RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

En Arabie saoudite, on achève bien les défenseurs des droits de l’Homme

Un échec, célébré en grande pompe. Le weekend du 15 septembre dernier, la twitosphère saoudienne triomphe, relayant plus de 300 000 fois, selon la BBC Arabic, un message selon lequel le « mouvement du 15 septembre a failli ». Le mouvement du 15 septembre ? Un appel à manifester lancé par une poignée d'activistes saoudiens, dont certains sont en exil, qui espéraient rassembler leurs compatriotes après la prière du vendredi 15. Leur objectif : dénoncer de manière pacifique la dégradation des conditions de vie, le chômage ou encore le non-respect des droits de l'homme au sein de la pétromonarchie.

Las, l’impressionnant dispositif de sécurité déployé par le régime aura eu raison des velléités protestataires des Saoudiens opposés à la dynastie des Saoud. Les rues sont restées désertes. De fait, il n’y a pas eu de « mouvement » du 15 septembre. De quoi donner du grain à moudre aux zélateurs du régime, le prince Alwalid ben Talal en tête, saluant sur Twitter un jour de protestation transformé en journée « d’amour de la nation ».

Une « campagne de répression » contre les opposants

Est-ce à dire que tout va pour le mieux dans la meilleure des pétromonarchies ? On en est loin. Très loin même : jamais autant qu’aujourd’hui l’Arabie saoudite n’aura montré sa face répressive. A ce titre, les arrestations de dissidents se poursuivent et s’intensifient même. A l’image d’Abdelaziz al-Shubaily et d’Issa al-Hamid, deux Saoudiens fondateurs de l’association Civil and Political Rights (ACPRA), appréhendés au début du mois de septembre.

« C’est un moment sombre pour la liberté d’expression en Arabie saoudite, se désole Samah Hadid, directrice d’Amnesty International pour le Moyen-Orient. Ces deux arrestations ont confirmé nos craintes selon lesquelles le nouveau leadership (impulsé par le prince héritier Mohammed ben Salman) est déterminé à écraser le mouvement des droits de l’homme dans le royaume ».

Les deux opposants sont ainsi menacés de condamnations à de lourdes peines de prison pour avoir appelé à des manifestations ou porté atteinte « à l’image de l’Etat ». Un « crime terroriste », rappellent les autorités saoudiennes, qui ont explicitement encouragé les utilisateurs des réseaux sociaux à dénoncer les messages « extrémistes » relayant les appels du « mouvement du 15 septembre ».

Deux précautions valant mieux qu’une, les forces de sécurité ont procédé à une nouvelle vague d’arrestations à partir du 9 septembre. Dans le viseur du régime, les prédicateurs et les intellectuels. Selon les observateurs, une vingtaine d’opposants auraient ainsi été appréhendés. Autant d’arrestations « politiquement motivées », dénonce l’ONG Human Rights Watch, selon qui on assiste au sein du pays à une inédite « campagne de répression ».

Probable exécution d’un jeune homme : une répression « sans aucune limite »

Une répression qui pourrait prendre le visage d’Abdulkarim al-Hawaj. Le jeune homme, aujourd’hui âgé de 21 ans, croupit en prison en attendant son exécution, contre laquelle tous les recours ont été épuisés. Mineur au moment des faits qui lui sont reprochés par la justice saoudienne - des manifestations anti-gouvernementales dans la province à majorité chiite de l’Est, en 2012 -, il aurait signé ses aveux sous la torture.

« La répression que mène l’Arabie saoudite semble ne connaître aucune limite, condamne Lynn Maalouf, directrice des recherches sur le Moyen-Orient à Amnesty International. Sa dernière victime (...) risque d’être exécutée aux mains d’un régime répressif qui se sert de la peine de mort comme d’un outil pour écraser la dissidence ». L’ONG s’inquiète de l’augmentation préoccupante des condamnations à la peine de mort prononcées contre les opposants politiques depuis 2013. En Arabie, plus de 80 personnes auraient été exécutées depuis le début de l’année 2017.

D’autres ont eu plus de chance, si l’on peut dire. C’est le cas du célèbre blogueur Raïf Badawi, engeôlé depuis 2014 et condamné à « seulement » 1 000 coups de fouets. Si la pression internationale lui en a épargné 950, l’opposant paye au prix cher le simple fait d’avoir contesté le régime en place – un acte désormais assimilé au terrorisme et à la trahison, et puni de mort.

Face à la menace, beaucoup choisissent l’exil. Et dénoncent, depuis l’étranger, un régime dont la propagande en matière de droits de l’homme est davantage affaire de communication que de convictions. Se présentant comme un réformateur, le jeune prince Mohammed ben Salman a ainsi lancé le programme « Vision 2030 » : un ambitieux projet d’ouverture économique, sensément appuyé sur une évolution politique plus respectueuse des droits individuels.

Un plan cosmétique, balaie le journal Al-Quds Al-Arabi, selon qui les dernières vagues d’arrestations illustrent « à nouveau le mal qu’ont les autorités saoudiennes à supporter toute forme de liberté d’expression ».

Philippe Nguyen

URL de cet article 32401
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
Tais toi et respire ! Torture, prison et bras d’honneur
Hernando CALVO OSPINA
Équateur, 1985. Le président Febres Cordero mène une politique de répression inédite contre tous les opposants. En Colombie, le pays voisin, les mêmes méthodes font régner la terreur depuis des décennies. Équateur, 1985. Le président Febres Cordero mène une politique de répression inédite contre tous les opposants. En Colombie, le pays voisin, les mêmes méthodes font régner la terreur depuis des décennies. Quelques Colombiennes et Colombiens se regroupent à Quito pour faire connaître la violence et (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Je ne sais pas."

Secrétaire d’Etat des Etats-Unis Colin Powell.
Interrogé pour savoir s’il aurait été favorable à une invasion de l’Irak
en sachant de ce dernier ne possédait pas d’armes de destruction massive.

Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.