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Dès sa création en 1948, la Corée du Nord a développé son industrie nationale (RT)

En plein scénario où, bruit de détonations et rhétorique hostile entre Washington et Pyongyang semblent prendre le pas au dialogue rationnel, nous avons voulu connaître le point de vue d’Alejandro Cao de Benós, porte-parole de la République Populaire de la Corée du Nord en Occident, afin de mieux comprendre la logique d’un régime qui depuis l’Occident est perçu comme une menace à la sécurité mondiale. Que cherche réellement Pyongyang avec ses démonstrations de force ? Cette mise en scène pré-guerrière ne serait-elle pas une stratégie qui profite politiquement aux gouvernements impliqués ? Comment, le gouvernement de Kim Jong-Un, encaisse-t-il les sanctions de la communauté internationale ? Y a- t-il des raisons de craindre un conflit armé ?

« Oui, nous avons des infiltrés dans les rangs de l’armée US »,
Interview (Russia Today), d’Alejandro Cao de Benós, unique représentant et délégué spécial de la Corée du Nord en Occident. (Entretien téléphonique)

RT : Comme lors d’une entrevue antérieure, commençons à parler des dernières sanctions : Quelles conséquences peuvent-elles avoir, à moyen ou long terme sur l’économie Nord-Coréenne ?

AC : Les conséquences sont minimes. Dès sa création (1948), la Corée du Nord a développé son industrie nationale afin de ne pas dépendre de l’étranger. Il est vrai que ces sanctions compliquent beaucoup les importations et les exportations, mais malgré le coût supplémentaire généré en temps et en argent, au final, il y a toujours des façons de les contourner et il y a toujours des gouvernements, des gens et des entreprises qui se fichent de ces sanctions, comme l’on dit, « business is business ». Beaucoup de gens ont des intérêts à négocier avec la Corée du Nord : je reçois moi-même chaque jour des centaines de demandes. Nous vivons dans un monde capitaliste dans lequel une entreprise disparaît si elle ne se développe pas. C’est pour cela qu’ils veulent continuer à faire du commerce et gagner de l’argent. Faire du commerce à tout prix, c’est la norme du capital. Quelle ironie de recevoir des sanctions de la part de pays capitalistes dont l’unique idéologie est l’argent. L’argent est au-dessus de toutes les idéologies et des sanctions.

RT :Lors d’une récente interview, vous disiez qu’au niveau international, la Chine et la Russie pratiquaient une « diplomatie à double jeu », un pour satisfaire leurs propres intérêts et l’autre pour être partie prenante du système capitaliste.

AC : Que les nord-américains puissent garder le contrôle de la mer du Sud de Chine et qu’ils essaient d’avoir la suprématie dans la sphère asiatique n’enchante ni Vladimir Poutine ni Xi Jinping. Cela leur bloque le commerce et les obligent à renforcer le contrôle militaire. C’est la raison des protestations contre le bouclier antimissiles : apparemment il s’agirait de quelques petites batteries, mais conçues avec des radars à bande x très puissants pouvant épier, de fait ils épieront assurément autant les mouvements de l’armée russe que ceux de l’armée chinoise.

La Russie et la Chine doivent se comporter comme de « bons élèves » de la communauté internationale et suivre les protocoles pour continuer à bénéficier du système capitaliste...mais il y a de grandes différences entre ce qui se fait au Conseil de Sécurité de l’ONU et ce qui se fait réellement tous les jours en politique internationale.

RT : En Occident on s’interroge sur le silence des citoyens nord-coréens. Après tout, cette population est sous le mandat d’un leader dont le comportement peut amplifier leur isolement dans la sphère internationale, appauvrir l’économie à cause des sanctions et, dans le pire des cas, dégénérer en un conflit guerrier potentiellement très destructif. Comment se fait-il que personne ne se dresse contre ça, ni opposition ni dissidence ? Auraient-ils peur ? Comment une aussi parfaite cohésion est-elle possible ? Ne serait-ce pas plutôt l’effet d’une brutale répression ?

