Fainéants !, vous dis-je.
Devinez qui, de Macron ou de Wauquiez (et de beaucoup d’autres, hélas) a pu prononcer les phrases suivantes :
« Les plaintes de quelques personnes de la populace livrées à la misère parce qu’elles se livrent à la fainéantise, les plaintes de cette espèce ne méritent que du mépris ». Ou bien encore : « Les femmes et les filles misérables de la campagne feraient de bonnes moissonneuses : ne sont-elles pas habituées, en effet, à « avoir le corps courbé vers la terre » ? Leur misère n’est autre chose que le résultat d’une coupable fainéantise. Ou bien encore, dans le genre économiste allumé : le ruissellement du riche au pauvre se fait de lui-même et ce serait mal connaître l’ordre naturel (sic) des choses que d’avoir sur cela le moindre doute.
Avez-vous deviné ? Non, ce n’est pas un actuel petit marquis élitiste et égoïste qui a prononcé ces paroles, mais quelques-uns de ses prédécesseurs :
1 ) Boutin de La Coulommiers, Intendant de Bordeaux, 1765,
2) Société d’agriculture d’Orléans – 1784,
3) Calonne, alors jeune intendant de Metz, qui parlait du « reversement » pour évoquer l’actuelle escroquerie dénommée « ruissellement ». Ces trois citations sont extraites de Marc Bloch, les caractères originaux de l’histoire rurale française.
Où l’on voit que le mépris de classe et la morgue actuels sont les mêmes que ceux des « aristocrates » du XVIIIe siècle. Rien appris, rien oublié, disaient les émigrés chassés par la Révolution. Il y en a qui chaussent avec délectation les mêmes escarpins !