Un scrutin saboté
7 décembre 2005
Le meilleur moyen de ne pas perdre une élection est... de ne pas y participer. Assommée par sa cuisante défaite lors du référendum révocatoire gagné par le président Hugo Chávez, le 15 août 2004, avec 59,06% des voix, l’opposition vénézuélienne voyait approcher l’élection législative du 4 décembre 2005 avec appréhension. Pourtant sous son contrôle, les instituts de sondage ne lui octroyaient qu’une trentaine de sièges sur les 167 à pourvoir, alors qu’elle en possédait 79 dans l’ancienne Assemblée. A quelques encablures du jour fatidique, les principaux partis qui la composent - Action démocratique, Copei, Projet Venezuela, Primero Justicia - ont annoncé leur retrait en raison « d’absences de garanties suffisantes pour garantir la transparence du scrutin ».
Criant à la fraude, comme ils l’avaient fait au terme
du référendum de 2004, dont les résultats furent
pourtant validés par les observateurs de
l’Organisation des Etats américains (OEA) et du
Centre Carter (de l’ancien président des Etats-Unis),
les opposants ont mis en cause la composition du
Conseil national électoral (CNE) et la fiabilité du
système électronique de vote. Conciliant, le CNE a
accepté plusieurs de leurs demandes, dont celle de
supprimer les appareils vérificateurs d’empreintes
digitales censés, d’après ces opposants, violer le
secret du vote. Cette décision a entraîné la
publication d’un communiqué des observateurs de l’OEA
se félicitant de l’accord obtenu. Rien n’y fit... Le
boycott fut maintenu, avec l’appui bruyant de Súmate
(organisation financée par le National Endowment for
Democracy américain), dont la dirigeante Maràa Corina
Machado a été récemment reçue par M. George Bush —
sans doute pour la féliciter d’avoir signé le décret
qui a dissous l’Assemblée nationale et tous les corps
constitués, le 12 avril 2002, lors du coup d’Etat
avorté contre le président Chávez. (...)
En ce sens, on peut considérer que l’opposition vénézuélienne s’est purement et simplement suicidée. En son sein, et chez ses partisans, sa décision n’a d’ailleurs pas fait l’unanimité. On aurait toutefois tort de ne voir dans son attitude qu’une action désespérée pour éviter une nouvelle déroute. Car ce type de manoeuvre n’a rien de nouveau...
Lire la suite : ( Une désertion vraiment calculée ... ndlr)
www.monde-diplomatique.fr/dossiers/venezuela1205/
– Lire aussi :
Venezuela : L’ enjeu des élections législatives, par Édouard Diago.
Comment Chavez fait reculer le Pentagone, par Philippe Grasset.