RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

La guerre psychologique contre Julian Assange (1ère partie) : Quel rapport avec la torture ? (New Matilda)

IMAGE : DJANDYW.COM, Flickr

Dans la première partie d’une série d’enquêtes pour New Matilda, la psychologue clinicienne Lissa Johnson expose la ’science’ derrière la chasse à Julian Assange et les tactiques utilisées par ceux qui sont au pouvoir pour vous tenir à l’écart.

Le mois prochain, des rassemblements auront lieu à Sydney et Melbourne pour défendre Julian Assange. Les manifestants demanderont au gouvernement australien de respecter ses obligations envers ses citoyens et d’obtenir la liberté d’Assange, dont l’état de santé se détériore en cette neuvième année d’une détention déclarée comme arbitraire par l’ONU.

M. Assange risque l’extradition vers les États-Unis et des accusations secrètes pour ses activités de publication s’il sort de l’ambassade de l’Équateur à Londres. Cette persécution transfrontalière et extraterritoriale menace non seulement la santé d’Assange, et peut-être même sa vie selon une récente déclaration de l’ONU, mais pose également de graves risques juridiques pour le journalisme et la dissidence.

Parmi les orateurs du rassemblement à Sydney, le célèbre journaliste et réalisateur de films John Pilger s’adressera aux manifestants dans l’amphithéâtre de Martin Place, le dimanche 3 mars, à partir de 14 heures. Le rassemblement de Melbourne aura lieu au State Library, le dimanche 10 mars, à partir de 13h.

Les rassemblements en Australie font partie d’une mobilisation internationale croissante d’organisations et d’individus qui sonnent l’alarme de plus en plus pressante sur le sort de Julian Assange et ses implications pour la liberté d’expression et les droits démocratiques.

À la fin de l’année dernière, alors que des accusations secrètes portées par les États-Unis contre Julian Assange ont fait surface et que la menace de son extradition imminente vers les États-Unis se profilait, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire (UNWGAD) a fait une déclaration ferme au gouvernement britannique, ayant déjà statué à deux reprises qu’Assange était détenu arbitrairement à l’ambassade de l’Equateur à Londres.

Dans sa déclaration, l’UNWGAD a exigé que le Royaume-Uni respecte ses obligations légales ’contraignantes’ et garantisse ’immédiatement’ la liberté de Julian Assange. L’ONU a rappelé au gouvernement britannique que « le droit des traités relatifs aux droits de l’homme est un droit contraignant et non un droit discrétionnaire. Il ne s’agit pas d’une fantaisie passagère. »

Les mêmes craintes ont incité 33 parlementaires de l’UE à écrire une lettre au Premier ministre britannique, au Président équatorien et au Secrétaire général des Nations Unies, le 10 décembre dernier, condamnant fermement les ’très graves et flagrantes violations des droits de l’homme au cœur de l’Europe’. Ils ont appelé à la ’libération immédiate d’Assange, ainsi qu’à son passage en toute sécurité vers un pays sûr’.

Deux députées allemandes se sont ensuite rendues à l’ambassade d’Equateur le 20 décembre pour dénoncer la violation des ’droits fondamentaux’ d’Assange et ont exprimé leur ’exigence que cette affaire soit résolue : qu’aucun éditeur, aucun rédacteur, aucun journaliste ne soit détenu pour avoir publié la vérité’.

Les déclarations des politiciens et de l’ONU se sont ajoutées aux condamnations antérieures de la persécution d’Assange par Human Rights Watch, Amnesty International, l’American Civil Liberties Union, le Committee to Protect Journalists, et un ancien avocat principal du HCR et expert de l’ONU pour la promotion de l’ordre international.

Toutes ces grandes autorités juridiques et des droits de l’homme ont fait valoir essentiellement le même point fondamental : Julian Assange est persécuté pour avoir publié la vérité dans l’intérêt public, mettant en danger le journalisme d’intérêt public lui-même, ainsi que la liberté d’expression et d’autres principes démocratiques et des droits humains.

C’est le même point fondamental soulevé par plusieurs orateurs lors d’un précédent rassemblement australien pour libérer Julian Assange, qui s’est tenu à Sydney en juin dernier. John Pilger a également pris la parole lors de ce rassemblement.

L’important discours de Pilger en 2018, à l’instar du rassembkement lui-même, a toutefois fait l’objet d’un black-out quasi-total, sinon total, de la part des médias grand public. Donc si vous l’avez raté, c’est peut-être pour ça. Et si vous n’avez pas suivi depuis le début la guerre livrée par les Etats-Unis contre Wikileaks, comme c’était mon cas il y a encore un an, le discours de Pilger est un bon moyen pour rattraper votre retard.
 
