Transcription :
[...] Mon discours de ce soir sera exclusivement consacré à ce point (la démission du Premier ministre Saad Hariri). Afin de ne pas commencer directement par des analyses ou pour ne pas nous baser simplement sur des analyses (sujettes à discussion), je veux commencer par des faits et des données (avérés). Des faits connus par tous les ministres du gouvernement actuel, qu’ils ont entendu directement de lui, du chef du gouvernement, et en particulier les ministres qui sont réunis au Conseil des ministres chargé de faire appliquer la (nouvelle) loi électorale.
Ce que je vais dire maintenant a (déjà) été répandu dans les médias, mais je souhaite le souligner car nos ministres l’ont également entendu directement et ont assisté à tout ce processus dont je vais parler au début. Et c’est pourquoi nous considérons cela comme des données, des faits, et non pas une analyse formulée de loin.
Vous savez qu’il y a quelques jours, un responsable saoudien s’est exprimé et a fait des déclarations longues et acerbes contre le Liban et le Hezbollah, et a parlé de chasser le Hezbollah du gouvernement et a nié l’intention de faire tomber le gouvernement. Il a fait des menaces, des promesses solennelles, des vitupérations, des rodomontades, et il a alors été dit que le chef du gouvernement (libanais) avait été appelé rapidement en Arabie Saoudite. Et c’est une information absolument sûre, car il a annulé tous ses rendez-vous et s’est rendu en Arabie Saoudite.
Tout le pays – les dirigeants, les ministres, les forces politiques - attendaient le résultat de cette visite. Je parle de la première visite, et non de la deuxième durant laquelle il a annoncé sa démission. Et tout le monde en attendait donc le résultat. Bien sûr, tout le monde s’attendait, durant cette première visite, à ce que des pressions soient exercées sur le Premier ministre Saad Hariri pour qu’il remette sa démission et fasse ainsi chuter le gouvernement.
Mais lorsque le chef du gouvernement est revenu d’Arabie Saoudite, et que le Conseil des ministres s’est réuni, ainsi que les différents comités ministériels, ainsi que tous les invités qui l’ont rencontré, c’est là quelque chose de certain et connu de tous qu’il a dit à tous, et qu’il a également annoncé, de différentes manières, que l’Arabie Saoudite soutient la stabilité et la sécurité au Liban, le maintien du gouvernement actuel et du dialogue entre les Libanais, et plus encore, qu’il avait obtenu des promesses d’aides très conséquentes, qu’on allait se préparer ensemble à une quatrième Conférence de Paris, et qu’on allait obtenir de nouvelles aides pour l’armée libanaise.
Il a déclaré tout cela (à maintes reprises et à différents interlocuteurs, publics et privés). Il était à l’aise, enthousiaste, et son comportement le manifestait clairement, et il avait annoncé pour lundi ou mardi une réunion du Comité ministériel chargé de faire appliquer la (nouvelle) loi électorale.
Puis à nouveau, le chef du gouvernement a voyagé en Arabie Saoudite, et il a annoncé sa démission depuis là-bas. Ce sont des données (incontestables).
Naturellement, vous avez vu l’annonce de sa démission, sa forme. En premier lieu, la nouvelle a été diffusée par la chaine (officielle saoudienne) Al-Arabiya, et non par la chaine du mouvement du Futur (de Saad Hariri) ou par les chaines officielles libanaises.
Et deuxièmement, la déclaration était enregistrée par la chaine Al-Arabiya, et les autres chaines n’ont fait que la rediffuser.
La forme de la déclaration, la manière de lire cette déclaration (lecture laborieuse et sans aucune conviction d’un imprimé), son contenu et sa portée, tout cela vous l’avez vu, et j’y reviendrai dans quelques instants.
Je commence avec cette introduction qui résume les faits. Tels sont les faits.
Jusqu’à présent, personne ne sait exactement ce qui s’est passé. Le chef du gouvernement Saad Hariri s’est rendu en Arabie Saoudite, et durant les 24 heures qui ont suivi, personne ne sait encore ce qui s’est passé exactement, et nous devons nous y arrêter.
