Néolibéralisme et élites : S’adresser au peuple-classe, pas au peuple-nation.

Contre le FN, contre la droite, contre la "gauche d’abandon ("mon ennemi n’est plus la finance comme au Bourget il y a 5 ans en janvier 2012) il faut un projet et une adresse explicite au peuple. Quel peuple ?

1 - Le national-populisme n’est pas le social-populisme.

La différence apparait plus importante que ce qui semble faire point commun, l’adresse au peuple. Le national-populisme est surtout de droite et secondairement à gauche de facture crypto-stalinienne ou d’actualisation du chevènementisme car son nationalisme protège les élites prédatrices, surtout dans sa version droitière mais aussi pour le courant issu du marxisme stalinisé. C’est un communautarisme national qui cache la classe dominante tout comme le communautarisme religieux cache ses intégristes.

Le néolibéralisme avec ses élites privées et publiques a largement brisé via un ensemble de mécanismes de distinctions, de séparations, de mise en corporations variables, la conscience de classe des travailleurs et travailleuses du privé et du public et plus largement, concernant la montée effarante des inégalités sociales, la conscience collective du peuple-classe . Cette dernière est réelle, quoique faible, avec la montée en force du néolibéralisme et de ses grandes inégalités.

2 - La France n’est pas les EU.

Sans être tous et toutes des adeptes de la décroissance on peut dire qu’en France une majorité de citoyens d’en-bas aspirent globalement à un minimum de confort matériel et surtout de sortir d’un état d’insolvabilité face aux marchés mais ne visent nullement devenir millionnaires voire milliardaires. C’est là une mentalité française populaire relativement massive bien différente de celle des EU. Il y a une aspiration à la justice sociale et à ce que les riches soient moins riches et les pauvres nettement moins pauvres.

3 - Peuple-classe, sujet ou pas, une adresse est nécessaire

Le peuple-classe multicolore constitue un bloc de citoyens et citoyennes d’en-bas qu’il importe de mobiliser pour changer la donne au plan démocratique et sur tous les autres aspects. Le peuple-classe constitue la force du changement, soit par vocation – théorie du sujet historique – soit par simple souci de construire pragmatiquement des alliances de couches ou classes sociales contre les politiques publiques ou privées (requins de la finance).

4 - Présenter globalement une alternative à gauche et de gauche !

Pour ce faire, contre l’austérité et la casse sociale, il convient de mettre l’accent sur la construction du social – un vrai code du travail protecteur, un maintien du statut des fonctionnaires, une défense et développement des services publics, de la sécurité sociale, socialisation des banques, etc (cf Convergence des Services publics) – sans négliger les autres aspects : refus du sexisme, du racisme, des intégrismes religieux. Refus aussi de l’impérialisme et du néo-colonialisme notamment en Afrique (Franc CFA contesté). Lier aussi combat social et combat laïque.

Il convient aussi d’intégrer la dimension environnementale et écologique pour favoriser la transition écologique. Avec une nouvelle RTT à 32 heures voire 30 heures, on peut alors recruter de nouvelles forces pour construire cette transition et aller vers un écosocialisme du XXI siècle ! Il faut changer le travail – plus de respect moins d’exploitation – mais aussi faire enfin en sorte que le peuple-classe puisse travailler et travailler sans excès, à sa mesure. Chacun doit pouvoir prendre sa part à la production sociale de l’existence. L’allocation universelle est un piège pour la gauche, une défaite.

La question de la solidarité avec les réfugiés et autres migrants dans la détresse est aujourd’hui un net critère de distinction de qualité d’humanisme entre ceux et celles qui cèdent à la xénophobie d’Etat et se placent lâchement et honteusement du côté de la répression d’Etat et ceux et celles qui sont du côté de la raison solidaire telle que Jean Ziegler la théorisait au milieu des années 80 (in Vive le pouvoir ou les délices de la Raison d’Etat - Seuil 1985).

5 - Reste un aspect : la corruption .

Marxiste pour une alternative de grande ampleur tant en France qu’en Europe, nous ne croyons pas que le peuple-classe serait à priori plus intègre et que les élites oligarchiques seraient fatalement corrompues. Mais la corruption est déterminée. Elle vient d’un monde tragiquement orienté vers l’accumulation du capital. Elle n’est pas un fatum ! Il existe des forces contraires qui s’y opposent. Un certaine éthique peut devenir une force matérielle partagée.

