L’Europe tremble non du rugueux hiver, mais de frayeur et ses autorités brassant du vent, sont sur le qui-vive, ne cessant de prophétiser « le pire ». Loin de rassurer les populations, elles leur annoncent que le pire est à venir. En effet, le terrorisme a de nouveau frappé, mardi, au coeur de la capitale européenne, Bruxelles. Cet attentat meurtrier, fait suite à celui de Paris du 13 novembre dernier tout aussi sanglant, dont l’enquête est toujours en cours.
Comme ceux de Paris, les attentats de Bruxelles ont été revendiqués par l’autoproclamé Etat islamique » (EI/Daech). Dans ce propos, nous n’épiloguerons pas sur la question qui se pose, reste posée : qui est au final Daec h, un groupe terroriste super équipé militairement et disposant de finances astronomiques ? Aussi, tant que l’énigme n’est pas élucidée, EI/Daech restera une simple boîte postale commode pour toutes les forfaitures, outre contre la paix et la sécurité du monde en général, le monde musulman en particulier, mais aussi donne aux autorités des justifications à des politiques autoritaires. Dès lors, le terrorisme est bien là, instrumentalisé tous azimuts pour des objectifs que seuls ceux qui en tirent les ficelles connaissent.
Ce qu’il faut cependant relever est que ses géniteurs, les Etats-Unis et Israël, sont épargnés par la fureur meurtrière de l’EI/Daech. Aussi, la justification étasunienne de la « Guerre mondiale au terrorisme » devait-elle s’accompagner d’actes toujours plus barbares. Ce que l’autoproclamé « Etat islamique » fait avec conscience et conviction. Cela a donné en conséquence naissance aux Etats-Unis et en Europe à des lois liberticides et ceux qui en contestent la légitimité sont accusés de négationnistes, de complotistes et autres suppôts du terrorisme. Ainsi, suite aux attentats de Bruxelles il faut s’attendre à ce que la Belgique – après les Etats-Unis, la France et d’autres pays européens – prépare des lois plus restrictives envers les citoyens. Or, le terrorisme n’est pas chose nouvelle et sa datation « moderne » remonte au moins aux années 1980 [attentat contre l’ambassade américaine à Beyrouth en 1983, 63 morts, contre celles du même pays à Nairobi et à Dar Es-Salaam en 1998 faisant 224 victimes] induisant des milliers de victimes. Mais quand le terrorisme posait des bombes dans la capitale et les villes algériennes et assassinait des milliers de civils, égorgeait les femmes et enfants, brûlait des bébés, l’Occident, la France singulièrement, se demandait « qui tue qui » et qualifiait cette barbarie de « guerre civile ». En fait, ce sont les attentats du 11 septembre 2001 à New York aux Etats-Unis – dont les vrais commanditaires restent à déterminer – qui ont fait prendre conscience de la nocivité de ce fléau, sorti droit des laboratoires de la CIA, du MI6, du Mossad et autres DGSE. En fait, le terrorisme international – est-il islamiste en vérité ? – est une arme à double tranchant que les Occidentaux, en particulier les Etats-Unis [qui l’ont expérimenté en Afghanistan dans les années 1980] refusent de définir et d’identifier.
De fait, le compagnonnage des Occidentaux avec le terrorisme est ancien et on en retrouve la trace, vers la fin des années 1970, lors de la réception par le président étasunien, Ronald Reagan, des phalanges afghanes qui combattaient le pouvoir de Babrak Karmal puis de Mohamed Najibullah à Kaboul. Changer un pouvoir en place par la force « était une bonne cause » disait alors le président Reagan qui, avec l’aide financière de l’Arabie saoudite, fit recruter des milliers de mercenaires dans le monde arabe et musulman qui combattirent en Afghanistan contre les armées afghane et soviétique. Et c’est Ronald Reagan qui, le premier, donna à ces groupes hétéroclites (qui annonçaient Al-Qaïda) la stature de « combattants de la liberté ». Trente-cinq ans plus tard, lui faisant écho, l’ancien chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, renchérit « le Front al-Nosra (branche syrienne d’Al-Qaïda) fait du bon boulot contre al-Assad en Syrie et il serait difficile de le désavouer ».
La boucle est ainsi bouclée. Le terrorisme sert avant tout les intérêts stratégiques et économiques de ceux-là qui l’instrumentalisent. Donc, ce que les Etats-Unis ont commencé en Afghanistan – changer un régime par des mercenaires et des terroristes commandités – semble devenir la règle et est ainsi réédité en Syrie avec le même concept de destruction et de terre brûlée. Mais Daech, devenu hors contrôle, sert autant ses intérêts propres que ceux qui le commanditent. Ce qui donne des extras comme les attentats à Paris et Bruxelles dans une Europe de plus en plus antisociale, renfermée sur son quant-à-soi, où l’extrême droite, le fascisme et le nazisme (ces deux derniers ayant désormais pignon sur rue) donnent le « la ». En fait, le terrorisme est devenu un auxiliaire précieux pour des dirigeants occidentaux de plus en plus despotiques réduisant davantage le champ des libertés collectives et individuelles. Pourront-ils se passer de ce gourdin qui leur permet de tenir leurs citoyens en laisse ?
Karim MOHSEN