Entre (l’annonce selon laquelle) l’Arabie Saoudite soutient le maintien du gouvernement, la stabilité et la sécurité au Liban, la préparation de la 4e Conférence de Paris, l’aide à l’armée libanaise, etc., etc., etc., jusqu’à la démission soudaine de cette manière. Ces données nous amènent à des conclusions claires et absolument certaines, non pas des suppositions.
La démission était une décision saoudienne imposée au Premier ministre Saad Hariri qu’il a été forcé d’accepter, et démissionner n’était ni son intention, ni son souhait, ni sa volonté, ni son choix. Point, à la ligne.
Et je considère que tous les Libanais, qu’ils soient politiciens, journalistes ou (simples citoyens) ayant suivi le dossier sont d’accord avec cette conclusion. Voilà donc.
Même la manière (dont a été rendue cette démission le confirme) : la déclaration a été faite depuis l’Arabie Saoudite. Pourquoi l’homme n’a-t-il pas été autorisé à revenir au Liban et à annoncer cette démission depuis le Liban ? Cela également pose un point d’interrogation.
Même le texte écrit (le confirme) : nous autres Libanais connaissons nos usages et expressions (locales et nationales), nous connaissons les formules et propos qu’utilisait le Premier ministre Hariri, écrites ou non écrites. Ce texte (de démission) n’est pas un texte libanais. Ce texte a été écrit par un saoudien, ce style d’expression est un style saoudien et le chef du gouvernement n’a fait que le lire. Cela est également clair (et incontestable). Et tout le monde a été surpris au Liban.
Maintenant, si quelqu’un dit qu’il s’y attendait, il s’y attendait quant à la politique mais aucunement de cette manière, à ce moment et si rapidement. Tout le monde a été surpris : le Président de la République, le Président du Conseil, qui sont les plus concernés par cela, les (diverses) forces politiques, et même les dirigeants, députés et ministres du mouvement du Futur (dirigé par Hariri).
Il ne fait aucun doute que cette démission a créé une atmosphère d’inquiétude au Liban, et surtout par les analyses, les slogans et les menaces qui l’ont accompagnée. Cela appelle tout groupe politique libanais à annoncer son interprétation, sa position et son point de vue quant à la manière d’agir face à cet événement politique important.
C’est pourquoi nous au Hezbollah, ce soir, déclarons ce qui suit :
Premièrement, nous ne souhaitions aucunement cette démission. En toute sincérité. Nous considérions que les choses avançaient de manière raisonnable. Je ne dis pas que tout allait bien pour tout le monde, mais de manière générale, les choses avançaient de manière raisonnable, tout le monde se rencontrait au gouvernement, dans les Comités ministériels, en marge de ces Comités ministériels... Les différentes questions soulevées étaient discutées, peut-être avec certaines difficultés émergeant dans les discussions et pour lesquelles des issues étaient cherchées pour avancer, et c’est pourquoi des accomplissements très importants se sont produits depuis la formation de ce gouvernement et jusqu’à présent dans le cadre de l’accord en vigueur (ayant permis sa constitution). Et nous considérons que le gouvernement avait la capacité de se maintenir et de réaliser de nouveaux accomplissements jusqu’aux prochaines élections législatives. Ce gouvernement était même capable d’organiser les prochaines élections. L’atmosphère dans le pays était raisonnable. Voilà pour le premier point.
Deuxièmement, nous nous arrêtons sur la manière dont cette démission a été annoncée, et sur ce que celle-ci prouve (clairement). Ce (que je m’apprête à dire) a déjà été dit au Liban, parfois de manière acerbe, parfois non, mais je vais me contenter de deux phrases : nous nous arrêtons sur la forme sous laquelle cette démission a été annoncée - la forme, le lieu, la manière -, et ce que cela contient en fait de preuves ayant trait à la souveraineté et à l’honneur du Liban, ainsi qu’à l’honneur du chef du gouvernement lui-même. Car même s’il a été contraint à la démission, il aurait été plus convenable et préférable qu’on permette à cet homme de revenir au Liban, de se présenter auprès de Son Excellence le Président de la République pour lui remettre sa décision, l’annoncer depuis le palais de Baabda, et que le meilleur advienne par la grâce de Dieu. Et ce n’est pas la première fois qu’un chef de gouvernement démissionne.
