant leur propre peuple jugé incurablement frondeur, ils n’ont cessé historiquement de se soumettre au grand protecteur germanique depuis que les Emigrés de Coblence ont compté sur « l’Europe » aristocratique pour anéantir la Révolution française et rétablir leurs privilèges. A partir des années 1970, avec une énergie renforcée par la haine des grévistes de mai-juin 1968, la grande bourgeoisie représentée par Giscard, puis par Mitterrand, a froidement sacrifié sa grande industrie (mines, sidérurgie, métallurgie...). C’était un des moyens de se débarrasser de la remuante classe ouvrière française qui avait fait 1936, fourni avec les FTP la majorité des effectifs de la Résistance intérieure, décisive dans la libération du pays, et animé tous les combats populaires depuis lors, Mai 1968 compris. Bien évidemment, le soulèvement calomnié et durement réprimé des Gilets jaunes ne peut qu’encourager les oligarques « français » à rallier à 100% le Modell Deutschland qu’ils admirent tant. Quel « modèle » en effet que l’« Agenda » Schröder-Hartz avalisé depuis les années 2000 par les syndicats de collaboration de classes et par la social-démocratie : cet « enfer du miracle allemand » (5) a enterré, dans des conditions de violence anti-salariés inédite depuis les années 1933-1945, les acquis ouvriers des années où la RFA capitaliste était tenue en respect par la concurrence sociale de la RDA socialiste.

Pour une France franchement insoumise : FREXIT PROGRESSISTE !

Plus que jamais, cela signifie une marche accélérée à la liquidation de la France en tant qu’Etat souverain et indépendant, doté d’une industrie, d’une agriculture exportatrice (la lettre d’AKK est menaçante à l’égard de l’ainsi-dite Politique agricole commune), d’une structure administrative héritée de 1789, d’une langue internationalement partagée, sans parler des grands acquis laïques de 1905 et des conquêtes ouvrières du Front populaire et de la Résistance. Qu’importe aux oligarques « français » cette mort programmée de la France ! Qu’importe aussi à la fausse gauche, à l’extrême gauche bobo et aux états-majors syndicaux euro-formatés qui refusent d’affronter l’UE et qui répandent le mensonge éculé de l’«  Europe sociale, démocratique et pacifique ». Une UE sous condominium de Bruxelles, de Berlin, de Washington et de l’OTAN, qui ne promet plus que des contre-réformes, qui promeut le « dialogue institutionnel avec les Eglises », qui coopère sans pudeur avec des gouvernements nationaux fascisants et qui prépare la guerre antirusse dans le cadre d’une armée européenne arrimée à l’OTAN...

Raison de plus pour les militants franchement communistes et franchement progressistes de France, mais aussi pour tous les véritables patriotes antifascistes, de dénoncer sans complexe l’écrasante et arrogante Europe allemande, comme le firent successivement Jacques Duclos et Georges Marchais. Raison de plus pour tendre une main fraternelle aux communistes et aux progressistes allemands, pour défendre l’enseignement de l’allemand et des autres langues dans notre pays, pour promouvoir l’Europe des luttes. Et surtout, pour réclamer sans circonlocution que la France sorte de l’euro, cette austérité continentale faite monnaie, de l’UE, cette prison des peuples, de l’OTAN, cette machine à attirer la guerre sur le sol européen, dans la perspective de sortir du capitalisme et de construire le socialisme dans notre pays. Haut et fort, il nous faut aujourd’hui associer de nouveau le drapeau tricolore au drapeau rouge, la Marseillaise à l’Internationale et reprendre le mot d’ordre central du programme « Les jours heureux » bâti par le CNR, qui y appelait à «  mettre le monde du travail au centre de la vie nationale » en faisant de la classe ouvrière et de ses luttes la championne de l’indépendance française. A l’heure où l’oligarchie strangule notre pays, c’est la meilleure stratégie possible pour isoler le grand capital, forger le rassemblement populaire majoritaire et construire les conditions de masse de la révolution socialiste !

Georges Gastaud, philosophe, auteur de Marxisme et universalisme (Delga),
Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Paris VII Denis Diderot,
Fadi Kassem, professeur agrégé d’histoire,
militants du Pôle de Renaissance Communiste en France

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(1) Yvonne Bollmann vient d’en décrire les minutieux préparatifs allemands, unilatéraux, depuis 2016, dans une « tribune libre », « Traité d’Aix-la-Chapelle : de quel droit ? », 12 mars 2019) et son lien (https://www.xn--lecanardrpublicain-jwb.net/spip.php?auteur22 ).

(2) Au point de déclencher la colère de l’ambassadeur de France auprès de l’UE, Philippe Déglise-Costa, en avril 2018 : https://www.nouvelobs.com/politique/20180426.OBS5780/agace-par-le-tout-anglais-l-ambassadeur-francais-quitte-une-reunion-de-l-ue.html

(3) L’ouvrage de Vladimiro Giacché, Le Second Anschluss. L’annexion de la RDA (L’unification de l’Allemagne et l’avenir de l’Europe), Paris, Delga, 2015, mérite d’être connu des Français.

(4) Le 9 novembre 2018, le ministre de l’Economie a publié sur Tweeter : « L’Europe doit s’affirmer comme un empire paisible dans les 25 années qui viennent. », position réaffirmée dans la presse allemande. Voir les liens suivants : https://twitter.com/BrunoLeMaire/status/1060812167182761984 et https://www.handelsblatt.com/politik/international/europapolitik-frankreichs-finanzminister-macht-druck-auf-berlin-europa-muss-ein-empire-werden/23600498.html?ticket=ST-393268-SEgfVK9zivFfJhsWJNpI-ap2

(5) Olivier Cyran, Le Monde diplomatique,‎ 1er septembre 2017, et bibliographie https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9formes_Hartz

»» https://www.initiative-communiste.f...
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RÉSISTANCES AU TRAVAIL
BOUQUIN, Stephen
Stephen Bouquin (coordination) Louis-Marie Barnier, José Calderón, Pascal Depoorter, Isabelle Farcy, Djordje Kuzmanovic, Emmanuelle Lada, Thomas Rothé, Mélanie Roussel, Bruno Scacciatelli, Paul Stewart Rares sont les romans, même de science-fiction, fondés sur l’invraisemblance. Il en est de même avec les enquêtes en sciences sociales. Il existe néanmoins des vraisemblances négligées. Les résistances au travail en font partie. Le management contemporain a beau exalter l’individualisme, (…)
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Croire que la révolution sociale soit concevable... sans explosions révolutionnaires d’une partie de la petite bourgeoisie avec tous ses préjugés, sans mouvement des masses prolétariennes et semi-prolétariennes politiquement inconscientes contre le joug seigneurial, clérical, monarchique, national, etc., c’est répudier la révolution sociale. C’est s’imaginer qu’une armée prendra position en un lieu donné et dira "Nous sommes pour le socialisme", et qu’une autre, en un autre lieu, dira "Nous sommes pour l’impérialisme", et que ce sera alors la révolution sociale !

Quiconque attend une révolution sociale “pure” ne vivra jamais assez longtemps pour la voir. Il n’est qu’un révolutionnaire en paroles qui ne comprend rien à ce qu’est une véritable révolution.

Lénine
dans "Bilan d’une discussion sur le droit des nations", 1916,
Oeuvres tome 22

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