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Les Zindigné(e)s ! n° 33

L’éditorial de Paul Ariès s’intitule “ La gauche Hara kiri ! ” : « La gauche de gauche aphone menace maintenant de se suicider. Non parce qu’elle irait aux élections divisée ou avec un projet trop radical mais parce que les logiques d’appareil et les petits intérêts personnels la conduisent à tenter de sauver une dernière fois le PS (qui n’est plus un parti de gauche).

Jean Jacob revient sur le « terreau de théories » que constitue l’écologie politique : « L ‘écologie politique a été tiraillée entre des courants parfois très opposés (libertaires, conservateurs). Depuis, l’écologie est aussi en proie à de nombreuses récupérations très intéressées.

Le même Jean Jacob décrit « une (re)Fondation américaine de l’écologie politique française » et la « croissance de la décroissance ».

Thierry Brugvin pense que « le capitalisme s’appuie sur nos peurs pour nous faire consommer plus » : « Par la publicité, le capitalisme vise à inciter à la consommation infinie des masses, afin de tenter de satisfaire deux besoins névrotiques principaux : celui d’être reconnu et celui de posséder. Ces besoins sont engendrés par la peur de ne pas être aimé et d’être faible. »

Boris Martin se demande si les entreprises veulent se payer l’humanitaire : « La doctrine américaine en matière d’humanitaire a donné lieu à un modèle dit d’intégration de l’humanitaire dans le dispositif politique, diplomatique et militaire américain. Ce modèle est basé sur le « managérialisme » libéral défini par le chercheur Serge Makki, avec la réduction du poids de l’État et l’ouverture au secteur privé. Ce modèle a pour vocation à être dupliqué via la Grande Bretagne en Europe et notamment en France. Or, le modèle humanitaire français est particulier ; la greffe prendra‐t‐elle ?
De fait, la stratégie humanitaire française adoptée en 2012 accorde une place de choix aux entreprises et fondations privées. Le récent accord conclu entre le ministère français des Affaires étrangères et 5 entreprises (Bouygues Construction, EDF, Lafarge, Nutriset et Veolia) marque ce rapprochement de manière éclatante. Par ce partenariat, qui prévoit de créer des synergies plus efficaces entre les moyens publics et privés, les entreprises s’engagent à mettre à disposition des moyens humains et matériels dans leur domaine de compétence, et l’État, ses réseaux diplomatiques.

Camille Sardon s’intéresse à nous comme spectateurs : « Nous sommes tous devenus spectateurs. Nous commentons, nous critiquons. Nous déléguons aux autres le soin de penser à notre place, de faire semblant d’agir. L’essentiel est notre bonne conscience. »

Pour Yann Fiévet, Macron est le « casseur en chef » : « Il est dit souvent que les grands hommes qui marquent l’Histoire sont les produits fidèles de leur époque. S’il est trop tôt pour affirmer qu’Emmanuel Macron va vraiment imprégner l’Histoire socio-économique et politique de la France, il est en revanche déjà incontestable qu’il est le pur produit d’une remarquable conjonction : une ascension personnelle permise par le règne absolu de la méritocratie ; le renoncement du politique à contredire sérieusement la doxa économique néo-libérale à l’œuvre depuis trente ans. Comme tous les personnages désireux d’atteindre les sommets l’actuel ministre français de l’économie dispose déjà d’une légende nourrie tout à la fois par les indiscrétions lâchées opportunément par l’intéressé lui-même et par la complaisance empressée de certains médias. Il est dès maintenant possible d’anticiper sur l’avenir : si la politique française laisse les coudées franches encore quelques temps à Emmanuel Macron l’Histoire pourra le consacrer comme le destructeur suprême du modèle social français. Osons un pari : le jeune ambitieux a été précisément nommé à Bercy pour endosser la responsabilité des réformes décisives dont rêve le tandem Hollande/Valls sans oser les assumer vraiment. »

Jean-Marc Sérékian explique pourquoi le gaz de schiste est la victoire à la Pyrrhus de Big Oil : « Grâce aux magistrats, Total se retrouve avec un permis en bonne et due forme. En février, le président des Républicains a déclaré que sa formation politique devait être “ le parti des gaz de schistes et des OGM ”. »

Le mensuel publie un entretien avec Paul Ariès à l’occasion de la publication de son livre La face cachée du pape François (Editions Max Milo).

Question : Vous signez fin mars 2016 le premier livre critique sur le pape François ou plus exactement sur « l’Eglise du pape François ». Vous expliquez que ce livre n’aurait pas existé sans le soutien actif des réseaux sud-américains et notamment argentins.

Paul Ariès : Il est important en effet de renouer avec une critique de l’Eglise alors qu’on assiste à une montée du fait religieux et que les autres langages peinent à exprimer les ressentiments et les espoirs. Le retour du religion c’est déjà la sanction d’une gauche mondiale aphone. La gauche comme la science se défilent même aujourd’hui devant leur fonction critique et laissent l’Eglise tenir la rue et imposer ses dogmes. Les cathos de gauche sont devenus incapables de tenir un discours critique et reprennent la thèse du bon pape mal conseillé, mal entouré ou simplement empêché d’agir par une Curie qui lui serait opposée. Une Eglise réactionnaire se mordrait les doigts d’avoir choisi un pape devenu subitement, par la grâce divine, progressiste, social et écolo ! J’aurai aimé participer à la papamania actuelle mais les faits sont têtus. J’ai toujours revendiqué mon athéisme natif mais je n’ai jamais considéré que la religion serait uniquement un opium du peuple, bien que l’Eglise, en tant qu’institution soit « intrinsèquement perverse ». Elle a toujours pactisé avec les puissants contre les peuples. J’ai collaboré depuis trente ans à de nombreuses revues catholiques comme Golias, Relations, revue éditée par les jésuites du Québec, Lumière et vie, revue dominicaine, je suis même édité au Brésil par les éditions Loyola du nom du fondateur de l’ordre des Jésuites. Ce livre n’aurait pas été possible sans l’aide de multiples réseaux qui n’osent pas notamment dans l’Eglise dire tout haut ce qu’ils pensent tout bas.

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Roberto Saviano. Gomorra. Dans l’empire de la camorra. Gallimard, 2007.
Bernard GENSANE
Il n’est pas inutile, dans le contexte de la crise du capitalisme qui affecte les peuples aujourd’hui, de revenir sur le livre de Roberto Saviano. Napolitain lui-même, Saviano, dont on sait qu’il fait désormais l’objet d’un contrat de mort, a trouvé dans son ouvrage la bonne distance pour parler de la mafia napolitaine. Il l’observe quasiment de l’intérieur pour décrire ses méfaits (je ne reviendrai pas ici sur la violence inouïe des moeurs mafieuses, des impensables tortures corporelles, (…)
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« Citoyens,

Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre vie, souffrant des mêmes maux. Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne consultent que leur propre intérêt et finissent toujours par se considérer comme indispensables. Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l’action ; ils sacrifieront tout à un beau discours, à un effet oratoire ou à mot spirituel. Evitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère. Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c’est aux électeurs à choisir leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter. Citoyens, Nous sommes convaincus que si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considèrent jamais comme vos maîtres.

Le Comité Central de la Garde Nationale »

Texte de l’affiche apposée avant l’élection de la Commune de Paris, 25 mars 1871.

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