Une bonne journée de travail

Sur les marches de l’hôtel de ville de Sydney, John Pilger a déclaré : ’Je connais bien Julian. Je le considère comme un ami proche : une personne d’une résistance et d’un courage extraordinaires. J’ai vu un tsunami de mensonges et de calomnies l’engloutir, sans fin, avec vindicte, perfidie, et je sais pourquoi ils le calomnient.

’En 2008, un plan de destruction de Wikileaks et de Julian futé présenté dans un document secret daté du 8 mars 2008. Le document est rédigé par le Cyber Counter-intelligence Assessment Branch du Département de la Défense des États-Unis.’

La Cyber Counter-intelligence Assessment Branch du Département de la Défense des États-Unis ? Qu’est-ce donc ? Quelque chose en relation avec la CIA ? Cette même CIA qui s’est récemment positionnée ouvertement à la tête de la mission américaine pour ’faire tomber’ Wikileaks ?

La branche du renseignement du Département de la défense (DoD) des États-Unis est connue sous le nom de Defense Intelligence Agency, ou DIA. La DIA diffère de la CIA, selon le site Web du DoD, en ce sens que la CIA fournit des renseignements au Président et à son cabinet, tandis que la DIA fournit des renseignements aux ’missions de combat’.

En d’autres termes, dès 2008, il semble que le DoD ait engagé son appareil de renseignement dans une sorte de ’mission de combat’ contre Wikileaks et Julian Assange.

Quel genre de mission de combat ?

Pilger explique : ’Ils décrivent en détail combien il était important de détruire, je cite, ’le sentiment de confiance qui est le centre de gravité de Wikileaks’. Cela se fera, écrivent-ils, avec des menaces d’exposition et des poursuites criminelles et une attaque implacable contre sa réputation.’

Une attaque implacable contre sa réputation ? Comme la longue et implacable attaque contre la réputation de Julian Assange dans The Guardian et d’autres publications grand public, par exemple ? Un assaut accompagné d’articles récents inventés de toutes pièces, apparemment en collaboration avec un agent politique aligné avec les Etats-Unis et ayant des antécédents connus de falsification ? Alors que les médias financés par le gouvernement, comme Integrity Initiative, ont travaillé en coulisses pour salir à la fois Julian Assange et Jeremy Corbyn dans les médias sociaux ?

Ce genre d’attaque implacable ?

Mais quel genre d’opération militaire viserait quelque chose d’aussi profondément psychologique que la confiance ? Quelque chose qu’on appellerait une opération psychologique ? Mais est-ce que les ’psyops’ existent réellement ? Si oui, est-ce que DIA en réalise ?

« Oui » semble être la réponse courte, d’après ce document de 125 pages sur les PSYOPS militaires rédigé par les chefs d’état-major interarmées (JCOS). Le JCOS définit les opérations psychologiques comme des ’opérations planifiées... pour influencer les émotions, les motivations, le raisonnement objectif, et finalement le comportement ’ des publics ciblés.

Comme détruire la confiance en un éditeur, par exemple.

Qui pourrait-être engagé par le DoD pour influencer les émotions, les motivations, le raisonnement et le comportement de ses cibles ? Des psychologues ? Ce serait logique, étant donné que les opérations psychologiques sont psychologiques. Après tout, influencer les émotions, le raisonnement et le comportement fait partie de notre domaine d’expertise.

Il serait toutefois troublant de penser que des psychologues auraient pu aider et participer à la détention, déclarée arbitraire par l’ONU, d’un journaliste pour ses publications. Sans parler de contribuer à sa torture, telle que définie par l’ONU, par un isolement effectif depuis le mois de mars de l’année dernière, sans accès à des soins médicaux adéquats, ce qui pourrait mettre sa vie en danger selon l’UNWGAD.

Le fait que les organismes traitant de psychologie soient restés silencieux sur cette affaire, plutôt que d’adopter une position logique aux côtés des principales organisations de défense des droits de l’homme, est déjà assez troublant. Mais n’ayez crainte. Une discussion amicale sur le site Web de l’American Psychological Association (APA) révèle qu’en réalité, les psychologues de la CIA diffèrent peu de leurs collègues civils. Ils fournissent des soins de santé mentale, des services d’évaluation et de dépistage au personnel du renseignement qui fait face à des tâches difficiles et exigeantes.

Rien à dire. L’espionnage doit être stressant. Les agents de la CIA auraient autant besoin d’une thérapie que n’importe qui.

Mais il y a d’autres tâches plus intrigantes pour les psychologues de la CIA. Selon la section offres d’empoi du site de la CIA, l’agence recherche également des psychologues titulaires d’un doctorat qui peuvent conseiller sur ’l’application pratique des connaissances et expériences professionnelles à des situations réelles et passionnantes’.

Des situations réelles et passionnantes ? Comme quoi, par exemple ?

