Pour information : ce texte est publié sur le site de NPS.
Camarades et amis : On peut se regarder dans la glace autant qu’on veut, faire l’impasse sur les prochaines échéances en prenant rendez vous avec l’avenir ... mais on doit tenir compte d’une chose :
Ceux que la majorité du PS voulait exclure il y a encore quelques mois ont imposé 11 pages sur les 25 que compte la synthèse finale.
Lisez un peu ce qui traine sur le net, sondez les militants non-nps que vous croisez : ceux qui affichaient, et continuent à le faire, la plus grise mine étaient les amis de DSK...
A propos de la synthèse...
Le congrès du Mans est désormais derrière nous ; il faut maintenant nous efforcer de prendre l’exacte mesure de ce qui s’y est passé. Cela d’autant plus qu’il a conduit à de très graves remous au sein de notre courant. Membres de la délégation NPS de la commission des résolutions, nous pouvons lire et entendre ici où là , sur Internet comme dans les medias, des compte-rendus et des analyses qui ne correspondent ni à ce que nous avons vécu, ni à ce que nous avons collectivement décidé. Il est naturel de vous rendre le plus fidèlement compte de ce qui s’est déroulé et joué ; il n’est pas possible de laisser la réalité être à ce point déformée par ceux qui parmi nous refusent la synthèse que nous avons pourtant collectivement approuvée.
Comme l’ensemble des militants NPS, les 25 membres de notre délégation étaient, a priori, pour le moins dubitatifs quant à l’intérêt et l’opportunité d’une synthèse. Après les durs débats et la division des socialistes sur le TCE, le vote des français le 29 mai avait validé notre position. Ce vote du pays, le NON de la gauche à ce projet libéral donnait ainsi, une nouvelle fois, une éclatante confirmation à l’analyse commune qui était la nôtre au lendemain du 21 avril 2002 : le PS s’était éloigné de sa base sociale et ne parvenait plus à en saisir les attentes et les aspirations. Une analyse que la majorité qui dirige le Parti s’est toujours jusqu’alors refusée à reprendre à son compte. Aussi, notre motion réaffirmait-elle notre volonté de répondre d’abord, dans cette « société dissociée » par les effets de la mondialisation libérale, aux besoins des classes populaires.
Si nous étions a priori réticents à la synthèse, ce n’est pas que nous nous refusions à entrer dans sa discussion en commission des résolutions. Même si les débats de nos assemblées générales de motion furent animés, il ne s’en est jamais dégagé un refus de la synthèse. La délégation NPS avait bel et bien mandat de discuter et, éventuellement, rien qu’éventuellement, d’aboutir.
Si nous étions réticents, c’est que nous avions tous du mal à imaginer que nous -minorité- puissions obtenir de la majorité reconduite par le vote militant des évolutions substantielles de son texte, qui, statutairement, servait de point de départ. Des évolutions suffisamment substantielles en tout cas, pour que nous -pour qui « notre candidat c’est le projet »- puissions nous y retrouver. Parce que nous n’étions, ni ne sommes, pris dans le jeu détestable de la présidentialisation, nous n’en étions que plus attentifs et vigilants au respect du fond, qui était notre seul viatique dans ce congrès.
La synthèse pourquoi pas, mais, contrairement à d’autres qui en avaient un besoin pressant, pas à n’importe quel prix. La synthèse, oui, mais à une condition : qu’elle permette de faire véritablement bouger le centre de gravité du Parti. C’est cela qui était en jeu. C’est cela que nous avons bel et bien obtenu.
Chacun peut désormais juger en pleine connaissance de cause de ce qui a pu être arraché : la synthèse est publique et les amendements que nous avons imposés à la majorité sont identifiés.
Ils concernent tout d’abord, notre analyse de la société, elle-même articulée, comme chacun sait, à celles que nous faisons du 21 avril et du 29 mai ; inutile de vous rappeler combien elles sont distinctes de celle de la « société fragmentée » faite par la majorité et à quel point elles sont fondatrices pour nous. Nous avons obtenu que ces analyses concernant la nécessité de renouer avec notre base sociale : les salariés modestes, soient intégrées et que soit retiré du texte final leurs propres considérants concernant le 29 mai. De même, pour la reconnaissance de la nécessité de réorienter vers le travail les 10% de part de la richesse produite que le capital s’est appropriée au cours de ces vingt dernières années. De même, enfin, nous avons obtenu l’affirmation de la volonté des socialistes d’abroger les lois de la droite. Ce sont là des orientations politiques fondamentales.
