Cher Roger, je ne comprends pas ce que vous ne comprenez pas. Une chose est de lire Montessori ou Freinet, de s’y intéresser et de s’en inspirer à titre personnel, autre chose est d’être contraint et forcé par des directives ministérielles et administratives, comme c’est actuellement le cas, d’appliquer telles et telles recettes et formules préfabriquées de façon technocratique, qui se réclament plus ou moins de doctrines elles-mêmes déjà plus ou moins vulgarisées (qu’elles soient pédagogiques, linguistiques ou cognitivistes). La rhétorique "pédagogiste" a pour but de dissimuler les vraies tares du système éducatif (qui, comme celles du service public de santé, ne sont pas pédagogiques !), et de mettre au pas les enseignants : en témoigne par exemple cette épreuve de CAPES inventée sous Sarkozy (et victorieusement rejetée avec indignation par les enseignants unanimes), qui portait étroitement sur "Éthique et responsabilité" du métier (sur le modèle "travail, famille patrie", en somme). Comme si un enseignant - ou un médecin - convenablement formé par ses années d’études, ne pouvait avoir, de par sa formation même, ni morale, ni sens des responsabilités. Nier "l’autorité" de l’enseignant, pour la remplacer par celle de sa hiérarchie, met en danger la société tout entière. Il n’y a pas d’enseignement sans pédagogie au sens propre, c’est évident. Mais sans liberté pédagogique, vous n’aurez jamais, ni bons enseignants, ni élèves capables de penser par eux-mêmes.