Si on en croit une vidéo de recrutement de la CIA publiée sur Youtube l’année dernière, le monde est à votre portée. Une jeune psychologue séduisante décrit les ’postes passionnants’ qu’occupent les psychologues à la CIA, y compris les ’évaluations psychologiques des dirigeants étrangers’, la collecte de ’renseignements étrangers critiques pour le Président et les hauts responsables politiques’ et la collecte et la diffusion clandestines de renseignements, qui implique ’le travail le plus sensible que le pays puisse accomplir ’.

Cool.

Même le fil Twitter de la CIA interpelle : ’Si vous avez une formation en psychologie, il y a plusieurs opportunités de carrière gratifiantes pour vous à CIA !’

Point d’exclamation ! #NousSommesPsyops !

Toutefois, ni le fil Twitter, ni la vidéo promotionnelle, ni le site Web de la CIA n’offrent d’exemples concrets de situations concrètes, gratifiantes, excitantes, délicates et clandestines qui attendent les psychologues de la CIA dans le monde réel. C’est probablement confidentiel. La destruction de la confiance en Wikileaks, malheureusement, n’est pas mentionnée.

Cependant, grâce au dénonciateur de la CIA John Kiriakou et à un résumé de 499 pages d’un rapport de 6 700 pages de la Commission sénatoriale du renseignement (SIC), nous savons qu’au moins un cas de la CIA nécessitant une expertise psychologique impliquait la torture.

Comme tout le monde le sait maintenant, de 2002 à 2009, dans le cadre extrajudiciaire de la lutte contre le terrorisme lancé par George W. Bush, des personnes considérées comme une menace terroriste ont été appréhendées et torturées dans un certain nombre de « sites noirs » secrets à travers le monde.

Deux psychologues agréés de l’APA, Jim Mitchell et Bruce Jessen, furent engagés par la CIA pour concevoir, superviser et mettre en œuvre le programme de torture sur ces sites.

Jim Mitchell, psychologue contractuel de la CIA et l’un des architectes du programme " techniques d’interrogatoire améliorées ", le système de torture de la CIA. (IMAGE : Vice News clip)

Les cibles du programme étaient enlevées sen violation de la loi, souvent sur la base d’informations fabriquées de toutes pièces et provenant d’une seule source selon la SIC (c-à-d. des sources douteuses), et détenues indéfiniment sans procès. Certaines sont toujours détenues à ce jour, n’ayant jamais été inculpées ou jugées. Pour quoi que ce soit. Rien.

Tout comme Julian Assange est toujours détenu arbitrairement aujourd’hui, et qui n’a jamais été inculpé de quoi que ce soit. Rien.

Sous la direction de psychologues, les victimes du programme de torture ont souffert d’une ’dépravation porno-sadique’ qui était ’atroce au-delà de toute imagination’.

Pourquoi ? Peut-être pour obtenir des informations importantes sur les menaces terroristes après le 11 septembre ? Des mesures exceptionnelles en période de crise ?

Sauf qu’à l’époque, la CIA savait depuis les années 1980 que la torture ’ne fournit pas de renseignements’. Ce qu’elle fournit, ce sont de fausses informations. Ce qui est toujours bon à prendre, comme ce fut le cas.

Selon d’anciens hauts responsables, c’est un faux aveux obtenu sous la torture qui ont joué un rôle central dans le fameux discours de Colin Powell à l’ONU, qui insistait pour la guerre en Irak, à l’insu de Powell l’époque. Le directeur de la CIA George Tenet et le MI6, cependant, avaient apparemment une idée sur la question.

Alors, avec une guerre contre le terrorisme à mener et de faux aveux à extorquer, les psychologues Mitchell et Jessen se sont mis au travail pour concevoir un programme de torture.

En plus des formes traditionnelles de brutalité étatique telles que frapper la tête des gens contre les murs et de les pendre nus, la créativité psychologique combinée du couple a donné naissance à des innovations telles que : l’alimentation forcée par le rectum des victimes avec du houmous, des pâtes et des noix ; l’agression sexuelle avec des manches à balais ; l’emprisonnement dans des boîtes remplies d’insectes ; la menace de faire du mal à leurs enfants ou d’égorger leur mère, ou les faire assister au viol de leur mère.

Afin d’accroître la sensibilité des victimes à la détresse, les sujets étaient souvent d’abord soumis à des séances sauvages de privation de sommeil, jusqu’à plusieurs jours d’affilée.

Au moins 26 des victimes du programme ont finalement été jugées innocentes. Un homme, appréhendé dans un cas d’erreur d’identité, arraché à sa femme et à ses quatre enfants alors qu’il se rendait à un examen médical, est mort. Bon nombre d’entre eux ont subi des blessures durables telles que des prolapsus intestinaux, des lésions cérébrales et des convulsions. Tous ont été psychologiquement décimés, comme prévu.

Au sujet de l’état d’un survivant, l’experte en matière de torture et professeure agrégée, Sandra Crosby, a déclaré : ’Au cours de mes nombreuses années d’expérience dans le traitement des victimes de la torture dans le monde entier, M. Al-Nashiri est l’une des personnes les plus gravement traumatisées que j’aie jamais vues ’.

