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U.N. Observer

Arrêtez les munitions en Uranium Appauvri

Docteur Doug Rokke

Les leaders des Etats-Unis et la Grande-Bretagne envisagent une attaque militaire préemptive contre l’Irak. En conséquence, l’utilisation potentielle des forces militaires requiert une évaluation prudente de l’impact sanitaire et environnemental de tout système d’arme qui pourrait être employé par les Etats-Unis ou les forces Britanniques dans leurs tentatives pour atteindre leurs objectifs militaires. En conséquence, je me dois de publier un avertissement contre l’utilisation délibérée de toute munition contenant de l’uranium appauvri. Les munitions en uranium appauvri (UA) ont été effectivement employées en zone de combat depuis 1973. Leurs capacités destructives sont absolument supérieures à toutes autres munitions connues qui peuvent être tirées par des tanks, des véhicules blindés, des avions et des fusils. De plus, ADAM et PDM, qui sont des mines, sont des explosifs essentiellement conventionnels enveloppés dans des obus contenant de l’uranium ou "une bombe sale". Bien que les munitions en uranium appauvri soient une arme excellente, ils ouvrent un chemin de mort, de maladie et de contamination environnementale. La toxicité radiologique et chimique est due aux isotopes de l’uranium, du plutonium, du neptunium et de l’americium dans chaque balle en uranium appauvri. Nous avons aussi toute la gamme de contamination inhérente à l’équipement, au terrain et aux équipements qui ont été détruits.

A la fin de la guerre de terrain durant la guerre du Golfe, j’ai été assigné par le Département du Quartier général de l’Armée et par conséquent le Commandement Central américain (Headquarters Department of the Army and consequently the U.S. Central Command), au nettoyage de l’uranium appauvri dans l’équipement américain contaminé. Je devais aussi fournir des recommandations médicales initiales pour tous les individus qui étaient ou devaient avoir été exposés suites aux actions militaires. Nos observations initiales sur la contamination par l’uranium appauvri peuvent être décrites simplement en trois mots "OH MON DIEU !" Bien que ma mission ait été limitée au personnel américain et à l’équipement, toutes les personnes et les équipements affectées auraient du être traités de manière identique. Ils ne l’ont pas été !

Bien que moi et des médecins d’armée de terre des Etats-Unis assignés au Commandement Médical de la 3ème armée de terre des Etats-Unis (3rd U.S. Army Medical Command) avons immédiatement publié des recommandations de soins médicaux verbales et écrites, celles ci n’ont pas toujours été observés. Non seulement par les Etats-Unis et la coalition des accidents dus à l’uranium appauvri militaire, mais aussi par le personnel militaire irakien et particulièrement les non-combattants, les femmes et les enfants, qui ont été exposés à la contamination de munitions en UA. Un mémorandum de l’Agence Nucléaire de la Défense des Etats-Unis (United States Defense Nuclear Agency ) écrit par Lyle LTC qui a été envoyé à notre équipe dans l’Arabie Saoudite en mars 1990 déclare : "A mesure que l’EOD [1] les unités d’infanterie et les populations civiles de l’Arabie Saoudite, du Koweït et de l’Irak entrent de plus en plus en contact avec l’artillerie en uranium appauvri , nous devons nous préparer à traiter des problèmes potentiels. Les souvenirs de guerres toxiques, le scandale politique et les nettoyages post-conflit (avec l’accord des pays d’accueil) ne sont qu’une partie des questions qui vont devoir être traitées. Les particules alpha (poussière d’oxyde d’uranium) fruit de salves multipliées posent un problème de santé, mais, les fragments de particules Beta et les salves intactes constituent des menaces sérieuses pour la santé, avec les taux d’exposition possibles de 200 millirads par heure en contact. "

De mars 1991 à juin 1991, notre équipe a rassemblé et préparé 30 véhicules américains qui avaient été endommagés ou détruits pendant des incidents de feu amicaux impliquant des munitions en uranium appauvri destinées à être enterrées ou expédiées à une installation spécialisée en Caroline du Sud à des fins de décontamination et de destruction. Des milliers d’autres équipements en uranium appauvri ont été contaminés, les bunker et les terrains ont simplement été ignorés. Le million (environ) de salves et de munitions en uranium appauvri qui ont été employés par les Etats-Unis et les forces Britanniques n’ont jamais été nettoyées, mais abandonnées là où elles sont tombés. Durant janvier 1993, à la suite d’analyses de nos rapports écrits et de discussions personnelles, les scientifiques et des médecins assignés à l’ Office de la comptabilité publique (General Accounting Office) ont publié un rapport ("L’Opération Tempête de Désert : l’Armée n’est pas préparée à Traiter la Contamination par uranium appauvri ", GAO/NSAID-93-90, janvier 1993, page 7)recommandant que le Secrétaire aux affaires militaires (Secretary of the Army) :

1. S’assure que des écoles de formation de l’Armée appropriées fournissent l’information et la formation adéquate au personnel qui entrerait en contact avec l’équipement contaminé par l’uranium appauvri ,

2. Mette en place un cadre temporel pour implanter la politique proposée de test de l’uranium appauvri, ce qui implique des tests sur tous les équipage des véhicules pénétrés par des munitions en uranium appauvri ,

3. Étende les tests pour inclure le personnel impliqué dans le processus de récupération des véhicules s’il s’avère que les évaluations du personnel de la Garde nationale militaire montrent que l’uranium est présent au delà des standards appliqués dans les essais médicaux et

4. Développe un plan formel pour traiter la question de la récupération des équipements contaminés par l’uranium appauvri .

