A en croire nos médias, seuls les Vénézuéliens passeraient des frontières...

Amérique Latine : une longue histoire de migrations

L’immigration en Amérique Latine est ancestrale, avec les Espagnols et les Portugais pour des raisons essentiellement linguistiques, puis au cours des XIXème et XXème siècles pour des raisons économiques et, plus tard, politiques.

La campagne médiatique orchestrée aujourd’hui sur l’exode des Vénézuéliens vers les pays limitrophes obligent à rappeler quelques chiffres puisque, du 2 mars au 28 août de cette année, 721 fausses informations (fake news pour employer le langage à la mode) dont 187 pour le seul mois d’août sont venues envenimer le paysage informatif mondial, mais aucune ne fait mention des réfugiés Colombiens au Venezuela. Il convient donc de restituer les réalités.

Mais avant tout, il n’est peut-être pas inutile de rappeler que de nombreux pays ont été l’objet de migrations internes et externes à l’Amérique Latine pour diverses raisons.

Quelques exemples non exhaustifs :
-  En Argentine, en Uruguay et au Venezuela, il y a une forte population d’origine italienne.
-  Au Chili, les Anglais au nord pour les mines de salpêtre, les Allemands au sud (rien à voir avec les criminels nazis réfugiés surtout au Paraguay et en Bolivie) où des terres leur ont été offertes généreusement pour cause d’occupation des terres, les Français au centre pour la viticulture et, en Patagonie, le saviez-vous, où la moitié de la population de Punta Arenas est d’origine Croate.
-  Au Pérou, où les restaurants chinois ne se comptent plus.

Tout cela pour dire que les migrations sont des phénomènes liés aux difficultés momentanées d’un pays qui poussent les populations à chercher un avenir meilleur vers d’autres cieux, que ce soit pour cause de crise économique, de violences liées au trafic de drogue, d’exactions de paramilitaires, ou de guerre civile et d’assassinats en masse.

La France aussi a connu plusieurs vagues migratoires pour des raisons similaires : Polonais, Espagnols, Portugais, Italiens, Maghrébins, Africains.

Ce que ne disent pas les médias qui se déchaînent contre le Venezuela est que 5,6 millions de Colombiens, 500 000 Péruviens et 400 000 Equatoriens ont été accueillis au Venezuela comme des frères et soeurs lorsqu’ils vivaient dans des conditions difficiles et dangereuses dans leurs pays d’origine. 20% des maisons de la GMVV (Gran Misión Vivienda Venezuela) ont été alloués à des Colombiens, soit prés de 440 000, 1 million de boîtes CLAP (Comités Locales de Abastecimiento y Producción) contenant des aliments de première nécessité sont distribuées chaque mois à des familles colombiennes ce qui représente un coût de 300 millions de dollars par an.

A titre de comparaison, il y a 2,5 millions de migrants Paraguayens, Boliviens et Chiliens en Argentine,
en République Dominicaine, 750 000 migrants, essentiellement Haïtiens,
au Costa Rica, 600 000 migrants Salvadoriens, Colombiens et Nicaraguayens,
au Panama, 200 000 migrants Colombiens, Chinois et Etasuniens.

Or, selon l’ONU, seulement 442 000 Vénézuéliens ont émigré en Colombie en juin 2018. Pour cela, la Colombie a reçu 6 millions de dollars des Etats-Unis. Le Venezuela n’a jamais reçu un centime. Le Venezuela a offert des soins médicaux à des centaines de milliers de Colombiens soit 17% du total. Une consultation médicale en Colombie coûte 30 dollars. 7% des naissances au Venezuela sont des enfants de Colombiens.

Mais cela n’empêche pas tous les médias à l’unisson de clamer la faillite économique d’un régime qui fait tant pour les étrangers venus se réfugier sur son sol, cela n’empêche pas le Pérou de fermer sa frontière avec l’Equateur pour endiguer l’invasion, dixit, de migrants Vénézuéliens, cela n’empêche pas le Brésil de masser des troupes à la frontière, cela n’empêche pas la Colombie d’avoir des déclarations belliqueuses en vue d’une intervention militaire fomentée par les Etats-Unis comme si le Venezuela pouvait représenter un danger pour la région et encore plus pour les Etats-Unis !

L’exode des Vénézuéliens n’est en fait qu’un prétexte à une opération militaire préparée.

Voilà la face obscure de la vérité que l’on veut vous dissimuler.

Christian RODRIGUEZ

http://www.ultimasnoticias.com.ve/noticias/politica/jorge-rodriguez-6-millones-y-medio-de-colombianos-peruanos-y-ecuatorianos-viven-en-venezuela/

COMMENTAIRES  

01/09/2018 18:40 par Opposum

Question qu’il serait intéressante de creuser si le Venezuela est envahi (par les Etats-Unis ou ses proxys) : que faire de nos médias et de nos journalistes ? Quid de leur responsabilité en tant que personnes et en tant que professionnels, quid de leur responsabilité en tant que vecteur de propagande ?

01/09/2018 19:15 par Assimbonanga

Nos journaleux ne s’empressent pas de clamer la Vérité pour Dilma Roussef ni pour Lulla. Ils sont pour le moins... timides. En fait, ils n’osent même pas envisager le scénario. Ils ne savent rien. Sur France Inter, c’est déjà lamentable, alors dans les autres radios, j’imagine !

02/09/2018 10:35 par Daniel BESSON

On peut faire dire tout ce que l’on veut aux chiffres sans les contester .
Comme dire que 300 000 à 400 000 immigrés en 10 ans ce n’est pas la même chose que 300 à 400 000 immigrés en un an !
Dans le premier cas c’est bien une immigration-émigration , dans le second un exode . Tous les deux étant motivés par des raisons économiques ou politiques .
Notion bourgeoise des statistiques !
Quand à la préparation d’une opération militaire , le principal soucis des renseignements Latino-Américains à l’heure actuelle c’est de détecter des agitateurs " Bolivariens " Vénézuéliens ou Cubains parmi ces réfugiés . En particulier au Brésil qui va rentrer dans une campagne électorale décisive . Il serait naïf d’écrire que les militaires ne participent pas à ce processus de prévention de déstabilisation , ne serait ce qu’en interrogeant des réfugiés et en les appelant à collaborer en dénonçant des agents de renseignement infiltrés . Oui , des militaires Brésiliens interrogent en particulier leurs homologues Vénézuéliens réfugiés à la frontière . Cela se fait très probablement en échange d’un permis de séjour et même de promesse d’aide économique . Ils ne devraient pas ?
Daniel BESSON Franco-Brésilien

02/09/2018 13:28 par CN46400

Au secours, j’ai du mal à prendre au sérieux cette "vague migratoire vénézuèlienne". Il sont bien portants, apparemment correctement nourris, les baluchons sont souvent dans des valises à roulettes, ils tiennent toujours le même discours "no Maduro, no Maduro, etc..) Et des apitoiement qu’on a du mal à comparer avec celui qu’on réserve aux nageurs sportifs de la Méditerranée.....J’ai comme l’impression qu’ils suivent des conseils venus de conseilleurs qui, au bout du bout, pourraient ne pas être les payeurs. Mais peut-être que mon parti-pris m’égare quelque peu...

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