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Venezuela : La tête la première, ou les déboires de l’opposition vénézuélienne, par Pascal Toulouse.


Caracas, jeudi 8 décembre 2005


Imaginant réaliser une bonne opération politique, déloyale mais magistrale, l’opposition vénézuélienne se lance, une fois de plus, dans une piscine vide la tête la première.


Le lundi 28 novembre 2005, les grands partis de la 4ème République, Action Démocratique (AD) et COPEI, aujourd’hui dans l’opposition, ont annoncé qu’ils ne participeraient pas aux législatives du dimanche 4 décembre 2005. Ils se « retirent », selon l’expression consacrée. Le mercredi 30 novembre 2005, Primero Justicia (PJ), parti moderne d’opposition radicale au chavisme, se retire également. Primero Justicia (PJ) fait savoir, de façon privée, qu’il ne s’est retiré que parce les deux autres se sont retirés. Andrés Velázquez, du minuscule parti La Causa R, ex-parti d’extrême gauche, appartenant à l’opposition radicale au chavisme, reste candidat. Le MAS, ex-parti de gauche fougueusement rallié au néolibéralisme durant les années 1990 en échange de quelques postes ministériels, et aujourd’hui force mineure de l’opposition, maintient aussi ses candidats. Les candidatures indépendantes, relevant d’organisations locales, qui peuvent être parfois proches du chavisme, parfois proches de l’opposition, dans leur immense majorité restent dans la course.

Cela risque de créer une situation assez confuse parce que pour se retirer de la joute électorale les candidats doivent en effectuer la démarche personnelle auprès de l’administration électorale. Jorge Rodrà­guez, président du Conseil National Electoral (CNE), signale le mercredi 30 novembre 2005 que seulement 7 candidats (sur plusieurs milliers dans tout le pays) ont effectué cette démarche. Le gouvernement et l’ensemble des cadres chavistes regrettent avec force ce retrait. Tous désignent comme véritables orchestrateurs la CIA, le gouvernement des Etats-Unis et le président Bush. Du point de vue des partis d’opposition, le jeu en vaut certainement la chandelle. De toute façon tout indiquait qu’ils allaient vers un échec retentissant. Ils auraient eu, dans le meilleur des cas, en comptant généreusement, 30 représentants, toute opposition confondue. Ils ne perdent donc pas grand-chose, surtout pour les partis qui détiennent encore des pouvoirs locaux, comme AD.


Le jeudi 1er décembre 2005, Manuel Rosales, gouverneur de l’Etat de Zulia, demande le report des élections et la constitution d’une commission pour jouer un rôle de médiateur entre le CNE et l’opposition. Bien que Rosales soit l’un des deux gouverneurs d’Etat appartenant à l’opposition, cela se veut une démarche conciliatrice et constructive. Or les élections législatives, qui devaient avoir lieu en août 2005, ont déjà été reportées. Pour les Bolivariens ce n’est pas une démarche conciliatrice ; c’est la souris sur le gâteau d’une démarche putschiste dont l’opposition est coutumière. Difficile de dire si la démarche faisait partie d’une stratégie putschiste, mais il est sûr qu’elle ratifiait le positionnement arrogant de l’opposition dans sa relation avec le CNE comme avec l’ensemble des institutions vénézuéliennes. La période électorale est par ailleurs effectivement accompagnée de sabotages et d’attentats en différents endroits du pays. Malgré les mesures de sécurité, le jour même des élections, les terroristes ont par exemple déclenché un incendie qui a provoqué la rupture de l’oléoduc Ulé-Amuay dans la Péninsule de Paraguaná à l’ouest du pays. Cependant, selon le ministre de l’Energie et du Pétrole Rafael Ramà­rez, la production n’a pas été affectée.

Le jeudi 1er décembre 2005 les chavistes, en réponse à la manoeuvre anti-démocratique de l’opposition, organisent une manifestation dans le centre de Caracas. Bien que n’aient été mobilisés que les militants de Caracas, et ce en moins de 24 heures, il y avait une immense foule, souvent avec la casquette rouge du MVR, souvent avec le tee-shirt rouge, mais aussi avec la couleur bleue du PPT ; le PCV était également modestement représenté, ainsi que tout un éventail d’organisations populaires.