La lutte contre la corruption est un élément à favoriser pour la lutte pour la paix et pour un autre socialisme authentiquement plus respectueux de ses principes – Liberté, Egalité, Laïcité, Fraternité – que celui ayant réellement existé à l’Est sous la férule d’une bureaucratie et d’un dictateur que ce ce soit Staline ou Mao sans parler des autres.

Les dictateurs se réclamant d’un « socialisme de caserne » sont aussi détestables que feu les dictateurs ayant sévis jadis dans le sud de l’Europe (Portugal de Salazar, Espagne de Franco, Grèce des Colonels) et en Amérique du sud.

Christian DELARUE
amitié-entre-les-peuples.org

COMMENTAIRES  

28/01/2017 19:13 par Esteban

Et allez, encore une couche sur Staline. C’est terrible comment la lâcheté peut paralyser la cervelle des intellos. De nombreuses publications d’historiens (ils sont nombreux mais censurés des médias) ayant travaillé sur les archives déclassifiées de l’Union Soviétique à partir des années 90, ont été publiées et viennent contredire cette propagande nazi/étasunienne anti-stalinienne. Mais rien n’y fait, tout est bon pour se faire mousser, ignorance ou malhonnêteté ? Les deux !.
La fin, sans fioriture, vaut son pesant de saloperies :
...un autre socialisme authentiquement plus respectueux de ses principes que celui du détestable dictateur Staline fervent d’un socialisme de caserne et comparable aux fascistes Salazar et Franco.
Et voilà, monsieur a conclu. Mais si monsieur a pu le faire c’est parce que le socialisme de caserne, qui fut forcé à l’être à cette époque, a sauvé les ascendants de monsieur, et le peuple soviétique qui défendait ce socialisme l’a payé très chèrement. Si monsieur rechigne à s’informer par peur d’être obligé de se remettre en question, mieux vaut qu’il s’abstienne à l’avenir de cracher le venin fabriqué par les nazis et les étasuniens.

28/01/2017 20:32 par babelouest

Staline n’aurait rien pu faire sans le peuple russe. Pas le "peuple-classe", pffff... il y a dix ans sans doute que j’entends ce vocable. Le Peuple a un sens géographique, paisible, la classe un sens social de rapports de force, donc de guerre, et cela ne se mélange pas sauf justement à vouloir noyer le poisson.

28/01/2017 22:40 par Georges SPORRI

Un article publié sur BELLACIAO (FR), intitulé "Les mots sont importants : "POPULISTE" ?" et un autre article sur mai68.org intitulé "La répugnante gauche caviar ne connaît pas le sens du mot "POPULISTE"... auraient permis d’éviter les néologismes utilisés dans cet article...

29/01/2017 11:44 par Chris DEL

Lénine suite de Marx et précurseur de Staline ? Oui un peu, pas totalement.

Staline est un dictateur contre-révolutionnaire qui amis au Goulag d’authentiques révolutionnaires bolcheviques. Ce type n’a jamais été une figure de la Révolution mais un ennemi.Lénine est lui un brillant théoricien comme Marx, il est aussi un très bon organisateur de collectifs des travailleurs et des peuples, tout comme Marx. Staline est moins bon théoricien - plus dogmatique qu’analyste critique - et en matière d’organisation il est plus tacticien que stratège. C’est lui qui a pris les rennes du pouvoir en 1924 de l’URSS crée en 1922.

Le Que-sais-je ? sur Marx de Pierre Fougeyrollas met l’accent sur l’aspect « homme d’organisation » de Marx qui n’est pas que théoricien du matérialisme, théoricien qui combinent divers types d’études critiques, tant en philosophie (contre Hégel, remettre sur pied la dialectique de l’activité humaine productrice de l’existence sociale, contre Feurebach mener une critique de la religion comme première critique) et comme condition de toute critique), plus les économistes classiques et les historiens. Lénine a repris ce type de travail. Car être critique marxiste ou critique matérialiste suppose au plan théorique la déspécialisation et donc d’appréhender des études critiques diverses, pas que l’économie, l’économie politique et les rapports sociaux qui la clive et qui forment la lutte des classes. Cela suppose aussi une pratique sociale, une activité d’organisation de la classe prolétarienne, les travailleurs salariés.

