Mes sincères félicitations à Jeremy Corbyn et à l’aile sociale-démocrate du Parti travailliste britannique. Vous avez remporté les élections de juin 2017 contre une énorme résistance des pouvoirs établis, même si Theresa May va, pour l’instant, continuer à diriger le gouvernement.
Spectaculairement punie par les électeurs qui lui ont enlevé sa majorité au parlement, la blessée politique, Theresa May, s’est maintenue, vendredi, comme Premier ministre britannique, en résistant aux appels à la démission, après l’échec de son aventureux pari électoral, qui rend la difficile tâche de détacher la Grande-Bretagne de l’Union européenne encore plus complexe et incertaine.
Sur 649 des 650 sièges à la Chambre des communes, les Conservateurs meurtris de May ont obtenu 318 sièges, au lieu des 326 dont ils avaient besoin pour avoir la majorité absolue, ce qui est bien moins que les 330 sièges qu’ils avaient avant le pari électoral de May. Les Travaillistes en ont 261.
Les résultats ont désavoué ceux qui disaient que [le leader des travaillistes, Jeremy] Corbyn, était un problème électoral. Rayé de la carte par de nombreux instituts de sondages, les travaillistes ont progressé dans les dernières semaines de la campagne. Ils ont obtenu le soutien décisif des jeunes qui semblent avoir voté en plus grand nombre que prévu.
Beaucoup pensent que [May] partira bientôt.
« Etant donné qu’elle a obtenu un résultat moins bon qu’il y a deux ans et qu’elle est presque incapable de former un gouvernement, je doute fort qu’elle reste longtemps leader du Parti conservateur », a déclaré l’ancien responsable conservateur du Trésor, George Osborne, sur ITV.
May peut maintenant former une coalition avec l’Union démocratique nord-irlandaise conservatrice (DUP) qui a remporté 12 sièges au Parlement. Même comme ça, elle n’aura qu’une faible majorité. Le DUP est éclaboussé par une sombre affaire d’argent saoudien. On pourrait bien avoir une autre élection éclair plus tard dans l’année.
Le Labour a eu le vote des jeunes qui sont venus voter en grand nombre. La plupart des personnes âgées ont voté pour les conservateurs. Quels pourcentages cela donnera-t-il dans dix ans pour chaque parti ?
Corbyn a eu les meilleurs résultats que le Labour a obtenus depuis au moins 1997. Et cela, bien que l’establishment du labour et des médias le diffament depuis qu’il a été élu leader du parti en 2015. Rappelez-vous le journaliste, Nick Cohen, un faux-gauchiste (et sioniste), qui fait partie de l’écurie du Guardian. Il y a seulement trois mois, Cohen écrivait :
Les Tory ont ménagé jusqu’ici Corbyn et ses camarades pour la bonne raison qu’ils veulent qu’ils restent en charge du parti travailliste.
Lors d’une élection, ils les mettraient en pièces. Ils n’auraient qu’à dénoncer la coutume de l’extrême gauche d’excuser l’impérialisme de l’état-gangster de Vladimir Poutine, les oppresseurs de femmes et meurtriers de gays iraniens, l’IRA, et toutes les sortes de mouvements islamistes inquisiteurs et criminels, tout en se présentant avec une piété hypocrite comme une force morale. Y aura-t-il 150, 125, 100 députés travaillistes à la fin de ce matraquage ? Mon conseil est de penser à un chiffre, et de le diviser par deux.
En fin de compte, le Labour a obtenu au moins 261 sièges, 31 de plus que lors des dernières élections. Les Tories ont obtenu 42,5% des voix, le Labour 40% - 10% de plus que la dernière fois. Le système des élections britanniques transforme le petit avantage des Tory en part d’électeurs en une supériorité assez importante en sièges au Parlement.
La victoire de Corbyn permet d’espérer des développements similaires dans d’autres pays européens. (Les tendances à long terme sont beaucoup plus importantes à prendre en compte que l’entourloupe du Brexit.) Corbyn a prouvé que les partis sociaux-démocrates peuvent encore être compétitifs s’ils évitent le dogme néolibéral et reviennent à leurs racines politiques. La leçon arrive trop tard pour les élections en France et les prochaines élections en Allemagne. Dans ces deux pays, l’establishment gère toujours les partis sociaux-démocrates qui perdent une élection après l’autre. Comme le Labour en Grande-Bretagne, ils ont besoin de se renouveler en laissant revenir à leur tête de vrais politiciens de gauche avec de vrais programmes socialistes. (Il serait vraisemblablement arrivé la même chose aux États-Unis si l’establishment du parti n’avait pas saboté la campagne de Bernie Sanders au profit d’une Hillary Clinton qui n’a pas été élue. Sanders était probablement une occasion unique qui ne renouvellera pas avant longtemps. )
Il faudra un certain temps pour que la victoire de Jeremy Corbyn engendre une renaissance européenne des politiques sociales-démocrates. Mais elle représente un énorme pas en avant et c’est le sens de l’histoire.