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Maduro affronte à son tour un coup d’État institutionnel

Le Parlement vénézuélien, contrôlé par la droite, a approuvé mardi l’ouverture d’un procès en destitution contre le président de la République bolivarienne. Une procédure non conforme à la Constitution.

Après le Honduras en 2009, le Paraguay en 2012, le Brésil en août, le Venezuela est à son tour frappé par une tentative de coup d’État institutionnel. Mardi, le Parlement vénézuélien, contrôlé par la droite, a approuvé l’ouverture d’un procès en destitution contre le président Maduro, dont le mandat expire légalement en 2019. Officiellement, la procédure est chargée d’examiner sa « responsabilité pénale, politique et son abandon de poste ». Problème : le procès en destitution n’est inscrit nulle part dans la Constitution mais les juristes, acquis à la droite, soulignent que la procédure pour manquements au devoir de sa charge serait légale. Des questions subsistent néanmoins sur le rôle du Tribunal suprême de justice (TSJ), qui a bloqué tous les projets de loi du Parlement depuis janvier. Le TSJ considère depuis Nicolas Maduro, qui ne reconnaît plus le Parlement, en infraction. Hier, le président de la République bolivarienne, de retour d’une tournée au Moyen-Orient et d’une entrevue avec le pape François, convoquait un conseil de défense national. Mardi et mercredi, l’opposition tentait également de faire pression dans la rue en organisant des manifestations. Elle poursuit ainsi sa tactique d’affrontements dans la rue qui s’était soldée, en 2014, par la mort d’une quarantaine de personnes.

Cette crise est orchestrée de toutes pièces par le patronat

Dans les faits, l’opposition s’appuie sur la profonde crise économique, qui se traduit par une pénurie de 80 % des aliments et l’inflation la plus élevée au monde (475 % cette année et 1 660 % en 2017, selon le FMI). Cette crise est pourtant orchestrée de toutes pièces par le patronat, qui organise le blocage économique sur le modèle chilien des années 1970.

Dans cette stratégie, les parlementaires de droite constituent un relais de poids. Lorsqu’en mai dernier Nicolas Maduro a décrété l’« état d’exception et d’urgence économique » afin de protéger le pays des interventionnismes étrangers et de la guerre économique lancée par le patronat, la droite a voté contre.

Un putsch fomenté par la droite avec l’appui de l’étranger

Après de longues tergiversations, symbole des divisions de la coalition de la Table pour l’unité démocratique (MUD), l’offre de dialogue a finalement été acceptée par la droite... avant d’être de nouveau conditionnée à un changement de lieu. L’opposition exige que la réunion, prévue dimanche sur l’île Margarita (nord) en présence du chef de l’État, se tienne dans la capitale. Lieu de toutes les tensions. Le président du Parlement, Henry Ramos Allup, n’a quant à lui pas encore indiqué s’il s’y rendait.

Confirmant l’idée d’un putsch fomenté par la droite et le patronat, le premier vice-président du Parti socialiste uni du Venezuela, Diosdado Cabello, a livré samedi des détails sur un plan retrouvé dans le téléphone d’un militant de Volonté populaire (extrême droite), arrêté le 18 octobre avec grenades et bombes lacrymogènes destinées à l’attaque du siège du gouvernement. Ce plan « Condor Rock and Roll », dont le nom aux apparences fantasques ne laisse en fait aucun doute, devait se dérouler en quatre phases et se solder sans surprise par le renversement de Nicolas Maduro. En plus de l’instauration du concept anticonstitutionnel de « référendum révocatoire populaire », une grève nationale, le barrage des routes principales et l’attaque de casernes de l’armée et des forces armées nationales bolivariennes étaient prévus. Avec l’appui de l’étranger, l’opposition entendait marcher sur le palais présidentiel de Miraflores.

Lina Sankari Jeudi,
27 Octobre, 2016 - L’Humanité

»» http://www.humanite.fr/maduro-affro...
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