Quoi qu’il en soit, cette démission sous cette forme révèle la manière dont l’ingérence saoudienne dans les affaires internes libanaises se fait et leurs procédés, tandis que l’Arabie Saoudite interpelle et agresse les autres (l’Iran), leur déclare la guerre, au prétexte qu’ils s’ingèreraient eux-mêmes dans les affaires internes libanaises, arabes ou autres. C’en est une preuve éclatante. C’est une preuve éclatante au niveau de l’ampleur, de la magnitude et de la forme. Cette forme même inconvenable et indigne.
Troisièmement, quant au contenu de la déclaration lue par le Premier ministre (Hariri), nous n’en commenterons pas et n’en discuterons pas le contenu politique, malgré le fait que ce soit une déclaration très violente comportant des accusations très graves et très dangereuses, mais je ne rentrerai pas dans un débat, et le Hezbollah dans son ensemble ne rentrera dans aucune dispute sur le contenu politique de l’annonce de démission. Car nous considérons que ce texte est un texte saoudien, une déclaration saoudienne. Et par conséquent, si nous entrons dans un débat sur son contenu politique, cela nous amènerait à nous adresser directement à l’Arabie Saoudite. La partie adverse ne serait pas Saad Hariri ou le Mouvement du Futur (auquel il appartient). Car nous considérons, comme je l’ai dit, que cette déclaration n’est pas la sienne.
Et ce qui est écrit dans cette déclaration diffère (foncièrement) de tout ce qu’a pu dire Saad Hariri depuis qu’il est devenu Premier ministre : le vocabulaire qu’il a utilisé, les expressions employées, la manière de voir les choses et d’agir, la voie politique empruntée depuis ne sont absolument pas cohérents avec ce texte et ce contenu.
Quatrièmement, nous devons tous patienter et pondérer nos réactions : personne ne doit se précipiter dans les analyses, la compréhension (globale des événements), les prises de positions, ni même les mesures et plans d’action, à l’exception de celles qui maintiennent la paix et la sécurité dans le pays, car ce qui est demandé en premier lieu est de comprendre la raison (de tout cela).
Jusqu’à présent, jusqu’à aujourd’hui, nous sommes en contact avec tout le monde, et nous écoutons et rassemblons les informations, nous consultons, et jusqu’à présent, d’après ce que je sais, personne au Liban n’a compris la véritable raison de cette démission. Tout le monde au Liban est surpris par cette démission et n’en comprend pas la véritable raison. La compréhension de la véritable raison est la clé pour réagir (comme il se doit) à ce développement et à l’étape qui va suivre.
A savoir : Par exemple, est-ce que la démission forcée du chef du gouvernement a été causée par une raison interne au Liban ? En toute certitude, non. Et je considère que les Libanais sont également unanimes sur ce point. L’homme ne souhaitait pas démissionner, ça se passait bien, il parlait et échangeait avec tout le monde, rencontrait tout le monde... Il était actif et avait un rôle positif, tant dans les réunions du gouvernement que des Comités ministériels. Il n’y avait donc aucune raison intérieure l’appelant à la démission.
Certaines personnes au Liban, dans des règlements de comptes petits et mesquins, viendront vous dire que le chef du gouvernement était fâché par telle ou telle partie, tel ou tel ministre, tel ou tel responsable... Cela ne saurait constituer une raison de démissionner. Ce ne sont que des règlements de comptes (personnels intra-libanais). Il n’y a aucune raison de démissionner interne au Liban. Il faut en rechercher la raison en Arabie Saoudite.
Eh bien, considérons donc l’Arabie Saoudite, et ce que pourrait être la raison (de cette démission). La raison est-elle une lutte interne en Arabie Saoudite entre les princes, une lutte pour le trône, entre le prince héritier et les (autres) enfants de la famille (Saoud) ? Est-ce une lutte entre les (différentes) lignes politiques ? Est-ce une lutte d’ordre financier ? S’agit-il de faire main basse sur les richesses d’untel s’élevant à des centaines de milliards de dollars ou d’untel s’élevant à des dizaines de milliards de dollars, parmi les fils de la famille régnante, comme cela se passe maintenant ? Est-ce que (cette démission) a un lien avec ce combat interne entre les princes, et que par conséquent, le Premier ministre Saad Hariri a été lâché dans cette mêlée ? Est-ce qu’il a dû rendre des comptes à tel ou tel prince, telle ou telle ligne ? C’est une question légitime.
