L’intervention militaire française au Tchad, qui a permis de stopper l’avance en direction de N’djamena la capitale d’une colonne motorisée de rebelles tchadiens se réclamant de l’Union des forces de la résistance (UFR) qui combat le régime d’Idriss Deby, a suscité des critiques tant en France qu’internationalement. L’attitude des autorités françaises a, un temps, consisté à les ignorer et à accuser ceux qui les ont formulées de se tromper sur les raisons qu’elles ont eues d’accorder le soutien militaire à l’armée tchadienne.
Mardi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian qui, lui-même, ne s’était pas exprimé jusque-là sur la question, a tout de même dû le faire à l’Assemblée nationale en réponse à la question orale d’un député. En guise d’explication de l’action militaire française controversée au Tchad, Le Drian a déclaré que la France est intervenue pour « empêcher un coup d’Etat » et l’a fait à la demande écrite du président Idriss Deby. Ce qui, selon lui, est tout à fait conforme au droit international.
Venant d’une personnalité qui a été, en tant que ministre de la Défense puis des Affaires étrangères, le pourfendeur de l’intervention russe en Syrie sollicitée par son gouvernement légal et qui a pris fait et cause pour le putschiste vénézuélien contre le gouvernement lui aussi légal de Nicolas Maduro, l’explication vaut son pesant d’or, car elle est révélatrice d’une diplomatie française à géométrie variable sur les questions de l’ingérence et de respect du droit international.
Un « coup d’Etat » est, certes, condamnable, mais doit l’être partout et non de manière sélective comme s’y emploie la France sur laquelle pèse le soupçon d’en avoir fomentés de manière récurrente en Afrique. N’en déplaise à Le Drian, la France a volé au secours d’Idriss Deby, car il a un pouvoir au Tchad dont le maintien est indispensable à la sauvegarde de ses intérêts géopolitiques au Sahel et en Afrique subsaharienne. Pour aussi dictatorial et anti-populaire que soit le régime d’Idriss Deby, la France a opté pour le défendre, quitte à démontrer ouvertement que l’opération « Barkane », censément destinée à combattre les groupes armés terroristes implantés en région subsaharienne et au Sahel, n’est en fait spécialement déployée que pour préserver son pré carré africain et les pouvoirs en place pour qui la tutelle est une « assurance vie ».
Il faut une sacrée dose de naïveté pour croire que la France qui agit de la sorte en Afrique a une position sur les affaires de Syrie et du Venezuela qui lui serait dictée par ce qu’elle prétend être sa vocation, qui serait de défendre le droit et la liberté en tant que patrie les ayant inculqués au reste du monde.
Kharroubi Habib