A peu prés au moment où ce rapport a été rédigé, l’Institut de Politique Environnementale de l’Armée des Etats-Unis (United States Army’s Environmental Policy Institute), l’AEPI, était chargé (le 13 décembre 1992) par le Secrétaire adjoint de l’Armée pour l’Environnement, la Sécurité et la Santé Professionnelle de déterminer :

1. Les conséquences environnementales et sanitaires de l’emploi de l’uranium appauvri sur le champ de bataille.

2. Les technologies de remédiation existantes ou devant être développées pour nettoyer la contamination par l’uranium appauvri
.
3. les façons de réduire la toxicité de l’uranium appauvri.

4. Comment mieux protèger l’environnement des conséquences à long terme de l’utilisation de l’uranium appauvri .

Donc il était et est toujours évident, que les leaders militaires des Etats-Unis savaient que l’utilisation de l’uranium appauvri causerait des problèmes sanitaires et environnementaux. On m’a demandé d’aider à conduire la recherche et préparer les recommandations du rapport final de l’AEPI parce que j’étais le médecin militaire qui avait aidé à nettoyer les désordres causés par l’uranium appauvri après la Tempête de Désert et parce que je travaillais à l’élaboration des procédures de conformité environnementale de l’armée. Les résultats publiés en 1995 (Conséquences Sanitaires et Environnementales de l’Utilisation de l’uranium appauvri dans l’Armée : Rapport Technique, Institut de Politique Environnementale de l’Armée des Etats-Unis, juin 1995). Je cite :

1. Le champ de bataille est contaminé par beaucoup de choses dangereuses. L’impact de contamination de l’ uranium appauvri sur le champ de bataille n’est pas bien défini. Quant à beaucoup des autres dangers, comme l’artillerie qui n’a pas explosé, Ils sont probablement faibles. Ccependant une modélisation environnementale et des données complémentaires sont nécessaires pour confirmer ce jugement.

2. Les technologies de remédiation de l’uranium appauvri impliquent certaine(s) des chose(s) suivante(s) : fouilles et déplacement de terre, séparation physique, séparation chimique et stabilisation sur place. L’Armée continuera à identifier et à évaluer des technologies de remédiation en comparant leur coût et leur efficacité. De cette analyse, que l’Armée cherchera efficace, naitront des technologies de remédiation de l’uranium appauvri moins couteuses.

3. Il n’existe pas de technologies disponibles qui puissent significativement changer la toxicité chimique et la radiologique inhérente de l’uranium appauvri .

4. La gestion de gamme et des systèmes de rétablissement de l’uranium appauvri ont été mis en oeuvre et sont améliorés. Les modèles pour mieux décrire les conséquences environnementales et l’effet sont développés. La migration durant les essais aux Etats-Unis a été minimale parce que les propriétés du sol et de l’eau ont tendance à empêcher la formation d’uranium appauvri soluble.

Encore une fois nous pouvons constater que les fonctionnaires de l’armée ont reconnu que l’uranium appauvri est toxique pour toujours et ont exigé que des procédures de remédiation spécifiques permettent le nettoyage de la contamination par uranium appauvri . J’ai alors développé et j’ai vérifié ces procédures en tant que Directeur de Projet sur l’ uranium appauvri.

Par conséquent, en réponse au rapport du GAO, à des rapports initiaux soumis par des scientifiques de l’AEPI et mes/nos efforts, le secrétaire adjoint de la Défense des Etats-Unis a décrété un ordre qui a été par conséquent réédité le 14 août 1993 et signé par le Général Eric Shinseki, selon lequel le Departement de la Défense (DOD) devrait :

"1. Fournir la formation adéquate pour le personnel susceptible entrer en contact avec l’équipement en uranium appauvri .

2. Achever la mise à l’épreuve médicale de personnel exposé à la contamination par uranium appauvri pendant la Guerre du Golfe Persique.