AC : C’est un phénomène de vraie cohésion et quiconque se rend en Corée du Nord peut le vérifier. En Corée du Nord, les gens sont vraiment courageux, c’est un peuple dont le sens de l’honneur et de la dignité ne sont pas de vains mots. C’est un pays qui, comme on peut le voir, se dresse comme un géant, c’est une raison d’orgueil. La population fait preuve d’une très grande force. Certes, sur 25 millions de personnes il y a des individus qui n’aimeront pas la démarche de notre leader ou bien qu’il se trompe, c’est peut-être le cas de quelque mille individus contre 25 millions ; ils doivent donc accepter la volonté de la majorité.

RT : L’avis des différents leaders du monde est unanime : c’est seulement grâce au dialogue que l’on parviendra à la paix et que l’on réduira la tension entre les EU et la Corée du Nord. Mais pour se faire, Pyongyang doit renoncer à son arsenal nucléaire. Si, dans le cas improbable, la Corée du Nord acceptait cette condition, que se passerait-il réellement ?

AC : Notre politique est très claire : Tant que les EU ne sont pas disposés à signer un traité de paix avec la République Populaire de Corée du Nord, on ne peut pas parvenir à des relations normales, car officiellement nous sommes en guerre. Si les EU refusent de se prononcer pour la paix définitive c’est qu’ils attendent le moment pour nous attaquer. Celui qui ne veut pas la paix veut la guerre.

Le président Poutine avait signalé avec justesse qu’il fallait dialoguer sans condition préalable. Il a frappé dans le mille. Pour pouvoir s’asseoir autour de la table, on ne peut pas demander à la Corée du Nord de renoncer à tout, alors que les EU ne sont pas disposés à désactiver leurs 7000 ou 8000 ogives nucléaires.

En cas de négociations, nous pouvons commencer par un moratoire dans lequel il est admis de ne pas réaliser d’essai nucléaire pendant un certain temps pour ensuite parvenir à un traité de paix définitif qui suspende le développement nucléaire, mais les EE.UU. devraient également cesser leurs manœuvres militaires dans la péninsule coréenne. Il y peu, quelques 80.000 marines ont réalisé des manœuvres à la frontière. Si les EU persistent dans leur arrogance en essayant d’imposer leurs conditions et en traitant comme pays inférieur la Corée du Nord, cela ne fonctionnera pas.
J’espère que Trump, qui semblait avoir une certaine sympathie pour le président Poutine, l’écoutera cette fois-ci.

RT : Ce que je vous demandais c’était surtout, dans l’hypothèse naïve où la Corée du Nord renonçait, en toute bonne foi, à son armement nucléaire, si vous pensez qu’elle serait immédiatement envahie ?

AC : Absolument certain ! Nous avons notre armement nucléaire précisément pour ne pas être envahis ! La preuve la plus récente est celle du cas de Mouammar Kadhafi. Un pays [la Libye] qui accepte de se désarmer pour faire partie de la communauté internationale afin qu’on lui ouvre des lignes de crédits et qu’il puisse réaliser des opérations bancaires ou des achats immobiliers internationaux...et derrière cette ouverture vers le monde extérieur et cet accueil de bienvenue de leaders, soi-disant, démocratiques tels que Sarkozy, Berlusconi ou le digne roi d’Espagne en personne, on provoque une invasion, la liquidation de cette nation, l’exécution de Kadhafi et dans la zone on installe une crise et une misère totale, comme en Irak : voilà ce qu’apporte leur supposée démocratie. Nous savons qu’en abandonnant nos armes nucléaires nous faciliterions l’invasion nord-américaine. Et nous le savons car nous avons nos propres services secrets. Il y a beaucoup de nord-coréens qui travaillent dans l’armée des États-Unis et nous informent. Nous connaissons leurs plans élaborés prêts pour l’invasion.

RT : Vous dites que vous avez du personnel infiltré dans l’armée des États-Unis ?