Ils concernaient, ensuite, l’ensemble des questions concernant la mondialisation libérale et l’Europe. Nous avons obtenu la reconnaissance de la nécessité d’une hiérarchie des normes au profit des normes sociales et environnementales sous l’égide de l’ONU, l’OMC y étant soumise, et la réforme du Traité acceptée.
Nous avons obtenu la reconnaissance explicite de l’enterrement du TCE, l’affirmation de la volonté d’aller vers une Europe fédérale, y compris sur le terrain budgétaire, le retrait des directives libérales sur les services et le temps de travail, la volonté d’une directive cadre sur les services publics, l’élaboration d’un traité social et de critères sociaux de convergence, la mise en place d’un SMIC européen unique. De même pour la révision du pacte de stabilité et la nécessité d’un plan d’intégration des nouveaux entrants dégageant des moyens financiers supplémentaires conséquents.
Nous avons, enfin, obtenu, et ce fut l’un des points les plus âprement discutés, la reconnaissance de la nécessité de nouveaux outils tarifaires de protection de l’industrie européenne.
S’agissant de la question sociale, la reconnaissance du rôle premier de la revalorisation du pouvoir d’achat des salaires est un acte essentiel. Il est désormais concrétisé, comme nous le voulions, par l’affirmation d’une revalorisation du SMIC dans la durée et la nécessité, à côté des négociations entre partenaires sociaux dans le cadre d’une démocratie sociale rénovée, de nouveaux moyens législatifs et règlementaires en cas de carence de celles-ci. Cette reconnaissance est une grande première.
Le temps partiel contraint sera combattu et les exonérations fiscales ou sociales lui seront supprimées ; les heures supplémentaires seront de nouveau payées à des taux majorés et les durées maximales du temps de travail réduites, le contingent annuel d’heures supplémentaires sera réduit à 130 heures. Les licenciements boursiers -et ce fut le second point très difficile de la négociation- feront l’objet d’une législation spécifique, la sous - traitance sera drastiquement encadrée comme nous le voulions ….
De façon plus générale a été obtenue l’affirmation formelle de l’abrogation des lois de la droite sur les retraites, l’assurance maladie et sur l’école.
S’agissant, enfin, des questions institutionnelles, a été affirmée la volonté du passage à une nouvelle République : le rééquilibrage des pouvoirs en direction du premier ministre, la nécessité d’une République plus parlementaire, le non cumul des mandats, la réforme du Conseil constitutionnel et du Sénat …
Quant à la rénovation de notre Parti, ce point a, enfin, été reconnu comme une nécessité et s’est traduit par la mise en place d’une commission de la rénovation, dont la présidence a été confiée à une secrétaire nationale issue de nos rangs, Barbara Romagnan.
Voilà , chers camarades, ce qu’il nous paraît nécessaire de vous indiquer. Il revient, bien sûr, à chacun d’entre nous de juger, en conscience, du chemin qui a été parcouru, de la motion majoritaire, qui servait de base de discussion, au texte final de la synthèse, grâce aux amendements que nous avons fait inscrire.
Nous n’avons, certes, pas tout obtenu, ce texte de synthèse commune n’est pas notre texte ; qui, d’ailleurs, pouvait en douter ? Il était évidemment illusoire de penser que nous pourrions obtenir sur le tapis vert de la commission des résolutions, la majorité que nous n’avons pas eue des militants dans les urnes. Mais il est d’abord notre commun dénominateur, celui de tous les socialistes.
Faisant cela, en acceptant la synthèse, avons-nous fait avancer la cause de la refondation que nous, NPS, défendons et réussi à déplacer la ligne politique du Parti, ou, au contraire, comme le voudraient certains, avons-nous inutilement sacrifié notre pureté ?
Face à l’état désastreux du pays et à la nécessité de lui redonner espoir, et devant les échéances qui sont maintenant devant nous : définir (enfin) un projet pour notre Parti, désigner un candidat aux présidentielles, aller, face à la droite, aux deux batailles électorales qui nous attendent en 2007, la seule question politique qui vaille est de savoir si nous sommes mieux armés avec cette synthèse que nous ne le serions en son absence.