Juan Barreto, maire métropolitain (de la Grande Caracas), jovial, a tenu un discours dynamique et enthousiaste. Juan Barreto a comparé le retrait des candidats de l’opposition pour les législatives du 4 décembre 2005 au retrait d’Alfredo Peña, maire métropolitain sortant, lors des municipales d’octobre 2004. Peña, maire chaviste à l’origine qui était ensuite passé à l’opposition radicale et putschiste, avait alors expliqué qu’il se retirait de la confrontation électorale aux municipales d’octobre 2004 pour entrer dans la résistance populaire à la dictature chaviste. Barreto a fini par ironiser : Peña aujourd’hui organise la « résistance populaire » en Floride aux Etats-Unis. Pour Juan Barreto, ce n’est vraiment pas la fin du monde, mais une étape politique, de rigueur, de fermeté et d’enthousiasme. Nicolás Maduro, président de l’Assemblée Nationale, a quant à lui parlé de la nécessité de tendre la main aux Vénézuéliens qui ont dans le passé eu des sympathies pour l’opposition. Il a déclaré que l’Assemblée sera l’Assemblée de tous les Vénézuéliens. Maduro, d’apparence moins enjoué que Barreto, désigne sans ambages la diplomatie des Etats-Unis comme le véritable orchestrateur de cette manoeuvre et de ce sabotage de la fête électorale.

Le vice-président José Vicente Rangel a parlé le dernier. Il a indiqué aux manifestants que vers 15 heures ce jeudi 1er décembre 2005 le gouverneur de l’Etat de Zulia, Manuel Rosales, a émis une proposition : reporter les élections et organiser une commission de haut niveau qui entrerait en discussion avec le CNE. L’idée, assimilée à un coup d’Etat, est rejetée par José Vicente, lequel ne manque pas de rappeler que Manuel Rosales est signataire du « décret Carmona » d’avril 2002 qui avait pour un court moment instauré un régime dictatorial pro-impérialiste. José Vicente, vieux combattant de la gauche vénézuélienne, un demi-siècle d’âpre lutte politique derrière lui, a brièvement raconté les conditions qui étaient autrefois faites à la gauche dans la confrontation électorale : l’inégalité du traitement, la répression, la fraude massive. Cependant José Vicente rappelle qu’il a toujours considéré qu’il était de sa responsabilité d’être présent en ces rendez-vous politiques. Rien à voir avec l’opposition d’aujourd’hui qui dispose du soutien des médias, de moyens fantastiques, de la diplomatie états-unienne, des garanties de transparence du dispositif électoral, d’observateurs internationaux, etc., et qui pourtant se retire.


Il existe chez les chavistes un sentiment de colère en raison de tous ces atermoiements qui ont accompagné la campagne électorale. Le CNE faisait tout pour que les élections soient limpides, mais restait en permanence soumis à la pression et au chantage de l’opposition, laquelle use fortement de ses relais internationaux. L’audacieuse opposition se permettait de discuter avec une morgue hors de proportion avec sa représentativité électorale parce que tout le monde sait bien, en fin de compte, qu’endommager la légitimité de l’Assemblée Nationale vénézuélienne est un des objectifs de l’impérialisme. Tout ce qui se passe au Venezuela viendra faire partie de l’argumentaire et de la confrontation diplomatique entre les Etats-Unis et le Venezuela en Amérique latine et dans le monde.