Nous sommes en 2017 soit 100 ans après les deux Révolutions de 1917, celle de février et celle d’octobre 1917 qualifiée de Révolution bolchevique et qui se proposait de donner « tout le pouvoir au soviet » à l’image de la Commune de 1871 en France, que Lénine avait étudié dans son ouvrage « L’Etat et la révolution ». Si Lénine voulait avec les masses populaires instaurer le socialisme, ce n’était pas tout de suite et ce n’était pas non plus le « socialisme de caserne » de son successeur Staline en 1924. Il est bon, par méthode, de laisser libre d’accès l’hypothèse socialiste, en se méfiant comme de la peste d’une dérive stalinienne. De nos jours, cela suppose de prendre en charge deux questions redoutables : la démocratisation de l’Etat vers la socialisation (de l’appropriation publique à l’appropriation sociale de type communiste) et la question de l’Etat de droit, et même celle du droit et de l’éthique face au cynisme des néolibéraux. Rien que le fait de dire cela ainsi, pour qui connait le problème du statut du droit chez Marx pose problème.

Christian DELARUE

Ernest Mandel (1992) : « Octobre 1917 : Coup d’Etat ou révolution sociale ? »Retour ligne automatique
http://www.ernestmandel.org/fr/ecrits/txt/1992/octobre_1917.htm

29/01/2017 15:14 par Esteban

Que de bla bla bla ! Staline a vite été mis devant des responsabilités et a du riposter avec autre chose que du charabia de théoricien. Avec une URSS isolée et attaquée sur tous les fronts Est, Nord, Ouest , il a bien fallu qu’il réponde avec son peuple à la hauteur des agressions. Certains auraient préféré que les soviétiques baissent les pantalons et retournent à la misère et l’analphabétisme de l’ère tsariste, heureusement pour eux et pour nous ils ont résisté et contre-attaqué héroïquement avec Staline en plein milieu. Il a su ÉLIMINER tous les parasites criminels soudoyés et infiltrés aux postes influents. C’est cela qui gêne ? Arrêtez de nous bassiner avec les goulags, les purges, le pacte germano-soviétiques, les 6 millions d’ukrainiens assassinés par une famine organisée...etc, tout cela était faux et falsifié, mis au jour par des historiens sérieux et courageux, pas ceux que vous lisez, qui ont des intérêts auprès des tenants du capital et qui sacrifieraient père et mère pour leurs plaire et une vie confortable. Il suffit de voir l’immensité du territoire de l’Union soviétique et se demander comment Staline aurait pu résister s’il n’avait pas eu le soutien du peuple soviétique. Si vous n’avez pas l’intention de vous actualiser avec l’histoire, et voulez rester crédible, ayez au moins la décence de ne pas tacher vos feuilles avec cette propagande nazi qui malheureusement a faussement culpabilisé des générations de communistes et a réussi à freiner et éliminer une dynamique révolutionnaire possiblement mondiale.
Stop et fin pour moi.

29/01/2017 23:41 par Chris DEL

Babelouest (que je connais via l’ancien site qu’il co-animait depuis 10 ans environ effectivement)

Tu évoques le peuple russe donc un sens ethnique ou ethno-national du peuple et c’est possible . Mais libre à moi de voir que ces usages souvent populistes ont deux défauts que n’ont pas le sens de peuple-classe :
- ils intègre la classe dominante (comme le fait le FN)
- ils excluent les résidents non nationaux ou non ethnique (comme Sarko et le FN)

La définition de peuple-classe multicolore exactement fait le contraire :
- elle est posée pour s’opposer à l’oligarchie financière et au capitalisme financier : c’est un construit théorique pour des alliances de classes et couches sociales
- elle intègre les résidents non nationaux ou non issus de la communauté ethnique

30/01/2017 08:38 par babelouest

Pas du tout, Christian.

Pour moi le peuple est le peuple, c’est-à-dire ceux qui vivent dans un pays donné, qu’ils en aient "le passeport", ou qu’ils soient venus en raison de circonstances souvent différentes.

La classe, ce sont tous ceux, partout, qui sont opprimés, et la classe, elle n’a pas de frontières.