Nous avons, quant à nous, considéré qu’obtenir que le Parti socialiste se remette à l’écoute des couches populaires et de leurs besoins, qu’il se fixe pour objectif de redonner à cette base sociale les 10 points de produit national perdus depuis 20 ans en faisant d’une politique salariale volontariste sa première priorité, qu’il veuille abroger les mesures de la droite qui a systématiquement démantelé notre protection sociale, nous avons considéré que cela représentait un changement essentiel.
Nous avons considéré qu’il était véritablement refondateur, que nous ayons obtenu qu’il fasse de la lutte contre la mondialisation libérale l’un des ses axes essentiels de lutte, en s’appuyant sur une Europe enfin politiquement, économiquement et socialement au service des peuples qui la composent et en voulant faire d’un PSE profondément réformé l’outil des socialistes pour cela. Il nous a semblé de même que l’engagement d’ouvrir le chantier de la rénovation, de plus en nous le confiant, et les avancées démocratiques et institutionnelles contenues dans ce texte pour la première fois étaient des avancées assez parlantes et claires.
C’est en considérant tout cela que, lors d’une ultime suspension de séance de la commission des résolutions à notre demande, la troisième, et après que les derniers amendements sur la protection tarifaire dans l’Union Européenne et le dispositif de lutte contre les licenciements boursiers eurent enfin été arrachés de haute lutte, que nous avons collectivement délibéré entre nous et décidé majoritairement par 14 voix pour, 5 voix contre et 6 abstentions, que cette synthèse représentait une avancée suffisante pour NPS accepte de la cosigner.
Lors du vote en commission des résolutions, certains ont choisi de se détacher de la décision majoritaire que nous venions de prendre ; ils l’ont tenu, par la suite, à le confirmer lors du vote au Congrès et dans les médias. Nous ne pouvons qu’en prendre acte et le regretter.
Avec cette synthèse, il s’agit, bien entendu, d’un texte et rien que de cela ; il peut, bien sûr, demain, devenir un chiffon de papier. Il ne suffit, par exemple, certes pas de créer aujourd’hui, une commission de la rénovation pour être assuré que, demain, notre cher parti accepte de se rénover ! Cela nous le savons bien, cela nous le savons tous ; il nous reviendra donc d’être vigilants. Mais ce n’est pas en restant spectateur en haut de l’Aventin qu’un tel combat peut être conduit : les seules batailles que l’on soit assuré de perdre sont celles que l’on ne mène pas.
La synthèse est désormais la charte commune des socialistes, celle dans le prolongement de laquelle devra se définir le projet du Parti, celle aussi dans laquelle chacun des projets des candidats à la présidentielle, de tous les candidats, devra s’inscrire. Elle nous offre de nouveaux points d’appui et nul ne pourra s’exonérer de ses orientations.
Les choix politiques nouveaux que ce texte reconnaît représentent un déplacement du centre gravité de notre parti ; ils assurent son ancrage à gauche. Cette réorientation que nous avons imposée ne sera rien sans un combat pour la faire vivre ; il faut maintenant passer des mots à l’action. Telle est la tache qui désormais attend le Nouveau Parti Socialiste. Aucun des combats que nous avons mené et qui ont commencé de produire leurs effets politiques n’est abandonné : il reste beaucoup à faire. L’idée même que le NPS puisse se dissoudre dans la synthèse est absurde. Nous devons au contraire poursuivre nos combats. Le plus efficace est de le faire ensemble et dans le respect scrupuleux des idées, des pratiques et des personnes, c’est aussi cela la marque de fabrique du NPS.
Les membres de la délégation NPS à la commission des résolutions ayant voté la synthèse
Vincent Peillon, Henri Emmanuelli, Benoît Hamon, David Assouline, Jean-Louis Carrère, Pascal Cherki, Philippe Darriulat, Jean Guérard, Régis Juanico, Renaud Lagrave, Christian Martin, Isabelle Martin, Delphine Mayrargue, Germinal Peiro, Josy Poueyto, Jacques Rigaudiat, Gilbert Roger, Isabelle Thomas, Michel Vergnier, Pascal Terrasse