Ou peut-être que la raison n’a rien à voir avec les luttes internes (à l’Arabie Saoudite) mais est due au fait que l’Arabie Saoudite n’est pas satisfaite du comportement personnel et (de la position) politique de Saad Hariri et qu’elle veut le remplacer par un Premier ministre qui se considère comme un faucon (plus agressif), qui se tiendra à sa politique à la lettre près et mènera le pays là où elle veut le mener ? C’est également une question (légitime). Cela peut être la raison (de sa démission).
Ou peut-être que la raison est que l’Arabie Saoudite a un plan pour attaquer le Liban, car elle a parlé du Hezbollah, de l’Iran, de l’influence iranienne (grandissante) et de la lutte iranosaoudienne, et que ce ne serait donc qu’un premier pas annonçant une grande bataille (à venir).
Pour répondre à ces questions, il faut attendre pour voir ce qu’il en est et connaître la véritable raison qui a amené l’Arabie Saoudite à imposer au chef du gouvernement de démissionner. Et c’est pour cela qu’elle a eu lieu de cette manière.
Et en plus de cette forme - car en vérité, aujourd’hui, lorsque certaines informations, analyses ou rumeurs au Liban parlent de la personne de Saad Hariri, s’inquiétant de son sort (où est-il aujourd’hui, est-il en maison d’arrêt, est-il emprisonné), ce sont des questions légitimes. Peut-il revenir au Liban, le lui permettra-t-on ? Ce sont des questions parfaitement légitimes, car ce n’est pas une exagération libanaise. Car lorsqu’on entend aux informations que le Prince Mut’eb b. Abdallah b. Abdelaziz, le fils du Roi précédent, de même que Turki b. Abdallah, également le fils du roi Abdallah ce me semble, et que Walid b. Talal b. Abdelaziz, le Ministre des Gardes précédent, constituant une armée considérable en Arabie Saoudite, les grands princes de la famille royale, les plus éminents fils et petit-fils de Rois qui avaient les plus hautes responsabilités au sein du Royaume, et possèdent des réseaux et des fortunes colossales, lorsque de telles personnalités sont jetées en prison, il est de notre droit de nous inquiéter et de dire « ô mon frère, montre-nous donc notre Premier ministre qui a démissionné, où est-il, quel est son sort ? » Cette inquiétude est parfaitement légitime selon moi.
Et c’est pourquoi il faut rechercher la véritable raison, car c’est manifestement une initiative saoudienne, une mesure saoudienne, mais dans quel cadre s’inscrit donc cette mesure ? S’agit-il de remplacer le Premier ministre ? S’agit-il de faire tomber le gouvernement et d’empêcher qu’un gouvernement soit formé au Liban ? S’agit-il de frapper la stabilité et la sécurité du Liban ? S’agit-il de lancer une guerre comme celles que l’Arabie Saoudite a déclenchée au Yémen et ailleurs, et soutenues en Syrie et en Irak ? Dans quel cadre (cette démission s’inscrit-elle) ? Le cadre de luttes personnelles, et par conséquent sans relation avec le Liban, le gouvernement du Liban, ou les pratiques politiques et gouvernementales du Premier ministre Hariri, et seulement lié à des problèmes internes à l’Arabie Saoudite ?
Tout cela, si les Libanais parviennent à le comprendre dans les prochains jours, je considère que ça nous aidera tous à déterminer la manière de réagir à la prochaine étape.
En se basant sur tout ce que je viens de rappeler, nous, au Hezbollah, appelons à ce qui suit :
Premièrement, au calme, à la patience et à la mesure, en attendant que l’image se précise, que la situation se clarifie et que les véritables raisons soient révélées. Et par conséquent, il ne faut pas se précipiter vers les (fausses) rumeurs, les analyses, les intimidations et les slogans, et je vais en commenter quelques-uns, deux seulement dans quelques instants. Voilà pour le premier point.