Derrière des portes closes

Quel rapport avec Wikileaks et Julian Assange ? Des petites choses. Premièrement, c’est un exemple de la psychologie concrète, clandestine et réelle de la CIA employée contre les ’terroristes’ et les ennemis de l’État, comme Julian Assange et Wikileaks ont été qualifiés.

Deuxièmement, il illustre le genre d’activités que même les autorités les plus réputées, respectées et dignes de confiance, comme l’American Psychological Association, peuvent entreprendre en l’absence de transparence et de supervision publique, comme celle de Wikileaks.

Troisièmement, il s’agit d’une étude de cas sur les secrets d’État, des secrets que l’on nous dit doivent être protégés en sacrifiant nos libertés, y compris la liberté d’expression représentée par Wikileaks.

Quatrièmement, il s’agit d’une mise en garde concernant le modus operandi de la CIA, qui s’est récemment ouvertement manifesté dans le cadre de la mission US pour faire tomber Wikileaks et Julian Assange.

Cinquièmement, c’est un exemple de l’importance de la dénonciation et de ce qui arrive aux dénonciateurs qui ne sont pas protégés par une organisation telle que Wikileaks.

Le labyrinthe de cruauté physique et mentale des psychologues Mitchell et Jessen fut révélé après le passage à la télévision de l’ancien agent de la CIA, John Kiriakou, en 2007, où il a contredit le président George W. Bush. En réponse à des rapports émanant d’organisations de défense des droits de l’homme, Bush avait nié l’existence d’un programme de torture.

L’ancien président américain George W Bush déclare " victoire " dans la guerre illégale contre l’Irak. (IMAGE : Peter Stevens, Flickr).

« Ce gouvernement ne torture pas », déclara Bush. « Nous respectons la loi américaine et nos obligations internationales. »

« Je savais qu’il mentait », se souvient Kiriakou.

Lors d’une entrevue télévisée qui a suivi avec Brian Ross de ABC, John Kiriakou a expliqué que le waterboarding [simulation de noyade] était effectivement une politique de la CIA. ’Dans cette interview, j’ai essentiellement traité le président des États-Unis de menteur ’, explique Kiriakou. ’Je suis devenu le premier officier de la CIA, ancien ou actuel, à confirmer que nous torturions des prisonniers et que la torture était notre politique.’

Suite aux révélations de Kiriakou, la commission sénatoriale des renseignements a lancé une enquête exhaustive, qui a culminé dans le rapport détaillé de 2014, qui ne laisse ’ aucun doute ’, écrit World Socialist Website, ’ que des agents de la CIA, en étroite collaboration avec des psychologues agréés, ont commis des tortures, des meurtres et des crimes de guerre ’.

Un rapport ultérieur de 2015 commandé par le conseil d’administration de l’American Psychological Association a révélé que ’ l’APA s’est entendue en secret avec la CIA et le Département de la Défense (DoD) pour appliquer le programme de torture ’.

Pour cacher ses perversions en matière de sécurité nationale, ’la CIA a fourni à plusieurs reprises des renseignements inexacts au ministère de la Justice (DoJ), empêchant une analyse juridique adéquate du programme de détention et d’interrogatoire de la CIA’, écrit le SIC. En d’autres termes, ils ont menti pour se couvrir. Pourquoi pas ? C’est la CIA. Agir en secret et clandestinement, c’est leur truc. De plus, comment faire autrement si on veut garder des secrets d’Etat ?

Bien que les secrets de la CIA aient été dévoilés au grand jour dans ce cas précis, et bien que la CIA et l’APA aient été prises en flagrant délit dans des « sites noirs » clandestins et sadiques, c’est John Kiriakou - le dénonciateur - qui est allé en prison. Les auteurs, en revanche, étaient libres.

En conséquence, d’autres dénonciateurs potentiels sont susceptibles d’y réfléchir à deux fois avant de suivre les traces de Kiriakou et d’exposer toute activité psychologique néfaste à la CIA. Ce qui signifie que ceux d’entre nous qui sont à l’extérieur ne peuvent que spéculer sur ce que d’autres psychologues de la CIA pourraient faire derrière des portes closes.

Étant moi-même psychologue et titulaire d’un doctorat dans un domaine pertinent, je suis prête à me lancer dans une supposition.

Une situation contemporaine du monde réel qui porte les marques d’un arsenal de connaissances psychologiques est la guerre psychologique qui dure depuis une décennie contre les principaux protecteurs des dénonciateurs de notre époque : Wikileaks et Julian Assange.