AC : Bien évidemment. C’est pourquoi nous obtenons depuis longtemps beaucoup d’information. Par exemple, nous avions appris que Bill Clinton avait donné pratiquement l’ordre d’invasion de notre pays. C’est la raison pour laquelle nous nous étions retirés du traité de non-prolifération des armes nucléaires et avions accéléré notre programme d’armement, nous savions que cela l’obligerait à faire marche arrière. De fait, plutôt que d’envahir la Corée du Nord, Clinton préféra signer le Traité de Genève de 1994, par lequel nous établissions un moratoire dans notre programme nucléaire en échange d’un rétablissement des relations, de liens commerciaux, etc.

RT : Et vous-mêmes ne craignez-vous pas que votre armée soit infiltrée par les services secrets étatsuniens ?

AC : Non, c’est la CIA qui a dit cela...réellement ça n’est pas possible. À un moment précis, bien sûr, ils peuvent soudoyer quelque agent nord-coréen pendant son instance à l’étranger en échange d’information...mais il est impossible que quelqu’un, en tant qu’espion, parvienne à pénétrer l’Armée.

RT : Le missile nord-coréen qui a survolé l’espace aérien japonais a été perçu, par l’occident, comme une véritable provocation de la Corée du nord. Une autre lecture est-elle possible ?

AC : D’abord, ce missile n’a jamais traversé l’espace aérien du Japon. Le dernier missile qui a été lancé a atteint une altitude de 550 kilomètres. Le missile est même passé au-dessus de la Station Spatiale Internationale qui se situe à 408 kilomètres de la Terre. C’est-à-dire, dans l’espace extérieur. Selon la norme internationale, un pays ne peut réclamer plus de 100 kilomètres en altitude d’espace aérien, qui est définie comme la « ligne de Kármán ». Au-dessus de cette altitude, nous entrons dans l’espace extérieur, commun à tous les pays. En aucun cas la souveraineté du Japon n’a été violée. Il y a certainement plus de possibilités que ce soit un satellite qui tombe sur la tête du premier ministre japonais, Shinzo Abe, que ce missile naviguant à des centaines de kilomètres au-dessus des milliers de satellites actuellement mis en orbite.

RT : Jusqu’à quel point ces actions, les missiles balistiques, les essais nucléaires, la présentation d’un plan détaillé d’une attaque contre l’île de Guam, sont une stratégie de communication ?

AC : Ce sont des avertissements et non pas des menaces, nous ne menaçons personne. La seule chose que nous disons est, que pour le cas de Guam, si par exemple les États-Unis lancent une attaque contre notre pays, leurs bombardiers décolleront depuis la base de Guam, et donc pour éviter qu’ils poursuivent leur opération, nous détruirons l’île.

RT : Qu’entendez-vous concrètement par « avertissements » ?

AC : La puissance destructive des missiles de la Corée du Nord anéantirait entièrement l’île de Guam. Elle disparaitrait littéralement. Ce serait également le cas d’Okinawa. Tout cela serait rayé de la carte.

RT : Par l’intermédiaire de sa plus haute autorité en sécurité nationale le gouvernement de la Corée du Sud a déclaré, qu’il pense comme probable la réalisation d’autres essais nucléaires par la Corée du Nord. Êtes-vous au courant de ces futurs essais ?

AC : Je n’ai pas d’information directe car c’est ultra-secret, ce qui se passe c’est que les médias sud-coréens spéculent sans cesse et les autorités se font également des films...

RT : Vous-même, pensez-vous qu’il puisse y avoir d’autres essais prochainement ?

AC : Il y aura d’autres essais, mais quand ? Demain ? Dans une semaine ? Un mois ? Il va y avoir un moment d’observation et, suivant la réaction de Trump, la Corée du Nord décidera de son action. Mais s’il n’y a pas d’avancée sur des négociations qui nous rapprochent vers un traité de paix nous garantissant que la Corée du Nord ne sera pas attaquée, hé bien Piongyang poursuivra ses essais nucléaires, sans aucun doute. Quant à savoir la date de la prochaine explosion nucléaire, ou bien, quelle distance parcourra le prochain missile balistique, cela, bien sûr, reste secret.

RT : Je formule à nouveau la même question que je vous avais posée lors de notre précédente rencontre, cette fois-ci à la lumière des derniers événements : Honnêtement, comment pensez-vous que tout cela va se terminer ?