Deuxièmement, nous au Hezbollah confirmons notre attachement primordial pour la sécurité, la stabilité et la paix civile au Liban. J’appelle tous les Libanais à ne pas s’inquiéter, à ne pas avoir peur. Il n’y a rien qui justifie l’inquiétude. Du moins de notre part. Si quelqu’un pense que ce que va dire ou faire l’Arabie Saoudite, ou ce qu’elle a fait ou dit, nous amènera à une réaction virulente, ou à des actions acerbes et virulentes, il se trompe complètement. Nous nous comporterons avec une pleine responsabilité nationale, dans le plus grand calme, et nous appelons tout le monde au calme, et à la préservation de ce que nous avons de plus cher aujourd’hui au Liban, à savoir la sécurité, la stabilité et la paix civiles présentes dans le pays, au sein d’une région (le Moyen-Orient) à feu et à sang, comme vous le voyez, et qui traversent de nombreuses crises politiques et sécuritaires.
C’est pourquoi j’ajoute ma voix à toutes les voix, et je dis aux Libanais et à tous ceux qui se trouvent au Liban : restons calmes et mesurés, voyons comment réagir à cette question de manière raisonnable et sage, pondérée et responsable. Nous sommes un pays, nous avons un (appareil d’) Etat et des institutions, une Constitution et des organismes constitutionnels, des dirigeants et des juges dans le pays, et avec certitude, nous pouvons dépasser cette épreuve. [...]
Est-ce l’intérêt de quiconque [au Liban] de ramener le pays à la situation dans laquelle il était par le passé [vacation du pouvoir] ? En toute certitude, il n’y a là aucun intérêt [pour le Liban]. Et tout parti, toute personne, tout dirigeant politique ou arrogant entêté qui souhaite bouleverser la situation au Liban ou veut faire retourner le Liban à la situation antérieure (de paralysie institutionnelle) doit être accusé (de trahison par tous les Libanais), car en toute certitude, il n’agirait pas dans l’intérêt du Liban mais pour des intérêts étrangers, dans l’intérêt de ses maîtres qui veulent détruire ce pays paisible, stable et en sécurité, confiant et raisonnablement sûr de lui.
Sixième et dernier point – après les 4e et 5e points –, les slogans qui ont été lancés ces deux derniers jours sont très forts. J’ai dit que je voulais en commenter deux, mais en fait je vais en commenter trois.
Le premier slogan est – et à ce sujet, malheureusement, Son Excellence le Premier ministre Saad Hariri a une responsabilité à ce sujet – que (dans sa déclaration), peut-être pour justifier le fait qu’il ne revenait pas au Liban, Hariri a dit qu’il avait commencé à se sentir personnellement visé au plan sécuritaire, etc. Ensuite, la chaine Al-Arabiya est la seule qui a diffusé une nouvelle selon laquelle les services de sécurité au Liban avaient découvert une tentative d’assassinat contre le Premier ministre Saad Hariri. Seulement la chaine Al-Arabiya. Ensuite, les forces de sécurité intérieure du Liban ont nié ce fait, affirmant qu’il n’avait nullement connaissance de ces (prétendues) informations. L’armée libanaise et la Sécurité Générale ont également publié des communiqués ou on fait savoir que de telles informations n’existaient pas, ni au sujet de Hariri, ni d’un quelconque (autre) assassinat politique. Personne n’a aucune indication ou donnée suggérant une telle chose.
Pourquoi est-ce que la chaine Al-Arabiya a voulu parler de cela ? Peut-être pour que si on leur demande ensuite pourquoi vous avez interdit au Premier ministre démissionnaire de revenir au Liban, ils puissent arguer de ces informations selon lesquelles il était menacé d’assassinat, ce prétexte permettant de le maintenir éloigné du Liban. C’est une hypothèse vraisemblable.
De même, d’autres personnes au Liban les ont rejoints dans cette voie et ont commencé à parler de manière catégorique d’assassinats politiques qui vont se produire au Liban, et ils ont également déterminé quels partis politiques seront visés par ces assassinats, à savoir des personnalités du 14 Mars (parti de Saad Hariri).
Si au Liban il y a un appareil judiciaire et des organismes chargés de la sécurité, j’espère qu’ils vont convoquer (l’auteur de ces propos) – c’est un ancien ministre bien connu – et lui dire « Eh bien, tu tiens de tels propos, quelles sont tes informations ? Car tes déclarations ont une influence (très néfaste) sur l’atmosphère du pays, la paix civile, la sécurité de tous, la prospérité, l’économie... » Qu’ils le convoquent et lui demandent quelles sont ses informations, quelles sont ses données. Et s’il ne fait que parler comme ça, dans le vide, il faut qu’il rende des comptes. Car véritablement, lorsqu’il parle d’assassinats politiques dans le pays, il joue avec le sang des gens, le sang du peuple.