3. Développer un plan la récupération d’équipement contaminé par l’uranium appauvri lors des opérations futures. "

Les critères décrivant des expositions à l’uranium appauvri peu communes exigeant une analyse médicale dans les 24 heures suivant l’exposition et des soins médicaux conséquents ont été spécifiés dans un message du Département du Quartier général de l’Armée datée du 14 octobre 1993. Ces expositions incluent :

"A. Le fait d’être au milieu de la fumée de feux dus à l’uranium appauvri résultant de la combustion de véhicules frappés avec de l’uranium appauvri ou des dépôts dans lesquels des munitions en uranium appauvri sont stockés.

b. Le travail dans des environnements contenant des poussières d’uranium appauvri ou des résidus de feux d’uranium appauvri .

c. Le fait d’être dans une structure ou un véhicule alors qu’il est frappé par des munitions en uranium appauvri "

Aujourd’hui, au moins une décennie après, des milliers et peut-être des millions d’individus ont été exposés à la contamination en uranium appauvri et ont dû recevoir des soins médicaux du fait de nos recommandations premières datant de 1991 et comme spécifié dans la directive les bio-essais radiologiques exigés et des soins médicaux conséquents. Nous devons noter que si le personnel des Etats-Unis doit recevoir des soins médicaux alors tous les individus exposés doivent aussi recevoir des soins médicaux. Une lettre envoyée au Général Leslie Groves, le chef du Projet de Manhatten (le développement de la première bombe atomique), en1943 que j’ai obtenue pendant l’automne1999 soulignait le besoin de soins médicaux immédiats. Dans ce mémorandum daté du 30 octobre 1943, les scientifiques seniors assignés au Projet de Manhattan suggéraient que l’uranium puisse être employé comme un polluant pour l’air, l’eau et le terrain. Selon la lettre envoyée par le Sous-comité du Comité exécutif S-1 sur "l’Utilisation de Matériels Radioactifs comme Arme Militaire" au General Groves (le 30 octobre 1943) l’inhalation d’uranium aboutirait à "une irritation des bronches évoluant en quelques heures voire quelques jours". C’est exactement ce qui est arrivé à ceux d’entre nous qui avons inhalé la poussière de l’uranium appauvri pendant l’Opération Tempête de Désert , les soldats des Etats-Unis et de la KFOR, les civils dans les Balkans et les résidants de Vieques, à Porto Rico.

Le sous-comité a été jusqu’à affirmer que " les produits émettant des Beta pourrait entrer dans le tube digestif par le biais de l’eau polluée, de l’alimentation, ou de l’air. Par voie aérienne, ils monteraient dans le mucus du nez, la gorge, des bronches, etc et seraient avalés. Les effets seraient une irritation locale de même que dans les bronches et des taux d’expositions du même ordre seraient obtenus. L’estomac, le caecum et le rectum, où le contenu reste pendant de plus longues périodes qu’ailleurs serait très probablement affecté. Il est possible que des ulcères et des perforations du boyau suivis par la mort pourraient être causés, même sans tenir compte des effets généraux de la radiation".

Les conséquences négatives sur la santé attestés par l’expérience personnelle, annoncés par des médecins et des rapports personnels d’individus ayant connu des expositions à l’uranium appauvri incluent : (a) Maladie de voie aérienne réactive, (b) anomalies neurologiques, (c) calculs rénaux et douleur chronique dans les reins, (d) éruptions, (e) dégradation de vision, cataractes et pertes de vision de nuit, (f) tissu de gomme et problèmes de dents, (g) lymphoma, (h) formes diverses de cancer de la peau et d’organes, (I) désordres neuro-psychologiques, (j) uranium dans le sperme, (k) dysfonctionnements sexuels et (l) défauts congnitaux chez les bébés. Des effets semblables sur la santé ont aussi été décrits chez les employés traitant l’uranium ainsi que chez des résidants vivant près de Puducah, Kentucky, Portsmouth, dans l’Ohio ; Los Alamos dans le Nouveau Mexique ; Oak Ridge, le Tennessee ; et Hanford, dans l’état de Washington qui a fabriqué l’uranium appauvri. Des employés dans les industries de l’uranium ou dans les installations industrielles ou traitant à New York, dans le Tennessee, l’Iowa, le Massachusetts et les quatre secteurs du coin du sud-ouest le Colorado ont déclaré à plusieurs reprises des effets sur la santé semblables à ceux décrits dans des accidents vérifiés ayant eu lieu pendant la Guerre de Golfe. Les Irakiens et d’autres médecins appartenant à des agences rapportent les mêmes effets sur les populations exposées. Les scientifiques écossais ont récemment vérifié que les résidants des Balkans excrétaient l’uranium dans leur urine. Cela indique que l’uranium est mobile dans l’environnement et constitue une preuve de plus pour soutenir ce que nous avons trouvé pendant les essais sur l’uranium appauvri en 1994 et 1995.

Par conséquent nous ne pouvons pas ignorer les effets de santé défavorables sérieux dus à l’expositions à l’uranium appauvri et ces effets connus justifient l’interdiction de munitions UA

Traduction en cours, suite de l’article trés prochainement.

Le docteur Doug Rokke est médecin dans l’unité chargée de l’uranium appauvri, il est aussi un ancien directeur de projet de l’armée de terre des Etats-Unis.

Cet article est publié en anglais sur le site de U.N. Observer. l’article original en anglais se trouve à l’adresse qui suit : Do Not Use Depleted Uranium Munitions Again, by Dr. Doug Rokke and George Angus Parker


[1Organisme fonctionnant dans le cadre de l’OTAN qui renseigne les démineurs de la plupart des pays occidentaux sur les principales données relatives à des attentats ou à des vols d’explosifs. Source [Eurodicautom,


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