La confiance, la vulnérabilité et la Cyber Counter-intelligence Assessment Branch du Département de la défense des États-Unis

Lors du rassemblement de Sydney de l’an dernier pour libérer Julian Assange, John Pilger a déclaré à propos de l’offensive Cyber Counter-intelligence de 2008 contre Wikileaks : ’C’était comme s’ils avaient planifié une guerre contre un seul être humain, et contre le principe même de liberté d’expression. Leur arme principale sera la calomnie. Leurs troupes de choc seront enrôlées dans les médias.’

Si cela semble tiré par les cheveux, il vaut la peine de prendre un moment pour retracer brièvement l’histoire des opérations psychologiques des services de renseignement US.

Si l’on remonte à l’époque de la création de la CIA, la psychologie et les opérations psychologiques semblent avoir été intégrées dans l’ADN du renseignement américain. Dès 1954, alors que la CIA n’avait que sept ans, le président Eisenhower a commandé un examen, appelé le rapport Doolittle, pour évaluer l’état de l’agence et donner des orientations pour l’avenir. Le rapport concluait que la CIA devait devenir ’une organisation psychologique, politique et paramilitaire agressive et secrète... plus impitoyable que celle employée par l’ennemi’.

Une organisation psychologique, politique et paramilitaire agressive et secrète. Dans cet ordre là.

Dans les années 1980, les opérations psychologiques étaient bien connues pour être utilisées contre les populations étrangères en temps de guerre. Cependant, sous Ronald Regan, leur utilisation fut bureaucratisée et étendue pour cibler également les populations nationales, en temps de guerre comme en temps de paix. Pour faciliter cette tâche, l’administration de Reagan a mis sur pied un Comité des opérations psychologiques (POC) inter-agences, dont l’objectif était de créer une ’stratégie cohérente et mondiale d’opérations psychologiques’, utilisant les psychops comme ’système d’armes’, tant à domicile qu’à l’étranger, en temps de paix comme en temps de guerre.

En 1996, selon une thèse soumise au Collège de guerre navale sous la direction du président des opérations militaires interarmées, l’armée américaine comptait à elle seule 24 équipes psyops, dont certaines ont développé des unités appelées ’bataillons de diffusion des médias’. La thèse de 1996 plaidait, entre autres, en faveur d’une utilisation accrue des psychops dans les ’opérations militaires autres que la guerre’ (MOOTW), y compris un rôle accru comme ’outil politique et d’intérieur’.

Sept ans plus tard, en 2003, le JCOS écrivait que les opérations psychologiques constituaient alors ’une partie vitale du large éventail des activités diplomatiques, de renseignement, militaires et économiques des Etats-Unis’.

Il n’est donc pas étonnant que, en 2017, un journal de l’Université d’État de Sonoma ait rapporté que plus de 80 % du contenu des médias grand public émanait d’entreprises de propagande et de relations publiques, dont les principaux clients sont le Pentagone et l’armée américaine. Ce qui donna naissance à ce que les auteurs appellent un ’complexe militaro-industriel-médiatique’.

Dans un chapitre d’un livre de 2018, Piers Robinson, titulaire de la Chaire en politique, société et journalisme politique à l’Université de Sheffield ajoute que ’la production de propagande implique plus que des ’spin doctors’ et des spécialistes en relations publiques du gouvernement et des entreprises, elle implique également diverses entités, notamment des groupes de réflexion, des ONG et même des universitaires. Elle implique également des acteurs de ce qu’on appelle l’’État profond’, y compris les services de renseignement’.

Tout bien considéré, il semble qu’il y ait beaucoup de travail pour les psychologues désireux de se salir les mains dans un ou deux psychops du renseignement militaire. Pas étonnant que la CIA continue à passer des offres d’emploi pour des psychologues.

C’est une des raisons, mais pas la seule, de spéculer sur le recours à la psychologie dans l’offensive contre Julian Assange et Wikileaks qui dure depuis une décennie. La principale raison pour laquelle je me hasarde à faire une telle supposition, cependant, est que mon propre doctorat portait sur les processus psychologiques par lesquels une personne influence les croyances d’une autre personne au sujet de la réalité.

Le fondateur de Wikileaks, Julian Assange. (IMAGE : New Media Days/Peter Erichsen, Flickr)

Par conséquent, je connais la vaste littérature en psychologie sur les mécanismes de perception de la réalité chez les êtres humains, ses vulnérabilités et les façons dont ces vulnérabilités peuvent être exploitées et manipulées.

Fidèle au modus operandi du contre-espionnage qui, selon le site Internet de la CIA, cherche à ’tirer parti’ des ’vulnérabilités’ de l’adversaire, chaque vulnérabilité majeure du système de traitement de la réalité humaine a été exploitée pour salir Julian Assange et Wikileaks depuis que le DoD a lancé sa guerre contre l’éditeur, et contre le principe de la liberté d’expression, en 2008.

Dans ce cas, l’adversaire dans la ligne de mire n’a pas seulement été Julian Assange et Wikileaks, mais les populations mondiales que Wikileaks cherche à informer. Ce sont nos propres vulnérabilités - les vulnérabilités dans les systèmes d’information de tous les êtres humains - qui ont été exploitées afin de saper et de discréditer Wikileaks.