Le samedi 3 décembre 2005, veille des élections, on constate que la grande presse dans les pays d’Amérique latine diffuse la (fausse) nouvelle suivante : la plupart des candidats de l’opposition ont retiré leurs candidatures au Venezuela. C’est la présentation qui est diffusée par la grande presse vénézuélienne, c’est la présentation qui est répercutée par les grandes agences de presse états-uniennes, institutions qui couvrent le monde de mensonges de façon délibérée. Malheureusement la bataille médiatique est la plus ardue qui soit ; TeleSur n’est encore qu’un frêle phare de civilisation face à l’immense tsunami de la désinformation. Ces considérations valent surtout pour l’extérieur du Venezuela ; au Venezuela même, même si une part non négligeable de l’électorat opposé à Chávez reste la proie des médias dominants, il est possible de se faire une idée de la situation réelle. Venezolana de Televisión (VTV, dite le Canal 8) donne des informations alternatives de façon détaillée, par exemple le nombre réel de candidats qui se sont effectivement retirés de la compétition électorale, Etat par Etat.

VTV a également par exemple diffusé l’intégralité de la conférence de presse des Observateurs internationaux envoyés par l’OEA. La Radio Nacional de Venezuela (RNV) et de nombreuses radios locales diffusent une information relativement fiable, voire ouvertement favorable à la Révolution Bolivarienne. Le mouvement bolivarien dispose par ailleurs, enfin, au bout de sept ans, de quelques journaux amis, comme Vea, voire non systématiquement hostiles, comme Ultimas Noticias. Sur internet l’accès à l’information libérée est assez commun maintenant, bien que de nombreux secteurs de la société demeurent étrangers à ce media, particulièrement les secteurs considérés chavistes.


Les élections législatives devaient déjà avoir eu lieu en août 2005, et elles avaient été reportées pour parvenir à une situation où tout le monde serait d’accord sur la procédure. Par exemple, les captahuellas (détecteur des empreintes) avaient été retirées à la demande de l’opposition. L’avantage de cette machine c’est qu’elle rendait impossible pour une personne de voter plusieurs fois, l’empreinte digitale étant détectée et enregistrée nationalement. C’est un système ultramoderne, acquis par le Venezuela pour lutter contre la fraude, puis rangé dans les tiroirs à la demande de l’opposition. L’opposition prétendait que ces machines allaient permettre d’enregistrer l’orientation politique du vote de chacun des citoyens, et comme « le régime » est « dictatorial » les personnes identifiées comme appartenant à l’opposition auraient subi des représailles. L’opposition vénézuélienne est parvenue à faire passer sur le continent l’idée que ces appareils ne garantissent pas le secret du suffrage. L’entreprise qui commercialise ce système électoral ultramoderne est furieuse contre l’opposition vénézuélienne parce qu’elle va devoir maintenant déployer une campagne commerciale dans les autres pays potentiellement clients afin de convaincre que les appareils sont non seulement fiables et simples à utiliser, mais aussi qu’ils préservent le secret du suffrage.


Le samedi 3 décembre 2005 la délégation des Observateurs internationaux donne une conférence de presse, une dizaine de dignitaires ayant eu des responsabilités dans les organismes électoraux de différents pays d’Amérique latine. Ils défendent sans la moindre ambiguïté le système électoral vénézuélien et le travail accompli par le CNE. Ils regrettent l’abandon des captahuellas (ou plus péjorativement cazahuellas, dans le jargon médiatique de l’opposition) qui représentaient un grand pas en avant vers la modernisation du système électoral. Ces appareils permettaient également l’identification rapide des électeurs, une fois qu’ils avaient été enregistrés, ce qui aurait permis un net gain de temps dans la procédure électorale. C’est dans un geste d’accommodement avec l’opposition que le CNE avait rangé au placard les captahuellas. Les Observateurs internationaux font remarquer que c’est probablement pour des considérations politiques, légitimes ou non, qu’un secteur de l’opposition a abandonné la joute électorale et non à la suite de l’évaluation de la fiabilité du système électoral.

Les escualidos, opposants au chavisme, mangent, rient et vivent la préparation de Noël avec le plus grand sérieux, c’est-à -dire dans la joie et dans la frénésie consumériste. Chavistes et escualidos ont en commun de vivre sereinement les moments d’âpreté politique. Les chefs de l’opposition ont du mal à faire passer l’idée que c’est la fin du monde, que c’est la bataille de la dernière chance. Les escualidos de base n’entrent pas en sympathie avec Chávez, certainement, mais ils relativisent nettement le discours le plus délirant de l’opposition. La vie dans Caracas est, en cette veille d’élection, tout à fait normale. Pour les gens qui en ont les moyens, la consommation frénétique dans les centre commerciaux est paraît-il due à l’approche des Fêtes de fin d’année. S’il y a bien une tension politique, lourdement entretenue par les médias de l’opposition, notamment Globovisión, télévision qui demeure la plus virulente dans son militantisme antichaviste, aucune tension sociale n’est perceptible. Les chavistes semblent sereins.