AC : Je pense qu’il n’y aura pas de conflit armé car nous avons démontré de façon assez convaincante la capacité thermonucléaire et balistique de notre république. Avec cela, nous sommes assurés que les EU n’oseront pas nous toucher. Elle nous garantit la paix et la vie pour les futures générations. Il était nécessaire que nous fassions ce type d’essais non seulement pour améliorer notre capacité défensive, mais aussi pour la démontrer car jusqu’à hier, tout le monde répétait que la Corée du Nord avait une capacité militaire dissuasive insuffisante et aucune technologie pour parvenir à ses objectifs. Si les EU pensaient que nous ne pouvons pas nous défendre, ils commettraient l’erreur d’essayer de nous attaquer et créeraient un dangereux conflit armé mondial. Donc, pour précisément éviter cette guerre, il a fallu montrer les dents et mener à bien ces essais.

RT : Que pensez-vous de toute cette rhétorique guerrière, est-elle favorable ou défavorable au Donald Trump Président ?

AC : Je pense qu’elle l’affaiblit énormément, car il ne cesse de se comporter comme une girouette. Pas seulement au sujet de la Corée du Nord, mais concernant également toutes ses politiques. Et cela lui ôte crédibilité et prestige. Son idée première de se retirer du paysage international et respecter davantage les autres nations, il ne l’a pas accompli. L’invitation autour d’un fameux hamburger, à laquelle, Donald Trump avait convié notre maréchal Kim Jong-Un pour discuter...il ne l’a pas honorée non plus...tous ces tweets qu’il lance de forme historique et qui ensuite se perdent dans le néant...tout cela joue contre lui et ternit son image et sa crédibilité. Il y a peu, j’ai lu qu’un membre du congrès avait proposé de contrôler la santé mentale de Trump...

RT : Quant à Kim Jong-Un... Est-ce que tout cela ne serait pas en train de renforcer son image politique ?

AC : Oui, c’est certain. Aussi bien à l’intérieur du pays (où il n’en a nullement besoin, car le peuple est en harmonie totale avec lui) qu’à l’extérieur, où il jouit d’un intérêt grandissant comme l’admiration de beaucoup de peuples dans le monde qui voient en la Corée du nord un dernier bastion de l’indépendance et de la souveraineté face à l’empire nord-américain.

David Romero

Traduction : Esteban

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Extrait de la préface d’André Tosel, Philosophe, Professeur émérite Avec La raison ou le chaos André Prone dresse un ultime tableau de sa vaste fresque théorique intitulée « Capitalisme et Révolution », consacrée à une critique des divers aspects du capitalisme mondialisé et à la proposition de ce qu’il nomme un écomunisme combinant l’apport du mouvement communiste d’inspiration marxienne et l’écologisme. Nourri d’une culture fondée sur une connaissance effective des sciences de la (…)
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Depuis 1974 en France, à l’époque du serpent monétaire européen, l’État - et c’est pareil dans les autres pays européens - s’est interdit à lui-même d’emprunter auprès de sa banque centrale et il s’est donc lui-même privé de la création monétaire. Donc, l’État (c’est-à -dire nous tous !) s’oblige à emprunter auprès d’acteurs privés, à qui il doit donc payer des intérêts, et cela rend évidemment tout beaucoup plus cher.

On ne l’a dit pas clairement : on a dit qu’il y avait désormais interdiction d’emprunter à la Banque centrale, ce qui n’est pas honnête, pas clair, et ne permet pas aux gens de comprendre. Si l’article 104, disait « Les États ne peuvent plus créer la monnaie, maintenant ils doivent l’emprunter auprès des acteurs privés en leur payant un intérêt ruineux qui rend tous les investissements publics hors de prix mais qui fait aussi le grand bonheur des riches rentiers », il y aurait eu une révolution.

Ce hold-up scandaleux coûte à la France environ 80 milliards par an et nous ruine année après année. Ce sujet devrait être au coeur de tout. Au lieu de cela, personne n’en parle.

Etienne Chouard

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