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Une réflexion républicaine sur le 14 juillet

1. La célébration du 14-Juillet, en 2018 (et depuis des années), c’est l’ordre, la hiérarchie, l’obéissance, le respect de la tradition, la sacralisation de l’armée et du pouvoir, à l’encontre du 14 juillet fondateur (celui de 1789), qui fut le bouleversement, le désordre, la désobéissance, la mutinerie (des Gardes françaises), la contestation victorieuse du pouvoir du roi et de l’organisation de la société et des institutions.

2. La célébration du 14-Juillet a pour cadre l’ouest de Paris, c’est-à-dire les quartiers des riches, des installés, alors que la prise de la Bastille eut lieu à l’est de Paris, dans une zone populaire, encore parcourue par un lacis de ruelles étroites, d’où les insurgés pouvaient venir à bout de la troupe, dispersée et comprimée dans ces ruelles, exposée presque sans défense aux jets de pierres, de tuiles, et de projectiles divers. Alors que le défilé a lieu sur une avenue rectiligne, dégagée, d’où on peut aisément tirer au canon, à la mitrailleuse, à la roquette d’avion ou d’hélicoptère contre tout soulèvement de civils et où les insurgés ont toujours le dessous. [La dernière "victoire", en la matière, eut lieu en août 1944 contre l’occupant allemand, mais les circonstances étaient autres.].

Par cette manière de célébrer le 14-Juillet, on substitue la République à la Révolution (en identifiant frauduleusement l’une à l’autre), et qu’on fait triompher l’ordre établi sur l’élan insurgé. Plutôt que de réprimer, les classes dominantes préfèrent subvertir, inverser, adultérer les processus de l’événement, gommer les insurgés en sabots au profit des bourgeois en escarpins. Car la Révolution, ce n’est pas la République, et ce n’est surtout pas celle d’Emmanuel Macron.

3. Il est révélateur (et symbolique) que les troupes qui défilent viennent de l’ouest, de la même direction que les troupes versaillaises d’Adolphe Thiers qui, depuis Versailles (avec l’assentiment de Bismarck) pénétrèrent dans la capitale pour écraser la Commune. Et les corps de l’armée qui défilent (Infanterie, Marine, Aviation, Gendarmerie, Légionnaires, Spahis, Saint-Cyriens, élèves de Polytechnique, Chasseurs alpins, Pompiers...) sont comme la société française en réduction, la même société française qui, en 1871, délégua de tout le pays des provinciaux dûment chapitrés par leurs curés, leurs châtelains et leurs notables, noyer dans le sang le soulèvement des "partageux" parisiens.

4. Il est tout aussi révélateur (et symbolique) qu’aient défilé sur les Champs-Élysées des troupes étrangères, et pas n’importe lesquelles : un petit peloton singapourien, un petit peloton japonais et un plus gros détachement de la Garde civile espagnole (qui a des fonctions proches de celles de la Gendarmerie nationale). Ce ne sont pas n’importe quelles troupes, mais des troupes du camp dit “occidental” (des alliés – ou des supplétifs – des États-Unis), qui manifestent ainsi leur ancrage idéologique dans le même camp que celui de la France (ou, pour être plus précis, des gouvernants actuels de la France). Il est symbolique que l’on fasse parader des troupes étrangères pour l’anniversaire de la prise de la Bastille alors que le roi de France fut défendu, en 1789, par des soldats étrangers (le Royal-Allemand cavalerie, qui, le 14 juillet 1789, affronta les insurgés, et les Suisses – qui, en petit nombre, défendirent la Bastille ce même jour et, en plus grand nombre, les Tuileries, le 10 août 1792). Il y a là comme un retour d’une "internationale de l’ordre" face aux soulèvements nationaux.

5. Ce qui est enfin symbolique, c’est que le défilé incorpore un passage d’aéronefs (avions de chasse, de transport, de ravitaillement, hélicoptères) au-dessus des Champs-Élysées. Ces aéronefs rappellent (de façon subliminale, par leur situation “au-dessus”), le rôle déterminant de l’aviation lors de plusieurs conflits : celui de l’aviation israélienne en 1967, celui de l’aviation de la coalition lors des guerres du Golfe de 1991 et 2003, celui de l’aviation occidentale lors des guerres de Yougoslavie, celui de l’aviation russe lors de la présente guerre de Syrie, etc. Ces avions remplissent la même fonction que les forteresses édifiées par les monarques à proximité de certaines villes frondeuses : manifester la puissance du prince par la hauteur des murailles du fort, la présence d’une garnison, l’installation d’une prison et, par leur position dominante, intimider la population, l’inciter au respect et à la soumission.

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Les Chinois sont des hommes comme les autres
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Zheng Ruolin (Ruolin est le prénom) publie chez Denoël un livre délicieux et malicieux : « Les Chinois sont des hommes comme les autres ». L’auteur vit en France depuis une vingtaine d’années. Son père, récemment décédé, était un intellectuel Chinois célèbre dans son pays et un traducteur d’auteurs français (dont Balzac). Il avait subi la rigueur de la terrible époque de la Révolution culturelle à l’époque de Mao. Voici ce que dit le quatrième de couverture du livre de ZhengRuolin : (…)
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