Un secteur important de la nouvelle bourgeoisie parasitaire, enrichie dans les rouages et dans la périphérie de l’économie d’Etat sous la 4ème République, avait fini par rejeter le modèle de quasi-monopole d’Action Démocratique. Peu importait qu’ils en aient été les enfants choyés, le système était devenu comme une entrave à leurs juteuses activités prétendument menées sous le signe de l’initiative privée et du dynamisme économique. En somme, les secteurs préconisant sans pudeur l’enrichissement forcené et batifolant dans la corruption ont fini par entrer en politique.

Cela ajouté à l’emprise culturelle et idéologique du néolibéralisme dans les années 1980 et 1990, tout leur signalait l’urgence d’en finir avec le système adeco (de AD). Ce secteur de l’« élite » est aujourd’hui fortement représenté dans les medias privés et dans les nouveaux partis comme Primero Justicia (PJ). Certains, en ces secteurs, avaient rêvé d’utiliser Chávez contre les vétérans de la 4ème République. Chávez avait habilement joué de ces brèches ouvertes chez l’adversaire, stratégie élémentaire. Chávez avait, prudent mais rassembleur, sacrifice conjoncturel, serré les mains étranges qu’on lui tendait parfois, pour achever de renverser la chancelante 4ème République. Eux espéraient bien utiliser l’immense popularité de l’homme du 4 Février 1992 pour récupérer la mise. Ils envisageaient de placer le Venezuela à l’avant-garde du mouvement néolibéral qui semblait alors devoir tout emporter en Amérique latine, sous le signe du vaste projet de Zone de libre-échange des Amériques, lancé en 1994 à Miami, en Floride. Ils envisageaient de finir de détruire l’Etat dans son rôle de régulateur et de protecteur social.


Immensément populaire, sortant de prison en... 1994, Chávez avait lui pour objectif la reconstruction de l’Etat social et démocratique dans son rôle régulateur. Le destin du Venezuela s’est joué alors, Chávez n’a pas cédé aux sirènes néolibérales. C’est un combat âpre et diffus qui s’est prolongé jusqu’à après, bien après, l’arrivée au pouvoir de Chávez en 1998. Chávez non seulement n’a pas cédé mais à chaque moment décisif, à chaque carrefour stratégique de la Révolution vénézuélienne, il sortait sa boussole infaillible : les principes anti-impérialistes de Bolà­var. D’où les constantes indéniables du mouvement bolivarien, la défense des intérêts populaires, la défense de la souveraineté nationale, la passion de l’intégration latino-américaine, jusqu’au sacrifice, provisoire aussi, de la fréquentation courtoise du Sharon des Andes, Uribe Vélez.


Aux législatives du 4 décembre le parti des jeunes loups de Primero Justicia (PJ) allait prendre le pas sur les vieux partis de la 4ème. PJ allait prendre le leadership dans l’opposition en s’octroyant l’immense majorité des quelque 20 ou 30 sièges que l’opposition aurait remportés. L’opposition entre le mouvement révolutionnaire bolivarien et la droite décomplexée aurait peut-être eu l’avantage de rationaliser le débat politique, droite contre gauche, anti-impérialistes contre pro-impérialistes, Etat policier contre Etat régulateur socio-économique, etc. Cette redistribution aura lieu de toute façon. La cuisante déconvenue de Primero Justicia aujourd’hui, incapable de s’envoler loin du bras protecteur des vieux fantômes de la 4ème, est peut-être la victoire la plus importante, et l’événement le plus rassurant pour le futur de la Révolution.

