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Ami libéral, j’aurais tant aimé partager ton incrédulité (Common Dreams)

Cher ami libéral (*), j’aurais tant aimé partager ton incrédulité quant à l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. J’aurais tant aimé ressentir comme toi cette blessure qui, aussi douloureuse qu’elle fut, porte aussi en elle la récompense du réconfort d’une solidarité douce et chaleureuse. J’aurais tant aimé m’asseoir à tes côtés et fulminer d’une colère saine contre la vulgarité et la cruauté inégalées de Trump et de ses disciples.

J’aurais tant aimé le faire, mais je ne le ferai pas. Pourquoi ?

Parce que je te connais, peut-être mieux que te n’oses te connaître toi-même. Je te connais bien parce que je t’ai observé avec beaucoup d’attention ces trois dernières décennies et j’ai malheureusement appris que tu es autant, sinon plus, dans la posture et l’estime de soi que le représentant de ces valeurs nobles que tu prétends porter.

J’ai vu comment tu t’es accommodé avec la plupart des forces sociales rétrogrades que tu dis avoir en horreur. Je t’ai vu presque totalement silencieux devant le plus grand crime qui soit, la guerre non provoquée, allant jusqu’à accepter comme candidat à la présidence une personne qui a froidement mené la destruction complète de la Libye, un vrai pays avec de vraies personnes qui aiment leurs enfants comme toi et moi, et avec pour seul motif - comme l’ont révélé les emails de Podesta - de favoriser ses ambitions politiques personnelles.

J’ai vu comment tu as gardé le silence devant la célébration perverse de cette même personne, devant une caméra, du meurtre par une baïonnette enfoncé dans l’anus du chef de ce pays autrefois souverain, et devant des dizaines de milliers de morts et des centaines de milliers de réfugiés que cette guerre a provoqués.

J’ai vu au cours des huit dernières années comment tu t’es réfugié derrière les qualités évanescentes de la couleur de la peau et la parole doucereuse de ton président « libéral » pour ne pas admettre son absence totale d’actions concrètes en faveur de ces valeurs que tu prétends défendre.

J’ai vu comment tu n’as pas pipé mot lorsqu’il a secouru des banquiers, poursuivi des donneurs d’alerte, et déporté des immigrants désespérés et opprimés en nombres jusqu’ici inimaginables.

Et je n’ai pas entendu la moindre plainte (contrairement à ces libertariens soi-disant stupides et primitifs) lorsqu’il s’est arrogé le droit de tuer de sang froid, et comme bon lui semble, des citoyens américains.

Je t’ai observé lorsque tu as non seulement complètement normalisé l’éradication méthodique par Israël du peuple palestinien et de sa culture, mais tu as même rendu le fait d’applaudir avec enthousiasme cette campagne de sauvagerie le test décisif de la respectabilité sociale et politique dans les milieux que tu fréquentes.

J’ai vu comment tu as balayé avec désinvolture le souvenir de ces millions de personnes innocentes détruites par l’agression militaire des États-Unis dans le monde, et la brutalité policière ici-même, afin d’imiter servilement l’orgie incessante du culte de l’uniforme mis en mouvement par la droite et ses auxiliaires médiatiques après les attentats du 11 septembre 2001.

En bref, depuis 1992, j’ai observé comment tu as transformé un courant de pensée sociale jadis enraciné dans ce sentiment humain le plus élémentaire - l’empathie - en une médaille épinglée sur le revers de ton veston en signe d’une prétendue supériorité culturelle et éducative. Et parce que se sentir bien à ton propre sujet était beaucoup plus important à tes yeux que d’aider réellement les opprimés, tu as accepté, avec plus ou moins d’entrain, pratiquement toutes les mesures attentatoires à la vie et à la dignité avancées par la droite autoritaire.

Et maintenant tu voudrais que je partage ton émoi et ton incrédulité ?

Non merci, je vais garder mes larmes pour toutes les personnes, idées et programmes que tu as abandonnés au bord du chemin et en cours de route.

Thomas S. Harrington
professeur d’études hispaniques au Trinity College de Hartford (Connecticut) et l’auteur du livre récemment publié Livin’ la Vida Barroca : American Culture in a Time of Imperial Orthodoxies.

Traduction "entends-tu la terre trembler, ami "socialiste" ?" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

(*) comme toujours en ce qui concerne les écrits politiques US, le terme « liberal » s’apparenterait plutôt à « la gauche » version PS et consorts chez nous. (NdT)

»» http://www.commondreams.org/views/2016/11/10/i-would-love-share-your-incredulity
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