Voilà pour le premier point. Ce n’est pas à moi de confirmer ou de nier, car c’est la responsabilité de l’Etat, et l’Etat a dit, via ses appareils sécuritaires et militaires, qu’il n’y a absolument aucun fondement à ces allégations (d’assassinats planifiés).
Le deuxième point dont il a également été question, et qui a suscité une sorte d’inquiétude dans le pays, est le propos selon lequel la démission du Premier ministre est le premier pas du déclenchement d’une guerre israélienne contre le Liban. De même, cela a créé de l’inquiétude au Liban. Je veux dire aux Libanais, et j’ai longuement parlé de cela à de nombreuses occasions, qu’Israël ne travaille pas pour l’Arabie Saoudite. Israël travaille évidemment pour les Américains, et travaille évidemment pour ses propres intérêts. Une agression israélienne contre le Liban, personne ne peut en nier la possibilité de manière catégorique, mais le fait qu’elle advienne ou pas ne dépend que de calculs israéliens, des calculs (exclusivement) israéliens. Les Israéliens sont unanimes quant à ces calculs, ils sont unanimes depuis la guerre de 2006. A savoir qu’Israël ne lancera de guerre contre le Liban que s’il est garanti que cette guerre sera rapide et brève, décisive, et avec une victoire (israélienne) claire et manifeste, un prix à payer bas et un grand retentissement (favorable à Israël). Cela fait l’unanimité en Israël. Et Israël craint de se lancer dans une guerre qui ne remplirait pas tous ces critères, car ses conséquences sur l’entité sioniste et le prix que cela lui couterait aux plans matériel et moral seraient très élevées, et les conséquences stratégiques sur l’existence même de l’entité israélienne seraient très graves. Et c’est pourquoi ils font peur et intimident sans cesse, mais considérez donc le langage israélien depuis 2006 jusqu’à aujourd’hui : « Si le Hezbollah fait ceci, si le Hezbollah fait cela, on fera telle chose, on lancera une guerre, et la guerre sera telle et telle... » Israël parle toujours au conditionnel.
Aujourd’hui, je ne veux ni nier ni confirmer (la possibilité d’une agression israélienne imminente), mais je vous dis que dans ces calculs et ces éléments de mesure, il n’y a absolument rien qui concerne la présence ou non d’un gouvernement au Liban, l’identité du chef du gouvernement au Liban, la ligne politique à laquelle il appartient. Ces données politiques n’ont absolument aucune incidence sur les calculs israéliens lorsqu’ils prennent la décision d’agresser le Liban. Par conséquent, personne ne doit instrumentaliser cet événement et le faire rentrer dans une question qui dépasse de beaucoup la démission du chef du gouvernement, ou le maintien du gouvernement, ou la chute du gouvernement. Aujourd’hui, plus que jamais, les calculs israéliens en ce qui concerne l’agression contre le Liban prennent également largement en compte les développements régionaux et internationaux qui sont devenus complètement différents de ce qu’ils étaient durant la guerre de juillet 2006. Et à ce sujet également, il n’est nullement besoin de s’étendre. Ce point est un sujet d’inquiétude pour les Libanais. S’il y a d’autres sujets d’inquiétude sur ce point, il faut les rechercher dans les calculs israéliens.
Et le troisième slogan, que j’ai laissé pour la fin car il faut y prêter attention en quelque sorte, est que des informations ont rapporté – je ne sais pas si c’est vrai ou pas – est que le prince héritier saoudien a rassemblé ou a demandé que se réunissent les commandants des armées de l’Alliance déclarée, qui rassemble d’une trentaine à une soixantaine de pays (Dieu seul sait combien), et que cela coïnciderait avec la démission du chef du gouvernement, et que l’Arabie Saoudite préparait une « Tempête de la détermination » (nom de l’agression saoudienne contre le Yémen) contre le Liban.