Et même si nous ne saurons probablement jamais si la guerre contre Wikileaks a eu un duo ’Mitchell et Jessen’ à l’oeuvre dans les coulisses, le domaine de la psychologie a certainement beaucoup à offrir dans une campagne de diffamation comme celle menée contre Julian Assange en 2008. En fait, la Direction du contre-espionnage aurait eu besoin de toute l’aide psychologique qu’elle pouvait obtenir à l’époque.

C’est un défi de taille, sur le plan psychologique, que de renverser la tendance de l’opinion mondiale contre une organisation qui se targue d’avoir la ’confiance’ comme ’centre de gravité’. La tâche devient encore plus délicate lorsque cette organisation est connue pour sa scrupuleuse honnêteté, n’ayant jamais publié autre chose que la vérité. La vérité, en outre, qui a révélé la criminalité meurtrière, les mensonges et la corruption des personnes et des institutions mêmes qui cherchent à promouvoir ces calomnies.

Ce qu’il faut dans une telle situation, c’est renverser la réalité. La tâche psychologique fondamentale est de rendre la vérité suspecte et le mensonge rassurant, les criminels de guerre vertueux et leurs détracteurs corrompus, le pacifisme menaçant et la violence réconfortante, l’abus de pouvoir juste et la résistance condamnable, la torture pardonnable et sa dénonciation un crime, la censure un bastion de la démocratie et la liberté d’expression une menace à surmonter. Comme George Orwell l’avait en grande partie prédit.

Poursuivre les dénonciateurs, poursuivre le journalisme

Pour justifier la guerre psychologique contre Wikileaks, les pouvoirs américains ont qualifié Wikileaks et Assange de ’terroristes’ ’anti-américains’, de ’service de renseignement non étatique hostile’ et de ’combattants ennemis’. Fort de ces insultes indéfendables, Julian Assange risque maintenant l’extradition imminente vers les États-Unis pour faire face à des accusations secrètes, très probablement pour les révélations de 2010 dénonçant des crimes de guerre américains en Irak et en Afghanistan.

Malgré la rhétorique hystérique des Etats-Unis qui rationalise cette persécution extraterritoriale, en 2017 un tribunal britannique a statué sur la véritable nature de Wikileaks : une organisation médiatique.

C’est d’ailleurs une organisation médiatique qui est le principal mécanisme mondial pour les fuites anonymes, d’intérêt public, ou dénonciations. Et la dénonciation anonyme, selon de nombreux experts et autorités, est non seulement au cœur du vrai journalisme, mais aussi au cœur de la démocratie.

Pourquoi anonyme ? Pourquoi Wikileaks doit-il protéger ses sources avec autant d’acharnement, faisant en sorte que Wikileaks ressemble un peu, du moins superficiellement, aux agences d’espionnage qui le poursuivent ? Pourquoi tout ce cryptage, cette protection de l’identité et tout ça ?

Une dénonciation efficace, comme celle de John Kiriakou, exige généralement de la publicité et l’attention des médias pour obtenir des changements, explique Brian Martin, professeur émérite en sciences sociales. Selon M. Martin, les dénonciations privées et peu médiatisées, telles que les plaintes par les voies officielles, n’aboutissent à rien et/ou se retournent contre le dénonciateur.

Toutefois, comme l’illustre le cas de John Kiriakou, le prix à payer pour une telle dénonciation publique est que le dénonciateur risque des représailles, avec ou sans une législation sur la protection des dénonciateurs.

Lanceur d’alerte de la CIA, John Kiriakou. (IMAGE : Real News capture d’écran)

La réalité de la dénonciation, selon le professeur Martin, est que la législation conçue pour protéger les dénonciateurs est, dans la pratique, ’inutile ou nuisible’. En conséquence, la ’dénonciation anonyme’, par exemple via Wikileaks, remplit une fonction démocratique essentielle en ce sens qu’elle offre à l’intérêt public les avantages de la dénonciation publique, par exemple en dénonçant la torture, tout en offrant ’le grand avantage d’échapper aux représailles’.

Wikileaks, par exemple, a publié toutes sortes de corruptions, fraudes et abus tout en protégeant les sources, y compris sur le TPP, les trafics de voix entre l’Arabie saoudite et le Royaume-Uni lors de votes à l’ONU, l’espionnage par la NSA des dirigeants mondiaux, le soutien américain à la guerre génocidaire au Yémen, les actes de torture commis à Guantanamo, les abus internationaux et environnementaux des compagnies pétrolières et minières, une multitude de sujets sur le nucléaire, le viol et le pillage de Haïti, sans parler de la goutte qui a fait déborder le vase : Vault 7 - le cyber-outil de la CIA pour nous espionner. Grâce à nos téléviseurs intelligents. Même lorsqu’ils sont éteints.