Je pense qu’il y a dix ans, j’avais la même optique. Seule nuance : je me rends compte qu’on ne peut lutter qu’en fermant les frontières aux Banksters et leurs larbins, et bien entendu leur pognon mondialiste. Les richesses gagnées ici, doivent rester ici. Rien n’empêche de conclure des accords, mais d’État souverain à État souverain. Ce qui implique bien entendu de virer toute la classe politique actuelle, apatride et vorace. Il existe un accord international, qui ne fut pas appliqué parce que le Congrès US ayant changé de majorité pendant le processus, refusa de le ratifier. Dépoussiéré et dé-libéralisé, il ferait parfaitement l’affaire avec ce qu’il devait permettre d’installer : l’Organisation Internationale du Commerce.

01/02/2017 21:50 par Chris DEL

Nord et Sud : avons-nous encore un même combat ?

Les forces sociales progressistes du Nord mènent des combats relativement similaires, malgré des contextes fort différents, à celles du Sud, des Suds, des formations sociales périphériques. C’est ce qui permet une certaine solidarité avec les forces progressistes des Sud ou des périphéries qui sont qualifiées ainsi car elles mènent plusieurs combats que nous allons nommer.

Le fil à plomb serait la « Raison solidaire » telle que théorisée par Jean ZIEGLER au milieu des années 80 (in Vive le pouvoir ou les délices de la Raison d’Etat - Seuil 1985). Mais ce fil est perturbé par divers facteurs qui brouillent les pistes. De ce brouillage et de ces confusion des « idéologies troubles » apparaissent. On voit des gauches devenir nationalistes, des gauches couvrir les intégrismes religieux pourtant extrêmement réactionnaires, sans parler des gauches faiblir face au capitalisme financier et au néolibéralisme, faiblir face à l’impérialisme.

I - Contre l’ennemi EXTERIEUR on trouve le combat anti-impérialiste

Il porte contre les Etats du Nord (militarisme, ingérence politique néo-coloniale, emprise de la dette, emprise économique des firmes multinationales du nord, etc). Un progressiste du Nord ne saurait approuver que son propre Etat parte en guerre contre des pays de la périphérie. Si exception il y a alors il convient d’être très prudent et très lucide. Les risques de manipulation de l’information au niveau des enjeux ou de la situation des moyens ms en oeuvre sont réels.

C’est sur ce point que l’on retrouve clivages et confusion. Il arrive - il faut bien le dire nettement - que l’on ne sache plus avec qui être solidaire ? Ou sont les forces progressistes ? Ou sont les résistant-es ? Il y a le refus d’écraser les peuples sous les bombes c’est évident. Mais dans nombre de situations, il ne suffit pas d’avoir ce principe. Et l’information sûre fait défaut.

II - Contre l’ennemi INTERIEUR on retrouve plusieurs combats qui s’articulent de façon variable.

a) - Le combat social et écologique face aux oligarchies prédatrices.
Le combat social est mené par les syndicats et les forces progressistes en appui : classisme (promotion des droits des ouvriers, employés et cadres) en lien avec la défense des peuples-classe contre les élites conservatrices et réactionnaires qui diffusent un populisme ethnique ou tribal pour diviser les peuples. Il existe aussi des forces écologiques montantes dans divers pays qui luttent contre la pollution, la dégradation des forêts et des sols.

b) - Le combat anti-raciste, féministe et laïque  : il s’est développé de façon contradictoire partout face aux contre-mouvements réactionnaires religieux de type divers qui sont apparus et militent pour un hyperpartriarcat . Les féministes combattent partout le sexisme et veulent réduire plus encore la force du patriarcat qui a subit un recul variable ces 30 à 40 dernières années face aux féministes et face à des millénaires de rapports sociaux inégaux et archaïques contre les femmes. Il y a besoin d’un mouvement féministe multicolore internationalisé puisque l’intégrisme religieux sous ses différentes formes est international, mondialisé. L’exigence de sécularisation des sociétés fait face aux emprises des secteurs religieux offensifs. Les solidarités à gauche sont perturbées.

c) - Le combat laïque et démocratique  : L’articulation de ces combats (les 4 ci-dessus) s’articulent de façon très variable avec les combats démocratique et laïque. Laïciser et démocratiser les Etats forment une perspective constante des peuples-classe et des corps intermédiaires des peuples-classe des Suds comme des Nord. Tous ont des progrès devant eux à réaliser.

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