Bien sûr, afin de ne pas donner trop d’importance à ce sujet, il n’est pas clairement apparu que quiconque (en Arabie Saoudite ou ailleurs) se soit officiellement exprimé en ces termes. Il y a certaines analyses et certains slogans et même certains espoirs (en ce sens) de la part de certaines personnes au Liban, qui entretiennent de tels espoirs, mais ce sont des rumeurs que ne corrobore aucune donnée (avérée) et absolument sans fondement et sans aucun sens.
L’Arabie Saoudite voudrait rassembler ses alliés et lancer une offensive contre le Liban, une « Tempête de la détermination » contre le Liban ? Je fais partie des Libanais qui n’arrivent pas très bien à comprendre cela. Car que l’Arabie Saoudite lance une agression contre le Yémen, cela se comprend, car c’est un pays voisin, et l’Arabie Saoudite peut donc rassembler ses armées et celles de ses alliés pour attaquer le Yémen (comme c’est le cas depuis plus de deux ans). Mais comment une telle chose serait possible au Liban ? Depuis quel territoire voudraient-ils attaquer le Liban ? Depuis la Syrie, où leur projet a échoué ? A moins qu’ils ne veulent venir depuis la Palestine occupée, et nous attaquer depuis là-bas ? Ou peut-être qu’ils veulent venir depuis la mer (l’Arabie Saoudite n’a pas de flotte). En logique militaire, même l’individu moyen peut comprendre que ces propos n’ont aucun sens, aucune possibilité. Comment cela pourrait-il advenir ?
Quoi qu’il en soit, je ne considère pas qu’une telle agression soit possible, et plus que cela, si par exemple ces armées et chefs d’état-major peuvent vraiment être utiles au prince héritier (saoudien) en quoi que ce soit, qu’ils l’aident donc (à se dépêtrer) au Yémen. Dans la guerre au Yémen, ils sont complètement embourbés, et ils sont complètement écrasés par cette bataille du fait du courage et de l’endurance du peuple yéménite, de ses sacrifices et de son héroïsme, malgré les os pulvérisés, les meurtres d’enfants et les massacres quotidiens perpétrés au Yémen. Aujourd’hui, il y a eu un massacre, et chaque jour, il y a un massacre.
Que l’Arabie Saoudite en finisse donc avec sa « Tempête de la détermination » au Yémen avant de parler d’une offensive similaire contre le Liban. Avant même de parler de ce que peut être le plan de l’Arabie Saoudite à l’encontre du Liban, à quoi ils pensent et ce qu’ils veulent faire, je pense que tous devraient d’abord attendre de voir ou va l’Arabie Saoudite elle-même. Car l’ampleur des arrestations et les noms qui ont été évoqués comme ayant été arrêtés et ayant vu leurs fortunes saisies ne sont pas des petits noms. On ne sait pas où va l’Arabie Saoudite. Je ne veux pas en parler ou donner une évaluation, car je n’ai pas (encore) de données ou d’informations précises sur ce sujet. Avant de parler des mesures et du plan de l’Arabie Saoudite à l’encontre du Liban, attendons donc d’abord de voir ce qui se passe en Arabie Saoudite, et bien sûr ce qui se passe dans la région, et ensuite, on pourra parler avec quelque assurance.
En attendant, et dans les prochains jours que nous allons traverser, j’appelle tous les Libanais et tous les résidents au Liban (réfugiés Palestiniens et Syriens, expatriés...) à la quiétude et au calme, à protéger la stabilité actuelle du pays, au dialogue, à éviter toute escalade politique, à ne pas s’inquiéter. Il est évident que personne (au Liban) n’a intérêt à aller dans ce sens. Il faut attendre les mesures nationales responsables qui seront prises (au niveau de l’Etat) par Son Excellence le Président de la République Michel Aoun en concertation avec Monsieur le Président de la Chambre des députés, les partis politiques (représentés au gouvernement) et l’ensemble des forces politiques au Liban. Et si Dieu le veut, tous ensemble et avec l’entraide et le sens aigu de la responsabilité, nous parviendrons à dépasser cette crise et cette étape.
Que Dieu vous accorde le succès et la santé. Que la paix de Dieu soit sur vous, ainsi que Sa miséricorde.
Traduction : http://sayed7asan.blogspot.fr/