(Hilary Clinton pourrait croire le contraire, mais là n’est pas le sujet).

Comme l’a écrit le PDG de la Media Entertainment and Arts Alliance (MEAA) dans un rapport de 2015 intitulé Going After Whistleblowers, Going After Journalism, ’Si l’identité des dénonciateurs peut être révélée, cela a un effet dissuasif sur le journalisme d’intérêt public... Le journalisme d’intérêt public repose sur les dénonciateurs, les sources confidentielles qui fournissent des informations cruciales aux journalistes.’ Sans eux, ’tout le monde est perdant’, dit le rapport, et le pouvoir, incontrôlé, s’en tire avec tout et même le pire.

Ne regardez pas en arrière

Le gouvernement US définit la dénonciation comme la révélation de ’gaspillages, fraudes et abus’. Après que John Kiriakou eut dénoncé le programme de torture de la CIA en 2007, le programme fut interrompu en 2009. Telle est l’utilité d’une dénonciation réussie.

Selon Wikileaks, ’la transparence dans les activités gouvernementales conduit à une réduction de la corruption, à de meilleurs gouvernements et des démocraties plus fortes’.

L’Australian Human Rights Law Centre a fait une remarque similaire dans un document de 2016 intitulé Safeguarding Democracy. Dans ce document on peut lire : ’Pour que notre démocratie prospère, nous avons besoin de la liberté d’expression, de la libre circulation de l’information et d’une presse libre pour tenir le gouvernement responsable... Nous avons besoin d’institutions, d’organisations et de pratiques pour prévenir et dénoncer les comportements répréhensibles et les abus de pouvoir... ce ne sont pas seulement nos droits humains, mais ce sont aussi des conditions préalables essentielles à la santé et à la prospérité de notre démocratie.’

Le Centre prévient toutefois qu’’il existe une tendance claire et inquiétante de nouvelles lois et pratiques qui érodent nombre de ces fondements’, y compris des autorités qui répondent ’aux dénonciateurs par des représailles de plus en plus agressives’.

Pour son rôle dans la défense de la démocratie US, par exemple, John Kiriakou note que ’la CIA ne m’a jamais pardonné’.

Suite à son entretien à ABC confirmant l’utilisation de la torture par l’administration Bush, Kiriakou fut pris pour cible par la CIA pendant plusieurs années et envoyé en prison en 2013, où il a purgé 23 mois d’une peine de deux ans et demi. Cela en dépit de la législation US sur la protection des dénonciateurs qui interdit les représailles contre les dénonciateurs.

Kiriakou a également été contraint de dépenser plus d’un million de dollars de son propre argent pour se défendre contre la peine de 45 ans de prison demandée par la CIA.

’Je vais devoir travailler jusqu’à ma mort’, s’est-il récemment confié. ’Je n’ai pas le choix.’

En revanche, les deux psychologues qui ont conçu le programme de torture de la CIA, Jim Mitchell et Bruce Jessen, s’en sont tirés à bon compte.

Bien que quelques têtes soient tombées à l’APA en réponse aux pressions des groupes membres, et que la politique de l’APA ait été révisée, aucun des auteurs de torture n’a subi de répercussions pénales. Au lieu de cela, la société d’experts-conseils de Mitchell et Jessen a reçu plus de 81 millions de dollars en paiements de la CIA.

En retour, selon le rapport du SIC, leur programme n’avait obtenu aucun ’renseignement précis’. Rien.

Comme on pouvait s’y attendre, les psychologues n’ont obtenu que ’des informations inventées de toutes pièces sur des questions de renseignement cruciales, y compris les menaces terroristes que la CIA a identifié comme sa plus grande priorité’. Bref, de fausses informations. Comme il fallait s’y attendre.

Gaspillage. Fraude. Abus.

La CIA a également réglé une somme non divulguée de frais juridiques du duo, et aussi une indemnisation financière à la famille de l’homme que leur programme avait tué. Les psychologues sont sortis libres.

Assez libres, en l’occurrence, pour passer à la télévision en 2018 pour défendre la torture et soutenir leur collègue Gina Haspel, directrice de la CIA.

Alors qu’elle était cheffe de base sur un site noir en Thaïlande, Haspel avait supervisé la mise en œuvre sordide du programme de torture concocté par Mitchell et Jessen. Elle a également rédigé par la suite un câble ordonnant la destruction de 92 bandes vidéo compromettantes.

Sa punition ? Une promotion à la tête de la CIA. La même CIA qui attaque Wikileaks avec hargne.

Pour sûr, ’nous avons torturé certaines personnes’, a avoué allègrement Barack Obama. Mais ces agents du renseignement, comme Haspel, ont eu la vie dure. Ne soyons pas ’moralisateurs’. Tout ça, c’est du passé. ’Nous devons regarder vers l’avenir plutôt que vers le passé’. Pourquoi intenter des poursuites ?

