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Guerre au Venezuela : la surprise d’octobre ?

Le discours du président du Venezuela, Nicolás Maduro, devant l’Assemblée générale des Nations Unies a porté un coup à l’arrogance des États-Unis et de ses partenaires stratégiques dans le monde. Moins de 24 heures plus tard, Washington a décidé de libérer ses démons contre la nation sud-américaine.

Première partie : du prélude au conflit

Au cours des premières heures de l’après-midi, un programme radio a été diffusé à l’opinion publique internationale, attribué au Commandement général des forces militaires colombiennes, où il a été ordonné le "cantonnement" de toutes les unités militaires de ce pays. Une action qui ne semble pas de bonne augure.

Parallèlement et avec une synchronisation fort suspecte, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies approuve une résolution qui demande au Venezuela de "permettre l’entrée de l’aide humanitaire".

Les deux actions ont été précédées par des déclarations du vice-président américain, Mike Pence, qui avertissait que Nicolas Maduro "avait placé des troupes militaires à la frontière de la Colombie", ce qu’il qualifie de "tentative évidente d’intimidation."

Avec cette déclaration, Mike Pence a transformé une manœuvre militaire vénézuélienne légitime et défensive, en excuse parfaite pour élever le niveau de menace de la Colombie et la pousser au bord d’une guerre avec le Venezuela.

La vraie raison pour laquelle les Etats-Unis craignent le déploiement de la prétendue Opération Stratégique Défensive ordonnée par le président Nicolas Maduro, est la lutte contre la criminalité transfrontalière et la cohésion de la nation vénézuélienne avec ses alliés comme la Chine. Ils ne s’attendaient pas à ce que le gouvernement vénézuélien protège le flanc le plus susceptible d’être attaqué avec une telle rapidité.

Il y a quelques semaines, le chef de cabinet de Barack Obama, Rahm Emanuel, avertissait que Trump userait d’une action militaire au Venezuela pour "obtenir des avantages politiques" lors des prochaines élections internes aux États-Unis.

L’un des plus grands bénéficiaires serait le belliciste radical Marco Rubio, sénateur de l’état de Floride, qui a de nombreuses relations en Colombie, notamment avec l’ancien président Álvaro Uribe Vélez.

Le jour de la clôture des discours de l’Assemblée générale des Nations Unies, Radio Caracol de la Nouvelle Grenade a "confirmé" que Trump rencontrerait Nicolás Maduro à New York. Ce qui était une très mauvaise nouvelle pour les intérêts des politiciens comme Rubio.

Il n’est pas exclu que la virulence avec laquelle les médias ont été activés à Bogota et Miami pour générer des matrices négatives contre cette possible rencontre, a été ordonnée par le binôme Rubio-Uribe pour boycotter tout rapprochement entre Washington et Caracas.

Deuxième partie : un conflit possible

Avec une opposition politique inexistante au Venezuela et craignant qu’une action militaire puisse se transformer en impasse, les Etats-Unis envisagent deux choses : la première est de rompre l’unité des forces armées qui garantissent la gouvernabilité du pays. La seconde est que les USA n’interviendront pas directement mais utiliseront la Colombie pour développer la violence.

Les États-Unis ne veulent pas qu’un conflit avec le Venezuela soit considéré comme une guerre impérialiste génératrice d’un rejet mondial. Ils préfèrent en faire un conflit entre voisins, lui donner une dimension locale et installer un blocus médiatique et militaire pendant la durée des opérations militaires.

Par ailleurs, il est important de noter que la stratégie ne visera pas à une victoire militaire proprement dite. Les États-Unis savent que la Colombie n’a pas le bras armé du Venezuela. Pour ce faire, l’OTAN devrait intervenir et cela est en contradiction avec la condition décrite dans le paragraphe précédent. Par conséquent, il est prévu de mener des actions spécifiques, en utilisant les forces d’opérations spéciales de Colombie, entraînées par les commandos américains, en coordination avec les groupes paramilitaires opérant à la frontière colombienne.

Toutefois, l’agression aurait pour but de provoquer un effet psychologique de faillite au sein des forces armées vénézuéliennes et de faire pression sur le gouvernement de Nicolás Maduro.

Le Pentagone et la Casa de Nariño sont conscients que, pour des milliers de Colombiens en service dans les hôpitaux publics vénézuéliens, et des centaines de personnes qui traversent la frontière pour étudier dans les universités vénézuéliennes et acheter de la nourriture à des prix inférieurs à ceux des magasins de leur pays, le développement d’un conflit avec le Venezuela provoquera un problème humanitaire pour la Colombie. Par conséquent, cela nécessitera une manœuvre qui ne s’étende pas dans le temps.

À ce stade, il serait intéressant d’évaluer l’hypothèse suivante :

Que se passerait-il si l’agression du côté colombien n’était rien de plus qu’une simple distraction pour le véritable objectif militaire ?

Imaginons, alors que les forces militaires et les politiques vénézuéliens portent leur attention sur plus de 2 000 km de frontière avec la Colombie, les alliés militaires des États-Unis tentent par le delta de l’Orénoque et de l’Amazonie vénézuélienne de contrôler l’état de Bolivar et donc les centrales électriques générant 70% de l’électricité du pays.

Cela constituerait un butin de premier ordre, car il entraînerait obligatoirement des négociations avec le gouvernement vénézuélien. De plus, dans un tel scénario cauchemardesque, il serait possible que le Guyana avec la complicité des transnationales pétrolières, en profite pour avancer illégalement sur l’Esequibo.

C’est la thèse "diviser pour mieux régner" très en phase avec la proposition de balkanisation qui, depuis les plus importants "think tanks" américains, est considérée comme la nouvelle stratégie de contrôle sociopolitique du futur. Les violentes protestations des années 2014 et 2017 au Venezuela ont constitué un ballon d’essai pour prouver le succès de cette stratégie. Il y a donc un précédent.

En tout cas, la situation de minute en minute est évaluée, et nous devons ajouter à ce tableau complexe le rôle que pourrait joué la guérilla colombienne, notamment l’ELN (Armée de Libération Nationale) et la nouvelle dissidence des FARC dans un éventuel conflit.

Pour le moment, la meilleure défense du Venezuela contre le bellicisme guerrier de Washington et de Bogota, est dans sa doctrine militaire et les analystes du renseignement des USA et de l’OTAN, dans les coulisses et hors des feux d’artifice générés par les réseaux sociaux, savent qu’une action militaire contre la nation vénézuélienne déroulerait le tapis rouge à la Russie et à la Chine qui prendraient l’initiative sur le continent sud-américain et redistribueraient les cartes sur l’échiquier géopolitique, une fois pour toutes.

José Negrón Valera

traduction Michel Taupin

Source : https://leyderodriguez.blogspot.com/2018/09/guerra-en-venezuela-la-sor...

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