Au bout du compte, à peine 10% des candidatures ont été retirées. L’abstention est assez forte, un peu moins de 75%. Rien qui ne délégitime les élections, mais le boycott et la confusion régnant dans l’opposition se sont ajoutés à l’abstention déjà naturellement élevée pour ce genre de scrutin, au Venezuela et ailleurs. Même si les chavistes se sont mobilisés, environ trois millions d’électeurs, beaucoup ont préféré rester en famille. Le souvenir du referendum d’août 2004, plusieurs heures de queue, et les pluies torrentielles de ce dimanche 4 décembre, ont contribué à retenir les gens chez eux, certains considérant le déplacement sans intérêt en raison de la victoire annoncée face au forfait de l’opposition. Les chavistes remportent plus de 85% des suffrages. L’Assemblée Nationale devient complètement bolivarienne, un beau débat constructif et une confrontation loyale des propositions s’instaureront entre les différentes tendances de la Révolution. La caducité des éléments représentatifs de l’ancien régime est enfin consacrée dans l’Assemblée Nationale. C’est ce qui s’est produit dans l’entourage politique de Chávez lorsque les éléments les plus indécis sont passés à l’opposition pour préparer le coup d’Etat d’avril 2002. C’est ce qui s’est produit dans l’armée, quand les éléments les plus ouvertement anti-bolivariens se sont auto-purgés en octobre 2002 en appelant à la dissidence à la Plaza Francia de Caracas. C’est ce qui s’est produit dans PDVSA en décembre 2002 lorsque, emportés par une arrogance fatidique, les cadres de l’entreprise nationale pétrolière ont abandonné leur poste de travail, jurant que personne d’autre ne pourrait faire repartir la production. Ils se sont également auto-purgés en assurant qu’ils reprendraient le travail quand Chávez serait parti. La plus grande entreprise pétrolière d’Amérique latine fonctionne aujourd’hui très bien sans eux.


Empêcher la solidification définitive de Chávez, drapeau, porte-parole, symbole et leader du projet bolivarien, tel est l’objectif final de l’impérialisme. Ce projet, pour son malheur et pour sa gloire, repose dans une grande mesure sur la personnalité de Chávez et sur sa relation personnelle avec les humbles de cette terre. Pour l’instant Chávez est largement favori pour l’élection présidentielle de 2006, aucun rival ne parvient à la moitié de sa popularité, phénomène non dépourvu d’intérêt, si on considère que généralement dans la région les présidents sont très impopulaires au bout de deux ou trois ans de mandat. Chávez devrait donc être réélu président pour un mandat de six ans, de 2006 à 2012. En dehors du problème de l’Assemblée Nationale, si le CNE est dépourvu de légitimité, l’élection présidentielle de 2006 pourrait être rendue difficile. Les Etats-Unis recherchent certainement à parachever le discrédit du CNE. Ils envisagent probablement un pôle politique extérieur au système politique formel, avec un déplacement des lignes de la confrontation, au-delà de légalité si nécessaire. Autour de l’ONG Súmate, financièrement liée au régime de la Maison Blanche, se regroupent déjà certains des déçus des revers de l’opposition.


AD, qui conserve bien quelques épars pouvoirs locaux, risquait de voir sa faiblesse exposée au grand jour, tous les pronostics donnaient une opposition très affaiblie, mais aussi et surtout une opposition dominée par Primero Justicia. Le retrait d’AD est donc rationnel. Cependant, des secteurs importants d’AD refuseront l’aventure, déjà expérimentée amèrement, de la fuite vers l’illégalité. Alors que son candidat, Julio Borges, est pressenti pour être le candidat unitaire de l’opposition aux présidentielles de 2006, Primro Justicia a tout perdu, ses représentants vainqueurs probables aux législatives et l’unité d’action de l’opposition. Copei, parti social-chrétien pilier de la 4ème, disparaît de la vie politique vénézuélienne.