A moins, bien sûr, que vous n’ayez dénoncé la torture plutôt que de l’avoir perpétrée.

Si John Kiriakou, non protégé par l’anonymat de Wikileaks, ne s’était pas mis en danger, avait subi la ruine financière et avait été contraint d’assister à la publication du rapport du SIC depuis sa cellule, les six millions de documents relatifs à la torture examinés par le SIC, y compris les câbles, les courriels et les notes internes, n’auraient peut-être jamais vu le jour.

Le programme de torture n’aurait peut-être pas été interrompu en 2009. Des innocents auraient continué d’être envoyés à l’étranger pour subir des horreurs secrètes dans des sites noirs secrets à travers le monde, le tout au nom de la collecte de fausses informations.

Tout comme Julian Assange risque d’être emmené aux Etats-Unis pour subir des horreurs secrètes sous des accusations secrètes dans un acte d’accusation secrète publiée par un Grand Jurysecret, également au nom de fausses informations. Ou plus précisément, au nom de la protection de fausses informations contre de vraies informations.

Comme protéger les mensonges sur le nombre de victimes civiles en Irak et en Afghanistan contre le véritable décompte de cadavres révélé par Wikileaks.

Comme tout étudiant en théorie politique le sait, la protection des mensonges est une pierre angulaire de la démocratie. La démocratie, c’est la suppression de l’information. Garder les populations dans l’ignorance. Cacher la vérité.

Surtout en période électorale, comme en 2016. Ou en temps de guerre, c’est à dire en permanence. Partout où des campagnes électorales coûteuses et soigneusement conçues et des récits pro-guerre sont en jeu.

Diffamer des éditeurs influents pour avoir révélé la vérité, et faire taire les dénonciateurs dans la foulée, est le seul moyen de préserver tout le spectacle de la ’démocratie’.

Des tortionnaires comme Mitchell et Jessen sont libres de dépenser comme bon leur semble leurs 81 millions de dollars de l’argent des contribuables, tandis que les dénonciateurs courageux comme John Kiriakou sont ruinés et jetés en prison. Logique.

Wikileaks est un obstacle à ça.

C’est pourquoi la meute de la #Resistance™’ du Russiagate qui prétend « contrer la désinformation » s’en prend avec autant de virulence à Julian Assange. Ça, et le fait que Wikilkeaks ne s’est jamais trompé. Ce qui, de nos jours, est considéré comme de la ’désinformation’.

C’est tout à fait logique. Il n’y a pas d’opération psychologique à l’œuvre. Personne n’a travaillé de quelque façon que ce soit, avec une expertise psychologique quelconque, à bouleverser la perception de la réalité. Bien-sûr que non, voyons.

Dans mon prochain article de cette série, avant de me pencher sur les tactiques psychologiques spécifiques qui semblent avoir été déployées dans l’offensive psychologique contre Julian Assange et Wikileaks, je passerai en revue certaines des idées fausses que cette guerre psychologique a pu alimenter, et ce qui est en jeu si elle devait réussir.

En attendant, si vous souhaitez faire votre part pour protéger les dénonciateurs et le journalisme d’intérêt public, vous pouvez faire connaître les rassemblements australiens pour la défense de Julian Assange, qui se tiendront à Sydney à l’amphithéâtre Martin Place le 3 mars à partir de 14h et à Melbourne à la State Library le 10 mars dès 13h. Gardez un œil sur ce fil Twitter ou sur cette page Facebook pour les mises à jour.

Les rassemblements feront sans doute l’objet du même black-out médiatique que le rassemblement de Sydney en juin dernier, et auront besoin de votre aide.

Dr Lissa Johnson

Traduction « moi aussi je suis tombé dans leur panneau » par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

»» https://newmatilda.com/2019/02/19/p...
URL de cet article 34655
   
Même Thème
L’affaire WikiLeaks - Médias indépendants, censure et crime d’État
Stefania MAURIZI
Dès 2008, deux ans après le lancement de la plateforme WikiLeaks, Stefania Maurizi commence à s’intéresser au travail de l’équipe qui entoure Julian Assange. Elle a passé plus d’une décennie à enquêter les crimes d’État, sur la répression journalistique, sur les bavures militaires, et sur la destruction méthodique d’une organisation qui se bat pour la transparence et la liberté de l’information. Une liberté mise à mal après la diffusion de centaines de milliers de documents classifiés. Les (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

"J’ai déjà parlé des tueries aux points de contrôle. Dans un incident, après qu’une voiture ait été criblé de balles et examinée, selon ces rapports militaires américains internes, l’homme tué était un médecin qui emmenait une femme enceinte à l’hôpital."

Julian Assange - Wikileaks
interviewé sur Democracy Now, donnant un exemple des crimes commis en Irak et révélés par Wikileaks

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.