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Ma pharmacie communique sur un programme cul-cul

Á la demande d’un certain Maxime V., voici un article, pas vraiment féministe je le concède, tiré de mon blog.

Jusqu’où va-t-on s’enfoncer dans le globish ?

Avec la caution d’une profession paramédicale – en l’occurrence les pharmaciens – les marchands du temple nous invitent à nous préoccuper de notre fessier. Leur plan-cul, autrement dit ...

Observez cette affiche apposée à 15 mètres de chez moi (j’adore les grands reportages où je ne suis pour ainsi dire pas obligé de sortir de ma chambre), sur la devanture de la pharmacie Gambetta, sise juste à côté de la station de métro Garibaldi à Lyon. Un programme dit « Bum Bum » garantit des fessiers rebondis. Il nous offre au passage, par l’entremise de « Planet Fitness », trois mois de « coaching ». Le premier qui douterait de la caution des hommes et femmes de sciences que sont les pharmaciens qui assurent que Bum Bum « brûle les graisses », « raffermit la peau » et « diminue la cellulite » (quelle jolie expression : « diminuer la cellulite » !) sera condamné à cent fessées sur son Bum Bum.

Comme la communication politique, la publicité est intrinsèquement, par essence, un mensonge. Pour la simple raison que le communicant ne s’adresse pas à un interlocuteur mais à lui-même. L’Autre n’est sollicité que par raccroc. La communication est fermée. Il est impossible de briser ou de retourner le discours. Et quand tout cela est fabriqué en globish (de mon Bum Bum ?), c’est encore pire car l’Autre ne peut savoir exactement de quoi le message est constitué.

Quid de « bum » ? C’est un mot familier, pas franchement grossier, qui a deux sens principaux, celui de clochard (clodo et, par extension glandeur) et celui de cul. Pour ce qui est de ce dernier, on le trouvera dans l’expression « move your bum » : bouge-toi les fesses, magne-toi le derche. Il est évident qu’un programme « derche derche » ou « fesse fesse », ça ne le ferait pas. Et pourtant, cela signifie exactement cela.

La publicité – y compris paramédicale – qui, 99 fois sur 100, vend du vent (des crèmes qui brûlent les graisses, vous m’en mettrez trois tonnes), doit donc s’exprimer dans un idiome étranger, qui aliène, un idiome flou et tautologique.

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Hélène Berr. Journal. Paris, Tallandier, 2008.
Bernard GENSANE
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Aussi longtemps qu’on ne le prend pas au sérieux, celui qui dit la vérité peut survivre dans une démocratie.

Nicolás Gómez Dávila
philosophe colombien

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