Le MAS, force de gauche alternative durant les années 1970, force de droite alliée à l’impérialisme sous la 5ème République, vit au grand jour une crise comique et cruelle, peut-être salutaire, s’il n’est pas trop tard. Le mardi 6 décembre 2005, José Luis Meza, sous-secrétaire national du MAS s’exprime à la radio, Radio Nacional de Venezuela (RNV) inutile de dire, pour expliquer qu’il vient de réaliser qu’il est temps que le Movimiento al Socialismo retrouve ses racines, ses racines populaires et ses racines socialistes. Meza demande la démission du secrétaire général du parti, Leopoldo Puchi, ainsi que celle du leader historique du parti, Felipe Mujica. Meza exprime le souhait de voir le MAS participer au débat sur le Socialisme du XXIème Siècle, lancé début 2005 par le Président Chávez. Meza ne cache pas sa volonté de se rapprocher du gouvernement et il explique que son souhait de faire revenir le MAS à ses racines socialistes et anti-impérialistes est basé sur une constatation élémentaire : en l’an 2000 le MAS avait 4 gouverneurs d’Etat et des dizaines de maires et de députés ; aujourd’hui le MAS a deux maires et quelques dizaines de conseillers, plus de gouverneurs, plus de députés. Maigres résultats en effet. Chez Meza le cynisme politique et l’opportunisme sont tellement intégrés et tellement naturels qu’il ne réalise pas l’indécence de son propos. Après cinq ans d’opposition radicale à la plus belle révolution de l’histoire latino-américaine il réalise qu’il a eu tort de s’opposer à cette révolution. Meza dit qu’il avait bien quelques doutes depuis longtemps, mais qu’en raison de la discipline de parti il n’a jamais manifesté de désaccord public. Admettons. Meza assure que de nombreux cadres intermédiaires pensent comme lui. Difficile de savoir ce qui se passe à l’intérieur du MAS, et au fond peu importe vue la force du parti aujourd’hui, 0,5% des voix. Il y a longtemps que les militants les plus sincères ont quitté le MAS. Il est par contre sûr que si Meza jugeait l’opposition au seuil du pouvoir, comme lors des coups d’Etat de l’année 2002, il continuerait d’accepter la mise en sourdine des racines du MAS. Meza nous indique théâtralement vers où va le vent ; cette sortie nous montre sans équivoque le niveau de la débâcle politique de l’opposition


Le gouvernement anti-impérialiste vénézuélien dispose de solides cartes dont ne disposaient ni le président Allende ni les sandinistes. Même si demeure un immense marais apolitique, l’armée est pour le moins loyale, voire bolivarienne ; l’entreprise pétrolière PDVSA est maintenant solidement aux mains de forces patriotiques, voire socialisantes ; l’appui populaire, en termes de sympathies politiques et en termes de capacité de mobilisation, est tout à fait impressionnant sept ans après la première élection de Chávez ; Chávez a non seulement échappé à l’encerclement international de l’avant-Lula, mais il s’est imposé comme une voix incontournable dans la région, voire dans le monde, faisant avancer de façon fulgurante le message latino-américaniste, comme à Mar del Plata il y a un mois. Chávez ou Bush, le débat est clarifié en Amérique latine. Déjà en Bolivie, au Mexique, et peut-être au Pérou, les forces patriotiques et socialisantes se positionnent pour cette grande bataille incontournable, la Deuxième Indépendance.

Parcal Toulouse


Désertion calculée de l’opposition vénézuélienne, par Maurice Lemoine.

Venezuela : L’ enjeu des élections législatives, par Édouard Diago.


Venezuela : démocratie participative ou gouvernement comme un autre ? par Gregory Wilpert.

Le Vénézuéla avance à grands pas : la misère recule, par Romain Migus.

Vénézuéla : Le festin du savoir, par Romain Migus.


Discours du Président Hugo Chavez au IVe Sommet des peuples de l’Amérique à Mar del Plata.



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« Le Prix Nobel de la Paix, la journaliste Maria Ressa, a déclaré que ce que faisaient Julian Assange et Wikileaks n’était pas du vrai journalisme. Ce qui me fait dire que le Prix Nobel est à la paix et au journalisme ce que le Concours de l’Eurovision est à la musique. »

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